La Guerre d'indépendance des États-Unis d'Amérique a opposé les habitants des 13 colonies d'Amérique du Nord, à leur métropole, la Grande-Bretagne de 1775 à 1781.
Contrairement à la peinture, le cinéma américain n'a pas plus valorisé l'installation des premiers colons que la guerre d'indépendance. De sorte que les films qui évoquent la lutte pour l'indépendance sont très peu nombreux.
Une guerre éludée de la mémoire collective
Pour ne pas dévaloriser ses racines blanches, anglo-saxonnes et protestantes, l'establishment culturel américain n'évoque guère la guerre qui l'a opposé aux anglais et qui a été à l'origine de l'indépendance. Il s'en abstient d'autant plus que ce conflit était également une révolution et que depuis la création de leur Etat, les Américains ont toujours manifesté leur hostilité aux idées révolutionnaires, comme plus tard au socialisme et au communisme.
Ainsi, dans la mémoire cinématographique américaine, tout se passe comme si l'histoire du pays, sa fondation, commençait avec la guerre de Sécession à laquelle sont consacrés des centaines de films : ce fut certes, une guerre civile, mais qui se présente également comme une guerre de libération des Noirs américains, et qui coûta la vie au chantre de leur émancipation, Abraham Lincoln, assassiné en 1865.
Dans M. Smith au sénat, Jefferson Smith dont le prénom prouve bien l'héritage jeffersonien incarne l'Américain moyen, porteur des valeurs originales de l'Amérique, issu de ses petites villes où il fait bon vivre à l'écart de l'influence fédérale. De façon très significative, sa visite au Capitole associe les grandes figures de la déclaration d''indépendance à celle d'Abraham Lincoln.
En 2002, Gangs of New York rapelle pourtant comment cette "noble cause" a été mal vécue par la population pauvre de New York, notamment celle qui se nommaient les Natives, ayant luttée pour l'indépendance contre les Anglais et qui en se retrouvait pas dans l'universalisme naissant.
Les causes de la guerre d'Indépendance
Les Actes de Navigation décidés à Londres imposent le monopole du commerce aux marchands des colonies anglaises d'Amérique du Nord et de Boston en particulier. À partir de 1764, le Parlement britannique, influencé par le ministre des finances George Grenville, décide d'imposer une série de taxes aux colons. Le Sugar Act ("loi sur le sucre", 1764) est la première de ces lois qui vont provoquer la colère des marchands américains.
En 1765, le Parlement vote le Quartering Act ("loi sur le cantonnement") qui prévoit la réquisition des logements et le gîte pour les soldats britanniques stationnés en Amérique du Nord.
Puis Londres impose le Stamp Act ("loi sur le timbre", 1765), la plus impopulaire de toutes dans les colonies américaines. Elle requiert l'achat d'un timbre fiscal qui devait figurer sur les journaux, les livres, les documents officiels. En réaction, les colons forment un congrès contre le "loi sur le timbre" (Stamp Act Congress) qui se réunit en octobre 1765. Cette assemblée envoie une pétition au roi et au Parlement britannique afin de réclamer la suppression de la loi. Les Américains estiment injuste de payer de nouvelles taxes à la Grande-Bretagne, alors qu'ils ne sont pas représentés au Parlement de Londres. Ils revendiquent ainsi leur participation à la vie politique britannique et se rangent derrière le slogan "Pas de taxe sans représentation" (No taxation without representation).
Howard
le révolté (Frank Lloyd, 1940)
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Pour faire pression sur la métropole, les marchands organisent le boycott des produits anglais. Des émeutes éclatent à New York à proximité des bureaux de vente des timbres fiscaux. À Boston, un club de propagande secret appelé les fils de la liberté (Sons of Liberty) dirigés par Samuel Adams, détruit la maison du gouverneur Thomas Hutchinson. Le Parlement britannique finit par reculer en abrogeant le Stamp Act mais vote le Declaratory Act qui réaffirme le droit de la Grande-Bretagne à lever des taxes en Amérique, sans que les colons soient représentés à Londres.
En 1767 sont votés les Townshend Acts qui appliquent des taxes sur les marchandises importées par les 13 colonies. Elles portent sur le thé, le verre, la peinture, le plomb et même le papier. Les Américains menacent à nouveau de boycotter les produits britanniques : le Parlement annule les taxes sauf sur le thé mais refuse toujours de reconnaître une représentation politique des Américains.
L'assemblée du Massachusetts favorise par son attitude les désordres populaires, Bernard, gouverneur, la déclara dissoute et demanda au ministère l'envoi d'une garnison à Boston (1768). Les troupes débarquèrent en octobre et occupèrent Faneuil Hall, lieu de réunion des indépendantistes.
En 1769 nouveau scandale, donné cette fois par l'assemblée de Virginie qui, malgré les manières affables et la politique conciliante du gouverneur, lord Botetourt, s'avisa de voter des résolutions contestant une fois de plus le droit du Parlement d'imposer des taxes aux colonies. La Chambre virginienne fut dissoute ; les députés, à l'instigation de Washington et de Mason, signèrent aussitôt en réunion privée les statuts d'une association intercoloniale contre l'emploi de marchandises anglaises. Les assemblées des autres colonies suivirent l'exemple que venaient donner celles du Massachusetts et de la Virginie.
Le 5 mars 1770, le Massacre de Boston alimente la rancur des Bostoniens : au cours d'une manifestation, la troupe anglaise tire sur la foule et abat cinq hommes.
En 1773, le Parlement passe le Tea Act ("loi sur le thé") qui exempte la Compagnie des Indes orientales de toute taxe sur thé provenant d'Inde. La compagnie de commerce britannique dispose donc d'un privilège qui semble insupportable aux colons. Un groupe déguisé en Indiens s'en prend alors à la cargaison d'un navire britannique en décembre 1773 : la partie de thé de Boston (Boston Tea Party) est l'un des épisodes les plus célèbres de la rébellion américaine.
La réaction du Parlement ne se fait pas attendre : il passe les Coercive Acts ("Lois coercitives") que les colons rebaptisent "lois intolérables" (Intolerable Acts). Le pouvoir de la législature du Massachusetts est réduit et le port de Boston est autoritairement fermé en 1774. Les lois sur le cantonnement sont élargies aux habitations privées. Les officiers britanniques sont jugés par un jury britannique et non colonial.
Sept ans de guerre
La guerre commence en 1775 avec la Bataille de Lexington et Concord qui se déroule à une trentaine de kilomètres de Boston. Le 17 juin 1775 s'engage la Bataille de Bunker Hill (Charlestown) qui voit la mort du général Warren qui se solde par la défaite des insurgés américains.
En 1776, George Washington conquiert Boston, tenue par les troupes du général britannique William Howe, forcé de se retirer jusquà Halifax, au Canada. Le siège dure du 20 avril au 17 mars 1776. Pendant cette période, Paul Revere, le fils d'un huguenot (son nom de naissance était Paul Rivoire), fait sa fameuse chevauchée.
Pour
l'indépendance de David
W. Griffith, (1924)
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Le 4 juillet 1776 la Déclaration d'indépendance des États-Unis d'Amérique, rédigée par Thomas Jefferson marque la rupture définitive avec la métropole.
la victoire de Saratoga (1777) et la reddition du général Burgoyne donnèrent aux insurgés une supériorité décisive. Les indiens fidèles aux anglais sont battus.
Sur
la piste des Mohawks de John Ford (1939)
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En 1778, la France, poussée par son hostilité à l'Angleterre, fit un traité d'alliance avec les États-Unis, et les aide tant sur mer que sur terre, à combattre les Anglais : Lafayette, Rochambeau et une foule d'autres officiers français s'illustrent dans ces combats. Un traité fut également conclu par les insurgés avec l'Espagne en 1779.
Enfin la capitulation de Cornwallis, en 1781, força l'Angleterre à reconnaître l'indépendance des États-Unis, et à accepter la paix, qui fut signée à Paris, le 3 septembre 1783.
L'indépendance acquise, la révolution américaine n'en était pas pour autant terminée : une nouvelle entité politique restait à bâtir, et il fallait encore jeter les bases de ce que serait le nouvel État. La constitution des États-Unis, adoptée en 1789, sera le symbole de ce nouvel édifice.
Sources : Cosmovisions
Révolution | Hugh Hudson | G.-B. | 1985 |
Howard le révolté | Frank Lloyd | U. S. A. | 1940 |
Sur la piste des Mohawks | John Ford | U. S. A. | 1939 |
Pour l'indépendance | David W. Griffith | U. S. A. | 1924 |