Traumatisés par l'effroyable guerre mondiale, les artistes récusent leur participation
aux préoccupations quotidiennes du monde. Ils veulent trouver une vérité en
eux-même ou dans la peinture. L'importance des conditions sociales comme déterminantes
de la production artistiques se manifestent par un refus de tout ce qui peut,
dans l'art, être compromis par la société
L'Abstraction Lyrique : s'oppose et prolonge l'abstraction géométrique de
l'entre-deux guerres. C'est un mouvement essentiellement américain. Il trouve
ses origines dans l'emigration pendant la guerre des Surréalistes (Masson,
Ernst, Dali, Matta) et dans les enseignements de l'expressionniste allemand
Hans Hofman et de Joseph Albers avec les théories du Bauhaus. L'Abstraction
Lyrique comporte plusieurs branches :
- L'Expressionnisme Abstrait ou "Action Painting" ou Peinture gestuelles. Les actions picturales de l'artiste sont les signse de ses émotions. C'est la branche la plus féconde (pour les critiques actuels et le marché
de l'art). Elle est presque exclusivement américaine. Les principaux peintres
sont Jackson Pollock (et sa technique du dripping), Willem de Kooning, et Sam Francis.
Ils travaillent surtout à New-York. Leur professeur est Hans Hofmann.Une lettre ouverte adressée au président du
Metropolitan museum of art, le 20 mai 1950, et signée par 18 peintres en
colère (Pollock, de Kooning, Rotko, Still, Motherwell, Newman... ) est à
l'origine du groupe dit des "Irascibles". Ces artistes protestaient contre
le conservatisme des musées et avaient le sentiment (confirmé par l'histoire
de l'art) d'être les meilleurs peintres de l'après-guerre.
- "Le Tachisme". Dès 1933 Hans Hartung s'était fait le précurseur de la
peinture gestuelle. Il donne à la ligne un aspect de sismographe psychique.
Pour la première fois, le tracé d'une ligne n'est plus entrainé aux équivalences
plastiques du réel ou du conceptuel.
- L’art informel est un autre terme du critique Michel Tapié pour désigner, dès le début des années 1950, une nouvelle tendance artistique qui exclue la figuration et se concentre soit sur l’expressivité de la matière, soit sur la spontanéité du geste créateur. Wols, Jean Dubuffet, Jean Fautrier, Antoni Tapies, Alberto Burri. Pierre Soulages, Mathieu ou Zao Wou-ki peuvent être rattachés à cette tendance. À Vétheuil, Joan Mitchell s'installe au-dessus de la maison de Claude Monet. L'artiste américaine poursuit la voie ouverte par le peintre des Nymphéas, pratiquant ce que certains ont appelé un impressionnisme abstrait. Dans sa quête pour une justesse de la sensation colorée, elle insuffle à son œuvre une ampleur inédite, signe d'un engagement dans le monde et clé de cette présence vibrante, tangible et immatérielle tout à la fois.
- COBRA. En Europe, la réunion de Asger Jorn, Karel Appel, Alechinsky et
Corneille notamment aboutit à la formation du groupe Cobra qui est une autre
branche de l'abstraction lyrique.
- Color field peinting. Au début des années
cinquantes, des peintres américains donnent un nouveau soufle à l'abstraction. Barnett Newman qui peint des champs colorés
séparés par des bandes nommées zip fonde le mouvement
du "color field painting" rejoint bientôt par Clifford Still,
Morris Louis et
Mark Rotko. Mark Rothko rompt en effet très vite avec la peinture gestuelle et spontanée de ses collègues. Au début des années 1950, il développe un langage abstrait personnel qu'il continuée à affiner et à simplifier au cours des vingt années suivantes. Ses toiles, généralement de grandes dimensions — car il croit qu'elles inspirent une plus grande intimité à la vue —, se divisent en plusieurs champs de couleur rectangulaires, plus ou moins horizontaux, ouverts et vibrants qui n'ont aucun rapport avec la géométrie et semblent flotter dans un espace indéterminé. La peinture, appliquée en une série de fines couches, comme s'il s'agissait d'aquarelle au lieu d'huile, ne révèle jamais les coups de pinceau et la texture est réduite à son expression minimale. Il dira ainsi : "Je ne suis pas un coloriste, j'utilise la vie intime
des couleurs."
Comme Tobey
(influencé aussi par l'art oriental) ces peintres travaillent d'abord sur
la côte ouest des Etats-Unis.
- Les tenants de la tradition française de la peinture moderne se regroupent
dans La Nouvelle Ecole de Paris : Jean Bazaine (1904), Albert Gleizes, Bissière,
Estève, Vieira da Silva (1908), Nicolas
de Staël. Héritiés du cubisme de Picasso, ils sont néanmoins abstraits
mais restent fidèles au principe de composition où le bon goût prédomine.
Vieira da Silva et Nicolas de Stäel sont les premiers à réintroduire une certaine
figuration dans l'abstraction.
L'abstraction pure se poursuit dans les années 60
- Hard edge Peinting (arête dure) : Franck Stella, Kenneth Nolan, Ellsworth
Kelly. Leur professeur est Joseph Albers qui reprend la tradition des Color
Field Peinters avec l'idéée d'une peinture absolument directe mais aussi
libre de toute atmosphère et de connotation mystique. Ce mouvement se perpétue
avec Sean Scully ou l'Op Art.
- Op Art : Vasarely, Kenneth Nolan
- Peinture gestuelle : Degottex, Debré, Hartung
- Peinture aléatoire: Hantaï, Henri
Michaux.
Les années 60 réagissent contre l'expressionnisme triomphant des
années 50. La loi du formalisme énoncé par Clément Greenberg, critique et
supporter des expressionnistes abstraits : "L'art ne doit renvoyer qu'à l'art
et le tableau ne parler que du tableau", aboutit à une abstraction de plus
en plus désincarnée. Certains voient là le triomphe des recherches formalistes
entreprises au lendemain de la guerre. Mais en 1964, la société contemporaine
entre à nouveau dans le champ artistique. Différentes stratégies de confrontation
au social sont mises en place (Pop art, art performatif).