Contrairement à la peinture, le cinéma américain n'a jamais valorisé l'installation des premiers colons ou la guerre d'indépendance. Sur les traces de Hawthorn, Sjöstrom dénonce ainsi l'intolérance puritaine dans La lettre écarlate (1926).
Puis, John Ford en 1939 (Sur la piste des Mohawks), Cecil B de Mille en 1947 (Les conquérants d'un nouveau monde) et Clarence Brown en 1952 (Capitaine sans loi) réalisent trois films d'aventures narrant l'installation difficile des premiers colons.
Ce n'est que tardivement que Terrence Malick fait une lecture lyrique de l'installation des colons dans Le Nouveau monde (2005)
Il faut attendre près d'un demi-siècle après la découverte du continent par Christophe Colomb pour que des navires européens lancent des expéditions sur les côtes de la Nouvelle-Angleterre, et plusieurs dizaines d'années encore avant la fondation de premiers établissements.
En 1584, Walter Raleigh fonda la colonie de la Virginie, ainsi nommée en l'honneur de la reine Elisabeth. Le roi Jacques Ier partagea ensuite tout le territoire compris entre le 34e et le 45e degré de latitude, entre deux compagnies dites de Londres et de Plymouth, qui espéraient découvrir là comme au Mexique des mines d'or et d'argent. La pêche de la morue au nord et la culture du tabac au sud dédommagèrent ces premiers colons de leur déception. La fertilité du sol en attira de nouveaux, tandis que les événements politiques en Angleterre favorisaient l'émigration vers d'autres points.
En 1585, fondation d'une colonie sur une île de la côte Est. C'est à peu près à la même époque que les Français commencent à s'établir sur le fleuve Saint-Laurent, au Canada.
Le plus ancien établissement fixe des Anglais ayant perduré jusqu'à nos jours est la ville de Jamestown à 60 km de l'actuelle ville de Richmond (Virginie). Trois navires, les Susan Constant, Godspeed et Discovery avec 104 hommes y débarquent le 14 mai 1607 en ayant remonté le fleuve James. Le fleuve et la ville tirent leur nom de Jacques Ier d'Angleterre («Jacques» est la traduction de James) qui venait de monter sur le trône. Fondée sur les terres du chef Potomac Powathan c'est la première colonie britannique permanente sur le continent américain, une ancienne implantation à Roanoke ayant disparu dans des circonstances mystérieuses.
L'agriculture et les conditions de vie sont mauvaises pour les colons car les terres sont insalubres. Pour ne pas mourir de faim, ils se réfugient dans le village de Potomac Powathan. Au cours de l'été 1608, le conseil de la colonie réclame leur retour, le chef Powathan refuse. Le 30 août 1608, le capitaine John Smith envoie ses troupes " libérer les nôtres, esclaves du sauvage ". Il attaque un village amérindien, tue 23 hommes, et repart avec les réserves et une vingtaine de femmes et d'enfants qui servent d'otages et d'esclaves. Les enfants sont ensuite noyés et les femmes égorgées.
Dans Le Nouveau monde , Malick présente une figure moins sanguinaire de John Smith. John Smith est sauvé par une princesse, volontaire et impétueuse, la fille de Powathan,Pocahontas. Seule sa générosité permet au fort de survivre pendant l'hiver. Elle donne même des graines de maïs qui poussent au printemps. Pocahontas, abandonnée par Smith, épouse John Rolfe en 1613, un aristocrate veuf et vient à la cour de Jacques Ier où elle meurt dans les brouillards de la Tamise à 22 ans.
Le Mayflower ("Fleur de Mai"), un vaisseau marchand de 90 pieds (27.4m) et
180 tonneaux transporta une centaine d'immigrants anglais,"The Pilgrim fathers"
entre Plymouth, en Angleterre et la colonie de Plymouth, dans le Massachusetts.
Le bateau quitta Londres en juillet 1620, accompagné d'un autre navire :
le "Speedwell" qui rebroussa chemin suite à une avarie dans la coque. Après
des escales à Southampton le 5 août et Dartmouth le 12 août, le Mayflower
quitta Plymouth le 16 septembre 1620. Après une halte pour se ravitailler
à Terre-Neuve auprès de pêcheurs locaux, une tempête menaça le bon déroulement
de l'expédition. La météo força le vaisseau à aborder près de Cape Cod et
de l'actuel Boston le 26 novembre au lieu de la rivière Hudson, but initial
du voyage. Le lieu qui sera baptisé Plymouth.
Les colons, arrivés trop tard pour les plantations, vivront un premier hiver difficile. Leurs tentatives de cultures échouent pour la plupart et la moitié de la colonie meurt de maladie. Au printemps suivant, les indiens iroquois leur enseigneront la culture du maïs (indian corn) du potiron sans oublier le dindon ainsi que la chasse et la pêche dans ces terres inconnues. A la suite de leur première récolte, les colons décideront de remercier Dieu et les Indiens. Ces derniers célébraient déjà "thanksgiving" à l'automne, après les moissons. Les pèlerins reprennent cette idée : chaque année, ils célèbrent la récolte d'automne au cours du "Thanksgiving Day".
Un pacte (contenant un certain nombre de lois plus connu sous le nom de "Mayflower Compact Act") régissant les principes de la future colonie fut signé à bord du navire par les passagers. Les pélerins du Mayflower, les Pilgrim Fathers,(35 pèlerins protestants très pieux qui fuient les persécutions de Jacques Ier à la recherche d'un lieu pour pratiquer librement leur religion et 67 "étrangers") sont souvent considérés comme les Pères Fondateurs des futurs États-Unis d'Amérique.
Les querelles religieuses en Angleterre renforcent l'arrivée de nouveaux puritains dans cette région. Mais il y a aussi de nombreux protestants allemand et des qui fuient la misère et les persécutions religieuses (on compte ainsi 10 000 Allemands avant l'indépendance). Les puritains de Boston et Providence se lancent dans le commerce triangulaire. Ils achètent des esclaves en Afrique et les revendent en Virginie au Maryland ou sur les marchés antillais. Au milieu du XVIIe siècle, Boston est devenue avec ses 3000 habitants, le centre de la Nouvelle-Angleterre. Des missionnaires tentent d'évangéliser les Indiens. De nouveaux groupes de protestants arrivent en Nouvelle Angleterre : anabaptistes et quakers qui sont persécutés au Massachusetts et qui s'établissent dans des colonies voisines..
En 1624, la colonie de Virginie devient colonie royale. Les indiens sont
réduits en esclavage. Les conditions de travail qui s'en suivent vont
petit à petit décimer les populations indiennes. Les planteurs
résoudront ce problème en important des esclaves d'Afrique Noire,
plus peuplée. Le nombre de colons britanniques augmente et la prospérité
se construit sur la culture du tabac et le commerce triangulaire. Une société
complexe se construit, avec de riches planteurs blancs, des blancs dépourvus
d'esclaves (pauvres blancs), des esclaves noirs, des noirs affranchis et des
métis Indien, Blanc et Noir.
En 1632 est fondée la colonie du Maryland sous l'action de Cecilius
Calvert, connu sous le nom de Lord Baltimore. Elle accueille les catholiques
persécutés en Angleterre. Des heurts les opposent par la suite
aux protestants qui prennent finalement l'ascendant sur la colonie en 1689.
La culture du tabac assure sa fortune et son expansion au cours du XVIIe siècle.
En 1638 est fondée la colonie de Rhode Island par Anne Hutchinson
; elle devient un modèle de tolérance religieuse inscrite dans
la charte de la colonie. En 1763 y est construite la première synagogue
américaine, à Newport.
En 1664, les Anglais s'emparent de New York et de sa région, chassant
les colons hollandais et suédois.
En 1682 est créée la Pennsylvanie, les forêts du quaker
William Penn. La colonie accueille des sectes allemandes et les baptistes
irlandais et gallois. Le climat de tolérance religieuse encourage l'économie.
Après la guerre de Trente Ans (1618-1648) dans l'empire germanique,
125 000 luthériens allemands s'installent en Pennsylvanie. Vers 1750,
la population de Philadelphie dépasse celle de Boston.
Les Anglais font venir des esclaves africains pour travailler dans les plantations
: ils suivent en cela les politiques des Espagnols et des Portugais en Amérique
du Sud. Le nombre d'esclaves noirs augmente surtout au début du XVIIIe
siècle.
À partir de 1686, l'Angleterre change de politique coloniale et supprime les chartes octroyées au colons d'Amérique. La Nouvelle-Angleterre devient dominion de la couronne, administrée par un gouverneur nommé et révocable par le roi. La glorieuse révolution en Angleterre provoque des soulèvements parmi les colons américains qui ne reconnaissent pas la nouvelle dynastie en Angleterre.
Dans les années 1740, plusieurs prêcheurs puritains encouragent, par leurs sermons, le retour à plus de rigueur. Ces années d'ébullition religieuse mènent à l'essor de l'Église méthodiste américaine qui encourage la colonisation vers l'intérieur du continent (Ohio...). Elle réclame également plus de libertés en matière religieuse et fiscale, préparant la Révolution américaine.
Les colons repoussent les indiens vers l'intérieur des terres et deviennent
plus nombreux qu'eux. Vers 1740 les territoires britanniques d'Amérique
du Nord comptent un million d'habitants. Le premier recensement fédéral
de 1790 fait état d'une population de 4 millions d'habitants.
Ce qui fait vivre les premiers colons c'est le commerce triangulaire et le travail des esclaves dans les plantations du sud ; néanmoins les colonies du nord se tournent de plus en plus vers la manufacture et l'agriculture sans esclaves tandis que le sud maintien fermement l'esclavage. La société du sud est aussi fortement métissée car les blancs n'hésitaient pas avoir des maîtresses noires ou indiennes. Néanmoins elle reste fortement affectée par des idées racistes.
A la veille de l'indépendance : Treize colonies britanniques d'Amérique du Nord
Le nouveau monde | Terrence Malick | U. S. A. | 2005 |
Pocahontas | E. Goldberg, Walt Disney | U. S. A. | 1995 |
Capitaine sans loi | Clarence Brown | U. S. A. | 1952 |
Les conquérants d'un nouveau monde | Cecil B. de Mille | U. S. A. | 1947 |
La lettre écarlate | Victor Sjöstrom | U. S. A. | 1926 |