Madame Bovary

1991

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D'après le roman de Gustave Flaubert . Avec : Isabelle Huppert (Emma Bovary), Jean-François Balmer (Charles Bovary), Christophe Malavoy (Rodolphe Boulanger), Jean Yanne (Homais), Lucas Belvaux (Léon Dupuis), Jean-Louis Maury (Lheureux), Florent Gibassier (Hippolyte), Jean-Claude Bouillaud (Le père Rouault), Sabeline Campo (Felicité), Christine Paolini (Mère Rolet), François Maistre (Lieuvain, le conseiller de la préfecture), Thomas Chabrol (Le vicomte), François Perrier (Le narateur, voir texte entre parenthèses dans le résumé). 2h22.

Dans la nuit, sur une route de campagne, un enfant de paysan arrête la carriole du médecin Charles Bovary. L’un des plus riches fermiers du voisinage, le père Rouault, s’est brisé la jambe. Charles pose une attelle de bois au père Rouault et demande à sa fille, Emma, de lui confectionner des coussinets en déchirant de vieux draps.

Deux mois après, le père Rouault  vient payer Charles chez lui et l'invite à déjeuner. Le midi en question, Charles trouve Emma seule. Elle lui dit manquer de l'affection de sa mère, trop tôt disparue et se sentir seule à la campagne. Charles s’en va immédiatement trouver le père Rouault  qui comprend ce qu’il veut et préfère que Charles n’ait pas même à faire sa demande en mariage. C’est lui qui donnera le signe de l’acquiescement de sa fille en ouvrant l’auvent du salon. Charles attend et voit s’ouvrir l’auvent.

La procession du mariage s’avance à travers champ pour rejoindre la ferme des Rouault. Le banquet dure jusqu’au soir. Charles conduit alors Emma chez lui où ils sont froidement accueillis par la bonne, Nastasie. La nuit de noce rend Charles joyeux le lendemain matin. Il s’empresse de commander une bonne soupe pour le petit-déjeuner (À mesure que se serrait davantage l’intimité de leur vie, un détachement intérieur se faisait qui la déliait de lui. La conversation de Charles était plate comme un trottoir de rue, et les idées de tout le monde y défilaient dans leur costume ordinaire, sans exciter d’émotion, de rire ou de rêverie-chap.7). Elle s’ennuie : "Pourquoi mon dieu me suis-je mariée ?"

Charles la surprend néanmoins en lui annonçant leur invitation au grand bal du marquis d’Andervilliers. A leur arrivée au bal, Emma s’empresse de dire à Charles qu’il n’a pas à danser: il serait trop maladroit ; ce que celui-ci confirme d’ailleurs quand il croit que le nom du vin qu’on lui présente est celui du serveur et lui donne le sien en retour. Elle danse avec un vicomte et s'enivre de l'atmosphère sensuelle de la soirée. Quand ils partent tard et que Charles se plaint de son mal de pied, elle répète deux fois "c'est le plus beau jour de ma vie". Mais la routine reprend. La conversation de Charles l'anéantit : "Quel pauvre homme, quel pauvre homme !" (Au fond de son âme, elle attendait un événement, s’étonnait qu’il ne vînt pas ; puis, au coucher du soleil, toujours plus triste, désirait être au lendemain. Quand vint l'époque elle espéra que le marquis d’Andervilliers, peut-être, donnerait encore un bal. Mais tout septembre s’écoula sans lettres, ni visites. Elle abandonna la musique, laissa dans l’armoire ses cartons à dessin et la tapisserie. La couture l’irritait. — J’ai tout lu, se disait-elle. Et elle restait à faire rougir les pincettes, ou regardant la pluie tomber. Charles s'était avisé de la langueur de sa femme. Pendant tout un temps, il ne sut trop comment agir. Puis il prit une décision dans le plus grand secret, espérant que ce qui était pour lui un immense sacrifice permettrait à Emma de recouvrer la santé). Charles lui propose de quitter Tostes et de s'installer dans une plus grande ville, à Yonville, quatre fois plus grande. Elle ne veut pas que Nastasie les accompagne.

Devant Félicité, la nouvelle femme de chambre, Emma brûle son bouquet de mariage signe d'une autre vie qui commence (Quand on partit de Tostes, au mois de mars, Mme Bovary était enceinte- Fin de la première partie.)

A Yonville, dans l'auberge, Homais fait preuve d’un athéisme agressif. Il accueille les Bovary à l’arrivée de la diligence et les invite chez lui où le repas et le feu de bois sont bons. Il présente Léon Dupuis, clerc de notaire, qui aime la musique, la poésie et les promenades à la pâture. En rejoignant la maison, Emma continue sa discussion romantique avec Léon. La maison la déçoit, pleine de poussière et sombre.

Emma a une fille (pendant sa convalescence, elle chercha un nom pour sa fille... Berthe, enfant mise en nourrice chez madame Rolet, elle s’achemina vers la nourrice). Faible, elle demande à Léon de l’accompagner  (les commérages allaient bon train : madame Bovary se compromettait). Rolet demande du café et de l'alcool pour son mari.

(Lorsque Léon traversait la cour, madame Bovary tressaillait, Homais arrivait, Justin vient la chercher) le dimanche Homais reçoit Léon déclamait les vers) Il est charmant se dit Emma. Célestine vient la chercher M. Lheureux vient chez elle et lui montre les tissus. Comme j'ai été sage (Quand il venait de la visite, madame Bovary disait sa passion pour sa fille. Elle s'occupe de Charles même de ses demandes sexuelles qu'elle ne comprenait pas)

Mais elle déprime. Elle essaie de s'en ouvrir au curé, déjà dépassé par les enfants; Il n'est préoccupé que de soucis matériels de ses paroissiens. Elle ne supporte pas sa fille "laisse-moi, mais laisse-moi donc". Homais vient annoncer les prochains comices à Yonville, Léon va partir à Paris. Léon vient embrasser Berthe. Ils se serrent la main à l'anglaise.

(Elle s'estimait désormais malheureuse avec la certitude que cela ne finirait pas

Un Jour de marché Rodolphe Boulanger, le nouveau châtelain de la Huchette, vient demander à saigner son valet, il fait une syncope. Emma intervient. Boulanger s'apprête à la conquérir, ainsi jolie et fraiche il se promet : "Je l'aurai aux comices"

(Ils arrivèrent de fait ces fameux comices, l’atmosphère était joyeuse) Rodolphe tente de séduire Emma et l'emmène du premier étage de la mairie, surplombant les comices agricoles. Elle ne repousse pas son baiser. La soirée se termine par un feu d'artifice.

(Rodolphe ne revint pas les jours suivants). Puis il rend visite à Emma. Il joue d'abord la comédie du désespoir, puis de l'amant romantique et, Charles survenant, suggère pour la santé d'Emma l'exercice du cheval. Elle refuse. Elle accepte finalement et part donc pour une promenade à cheval en compagnie de Rodolphe. Yonville dépassé, ils pénètrent dans une forêt. C'est là qu'Emma s'abandonne à son compagnon. Le soir, Charles lui dit avoir acheté un cheval. "J'ai un amant, j'ai un amant". Ils se retrouvent  dans les bois. Elle le rejoint la nuit. Au matin, il ne veut plus qu’elle vienne le rejoindre à l’improviste

(Au bout de six mois deux mariés qui entretiennent une flamme domestique, c'est alors qu'Emma se repentit. Mais Charles n'offrit pas prise au retour du sentiment)

Homais vient proposer l'opération du pied-bot d'Hippolyte, (Charles se plongea dans l'étude de la stretiophonie. Un petit coup de canif de Charles et Homais vient annoncer que l'opération est une réussite. Emma embrasse Charles; Homais lit l'article qu'il a écrit dans "le Fanal de Rouen". Mais au milieu de la nuit, Hippolyte crie de douleur; la gangrène monte. La mère fait appeler un autre médecin. C'est M. Canivet, célèbre médecin de Neuchâtel qui pratique l'amputation jusqu'à mi-cuisse.. Charles invoque la fatalité. Assieds-toi tu m'agaces (Elle se rappela les privations de son âme.. tout ce qu'elle aurait pu avoir et pourquoi, pourquoi...et qu'il eût agonisé sous ses yeux)

(Ils recommencèrent à s'aimer) Mon mari est odieux. Maintenant, j'ai de la répulsion pour lui. Elle lui propose d'aller vivre ailleurs. Charles remarque qu'elle a une robe neuve. Elle vient voir Lheureux qui lui réclame 270 francs. Elle offre la cravache à Rodolphe et lui demande de partir après quatre ans. Il accepte de l'enlever

(Jamais madame Bovary ne fut aussi belle qu'à cette époque là) Elle commande de quoi voyager à Lheureux. Elle rejoint Rodolphe dans les bois où il lui donne rendez-vous à l'hôtel de Provence à midi. Il écrit "Du courage, du courage Emma (Il relut sa lettre, elle lui parut bonne). La lettre est remise à Emma qui manque de s'évanouir puis s'évanouit pour de bon. Elle ne veut voir personne. (Fièvre cérébrale pendant 43 jours.. sous les feuilles mortes)

Homais et Charles, spectacle musical à Rouen. Elle y retrouve Léon qui s'est installé à Rouen. Charles propose à Emma de rester deux jours. Léon vient la retrouver le lendemain matin à l'hôtel; Elle lui donne rendez vous à la cathédrale le lendemain. Ils font l'amour dans un fiacre; continuez continuez toujours.

Emma est à peine rentrée à Yonville qu'elle doit passer chez Homais, dont elle trouve la maison toute bouleversée : Justin, l'aide de l'apothicaire, a commis une faute grave, il a pris, pour faire les confitures, une bassine dans le " capharnaüm " où son maître range l'arsenic. Homais apprend enfin brutalement à Emma la nouvelle qu'il était chargé d'annoncer : le père de Charles est mort. (Le lendemain Madame Bovary mère arriva). Lheureux vient demander un entretien particulier et suggère une procuration pour qu'elle administre les affaires de Charles. (Dès le lendemain, elle s’embarqua pour l'hirondelle). C'est une vraie lune de miel entre Emma et Léon : "Enfant, m'aimes-tu ?" Au retour, elle voyage avec Lheureux, un mendiant aveugle, défiguré, s'accroche à la diligence. La mère est contre la procuration et les dépenses. Charles prend la défense d'Emma et la mère décide de partir dès le lendemain. Elle signe les traites appportées par Lheureux. (Corruption presque, murs de son couvent, qu'importe elle n'avait jamais été heureuse)

(À force de ne pas payer...). Elle court voir Lheureux 8000 francs par le jugement du tribunal. Il lui demande de demander à ses amis. Les huissiers viennent pour la saisie. Elle court à Rouen demander de l'argent à Léon quitte à voler à son étude l'argent dont elle a besoin (Une hardiesse, façon lascive et encourageante qui lui conseilla un crime). Léon prend peur et, pour s'en débarrasser, lui fait la promesse d'être à trois heures chez la nourrice le lendemain.

Sur la place du marché, on a placardé des affiches annonçant la vente de la maison; Félicie conseille à Emma d'aller chez Guillaumin,  le notaire. "Je suis à plaindre mais pas à prendre". Elle attend en vain Léon chez la mère Rolet puis va chez Rodolphe qui, froidement, lui dit ne pas avoir les 3 000 francs demandés.

En rentrant désespérée, Emma s'arrête chez Homais et avale de l'arsenic. Elle s'allonge confiante (C’est bien peu de chose la mort). Mais bientôt la douleur la prend : "Comme j’ai soif, j’ai bien soif... Ne pleure pas, bientôt je ne te tourmenterai plus..". Elle reçoit les sacrements (Ce sera bientôt fini songeait-elle, une confusion de crépuscule, ... le dernier écho d'une symphonie qui s’éloigne). Amenez-moi la petite demande-t-elle avant de mourir. Dans une ultime vision, elle crie :"L'aveugle!". Charles, après un moment de révolte, conclut :"C'est la faute de la fatalité".

(Berthe retrouva son père mort sur un banc. On ne trouva qu'une vieille tante pour s’occuper d’elle et finit ouvrière à l’usine. Homais, craint et respecté des autorités comme des villageois, reçoit la croix d'honneur)

Dix-septième adaptation de Madame Bovary au cinéma sur les vingt-quatre qui s'étalent de 1932 à 2015, la réalisation de Claude Chabrol est la plus fidèle au roman de Gustave Flaubert. Il adapte 28 des 35 chapitres et recourt à une voix off pour faire entendre le texte de Flaubert. Virtuosité de la caméra, du montage alterné et de l'ellipse rythment un film tout entier du côté d'Emma Bovary tout autant que d'Isabelle Huppert.

Une adaptation fidèle et rythmée

Sur les 35 chapitres du roman seuls 7 ne sont pas adaptés. Il s'agit, dans la première partie, des deux premiers chapitres, l'enfance et le premier mariage de Charles et du sixième, sur les lectures romanesques d'Emma. Dans la troisième partie sont évités le quatrième chapitre, quand Léon revient à Yonville voir Emma, devenue sa maîtresse et les trois derniers, les 9, 10 et 11 narrant la mise en bière, les funérailles d'Emma et les navrantes mésaventures de Charles jusqu'à sa mort. La séquence finale filme sobrement la place du marché alors qu'est raconté, off, le sort de la pauvre Berthe. Le film se conclut, comme dans le livre, sur la mention de la croix d'honneur attribuée à Homais.

Chabrol supprime aussi l'aspect itératif des visites répétées de Charles à Emma du troisième chapitre et préfère l'évidence de l'ellipse. Tous les préparatifs du mariage disparaissent ainsi entre le oui au mariage d'Emma, signifié par l'ouverture du auvent et, au plan suivant, le retour du cortège du mariage vers la ferme du père Rouault.

Le choix d'une voix-off pour la lecture de courts extraits par un narrateur (texte lus par François Perrier entre parenthèses dans le résumé au-dessus) permet aux grands passages dialogués de conserver leur fraîcheur et leur intensité et de privilégier de grands moments de cinéma dédiés au mouvement de l'âme d'Emma. Le texte off est cependant souvent réduit et se trouve augmenté de quelques lignes pour faire avancer l'action. Ainsi ici, dans cet extrait du chapitre 9, est repéré en gras ce qui est lu par François Perrier et, entre parenthèses, ce qui est rajouté :

" Au fond de son âme, cependant, elle attendait  un événement. Comme les matelots en détresse, elle promenait sur la solitude de sa vie des yeux désespérés, cherchant au loin quelque voile blanche dans les brumes de l’horizon. Elle ne savait pas quel serait ce hasard, le vent qui le pousserait jusqu’à elle, vers quel rivage il la mènerait, s’il était chaloupe ou vaisseau à trois ponts, chargé d’angoisses ou plein de félicités jusqu’aux sabords. Mais, chaque matin, à son réveil, elle l’espérait pour la journée, et elle écoutait tous les bruits, se levait en sursaut, s’étonnait qu’il ne vînt pas ; puis, au coucher du soleil, toujours plus triste, désirait être au lendemain. Le printemps reparut. Elle eut des étouffements aux premières chaleurs, quand les poiriers fleurirent. Dès le commencement de juillet, elle compta sur ses doigts combien de semaines lui restaient pour arriver au mois d’octobre, pensant (quand vint l'époque elle espéra) que le marquis d’Andervilliers, peut-être, donnerait encore un bal à la Vaubyessard. Mais tout septembre s’écoula sans lettres, ni visites. Après l’ennui de cette déception, son cœur de nouveau resta vide, et alors la série des mêmes journées recommença. Elles allaient donc maintenant se suivre ainsi à la file toujours pareilles, innombrables, et n’apportant rien ! Les autres existences, si plates qu’elles fussent, avaient du moins la chance d’un événement. Une aventure amenait parfois des péripéties à l’infini, et le décor changeait. Mais, pour elle, rien n’arrivait, Dieu l’avait voulu ! L’avenir était un corridor tout noir, et qui avait au fond sa porte bien fermée. Elle abandonna la musique, pourquoi jouer ? qui l’entendrait ? Puisqu’elle ne pourrait jamais, en robe de velours à manches courtes, sur un piano d’Érard, dans un concert, battant de ses doigts légers les touches d’ivoire, sentir, comme une brise, circuler autour d’elle un murmure d’extase, ce n’était pas la peine de s’ennuyer à étudier. Elle laissa dans l’armoire ses cartons à dessin et la tapisserie. À quoi bon ? À quoi bon ? La couture l’irritait. — J’ai tout lu, se disait-elle. Et elle restait à faire rougir les pincettes, ou regardant la pluie tomber. (Charles s'était avisé de la langueur de sa femme. Pendant tout un temps, il ne sut trop comment agir. Puis il prit une décision dans le plus grand secret, espérant que ce qui était pour lui un immense sacrifice permettrait à Emma de recouvrer la santé)"

Le bal chez le marquis d’Andervilliers est une figure imposée de l'adaptation. Comme plus tôt chez Minnelli, Chabrol opte pour une caméra en plongée sur le bal ayant son mouvement propre qui redouble celui des danseurs. Quelques plans au ras du sol captent la ronde des tissus soyeux des robes et accentuent la sensualité de la soirée.

Les comices agricoles sont un autre passage obligé. Le discours amoureux stéréotypé de Rodolphe alterne au premier étage de la mairie avec le discours officiel des comices agricoles sur la place. Le montage alterné respecte celui du roman. Mais le baiser off sur le discours du conseiller Lieven annonçant le prix de la catégorie porcine puis la reprise sur "vous ne me repoussez pas, vous êtes bonne" vient marquer plus encore que dans le roman le choix naturaliste de Chabrol. Celui-ci prendra de plus en plus de place dans la dernière partie du livre comme du film avec les trois apparitions de l'aveugle. Il est défiguré chez Chabrol et apparait superposé au rideau lors de la mort d'Emma. Naturaliste aussi la mort d'Emma avec son visage défait, sa langue noircie puis la bouche vomissant du liquide noir; c'est le monde souterrain qui vient prendre possession d'elle.

Tout pour Emma, tout pour Isabelle

En affirmant "Mme Bovary, c'est moi", Flaubert ne se prive pas d'en montrer les défauts notamment son romantisme perpétuellement insatisfait dû à ses lectures de jeunesse, Chabrol est complètement du coté d'Emma, ou d'Isabelle Huppert, magnifique d'énergie et de vitalité. Durant la première partie Emma est toujours habillée de clair (bleu ciel ou blanc, ou vert pomme) face au costume sombre des hommes. D'une sensualité juvénile lorsqu'elle suce le sang de son doigt ou lampe l'alcool dans le verre, elle se montre plus hardie aux suggestions sexuelles qu'elle "exécute sans les comprendre" en plongeant la tête sous les draps. Elle rayonne enfin dans les robes rouges et noires quand le texte off annonce "Jamais madame Bovary ne fut aussi belle qu'à cette époque là", celle juste avant le voyage projeté avec Rodolphe. Emma prend toutes les initiatives, accueille, invite alors que Charles, jamais caricaturé et déplaisant, habillé de noir, annone ses réparties et ne sait jamais que faire.

Moins terrienne que Valentine Tessier chez Jean Renoir, moins romantique que Jennifer Jones chez Vincente Minnelli, Isabelle Huppert impose un personnage plus résolu qui butte sur la domination sociale. Comme souvent chez Chabrol, c'est la domination masculine qui est dénoncée, domination basée sur l'inertie (Charles), l'incompréhension (le prêtre), la veulerie ou la bêtise (Homais).

Jean-Luc Lacuve, le 15 décembre 2020.