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Dans le dernier quart du XIXe siècle, l’ukiyo-e devient une nouvelle source d'inspiration pour les peintres impressionnistes européens puis pour les artistes Art nouveau. C'est dans une série d’articles publiés en 1872 pour la revue Renaissance littéraire et artistique, que le collectionneur Philippe Burty donne un nom à cette révolution : le « japonisme »

Les premières œuvres artistiques japonaises à éveiller l’intérêt des pays d’Europe de l’Ouest sont les porcelaines. En 1851, les Frères Goncourt dépeignent dans leur Journal un salon décoré d’œuvres d’art japonaises. À partir de 1853 aux États-Unis, puis après 1855 en Europe, l’ouverture progressive du Japon au commerce international entraîne l’afflux en Europe de nombreux objets : paravents, éventails, laques, porcelaines, estampes… qui fascinent les artistes et amateurs d’art occidentaux. En 1856, Félix Bracquemond découvre la Manga d'Hokusai dans l'atelier de son imprimeur, Auguste Delâtre, au n°171, rue Saint-Jacques, où elle avait été utilisée pour caler un envoi de porcelaines. En reproduisant ses figures animales sur un service de porcelaine, réalisé en 1867 pour Eugène Rousseau, il deviend le premier artiste européen à copier directement des artistes japonais.

Les peintres initiateurs du japonisme (1864-1877)

James Whistler rencontre probablement Félix Bracquemond chez Delâtre, qui imprime dès 1858 sa série d’eaux-fortes appelée le French set. Il voit également Stevens à Londres le 10 mai 1863, quelques jours après l'ouverture du Salon de peinture et de sculpture de Paris où Stevens expose plusieurs toiles, alors que Whistler est contraint de présenter son tableau La femme en blanc au Salon des refusés, inauguré le 15 mai 1863. Puis, lors de son nouveau voyage à Paris, début octobre 1863, c’est au tour de Beaudelaire de lui être présenté par l'intermédiaire de Henri Fantin-Latour ; tandis qu'avec James Tissot, rencontré au Louvre dès 1856, naîtra une certaine rivalité sur la primauté de l'usage de ce nouveau thème en peinture, selon la correspondance de Whistler de 1863 à 1865. Ainsi, après avoir réalisé en janvier 1864 Pourpre et Rose : Le Lange Leizen du Six Marks, son premier tableau orientalisant figurant en fait une Chinoise, Whistler reçut de Fantin, en avril 1864, des objets de La Porte chinoise, sans doute visitée avec lui lors de ses voyages à Paris de 1863, et en emprunta d'autres à Rossetti, afin de réaliser trois tableaux à motifs japonais, dont Caprice en violet et or : Le paravent doré et La princesse du pays de la porcelaine, qui seront achevés vers mars 1865, au moment même où Tissot en réalisait trois autres sur ce même sujet, dont La Japonaise au bain et Jeune femme tenant des objets japonais.Whistler peint à partir de 1864 Variations de couleur chair et vert : le balcon inspiré par La maison de thé de Shinagawa de Torii Kiyonagamais le retouche de nombreuses fois au cours des années suivantes

Lors de l’Exposition universelle de 1867 à Paris, le Japon présente pour la première fois, au Champ-de-Mars, un pavillon national, réalisé sous la direction de l'architecte Alfred Chapon, une ferme artisanale, ainsi qu'une maison bourgeoise, construite par des artisans japonais sous le patronage du gouverneur de Satsuma, opposé au shogun et partisan de la restauration impériale, qui interviendra en octobre de la même année. Le Japon expose cette fois selon son libre choix, plusieurs milliers d'objet de ses différentes productions artistiques, artisanales et industrielles, outre les estampes figurant dans la section italienne ; tandis que Félix Bracquemond présente au public son "service Rousseau". À l'issue de l'exposition, 1 300 de ces objets sont vendus au public. Dès lors, l'art japonais commence à être apprécié à grande échelle. La même année, James Tissot aménage un salon japonais dans son hôtel particulier de l'avenue Foch.

Rendus possibles par la plus grande ouverture du Japon au monde extérieur, en 1868, avec l’ère Meiji, des collectionneurs et des critiques artistiques (Henri Cernuschi, Théodore Duret, Émile Guimet), des peintres (Félix Régamey), entreprennent des voyages au Japon dans les années 1870 et 1880 et contribuent à la diffusion des œuvres japonaises en Europe, et plus particulièrement en France, tant et si bien que l'Exposition universelle de 1878 présente un bon nombre d'œuvres japonaises, notamment des collections Bing, Burty et Guimet et marque l'apogée de l'engouement pour le japonisme.

Prédication shintoïste à Kyotô
Félix Régamey, 1876
Temple de Kouan-on à Kiyomizu
Félix Régamey, 1878

La diffusion du japonisme (1878-1900)

Arrivé à Paris comme traducteur de la délégation japonaise à l’Exposition Universelle de 1878, Hayashi Tadamasa (ou Tasamasa) décide d'y rester et crée, en 1883, avec Wakai Oyaji, une entreprise d’importation d’objets d’art et d’estampes japonais, suivi par Iijima Hanjuro, le biographe d'Hokusai. En 1886, Tadamasa fait connaître aux Parisiens l'art et la culture de son pays à travers un numéro spécial du Paris illustré reprenant La courtisane d'Eisen en couverture, dont Van Gogh peindra une interprétation l'année suivante ainsi que deux autres tableaux d'après Hiroshige entre octobre et novembre 1887.

Van Gogh avait beaucoup d'intérêt pour les estampes japonaises avec leurs couleurs vives et leurs compositions spéciales. , il réalise trois peintures basées sur des estampes japonaises.

Van Gogh a basé ce tableau sur une gravure sur bois de l'artiste japonais Kesai Eisen. Le tirage avait été reproduit sur la couverture du magazine Paris illustré en 1886. Van Gogh utilisa une grille pour copier et agrandir la figure japonaise. Il utilise des couleurs vives et des contours audacieux, comme s'il s'agissait d'une gravure sur bois.

Tadamasa participe également au commissariat japonais de l’Exposition Universelle de 1889. En 1890, il ouvre une boutique au no 65, rue de la Victoire à Paris et, en 1894, lègue sa collection de gardes de sabres au Louvre. En onze ans d'activités et de voyages aller-retour au Japon, il recevra 218 livraisons, comptant notamment 156 487 estampes. Il collabore également activement aux livres Outamaro, le peintre des maisons vertes (1891) et Hokousai (1896), rédigés par Edmond de Goncourt, en lui procurant des traductions de textes japonais et d’innombrables renseignements. Louis Gonse, lui aussi, fait appel à ses connaissances pour son livre intitulé L’Art japonais.

Le roman de Pierre Loti, Madame Chrysanthème, publié en 1887, ne fait qu'accentuer et populariser cette mode du japonisme. Aux expositions universelles parisiennes de 1878, de 1889 et de 1900, le Japon est très présent à la fois par l'architecture, les estampes et par la production de céramiques. Des œuvres japonaises entrent dans les collections du musée du Louvre, grâce au legs d'Adolphe Thiers de 1884, et des œuvres religieuses sont également acquises en 1892. Pour l'exposition universelle de 1900, Hayashi Tadamasa réussit le fabuleux pari de faire venir de très grandes œuvres du Japon, l'empereur Meiji proposant même quelques pièces de sa collection personnelle.

Dès la fin des années 1850, certains artistes achètent des estampes japonaises à Paris, comme Whistler et Tissot, puis Monet qui en réunit 231, à partir de 1871, ou Rodin, qui en acquiert près de 200 après 1900. Fantin-Latour, Édouard Manet, Carolus-Duran, Mary Cassatt ou Giuseppe De Nittis firent également collection d'estampes japonaises ; tandis que Van Gogh s'en procure dès 1885 à Anvers et en possèdera plus de 400.

En 1888, dans sa galerie L'Art japonais, au n°22, rue de Provence, où se rencontrent beaucoup de critiques d'art et de jeunes peintres, Sigfried Bing présente une exposition historique de l'art de la gravure au Japon, et publie le premier numéro de sa revue mensuelle, Le Japon artistique, notamment lue par les nabis et Gustav Klimt. En 1890, grâce aux collections de ses amis, Bing organise, à l’École des beaux-arts de Paris, l'Exposition des maîtres japonais comprenant 760 estampes, dont l'affiche est conçue par Jules Chéret, l'un des précurseurs du nouveau graphisme dans les années 1880. Ces deux dernières expositions ont un impact sur l'art de l'affiche qui connait son « âge d'or » à la suite de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. De 1909 à 1913, Raymond Koechlin consacre par ailleurs aux estampes six expositions au musée des Arts décoratifs.

En 1888, Auguste Lepère crée avec Félix Bracquemond, Daniel Vierge et Tony Beltrand, la revue L'Estampe originale, afin d'intéresser les artistes et les amateurs aux nouveaux procédés et tendances de la gravure, notamment en couleur. Dans cette période où le japonisme a une grande influence sur les arts décoratifs, Henri Rivière réalise à partir de cette date, de 1888 à 1902, Les Trente-six vues de la Tour Eiffel. En 1891, Félix Valloton renouvelle également la gravure sur bois, avec Paul Gauguin ou Émile Bernard et Toulouse-Lautrec révolutionne à son tour l'art de l'affiche, en dessinant la même année celle destinée au célèbre cabaret ouvert en 1889, intitulée Moulin-Rouge - La Goulue. Toujours en 1891, l'affiche France-Champagne et le paravent Femmes au jardin réalisés par Pierre Bonnard, le « nabi japonard », puis entre 1895 et 1909 les œuvres gravées en couleurs sur bois d'Amédée Joyau, portent aussi la marque du japonisme. De la même manière, l'artiste américaine Mary Cassatt réalise vers 1890-1891 une estampe directement inspirée de la technique et de l'esthétique ukiyo-e, La Toilette.

Claude Monet grand collectionneur : 230 estampes, exposées dans sa salle à manger kiyonaga. Le père Tanguy. Van Gogh découvre l'estampe en 1885, ce sont des estampes bon marché contrairement à Monet. Il pense . Il en achète 450 dans l'espoir de les revendre et de faire une bonne affaire. L'importance sera considérable sur sa peinture : goût du décoratif, graphisme sinueux, pas de modelé ni d'ombre, ni de source lumineuse, donc tout par la couleur, pas d'illusion de la réalité. La perspective est maîtrisée comme le prouve la vue nocturne du quartier de Saruaka (Night View of Saruwaka) de Hiroshige ou mais plus souvent deux plans superposés, l'un de très près et l'autre, le plus important de très loin, point de vue original, ainsi de la vague vue de profil. La gaisha va prendre la palce du harem romantique dans l'imaginaire érotique.

Le manoir aux assiettes de Hokusai. Les pages de la manga entrepris de ses 55 ans jusqu'à sa mort, 35 ans plus tard.

Torii Kiyonaga, bain des femmes, Kuniyoshi, couleurs vives, Kunisada triptyque issu des quatre saisons. Ils inspirent Félix Valotton, (Le bon marché, 1893); Bonnard (femme à sa toilette vers 1905 fondation Brühle Zurich. Alfred Stevens, La parisienne japonaise 1872. Tissot la japonaise au bain Dijon. Monet japonisme, farandole de ushiwas, éventail bleu blanc rouge, Breitner jeune femme au kimono rouge; Mary Cassatt, la toilette Henri Rivière 800 pièces collectionnées, les 36 vues de la tour Eiffel; Maurice Denis les trois jeunes princesses Yashima Gatuke, parodie du Dieu Juro. Paul Signac Saint-Briac 1890 hiroshige rive lointaine du fleuve Oi ; Portrait de Fénéon inspiré d'un motif japonais Vuillard la porte entrebâillée et Kunisada ; le triptyque des quatre saisons; Vallotton, la valse 1893 le havre avec La maison des assiettes (Hokusai, 1832); Autoportrait à l'oreille coupée Geisha dans un paysage musée van Gogh ; Hokusai bouvreuil et cerisier chicago art museum

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