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Dans un salon, un homme raconte à trois femmes comment il devint voyeur
dans un café qu'il fréquentait et pourquoi il y prit goût
pendant un temps. Il explique alors comment il fut intrigué par le
manège de certains consommateurs dès qu'une femme se rendait
aux toilettes ; comment après avoir inspecté les lieux, il se
confia à un ami pervers et spécialiste ; comment ce dernier
donna la solution du problème et comment, enfin, il revint fréquemment
dans l'établissement pour y observer à loisir et incognito le
sexe des femmes. Suit alors une discussion sur la sexualité, la libération
et les tabous. La même histoire est ensuite racontée à
trois comédiennes par celui-là même qui la vécut.
Le
film part d'un fait réel : Jean-Noël Picq, ami du cinéaste,
remarque un trou au bas de la porte des toilettes d'un rade parisien de la
Motte-Picquet Grenelle. Ce trou le travaille, il en fait part à ses
amis, qu'il ennuie. Il transforme alors cette méditation philosophique
sur le néant en une histoire salace d'hommes observant les sexes féminins
de passage, et gagne du coup un franc succès de scandale dans les soirées.
Eustache finit naturellement par s'emparer de ce récit voyeuriste. Mais il couple, sans rien en dire aux protagonistes, une version documentaire (Picq racontant l'histoire devant un auditoire de quatre femmes) à une version fictionnelle (même texte dit par Michael Lonsdale devant des figurants). Cette manipulation, Jean-Noël Picq en conserve un souvenir mitigé : "D'un côté, il a eu le génie de rendre séduisante cette histoire ignoble, notamment auprès des femmes ; de l'autre, par rapport à l'art de Lonsdale, je passe quand même pour le psychopathe de service." Reste que cette sale histoire dit la manière dont le cinéma, selon la formule de celui qui ne lui retira jamais son amitié, "rendait dans sa transposition la vie supportable à Eustache".
Jacques Mandelbaum, Le Monde du 13.12.06.