Wang Bing |
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né en 1967 |
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histoire du cinéma : Résistance des corps |
En 1992, Wang Bing obtient un diplôme de photographie à la Luxun Arts University de Shenyang. Il a longuement photographié les ouvriers du complexe de Tie Xi . En 1995, il étudie à Pékin au département cinéma du Beijing Film Academy. Il travaille à la télévision avant de commencer à travailler comme réalisateur indépendant en 1998. En 1999, il est chef opérateur sur le long métrage intitulé Distortion. La même année, il débute la production et le tournage de son premier documentaire, A L'Ouest des Rails à Shenyang dans la province Liaoning. Il prend vite conscience qu'il s'agit d'un moment historique pour cette zone industrielle d'Etat qui va disparaitre ou être vendue au privé. Avec une toute petite caméra Panasonic, il dresse un magnifique et monumental témoignage d'une société qui pourrait sombrer alors que se révèle le courage d'une classe ouvrière qui doit sans cesse inventer pour résoudre les problèmes les plus prosaïques.
Il obtient une bourse en Hollande pour effectuer un premier montage de six heures avant celui, définitif, de 9h11 minutes présenté au festival International du Film de Berlin en 2002. Il reçoit ensuite le Grand Prix du Festival International du Documentaire de Lisbonne 2002, le Grand Prix du Festival International du Documentaire à Marseille en 2003, puis la Montgolfière d'Or (Jury Documentaire) du Festival des 3 continents de Nantes en 2003 et le Grand Prix du Festival du film de Yamagata 2003. Alain Bergala, juré de ce Festival, soutient le film aux Cahiers du cinéma et devant les exploitants des salles de cinéma classées "Recherche". Le film sort à l'été et obtient un succès inattendu (10 000 entrées sur Paris). Le film n'est pas distribué en Chine mais sera vu dès que Marin Karmitz le sort en DVD. C'est pourquoi Wang Bing demande à Mk2 à ce que les sexes des ouvriers soient floutés pour ne pas gêner, en Chine, les ouvriers qu'il a filmés. En Europe, le film enclenche la révolution du numérique. Caroline Champetier, grande chef opérateur du cinéma français, jusque là intéressée exclusivement par la pellicule argentique, se renseigne sur la caméra utilisée par Wang Bing. Il apparait aussi alors que le numérique permet non seulement de filmer la sphère de l'intime mais aussi de créer un monument à soi tout seul. Il permet la monté en puissance du documentaire où l'on peut tourner plus et prévoir moins. La modernité du médium apparait aussi paradoxalement comme un moyen de se tourner vers la saisie des traces du passé.
Wang Bing s'installe à Paris sans se donner l'image d'un opposant emblématique du régime. Il travaille pour la mémoire de la Chine alors que le pouvoir en place occulte tout retour sur le passé ce qui ne dérange pas une jeunesse chinoise toute occupée à consommer.
Dès 2006, Wang Bing prépare Le fossé, projet très ancien basé sur un livre d'enquêtes déguisées en fiction pour échapper à la censure. Il rencontre une quarantaine de personnes pour préparer son film et tombe sur Fengming qui a déjà écrit un livre sur le sujet. Il la filme. Ce sera Fengming, chronique d'une femme chinoise (2007).
Wang Bing participe aussi à deux projets collectifs, Brutality Factory pour L'Etat du monde (2007) et L'argent du charbon (2009) pour la série documentaire L'usage du Monde. Dans ce dernier, Wang Bing suit un groupe de routiers qui, à travers un chemin partant des mines du Nord, près de Tianjin, traversent tout le pays pour revendre leur cargaison de charbon aux marchands du Shaanxi. Il met en place au MOMA une installation, Crude oil, bande filmée de 14 heures d'une journée de travail dans un champ pétrolifère chinois, d'une sieste volée dans une salle de repos jusqu'au creusement des puits.
Pendant deux ans et demi, le cinéaste filme L’homme sans nom (2010), homme des cavernes, quelque part dans la campagne chinoise, entre ses pérégrinations en ce paysage désertique et ses haltes troglodytiques pour dormir et manger. Pendant quatre saisons, il compose le portrait dun homme sans âge et sans voix.
Parallèlement, avec l'aide de différents festivals (la Cinéfondation de Cannes, Pusan, Rotterdam), Wang Bing obtient un cofinancement franco-belge qui lui permet de commencer le tournage du Fossé (2010). La Chine tolère et préfère ne rien connaitre du tournage. Les camps de rééducation de la période des Cent fleurs sont une réalité moins refoulée que ceux de la révolution culturelle. Avec Le fossé, Wang Bing réalise donc sont premier film de fiction puisque joué par des acteurs. Basé sur une recherche du réalisme (habitations creusées dans la terre, vêtements, couvertures mortuaires), il montre néanmoins, qu'au plus près de la misère, la beauté existe. Cela le rapproche ainsi de l'esthétique de Pedro Costa.
En 2005, Wang Bing durant la préparation du tournage du Fossé avait lu un roman chinois contemporain, une fresque historique en partie autobiographique, se déroulant dans le Yunnan qui lui donne en vie de visiter la région. Par hasard sur le chemin, il rencontre trois jeunes surs qui jouent au bord de la route. Il les interroge et est profondément choqué de la situation misérable dans laquelle elles vivent. Ainsi, lorsqu'en 2010, il reçoit une commande d'Arte avec un sujet libre, il propose de réaliser un documentaire sur ces trois surs. Ce sera d'abord un film, Les trois soeurs du Yunnan (2012) qui reçoit de nombreuses récompenses dans les festivals avant d'etre une version courte pour Arte, Seules dans les montagnes du Yunnan (2013). L'attention habituelle, pleine de sensibilité et dempathie pour le sort des marginaux de la croissance, de la société, du monde en général dont fait toujours preuve Wang Bing se double d'une mise en perspective avec des paysages arides. Toujours en 2013, Wang Bing réalise A la folie, après avoir passé trois mois dans un hôpital psychiatrique de la région. Le film est distribué en France en mars 2015.
En avril et mai 2014, le Centre Pompidou lui consacre une ambitieuse exposition. Le dispositif, fruit d’une collaboration entre le Centre et l’artiste, rend compte de la polyphonie du travail de Wang Bing : rétrospective intégrale en salles de cinéma, présentation de films inédits sous forme d’installation et, pour la première fois, exposition de son travail photographique.
En 2017, il remporte le Léopard d’or du festival de Locarno pour Madame Fang. Les Âmes mortes est présenté hors compétition au Festival de Cannes 2018. En 2021, le BAL lui consacre une nouvelle exposition, L’œil qui marche, et la Cinémathèque française une rétrospective. En 2023, le Festival de Cannes présente deux nouveaux films du cinéaste en sélection officielle : Jeunesse (Le Printemps) en compétition, et Man in Black en séance spéciale.
Biblio-webographie:
Filmographie :
2003 | A L'Ouest des rails |
(Tiexi qu). Rouille (2h04+1h56),Vestiges (2h56) et Rails (2h15). 9h15.
Rouille. Décembre 1999. Dans un paysage enneigé, un train traverse la ville de Shenyang, dans le quartier de Tie Xi avant de s'enfoncer dans le complexe industriel du même nom où coexistent hauts-fourneaux et usines de transformation. Glorieux du temps de l'occupation japonaise dans les années 30 et jusqu'à la fin des années 80, le complexe industriel connaît des difficultés durant toutes les années 90 et est maintenant menacé de faillite.... |
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2007 | Fengming, chronique d'une femme chinoise |
(He Fengming). Avec : He Fengming. 3h12.
L'hiver en Chine. Une ville enneigée. Le jour tombe. Enveloppée dans son manteau, une femme s'avance lentement. Elle traverse une cité puis rentre dans son modeste appartement. Fengming s'installe au creux du fauteuil de son salon. Elle se rappelle. Ses souvenirs nous ramènent aux débuts, en 1949. Commence alors la traversée de plus de 30 ans de sa vie et de cette nouvelle Chine... |
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2007 | Brutality Factory |
Segment de L'Etat du monde. En Chine, par une belle journée ensoleillée, un immeuble industriel est détruit. La nuit tombe et les fantômes commencent à raconter leur histoire... |
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2008 | Crude oil |
(Caiyou riji). 14h00.
24 heures d'une journée de travail dans un champ pétrolifère chinois, d'une sieste volée dans une salle de repos jusqu'au creusement des puits. Filmé dans la partie de Mongolie-Intérieure du Désert de Gobi, Wang Bing suit un groupe de travailleurs sur un champ pétrolifère. Le film est présenté au Festival international du film de Rotterdam en 2008 puis sous forme d'installation au MOMA et divers musées. |
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2009 | L'argent du charbon |
(Tong dao). 0h53.
Mines du Shanxi, des chauffeurs au volant de camions de cent tonnes attendent leur tour pour charger le charbon d'une mine à ciel ouvert. Ils négocient ensuite le prix de leur chargement pour obtenir le précieux papier qui leur permettra de quitter les routes défoncées aux alentours et de gagner le lieu de leur choix pour vendre leur cargaison.... |
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2010 | L’homme sans nom |
(Wu ming zhe). Documentaire. 1h32. Sur une route perdue dans le nord de la Chine, Wang Bing a rencontré un ermite et a filmé son quotidien muet. |
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2010 | Le fossé |
(Jiabiangou). Avec : Lu Ye (Li Xiao), Xu Cenzi (Gu), Yang Haoyu (Dong Lao). 1h52.
1960. Des hommes marchent péniblement, pliés sous le poids de matelas ficelés. Une valise et une pelle pendent de leur bras fatigués. Puis, ils s'enfoncent les uns après les autres dans leur nouveau baraquement : un simple bunker de terre qui laisse à peine filtrer la lumière. C'est le camp de rééducation de Jiabiangou, perdu en plein désert de Gobi au Nord-ouest de la Chine.. |
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2012 | Les trois soeurs du Yunnan |
(San zimei). Avec : Ying, Zhen et Fen. 2h33.
Octobre 2010. Ying, dix ans, Zhen, six ans, et Fen, quatre ans sont trois soeurs qui vivent seules dans un hameau des montagnes du Yunnan à 3 200 mètres d'altitude. Leur père travaille en ville et la mère est partie depuis longtemps. Livrées à elles-mêmes, elles arrivent à grandir, à s'élever dans ce milieu hostile. Un jour, le père revient, car leur tante ne peut plus les nourrir. Il repart le lendemain en ville avec les deux plus jeunes. Ying, l’aînée, reste seule sous la surveillance de son grand-père doit maintenant s’adapter à une vie encore plus solitaire. Malgré son envie, ses chances de réussite scolaire sont minces avec les travaux de la ferme et un instituteur peu instruit. En 2011, le père n'a pas gagné assez d'argent en ville. Il revient avec Fen et Zhen mais aussi avec une nouvelle femme et sa petite fille. |
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2013 | Seules dans les montagnes du Yunnan |
(Gudu). Avec : Ying, Zhen et Fen. 1h13.
Ying, dix ans, Zhen, six ans, et Fen, quatre ans sont trois soeurs qui vivent seules dans un hameau des montagnes du Yunnan à 3 200 mètres d'altitude. Leur père travaille en ville et la mère est partie depuis longtemps. Livrées à elles-mêmes, elles arrivent à grandir, à s'élever dans ce milieu hostile. Un jour, le père revient, car leur tante ne peut plus les nourrir. Il repart le lendemain en ville avec les deux plus jeunes. Un mois plus tard, il travaille à la mine dans les environs de Kunming. Ying, l’aînée reste seule, sous la surveillance de son grand-père doit maintenant s’adapter à une vie encore plus solitaire. |
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2013 | A la folie |
(Til Madness Do Us Part / Feng ai). 3h47.
Un hôpital psychiatrique du sud-ouest de la Chine. Une cinquantaine d’hommes vivent enfermés traînant leur mal-être du balcon circulaire grillagé à leur chambre collective. Ces malades, déviants ou opposants, éprouvent au quotidien leur résistance physique et mentale à la violence d’une liberté restreinte. Wang Bing nous plonge dans la « folie » de la Chine contemporaine.. |
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2014 | Pere et fils |
(Fu yu zi). Avec : Cai Shihua (Le père), Yonggao (Le plsu jeune fils), Yongjin (Le fils ainé). 1h37.
En 2011, Cai fait venir ses deux fils à Fuming où il travaille comme tailleur de pierre dans une usine. Il leur trouve une école et tous les trois vivent dans une cabane appartenant à l'usine, avec un seul lit. Nous avons commencé à filmer leur vie le 2 Février 2014. Dans la matinée du 6, nous avons reçu des menaces du patron et a dû arrêter de filmer. " |
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2016 | Ta’ang, un peuple en exil entre Chine et Birmanie |
(Ta’ang). 2h28.
Les Ta’ang, minorité ethnique birmane, sont au coeur d’une guerre civile à la frontière chinoise. Depuis début 2015, de violents conflits ont contraint des milliers d’enfants, de femmes et de personnes âgées à s’exiler en Chine. Le film suit la vie quotidienne de ces réfugiés. |
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2016 | Argent amer |
(Ku Qian). Avec : Ling Ling, Lao Yeh, Xiao Min, Chen Yuanzhen. 2h32.
Nous accompagnons dans leur périple vers la ville de Huzhou, située à l’ouest de Shanghai, deux adolescentes originaires des campagnes du Yunann . Comme elles, Wang Bing est avalé par le flux de la main-d’œuvre locale aliénée à une labyrinthique et dévorante machine industrielle. D’un espace à l’autre, les marques multiples de la même exploitation, le constat de la même cynique performance de ce capitalisme abâtardi de la Chine à broyer les individus. |
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2017 | Madame. Fang |
Avec : Fang Xiuying (Elle-même). 1h30.
Veuve depuis plusieurs années, Fang Xiuying, 68 ans, est née à Huzhou, dans la région du Fujian, là où les hommes sortent la nuit pêcher la carpe à l’électricité, sur le fleuve. Les dernières années de cette ancienne ouvrière agricole ont été marquées par la maladie d'Alzheimer. Après avoir été hospitalisée en 2015, elle a été renvoyée chez elle pour y mourir. |
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2018 | Les âmes mortes |
(Dead Souls). Avec : Zhou Xiaoli, Pei Zifeng. 8h15.
Veuve depuis plusieurs années, Fang Xiuying, 68 ans, est née à Huzhou, dans la région du Fujian, là où les hommes sortent la nuit pêcher la carpe à l’électricité, sur le fleuve. Les dernières années de cette ancienne ouvrière agricole ont été marquées par la maladie d'Alzheimer. Après avoir été hospitalisée en 2015, elle a été renvoyée chez elle pour y mourir. |
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2018 | Beauty Lives in Freedom |
Avec : Gao Ertai. 5h30.
Gao Ertai, né en 1931, est un artiste, enseignant, militant et philosophe emprisonné dans les années 1950 dans un camp de travail chinois. Ce documentaire raconte sa quête de liberté de toute une vie. |
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2023 | Jeunesse (Le Printemps) |
(Qingchun). Avec les ouvriers, ouvrières et patrons des ateliers de confection de Zhili. 3h35.
Zhili, à 150 km de Shanghai. Dans cette cité dédiée à la confection textile, les jeunes affluent de toutes les régions rurales traversées par le fleuve Yangtze. Ils ont 20 ans, partagent les dortoirs, mangent dans les coursives. Ils travaillent sans relâche pour pouvoir un jour élever un enfant, s’acheter une maison ou monter leur propre atelier. Entre eux, les amitiés et les liaisons amoureuses se nouent et se dénouent au gré des saisons, des faillites et des pressions familiales. |
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2023 | Man in Black |
Avec : Xilin Wang. 1h00.
Le cinéaste chinois a filmé au Théâtre des Bouffes du Nord sur trois jours sans public, et mis en forme par Caroline Champetier, le compositeur chinois Wang Xilin exilé en Allemagne, pour qu’il raconte, dépouillé de tout vêtement, certaines parties de sa vie. Man in Black est présenté en Séance Spéciale au Festival de Cannes 2023. |
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