D'une fenêtre de la villa de sa tante où il séjourne l'été 1867, Monet contemple la Manche; dans le lointain à gauche, on voit la fine bande violette qui désigne la côte à l'ouest, au delà d'Honfleur. Au centre du premier plan, Mme Lecadre est assise sur une chaise en bois courbé, sous son ombrelle. Le père de Monet est à côté d'elle et regarde le jeune couple au bord de la terrasse: la cousine de l'artiste, Jeannne Marguerite Lecadre, et un jeune homme dont on ignore l'identité. Sur l'eau, on compte un grand nombre de bateaux, depuis les ambarcations de plaisance au mouillage sur la gauche, en direction du Havre, jusqu'aux vapeurs sur la droite, qui effectuent la traversée de la manche vers l'Angleterre.
Selon L. Herbert, plus nous regardons les tableaux, plus nous nous apercevons qu'il ont été assemblés où ils sont pour nous raconter une histoire. On y voit un mélange de navires anciens et modernes qui représentent la génération de transition entre la voile et la vapeur. Sur l'horizon il y a quatre navires à voile dont l'un est une survivance du passé: un cinq-mats. Intercalés entre eux, on istingue quatre bateaux à vapeur. L'un, à roue, bleu, blanc, rouge donne l'impression de pousser légèrement le mat porte-drapeau de droite - une rencontre entre les plans de surface et le plan profond qui est un des rares exemples de trait d'esprit pictural dans la peinture de Monet. Le vapeur porte les couleurs du gouvernement comme le mât qu'il touche, accordant sa sanction officielle à cette scène de prospérité maritime. A mi distance, on découvre une autre juxtaposition voulue par Monet: le bateau de pêche qui effleure symboliquement l'ombrelle de Jeanne-Marguerite. C'est le seul signe manifeste du maintien du mode de vie traditionnelle à sainte Adresse avant la transformation par les estivants.