thème
760 : L'impératrice Yang Kwei-fei
Kenji Mizoguchi 1955
1575 : Kagemusha
Akira Kurosawa ,1980

L'histoire du Japon peut se découper en huit grandes périodes qui résultent des conflits militaires du pays (Voir aussi : l'art au Japon, découpé selon les mêmes périodes).

1 - Périodes Asuka (552-710) et Nara (710-794) soit du 6e au 8e siècle
2 - Période Heian (794-1185) soit du 9e au 12e siècle
3 - Période Kamakura (1185-1333) soit le 13e siècle
4 - Période Muromachi (1333-1573) soit 14e au 16e
5 - Période Momoyama (1573-1603) soit au 16e
6 - Période Edo (1603-1868) soit du 17e au 19e siècle
7 - Période d'avant-guerre (1868-1945)
8 - Période d'après-guerre (1945-2018)

I - Périodes Asuka et Nara (552-794)

La première invasion significative de la culture asiatique continentale qui arriva au Japon se produisit durant les périodes Asuka et Nara, appelées ainsi en rapport avec le nom de l'endroit où siégeait le gouvernement japonais : dans la vallée d'Asuka de 552 à 710 et dans la cité de Nara jusqu'en 784. La propagation du bouddhisme provoque l'impulsion initiale des contacts entre la Corée, la Chine et le Japon, et les Japonais ont reconnu des facettes de la culture chinoise qui ont pu être profitablement intégrées dans la leur : un système permettant de mettre les idées et les sons par écrit ; l'historiographie ; des théories complexes de gouvernement telles qu'une bureaucratie efficace ; mais surtout, concernant les arts, des technologies avancées, de nouvelles techniques de construction, des méthodes encore plus évoluées pour couler le bronze et de nouveaux moyens et techniques de peinture.

 

2 - Période Heian (794-1185)

En 794, la capitale du Japon est officiellement transférée à Heian-kyō, l'actuelle Kyōto et ce jusqu'en 1868. La période Heian désigne une période allant de 794 à 1185, date de la fin de la guerre de Gempei. Cette période est, en outre, divisée en Heian ancien et Heian récent, ou époque Fujiwara, la date pivot étant 894, année où les échanges entre l'ambassade impériale et la Chine cessèrent officiellement. La seconde période est donc nommée en rapport avec la famille Fujiwara alors la plus puissante du pays, qui agissait comme un régent de l'empereur mais qui devint en fait un véritable dictateur civil.

Politiquement, la cour impériale et le trône lui-même sont dominés par les nobles de la famille Fujiwara. Mais la cour a des difficultés à contrôler la prolifération des domaines privés (shôen) et à maintenir son ascendant sur l'administration des provinces. En l'absence d'un système militaire centralisé efficace des groupes de guerriers accroissent leur pouvoir, d'abord dans les provinces puis à la cour elle-même, lorsque la famille des Taira s'empare du pouvoir au milieu du XIIe siècle, tel que le décrit Le héros sacrilège (Kenji Mizoguchi, 1955)

3 - Période Kamakura (1185-1333)

Dès le milieu du xiie siècle, les affrontements entre clans marquent toujours plus ou moins l'histoire du Japon féodal dégénèrent en une véritable guerre civile. S'ensuit la réorganisation de l'empire, la cour de Kyoto perd l'essentiel de son autorité, la réalité du pouvoir passe entre les mains de shoguns (« généralissimes ») qui s'installe à Kamakura. Les affrontements se succèdent entre féodaux. Curieusement, ce climat de violence et d'insécurité favorise la plus fabuleuse éclosion artistique connue par le Japon. L'esprit du Zen (dhyana en sanscrit, ch'an en chinois), venu de Chine, et tout pétri de l'idéal du Tao, s'introduit au Japon dès le début du xiiie siècle. Refusant toute scolastique, prônant joyeusement le refus des convenances religieuses au profit d'une soumission invisible à la vraie nature du Bouddha, ignorant superbement la vaine agitation du monde, il convient parfaitement aux hommes qui vivent ces temps difficiles.

En 1180, une guerre civile éclate entre deux clans militaires : les Taira et les Minamoto ; cinq ans après, les Minamoto sortent victorieux et établissent un siège gouvernemental de fait sur le rivage du village de Kamakura qui resta ainsi jusqu'en 1333. Avec le déplacement de pouvoir de la noblesse à la classe guerrière, les arts doivent combler une nouvelle audience : les soldats, des hommes dévoués aux arts de la guerre ; les prêtres engagés à rendre le Bouddhisme accessible aux communs illettrés ; et les conservateurs, la noblesse et quelques membres du clergé qui regrettent le déclin du pouvoir de la cour. Par conséquent, le réalisme, une tendance populaire, et un renouveau de classicisme caractérisent l'art du Kamakura (Kamakura jidai).

4 - Période Muromachi (1333-1573)

Pendant la période Muromachi, également appelée période Ashikaga, un changement profond se produisit dans la culture japonaise. Le clan militaire des Ashikaga prit le contrôle du shogunat et renvoya ses quartiers généraux à Kyôto, dans le district Muromachi de la ville. Avec le retour du gouvernement à la capitale, les tendances populaires de l'ère Kamakura prirent fin et l'expression culturelle prit un caractère plus aristocratique et élitiste. Le bouddhisme zen, la secte Ch'an, traditionnellement supposée avoir été fondée en Chine au cours du vie siècle, fut introduit pour la seconde fois au Japon et prit racine.

5 - Période Momoyama (1573-1603)

Pendant la période Azuchi Momoyama, une succession de chefs militaires tels qu'Oda Nobunaga, Toyotomi Hideyoshi et Tokugawa Ieyasu tentèrent d'apporter la paix et la stabilité politique au Japon après une période de presque cent ans de faits d'armes. Nobunaga, initialement chef de guerre mineur, acquit suffisamment de pouvoir pour prendre le contrôle du gouvernement en 1568 et, cinq ans plus tard, pour évincer le dernier shogun Ashikaga.

La bataille de Nagashino (Kagemusha d'Akira Kurosawa) :
Ieyasu Tokugawa et Nobunaga Oda vainqueurs de Katsuyori Takeda

La bataille de Nagashino a lieu en 1575 au château de Nagashino dans la province de Mikawa. Le château, commandé par Sadamasa Okudaira, un vassal d'Ieyasu Tokugawa, était depuis le 17 juin assiégé par Katsuyori Takeda parce qu'il menaçait les lignes de ravitaillement des Takeda. Ieyasu et Nobunaga Oda envoyèrent des troupes pour lever le siège et Katsuyori Takeda fut vaincu. La victoire de la tactique d'inspiration occidentale d'Oda, et son usage des armes à feu contre la charge de cavalerie des Takeda est souvent considéré comme une évolution majeure dans l'art de la guerre japonais, et beaucoup la citent en tant que première bataille « moderne » du Japon. Paradoxalement, alors que la charge de cavalerie des Takeda représente la guerre traditionnelle à l'ancienne, elle fut inventée moins d'une génération auparavant par Shingen Takeda, le père de Katsuyori. Néanmoins, alors que d'autres avaient utilisé des armes à feu avant, Nobunaga Oda était le premier à concevoir des palissades en bois et des décharges tournantes de coups de feu qui ont mené à une victoire décisive à Nagashino.

Toyotomi Hideyoshi prit les commandes à la mort de Nobunaga (1582) mais ses plans pour instaurer des règles de succession héréditaire du pouvoir furent contrecarrées par Ieyasu qui établit le shogunat Tokugawa en 1603.

6 - Période Edo (1603-1868)

Le shogunat Tokugawa acquit un contrôle incontesté du gouvernement en 1603 avec son engagement à rétablir la paix et la stabilité économique et politique du pays, ce qui a dans l'ensemble été un succès. Le shogunat survécut jusqu'en 1868, quand il fut obligé de capituler face à la pression des nations occidentales pour l'ouverture du pays au commerce international.

L'un des thèmes prédominants de l'époque d'Edo aussi appelé la période Tokugawa, fut la politique répressive du shogunat Tokugawa et les tentatives des artistes d'échapper à ses restrictions. Les traits principaux qui la caractérisent sont la fermeture du pays (sakoku) aux étrangers et aux attributs de leurs cultures, et la prescription de codes stricts du comportement touchant à tous les aspects de la vie, comme sur la façon de se vêtir, la personne que l'on épouse ou les activités que chacun peut ou doit pratiquer.

En 1543, les portugais avaient débarqué au Japon sur l'île de Tanegashima (sud de Kuyshu) avec les pères jésuites venus de Macao, Antonio da Mota, Antonio Peixoto et Francisco Zeimoto. En 1563, le jésuite Portugais Luis Frois s'établit au Japon où il restera jusqu'à sa mort en 1598 à Nagasaki où débutent les persécutions contre les chrétiens. Le siècle chrétien du Japon correspond ainsi à la période 1543-1640 au cours de laquelle les jésuites portugais ont le monopole de l'évangélisation. En 1640, le shogun ferme le Japon aux étrangers et met tout le monde dehors sauf quelques marchands hollandais autorisés à faire du commerce à Nagasaki seul et unique port ouvert aux européens (gaijin) à condition qu'ils ne fassent aucun prosélytisme religieux.

Dans les premières années de la période Edo, cependant, l'impact de la politique Tokugawa ne s'est pas complètement fait sentir et certains des plus fins ouvrages architecturaux et picturaux du Japon ont été produits : le Palais de Katsura à Kyōto et les tableaux de Tawaraya Sōtatsu, fondateur de l'école Rimpa.

Le Palais impérial de Katsura, imitation du palais du Prince Genji, contient un groupe de shoin qui combinent des éléments de l'architecture japonaise classique avec des innovations. La totalité du complexe est entourée d'un splendide jardin avec des chemins de promenade. La cité d'Edo fut répétitivement frappée par les flammes, ce qui favorisa une architecture simplifiée facilitant les reconstructions. Le bois de construction était ramassé et conservé dans les villes avoisinantes à l'approche de l'hiver, lorsque le temps aride facilite la propension des incendies. Quand un feu était maîtrisé et éteint, ce bois était envoyé à Edo et des rangées entières de maisons étaient rapidement reconstruites.

Dans le cadre de la politique des sankin-kōtai des shoguns, les daimyos firent construire de larges maisons et des parcs pour les visiteurs, autant pour leur plaisir que pour celui des invités. Kōrakuen est un parc de cette période qui a perduré et qui est ouvert au public pour des promenades d'après-midi.

 


7 - Période d'avant-guerre (1868-1945)

La dynastie Tennō, rétablie au pouvoir en 1868, la culture européenne inonde le Japon. Son mariage avec l'art japonais produisit des constructions remarquables telles que la gare de Tokyo et la bâtiment de la Diète nationale (Kokkai-gijidō) qui existent encore de nos jours.

Les mangas furent également dessinés dès la période d'avant-guerre, grandement influencés par les caricatures des journaux français et anglais qui critiquaient les événements du moment et s'amusaient souvent de la politique. Mais c'est à la fin du xxe siècle qu'ils se diversifient, atteignant des tirages énormes et une diffusion internationale (voir Osamu Tezuka, Hayao Miyazaki).

En peinture, le Japon accepta l'influence occidentale et, en 1876, l'École d'Art Technologique ouvrit ses portes, employant les Italiens Vincenzo Ragusa, Edoardo Chiossone et Antonio Fontanesi pour enseigner les méthodes européennes. D'autre part, un mouvement inverse, mené par Okakura Kakuzo et l'Américain Ernest Fenollosa, encourageait les artistes japonais à conserver les thèmes et les techniques traditionnels tout en créant des œuvres plus en accord avec les goûts contemporains. C'est l'opposition entre deux volontés artistiques, yō-ga (peinture de style occidental) et nihonga (peinture japonaise).


8 - Période d'après-guerre

En la période d'après-guerre (sengo), ce sont surtout l'art et l'architecture américains qui influencèrent le Japon. Bien que la crainte des tremblements de terre restreignent considérablement la construction de gratte-ciel, les progrès technologiques permettent aux Japonais de construire des immeubles de plus en plus hauts et larges et d'apparence plus artistique. Les graphismes de jeux vidéo combinés au développement de l'informatique constituent également un nouveau style d'art.

Le besoin de reconstruire le Japon après la Seconde Guerre mondiale provoqua une grande stimulation auprès des architectes japonais et les immeubles japonais contemporains se classent parmi les plus fameux du monde en termes de technologie et de conception de la forme. L'architecte japonais le plus connu est Kenzo Tange dont l'ensemble sportif de Yoyogi, construit en 1964 pour les Jeux olympiques de Tokyo) lui valut une réputation internationale, se sert à la perfection des concepts de forme et de mouvement et du choix des matériaux.

Histoire du Japon au travers des films
760 L'impératrice Yang Kwei-fei Kenji Mizoguchi 1955
1050 L'intendant Sansho Kenji Mizoguchi 1954
1137 Le héros sacrilège Kenji Mizoguchi 1956
1550 Ran Akira Kurosawa 1985
1575 Kagemusha, l'ombre du guerrier Akira Kurosawa 1980
1590 Les contes de la lune vague après la pluie Kenji Mizoguchi 1953
1630 Hara-Kiri Masaki Kobayashi 2000
1684 Les amants crucifiés Kenji Mizoguchi 1954
1701 La vengeance des 47 ronins Kenji Mizoguchi 1942
1850 Yojimbo Akira Kurosawa 1985
1850 Killing Shinya Tsukamoto 2018
1944 Feux dans la plaine Kon Ichikawa 1954
1944 Fires on the plain Shinya Tsukamoto 2014
1945 L'ombre du feu Shinya Tsukamoto 2023
1945 Le tombeau des lucioles Isao Takahata 1988
1945 Pluie noire Shôhei Imamura 1989
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
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