Le 6 octobre 1927, sort à New York The jazz singer réalisé par Alan Crosland, le premier film parlant de l'histoire du cinéma. L'innovation du parlant implique la promotion de nouveaux créateurs (ingénieurs du son, dialoguistes, scénaristes, musiciens) autant que le renouvellement des acteurs (modification importante du jeu : il faut un visage mais aussi une voix) : Arletty, Michèle Morgan, Louis Jouvet, Michel Simon, Jean Gabin...
En 1932, la crise économique atteint la France et touche toute la profession, qui a dû s'endetter dans les années 30 pour transformer les salles et les studios à cause du parlant. En 1936, avec la victoire du Front populaire on assiste à l'apogée du réalisme poétique. C'est un cinéma tourné en studios où les décorateurs tels Alexandre Trauner jouent un rôle important. Les dialoguistes deviennent des personnages-clés du cinéma français : le plus célèbre étant Jacques Prévert.
En 1938, près de 4 250 salles sont équipées pour le parlant, dont 300 à Paris. Il existe un maillage serré des salles de quartiers ; on se rend au cinéma en famille, au moins une fois par semaine.
Henri Langlois crée la Cinémathèque française pour conserver les films ou organiser des projections.
Pendant la Drôle de guerre, la production n'est pas interrompue même si la censure militaire bannit certains films comme La règle du Jeu de Jean Renoir. La loi du 26 octobre 1940 met en place le C.O.I.C. (Comité d'organisation des industries du cinéma) : c'est un tournant crucial dans l'histoire du cinéma français car pour la première fois le pouvoir politique encadre l'industrie et le commerce des films. Le Comité crée la carte professionnelle, met en place le système d'avance à la production et crée l'I.D.H.E.C. (Institut des hautes études cinématographiques) qui fonctionnera sous la direction de Marcel L'Herbier à partir de 1944. Suite à la mise en place du régime de Vichy (et du statut des juifs), une part importante de la profession quitte la France (Renoir, Duvivier, Gabin, Jouvet...), la censure est importante mais la production continue (Guitry, Gance, Pagnol).
Le public suit, même si on reste très loin des chiffres anglais, typiques d'une civilisation urbaine tandis que la France compte encore la moitié de sa population à la campagne. 150 millions de spectateurs en 1929, 234 en 1931 puis 453 en 1938, la progression est belle. Elle s'arrête provisoirement là, car une grève paralyse pendant plusieurs mois le monde cinématographique français au premier semestre 1939. La guerre met tout le monde d'accord... Contrairement à une légende répandue, le cinéma français ne retrouve jamais ses niveaux d'avant-guerre pendant le conflit. Loin de là même. La meilleure année, 1943, atteint exceptionnellement la barre des 304 millions de spectateurs. Le gâteau se réduit, mais il reste conséquent. Les Enfants du paradis tourné pendant le conflit fut réalisé avec une bonne dose de système D afin de compenser les carences financières.
Ressources internet:
Valérie Lacagne, Professeur d'histoire et de géographie, Lycée Mathias, CHALON-SUR-SAONE
Principaux films français de 1930 à
1945 :
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Le journal d'un curé de campagne | Robert Bresson | France | 1945 |
Les enfants du Paradis | Marcel Carné | France | 1945 |
La règle du jeu | Jean Renoir | France | 1939 |
Le jour se lève | Marcel Carné | France | 1939 |
La bête humaine | Jean Renoir | France | 1938 |
Quadrille | Sacha Guitry | France | 1938 |
La femme du boulanger | Marcel Pagnol | France | 1938 |
Forfaiture | Marcel L'Herbier | France | 1937 |
Les bas fonds | Jean Renoir | France | 1936 |
Une partie de campagne | Jean Renoir | France | 1936 |
Le bonheur | Marcel L'Herbier | France | 1935 |
Le crime de monsieur Lange | Jean Renoir | France | 1935 |
Toni | Jean Renoir | France | 1934 |
L'Atalante | Jean Vigo | France | 1934 |
L'âge d'or | Luis Bunuel | France | 1930 |