Selon Plutarque, le sculpteur grec Phidias aurait fait preuve d'une audace insensée en se représentant, vers 438 avant notre ère, parmi la foule de "La bataille des amazones", sur le bouclier d'Athéna Promachos, une oeuvre réalisée pour le Parthénon d'Athènes: il osait introduire un personnage profane (lui) dans une composition sacrée.
L'autoportrait remonte donc à la plus haute Antiquité. Cette anecdote rapportée par le moraliste est la plus ancienne trace de ce que les historiens d'art appellent l'"autoportrait situé" - où l'artiste s'insère dans une scène, dans une composition ou dans un groupe-, par opposition à l'autoportrait détaché"- où il se montre seul. Encore rares au Moyen-age, ces deux genres vont se répandre à partir de la fin du XVème siècle - fruit de la large diffusion du miroir et de l'amélioration des techniques picturales, dit-on, mais plus sûrement grâce au lent processus de désacralisation de l'œuvre, amorcé à la Renaissance, et à l'affirmation concomitante de la personnalité de l'artiste, dont témoignent, à la fin des années 1470, "L'Adoration des mages" de Botticelli (le peintre se représente à droite du tableau, de trois quarts et observant le spectateur), et, en 1484, le premier autoportrait gravé de Dürer.