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La vision apprès le sermon

1888

Vision après le sermon
Paul Gauguin, 1888
Huile sur toile, 73 X 92 cm
Edimbourg, Musée national d'Ecosse

"Je viens de faire un tableau religieux très mal fait mais qui m'a intéressé à faire et qui me plaît. Je voulais le donner à l'église de Pont-Aven. Naturellement on n'en veut pas[...]Des bretonnes groupées prient. Costumes noirs très intenses. Les bonnets bleu jaune très lumineux très sévère. la vache sous l'arbre est toute petite et se cabre. Pour moi dans ce tableau le paysage et la lutte n'existent que dans l'imagination des gens en prière par suite du sermon, c'est pourquoi il y a contraste entre les gens nature et la lutte dans son paysage non nature et disproportionné" (lettre à Van Gogh, fin septembre 1888) Premier tableau synthétique de Gauguin qui tourne le dos à l'impressionnisme. Peinture anti-naturaliste et symboliste.

Le sermon que viennent d'écouter les paroissiennes avait décrit la lutte de Jacob avec l'ange, thème cher aux artistes de la génération de Gauguin, comme lui admirateurs de Delacroix, auteur d'une célèbre fresque sur la Lutte de Jacob avec l'Ange (1861) dans l'église Saint-Sulpice.

Le motif du combat est en réalité directement repris d'un croquis de lutteurs par Hokusai, et le grand a-plat rouge, la branche en biais sont aussi inspirés de l'art japonais des estampes.

Ce tableau, exposé dès 1889 à Paris et à Bruxelles, fut ressenti comme une sorte de manifeste du symbolisme en peinture, par son sujet imaginaire et religieux, par son contre-emploi de la couleur (le vert de la prairie devient son opposé rouge). Il valut à Gauguin de grandes louanges, en particulier du critique Albert Aurier, et autant de réserves, comme son ancien maître Pissaro qui "lui reproche d'avoir chipé cela aux Japonais et aux peintres byzantins [..] et de ne pas avoir appliqué sa synthèse à notre philosophie moderne qui est absolument sociale, antiautoritaire et antimystique" (lettre à son fils Lucien, 20 avril 1891).