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Editeur
: Wild Side Video, novembre 2006. Coffret 4DVD. 3 films : Le
repas (1951 - 1h32), Nuages
flottants (1955 - 1h58), Nuages
d'été (1958 - 2h03). Nouveaux masters restaurés.
Format son : Japonais Mono Sous-titres : français - Format
Image : 1.37 Noir & Blanc pour les deux premiers, 2.35 couleur pour
le troisième.
DVD Bonus :
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Injustement
méconnu du public occidental, Mikio Naruse a pourtant tourné
presque 90 films entre 1930 et 1969, dont 69 longs-métrages, et peut être considéré
comme le quatrième des grands maitres japonais avec Kenji
Mizoguchi, Yasujiro Ozu
et Akira Kurosawa.
Les 3 films du coffert sont totalement inédits en DVD en France et présentés dans la collection Les Introuvables, restaurés (image et son) et accompagnés de bonus éclairants, principalement celui avec Jean Narboni.
Contradictoirement, l'uvre du cinéaste, teintée d'une sensibilité que l'on serait tenté de qualifier d'européenne, s'est très rarement inspirée de l'Occident. Là où Akira Kurosawa, par exemple, se réapproprie Shakespeare, Gorki ou Dostoëvski pour mettre en scène des contes typiquement japonais, Naruse s'intéresse exclusivement à la littérature de son pays : Saisee Murro, Kawabata Yasunari, et bien sûr la romancière Hayashi Fumiko qu'il adapta à six reprises au cinéma pour Le Repas (1951), L'Éclair (1952), L'épouse (1953), Chrysanthèmes tardifs (1954) et Nuages flottants (1955) est peut-être à l'origine de sa reconnaisance tardive en occident.
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Akira Kurosawa et Kenji Mizoguchi sont reconnu dès les années 50 nottament grâce à l'article de Jacques Rivette, Mizoguchi vu d'ici (Cahiers du cinéma · Numéro : 81 ,mars 1958). Puis dans les années 60, c'est la nouvelle vague japonaise qui s'impose avec Yoshida, Oshima, Immamura... Puis découverte de Yasujiro Ozu en 1978 avec la sortie de Voyage à Tokyo. Naruse devra lui attendre 1993 pour une véritable reconnaissance publique. Certes, Nuages flottants (1955) et quelques films sortent dans les années 1983-1985. Mais, l'évènement fondateur est la rétrospective de six films en 1993 : Le Repas (1951), L'Éclair (1952), Frère aîné et sur cadette (1953), Le grondement de la montagne (1954), Nuages flottants (1955) et Nuages d'été (1958).
La mise en scène de Naruse est parfois comparée à celles de Antonioni et Rossellini car moderne dans sa dédramatisation, peu de péripéties, ses fins ouvertes. Caractéristique majeure des personnages saisis dans l'essence du temps quotidien.
Si l'univers sociologique et architectural a disparu les rapports homme-femme tels que les analyse Naruse influencent toujours Edward Yang, Hou Hsio-hsien ou Pedro Costa. Chez Naruse le quotidien est différent pour chacun et il analyse ce qui reste et ce qui change pour chacun. Importance aussi de la composition musicale et des scènes où les personnages marchent. C'est aussi pour cela que Naruse voulait la grue pour l'ascencion puis la descente de l'escalier à Ikaho. Souvent souffrants ces hommes et ces femmes dont les rapports se détériorent connaissent aussi des moments de joie qui illuminent le cinéma de Naruse.
Classé meilleur film de l'année par Kinema Jumpo, Nuages flottants impressionna nombre de cinéastes. Ozu a dit "J'aurais été incapable de faire deux films; c'est Les soeurs du Gion et Nuages flottants. Plus remarquable encore : selon Yoshida, Ozu nota dans ses carnets la vision du film comme il le faisait habituellement. Mais il fit un exceptionnel développement pour Nuages flottants, s'inquiétant de savoir s'il avait assez travaillé et s'il devait se remettre en question... Il se rassura en constatant l'échec de Pluie soudaine (1956).
Nuages d'été (1967) s'inscrit dans le contemporain de la nouvelle constitution, de la réforme des liens familiaux, contemporain de la réforme de la répartition des terres par rapports aux branches aînées et cadettes et qui porte là-dessus : famille et partage des terres.
Narboni s'exprime aussi sur Le grondement de la montagne, le film qu'il préfère et notamment la dernière scène, la promenade d'adieu déchirante entre le beau-père et la brue dans le parc impérial : "Si tu continues à pleurer, je ne marcherai plus à côté de toi". Narboni a fait de la photographie de plateau prise alors, la couverture de son livre, la considérant comme un blason du cinéaste.
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Naruse position humble, petit entre ses deux acteurs, corrige une chose sans doute infinitésimale de cette scène finale de son scénario où est énoncé le crédo poétique du cinéaste: une vista bien conçue fait paraître les choses plus grandes , alors que la grue découvre tout le panorama des promeneurs.
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Sorti à Paris fin 1954, La mère (1952) fut, durant de nombreuses années, le seul film de Mikio Naruse connu par le public français. Il passait dans les ciné-clubs où on était prié d'admirer ce film néoréaliste exaltant les petites gens condamnés à la résignation. Or, pas cela du tout, mais une analyse précise des contraintes qui pèsent sur une famille à un moment donné. Naruse pâtit aussi d'être une sorte de vétéran dans les années 50 ; de sa fidélité au budget des films et de son manque totale d'ambition pour une reconnaissance internationale.
Ses films d'avant-guerre prônent la modernité, l'abandon des habits, habitats et coutumes anciennes. Ensuite il enserre ses personnages dans une réalité sociale. Conscience de classe de Derniers chrysanthèmes (1954) à Délit de fuite (1966) mais désir d'être heureux. Si le malheur peut arriver, on est loin de la résignation. Le titre (L'averse, Deux éclairs) désigne souvent le point d'orgue final qui laisse une fin ouverte : quelque chose d'essentiel s'est passé mais qui ne préjuge pas de l'avenir.