Le père de Martha Heyer, la vierge trentenaire, meurt à Rome dans ses bras tout en la repoussant. Peu après la caméra fait une ronde vertigineuse autour d’elle et d’un inconnu croisé dans la cour de l’ambassade d’Allemagne. Elle rapatrie par fer le cercueil dans son pays. Son patron dont elle décline la demande en mariage se rabat aussitôt sur une collègue qui accepte. Dans son entourage il n’est question que de mariages mais toutes ces heureuses élues sont sous calmant. Au beau milieu des festivités du mariage de son amie Ilse avec le Dr. Salomon, débarque l’inconnu de Rome, qui s’avère être le frère du marié. Il fait à Maria la cour avec brutalité, puis l’épouse.
Elle est prête à tout donner à son mari, qui la confine dans une lugubre maison de type victorien et s’emploie à anéantir son passé, sa culture et jusqu’à son identité.
A bout de nerfs, elle appelle à l’aide un ancien collègue, mais terrifiée de se croire poursuivie, provoque un accident de voiture qui tue l’homme et la paralyse à vie. Le dernier plan la voit sur un fauteuil roulant poussé par l’époux dans l’ascenseur dont la porte en coulissant ferme le film.
Réalisé pour la télévision allemande, l'histoire est celle d'une soumission conjugale totale, d'une manipulation d'une femme par un homme, comme dans Soupçons de Hitchcock ou Hantise de Cukor.
Tout tourne autour de la soumission de l’épouse corroborée par une vision amère du mariage en général. Le personnage de Martha est prédestiné à considérer le rapport masochiste au père et le milieu étouffant de grande bourgeoisie où elle a grandi. Ce que suggère bien, dans des plans qui durent, sa démarche entravée par des jupes étroites. Mais surtout, le cauchemar où elle se débat est d’autant plus épouvantable qu’il se déroule dans le monde quotidien de l’état de veille (C’est bien pire que Répulsion (Roman Polanski), et de toute façon la représentation de l’horreur sera toujours inférieure à sa suggestion). Mais il ne faut pas s’y fier : le comportement calme et souriant d’Helmut s’impose comme inquiétante antithèse, et son action destructrice se développe avec la rigueur d’une démonstration mathématique.
Des motifs fantastiques infiltrent plus ou moins secrètement l’image : un manège filmé à la grue à la suite de la demande en mariage fait tournoyer les silhouettes noires d’animaux fantasmagoriques ; de grosses araignées s’inscrivent en filigrane dans l’entrelacs des fers forgés de l’entrée, des masques mortuaires au murs s’associent à Helmut ; dans le dialogue se déroulant derrière le pare-brise, la prise d’air de capot de la voiture au premier plan affecte la forme d’un mufle menaçant que les lumières de la route nocturne éclairent par intermittences, soulignant – à l’instar des modulations du moteur et des variations du rythme des essuie-glaces - ce qui inspire le doute relativement à Helmut. Dès le départ, avec ce cercueil à la gare en plan très serré paraissant glisser comme le train qu’on entend démarrer off, le thème de la mort participe de la machine infernale qui va broyer Martha. Le régime filmique est assez semblable au comportement implacable de Helmut, mais avec un détachement à la fois didactique et ironique des images (par exemple plan fixe d’un groupe immobilisé) et des paroles. Ironie que renforce la parodie du film d’horreur : cri de terreur de Martha dont les yeux exorbités sont fixés sur le hors-champ, mais le contrechamp ne montre rien d’autre que le placide Helmut.
Ce n’est qu’un des effets de la liberté d’un tournage où intervient l’improvisation. Genre de liberté bien particulière à Fassbinder qui a toujours l’air de se foutre du monde pour que la quête d’amour qui est au fond de toute son œuvre ne se réfère surtout pas à nos certitudes les mieux ancrées.
Editeur : Carlotta-Films, avril 2018. 4 Blu-ray + 1 DVD Formats 1.33, 1.37 et 1.66. Durée Totale des Films : 704 mn. 7 films majeurs de R.W. Fassbinder tournés entre 1969 et 1973. 50,16 € |
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L'amour est plus froid que la mort, Le Bouc, Prenez garde à la sainte putain, Le Marchand des quatre saisons, Les Larmes amères de Petra Von Kant, Martha, Tous les autres s'appellent Ali. Suppléments :
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