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Répulsion

1965

Thème : Psychanalyse

Avec : Catherine Deneuve (Carol Ledoux), Ian Hendry (Michael), John Fraser (Colin), Yvonne Furneaux (Helen Ledoux), Patrick Wymark (le propriétaire), Renee Houston (Miss Balch), Valerie Taylor (Madame Denise), James Villiers (John), Helen Fraser (Bridget). 1h45.
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Carole Ledoux, jeune fille d'origine belge, vit à Londres avec Hélène, sa soeur aînée. Elle travaille dans un institut de beauté et se montre plutôt farouche avec son amoureux Colin. Hélène introduit chez elle son amant, Michael, un homme marié assez vulgaire. Carole supporte mal cette présence. Peu à peu, elle glisse vers une schizophrénie qui lui rend insupportable toute apparition masculine.

Michael et Hélène partent en vacances. Carole s'en va travailler mais reste prostrée et retourne chez elle où elle s'enferme trois jours. Elle vit dans l'angoisse des bruits de pas sur le palier et barricade sa chambre dans le vain espoir d'échapper à des cauchemars de viol. Elle fait une seconde tentative de retour au travail mais blesse volontairement une cliente de l'institut de beauté. Carole rentre chez elle et s'enferme dans l'appartement. L'odeur putride d'un lapin en décomposition envahit l'appartement.

Dans ses hallucinations, les murs craquent et se fissurent, des mains sortent des murs. Colin, inquiet, insiste pour rentrer dans l'appartement et enfonce la porte. Carole l'assomme et porte le cadavre dans une baignoire pleine d'eau. Le propriétaire vient encaisser le loyer. Il a le malheur de se montrer entreprenant. Carole lui lacère le corps avec le rasoir de Michael. Elle traîne le corps derrière un canapé renversé.

Un spectacle hallucinant attend Hélène et Michael à leur retour de vacances : prostrée, Carole a sombré dans la démence. Michael la prend dans ses bras pour l'emmener vers l'ambulance.

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Carole à d'abord simplement l'air, comme le disent les collègues de Colin, d'une Belle au bois dormant qui attendrait le prince charmant.

Une Belle au bois dormant névrosée

Les manifestations de la folie de Carole se font d'abord légères. Ce sont des répulsions pour ce qui dérange l'ordonnancement de son quotidien : une poussière, la brosse à dent de Michael rangée dans son verre à dent, l'effondrement devant la vision d'une fissure sur le trottoir en réparation. Son exaspération devant les gémissements de sa sœur lorsqu'elle fait l'amour avec Michael ne semblent exprimer qu'une simple peur de la sexualité.

Les symptômes se font plus inquiétants lorsqu'apparaissent la visualisation de fissures de plus en plus larges et nombreuses dans l'appartement et les hallucinations de viol puis des mains qui sortent des murs. Le meurtre de Colin est d'abord difficile à interpréter autrement que comme une exaspération de cette intrusion dans son antre protecteur. Le meurtre du propriétaire semble en revanche inéluctable et marquer la folie.

L'origine du traumatisme révélé au dernier plan

Le mouvement de décadrage qui part de Carol, prostrée dans les bras de Michael vers le noir du couloir pour atteindre la chambre où sont rangés les souvenir d'enfance puis la photographie de famille sur fond sonore d'une pluie triste à mourir donnent l'origine du traumatisme de Carol. Il ne s'agit pas de la gentille famille comme le commentera un plus tard le propriétaire en se saisissant de la photographie. La vision du père au travers d'un croisillon de rotin puis de la fille dans autre croisillon qui le regarde d'un œil halluciné révèle un traumatisme bien plus inquiétant. Polanski cadre l'œil de la petite fille comme il cadrait, au premier plan du film, l'œil de Carol. Il indique ainsi un probable viol incestueux. La version française du film fait entendre, dans la brouhaha final, une voisine parlant d'un viol par son père subi autrefois par la jeune fille.

S'expliquent ainsi beaucoup mieux les hallucinations de Carol, sa peur panique des bruits de pas feutrés, son obsession de se barricader dans sa chambre, les fantasmes d'étreintes subies à répétition.

Un réquisitoire simple, efficace et émouvant

Polanski ne se permet ainsi aucune distraction, aucun effet gratuit dans sa mise en scène travaillant avec maîtrise la bande sonore, gouttes d'eau, bruits de pas, de mouches, de cloche de l'orphelinat comme autant d'éléments habituellement inquiétants ici paradoxalement plutôt rassurants dans l'univers toujours menacé de Carol.

La présence masculine de Michael, envahissante et non dénuée d'ambiguïté, comme celle des collègues de Colin, du propriétaire ou des amoureux de Bridget renvoient toutes au comportement prédateur masculin. Polanski leur oppose la douce blancheur de Carol, la gentillesse de Colin et le rire de Chaplin.

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