(1848-1903)
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Post-impressionnisme |
Paul Gauguin, guidé d'abord par Camille Pissarro, rompt avec le style impressionniste. Il affirme en effet la prééminence des associations de l'esprit sur les données passives des sens, par quoi le symbolisme naissant allait remettre à l'honneur les primitifs. A commencer par la Bretagne dont l'art frustre et naïf déclenchera chez Gauguin, avec le japonisme, les premières simplifications de la forme, les grands aplats, l'élimination de l'ombre, du modelé et de la perspective du style cloisonnisme.
A Tahiti puis aux Marquises, Gauguin veut retrouver la naïveté des premiers âges et ressourcer son être loin des entraves de la civilisation. Mais, jusqu'au bout, les motifs d'inspiration polynésiens seront loin de recouvrir les composantes d'un art prodigieusement savant qui mêle les sources les plus diverses (par exemple Degas, Cézanne, Puvis de Chavanne, l'art égyptien, l'art précolombien) à une subtilité de coloris toute occidentale. (Source Gauguin, Françoise Cachin, Flammarion, 1988).
Neige à Vaugirard | 1879 | Copenhague, Ny Carlsberg Glyp. |
Jardin sous la neige | 1879 | Budapest, Szépmüvészeti Muzeum |
Femme nue cousant | 1880 | Copenhague, Carlsberg Glyptotek |
Portrait de Mette | 1880 | Zurich, Collection E.G.Bührle |
Intérieur du peintre, Paris, rue Carcel | 1881 | Nasjonalgalleriet, Oslo, |
La route montante | 1884 | Zurich, Collection E.G.Bührle |
La vision après le sermon | 1888 | Edimbourg, Galerie Nationale |
Paysage de Bretagne | 1888 | Washington, National Gallery |
Les alycamps | 1888 | Paris, Musée d'Orsay |
Van Gogh peignant des tournesols | 1888 | Amsterdam, Musée Van Gogh |
Nature morte à l'estampe japonaise | 1889 | Téhéran, Musée d'art contemporain |
La belle Angèle | 1889 | Paris, Musée d'Orsay |
Les ramasseurs de varech | 1889 | Essen, Museum Folkwang |
Autoportrait | 1889 | Washington, National Gallery |
Le Christ jaune | 1889 | Paris, Musée d'Orsay |
Pot anthropomorphe | 1889 | Paris, Musée d'Orsay |
Autoportrait au Christ jaune | 1891 | Paris, Musée d'Orsay |
Femme à la robe rouge | 1891 | Kansas-City, Nelson-Atkins M. |
Le repas (ou Les bananes) | 1891 | Paris, Musée d'Orsay |
La boudeuse | 1891 | Worcester Art Museum |
Paysage tahitien | 1891 | Minneapolis Institute of Arts |
Femmes de Tahiti | 1891 | Paris, Musée d'Orsay |
Je vous salue Marie | 1891 | New York, The Metropolitan |
Les cochons noirs | 1891 | Budapest, Szépmüvészeti Muzeum |
Parau Api | 1892 | Dresde, Sta. Kunstsammlungen |
Quand te maries-tu ? | 1892 | Quatar, collection privée |
Arearea (Joyeusetés I) | 1892 | Paris, Musée d'Orsay |
Tehura | 1892 | Paris, Musée d'Orsay |
Eh quoi, tu es jalouse ? | 1892 | Moscou, Musée Pouchkine |
Femme à la mangue | 1892 | Baltimore, Museum of Art |
L'esprit des morts veille | 1892 | Buffalo, Albright-Knox Art Gallery |
Là est le temple | 1892 | Philadelphie, Museum of Art |
Idole à la coquille | 1892 | Paris, Musée d'Orsay |
Seule | 1893 | Collection particulière |
Les aïeux de Teha'amana | 1893 | Chicago Art Institute |
La mère de l'artiste | 1893 | Stuttgart, Gallerie nationale |
Autoportrait au chapeau | 1893 | Paris, Musée d'Orsay |
Oviri | 1894 | Paris, Musée d'Orsay |
Tête avec des cornes | 1895 | Los Angeles, Getty Museum |
Femme sous le manguier | 1896 | Moscou, Musée Pouchkine |
Couple assis dans une chambre | 1896 | Moscou, Musée Pouchkine |
Te tamari no atua | 1896 | Munich, Nouvelle Pinacothèque |
D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous? | 1897 | Boston, Museum of fine art |
Les baigneuses | 1897 | Washington, National Gallery |
Homme cueillant des fruits | 1897 | St Pétersbourg, l'Ermitage |
Le cheval blanc | 1898 | Paris, Musée d'Orsay |
La cueillette des fruits | 1899 | Moscou, Musée Pouchkine |
Femmes au bord de la mer (Maternité I) | 1899 | St Pétersbourg, l'Ermitage |
Maternité II | 1899 | Collection privée |
Le gué | 1901 | Moscou, Musée Pouchkine |
Idylle à Tahiti | 1901 | Zurich, Collection E.G.Bührle |
Tournesols sur un fauteuil | 1901 | Zurich, Collection E.G.Bührle |
Tournesols | 1901 | St Pétersbourg, l'Ermitage |
Femme Tahitienne | 1901 | Paris, Musée d'Orsay |
Deux Tahitiennes | 1902 | New York, The Metropolitan |
L'offrande | 1902 | Zurich, Collection E.G.Bührle |
Les contes barbares | 1902 | Essen, Musée Folkwang |
Femmes et cheval blanc | 1903 | Boston, Museum of fine art |
1848 : Naissance le 7 juin à Paris, fils de Clovis
Gauguin, journaliste républicain et de Aline-Marie Chazal, descendante
du vice-roi du Pérou.
1849 : Les positions radicales du journaliste forcent la famille Gauguin à
s'exiler au Pérou. Il décédera au cours de la traversée.
Les Gauguin vivront quatre années à Lima avant de revenir s'installer
en France, à Orléans où Paul poursuivra sa scolarité.
1865 à 1871 : A 17 ans, Il est engagé comme matelot dans la marine marchande
française.
1867 : Décès de sa mère. Il habite alors chez son tuteur,
Gustave Arosa, riche collectionneur qui possèdait entre autres des
oeuvres de Corot, Delacroix et de Millet. Très tôt, Arosa initiera
le jeune Gauguin à la peinture de ses contemporains. Paul travaille chez un agent de change
1873 : Épouse Mette Gaad, originaire du Danemark.
1874 : Assiste à une exposition de peintres impressionnistes. Coup
de foudre pour la peinture qu'il pratique en amateur. Arosa lui fait rencontrer
le peintre impressionniste Camille Pissarro qui lui prodiguera encouragements
et conseils. Gauguin adopte la palette claire de Pissarro, la touche morcelée
pour préserver l'éclat des couleurs et reproduire le scintillement
de la lumière. Il achètera pour 17000 francs de tableaux de
Manet, Monet, Sisley, Renoir et Guillaumin.
1876 : Encouragé par Pissarro qui lui présente Cézanne,
il fait ses débuts au Salon. Ils peindront tous trois ensemble à
Pontoise à cette époque. Cézanne, que Gauguin estimait
grandement, voyait déjà chez Gauguin un grand artiste et un
rival capable de lui ravir cette "petite sensation" par laquelle
il résumait à la fois l'objet de ses recherches et la manière
unique de peindre qui le distinguait de ses pairs. Gauguin peint Portrait
de Mette (1878) et Femme nue cousant,
(1880).
1882-1883 : La maison Bertin où Gauguin est employé en tant
qu'agent de change essuie les revers de la crise économique de 1882
et Gauguin est probablement licencié. Dès lors, il choisit d'assumer
résolument sa vocation de peintre au grand dépit de sa femme
qui accepte et comprend difficilement les sacrifices que lui impose son mari.
(Portrait de femme, 1881-1882, Hofstra University Museum et La barge,1882,
University of Miami, Lowe Art Museum)
1884 : Gauguin s'installe dans la famille de Mette à
Copenhague au Danemark. Il tente de subvenir aux besoins de sa famille en
tenant un commerce de bâches tout en continuant à peindre. Les
relations avec sa belle-famille se dégradent rapidement. Dans une lettre
à Mette, il reprochera aux membres de sa famille de l'avoir contraint
à partir : «Maintenant que ta soeur à réussi à
me faire partir... Ton frère prétendait que j'étais de
trop... Je suis chassé de ma maison...». Il est difficile cependant
de croire que seule l'attitude hostile de la famille Gaad explique son départ.
Il regagne la France en laissant derrière lui sa femme et ses 5 enfants.
Il entretiendra néanmoins des relations avec Mette pendant plusieurs
années.
1886 : Juin. Premier séjour en Bretagne à la pension Gloanec,
à Pont-Aven où il se choisit de travailler d'une part par souci
d'économie et d'autre part par goût d'un certain primitivisme.
Se lie d'amitié avec Émile Bernard, Vincent Van Gogh, Paul Sérusier
ainsi que Charles Laval. La palette de Gauguin gagne en intensité.
Les formes perdent de leur volume au profit de la couleur de plus en plus
libérée du souci de representativité. La ligne s'affranchit
et vient renforcer l'architecture du tableau en cernant les formes. Ses recherches
s'éloignent de plus en plus de celles de ses maîtres impressionnistes.
À Sérusier, étudiant à l'Académie Julian, qui les avait rejoint en Bretagne à l'occasion de ses vacances d'été, il inspire un petit tableau aux formes incertaines mais aux couleurs pures et éclatantes, traitées en aplat, qui servira d'inspiration au groupe d'amis de Sérusier à l'Académie parmi lesquels Maurice Denis, Édouard Vuillard, Pierre Bonnard qui allaient fonder le groupe des Nabis.
1887 : La nostalgie d'un paradis terrestre, fruit de ses
réminiscences de son séjour d'enfance au Pérou, ou souvenirs
de ses voyages à l'époque où il travaillait pour la marine
marchande, il quitte la France en avril pour Panama en compagnie de Charles
Laval où il ne reste que peu de temps. Contraint de travailler comme
manoeuvre sur les chantiers du canal de Panama, il quitte Panama pour la Martinique.
Ses dons de coloriste et de dessinateur s'affirment sous l'effet de la lumière
tropicale. Mais il revient à l'automne, épuisé et malade.
1888 : Second séjour à Pont-Aven. Nouvelle rencontre, décisive
cette fois, avec Émile Bernard qui élabore la théorie
dite "synthétique". Peint la Vision après le sermon.
Première exposition individuelle à la galerie Boussod-Valadon,
où travaille Théo Van Gogh. S'impose de plus en plus comme la
figure dominante au sein d'un groupe de jeunes peintres qui cherche une voie
nouvelle entre l'art officiel enseigné dans les académies et
les recherches "optiques" des impressionnistes.
À l'invitation de Vincent Van Gogh qui rêve de fonder une commune d'artistes, Gauguin se rend à Arles. Il y restera du 20 octobre jusqu'à la fin décembre. Les espoirs de Van Gogh sont anéantis lorsque Gauguin quitte Arles, incapable de soutenir sa relation avec le tumultueux peintre hollandais. Épisode tragique de l'oreille coupée. Il peint Les Alycamps (1888), La vision après le sermon (1888), Paysage de Bretagne (1888), Van Gogh peignant des tournesols (1888).
1889 : Exposition au Café Volpini à l'occasion
de l'Exposition universelle de Paris qui marque la naissance d'une école
nouvelle groupée autour de Gauguin. Nabis et synthétistes, inspirés
également par Mallarmé et les symbolistes littéraires,
partageront pendant quelques temps des convictions communes sur la nécessité
de libérer la peinture de sa sujétion au réel et de laisser
davantage de place à l'idée ou à la symbolique. Maurice
Denis, Paul Sérusier, Édouard Vuillard, Pierre Bonnard, Odilon
Redon font partie de ce mouvement. Intérêt pour l'estampe japonaise
dont certaines reproductions figurent dans des natures mortes. L'intensité
psychique et spirituelle des toiles de cette année-là, le Christ
Jaune, le Calvaire breton, la Belle Angèle laissent entrevoir en arrière-plan
l'influence de Van Gogh. Autoportrait (1889),
La Belle Angèle (1889 Musée d'Orsay), Récolte au Pouldu
(1890, Tate Gallery).
1891 : Un banquet présidé par Mallarmé est donné
en son honneur. Mais le peintre est prêt à renouveler l'expérience
des contrées exotiques. Cette fois-ci, il part pour Tahiti. Nouvelle
déception : le côté provincial de cette lointaine colonie
française lui rappelle cruellement une civilisation qu'il croyait avoir
laissée derrière lui : "l'imititation, grotesque jusqu'à
la caricature, de nos moeurs, modes, vices et ridicules civilisés...
Avoir fait tant de chemin pour trouver cela même que je fuyais!»
(extrait de Noa-Noa). Il peint néanmoins Autoportrait
au Christ jaune (1891), Femmes de Tahiti
(1891), Le repas (ou Les bananes) (1891), Je
vous salue Marie (1891), Joyeusetés
(1892), Femme au mango (1892), L'esprit
des morts veille, (1892), Là est le
temple (1892), Autoportrait au chapeau
(1893). Il sculpte aussi : Tehura (1892)
1894 : Dernière entrevue avec sa femme Mette. Il se brise la cheville au cours d'une querelle à Concarneau, dont Annah la javanaise était la cause. Il gardera des séquelles de cette blessure mal guérie tout au long de ses dernières années.
Entre ses deux séjours océaniens, Gauguin réalise
à Paris, chez le céramiste Ernest Chaplet, son chef d'uvre
en grès, sa plus grande pièce, dont il inscrit le nom sur la
plinthe : Oviri
1895-1897: Après la vente désastreuse de ses tableaux à
l'Hôtel Drouot, il repart, pour ne plus jamais revenir, vers Tahiti,
"l'île odorante". Il sculpte Tête
avec des cornes
1897-1898 : Il apprend au printemps la mort de sa fille Aline. Découragé,
épuisé par la maladie, par cette blessure à la jambe
qui ne guérit pas, par une syphilis mal soignée et par la misère
et l'impécuniosité qui le tourmente depuis des années,
il songe au suicide. Avec une "fièvre inouïe", il travaille
à ce qui sera son grand testament pictural : D'où
venons-nous? Que sommes-nous? Où allons-nous? (1897).
1898 : En janvier, il met à exécution son projet
de suicide et part dans la montagne «où son cadavre aurait été
dévoré par les fourmis» et avale une trop forte dose d'arsenic.
Après une «nuit de terribles souffrances», il parvient
à retourner chez lui. Le cheval blanc
(1898).
1901 : Il s'installe aux Iles Marquises et y bâtit "la maison du
Jouïr" qu'il décore de bois sculpés, art auquel il
s'adonne de plus en plus. Il se met les autorités locales à
dos en publiant dans "le Sourire", un journal qu'il édite
lui-même et qui lui rapporte quelques revenus, des articles qui incitent
les indigènes à rejeter la civilisation décadente des
coloniaux et à redécouvrir les vertus de leur culture ancestrale.
Deux Tahitiennes (1902), L'offrande
(1902), Les contes barbares (1902).
1903 : En mars, il est condamné à la prison
pour avoir accusé un gendarme. Il est trouvé mort le 8 mai.
1906 : Rétrospective majeure de son oeuvre au Salon d'automne à
Paris.