1947-49. Sal est sur la route. Ses pas arpentent la route de nuit et de jour, de jour et de nuit. Chanson

1947. Dans l'Iowa, Sal est pris en stop dans un camion-benne dans lequel ont déjà pris place d'autres routards. Chacun chante, de Des Moines jusqu'à Cheyenne.

I - Sept mois auparavant. Au lendemain de la mort de son père, Sal Paradise, hébergé chez sa mère près d'Ozone Park dans le Queens, apprenti écrivain new-yorkais, rencontre Dean Moriarty, jeune ex-taulard au charme ravageur, marié à la très libre et très séduisante Marylou. Entre Sal et Dean, l'entente est immédiate et fusionnelle. Ils vont dans une boite de jazz et sympathisent avec joueur de jazz noir. Dean suit toujours Carlo et Dean et les voit tristement partir pour Denver en car.

1947. Sal est dans le camion-benne à Des Moines. A Denver, Carlo apprend à Sal que Dean se partage entre Camille et Marylou. Sal quitte le groupe et reprend la route. Il rencontre Terry dans un bus. Ils vont ramasser du Coton en Californie près de Los Angeles. Retour en car pour New York sans Terry.

II - Il se passa plus d'une année avant que je revois Dean. Je restais chez moi tout ce temps, terminais mon livre... Pour Noël 1948 ma tante et moi, on alla chez mon frère en Virginie.. Dean, Marylou et Ed Dunkel arrivent à Testament en Virginie le 1er de l'an 1949 au volant d'une Hudson 49. Dean avait vécu heureux à San Francisco avec Camille dont il avait eu une petite fille, Amy mais l'envie de voyager l'avait repris et il était venu sous le prétexte de chercher Sal. Le voyage avait été payé par Galatae, vite épousée pour cela par Ed. Celle-ci téléphone de la Nouvelle Orléans où elle est hébergée par les Lee, des amis de la bande.

Dean, Marylou, Ed et Sal ramènent la tante vers New York sur les routes enneigées. Ils volent de l'essence avec, comme excuse, de "Faire baisser le coût de la vie comme le dit le président Truman". Ils sont arrêtés en sortant de Washington par un policier qui en veut à leur plaque de Californie. Ma paie les trente dollars d'amande pour excès de vitesse, injustifié, mais évite aussi aux jeunes gens une fouille de la voiture.

De retour à New York. Ils vont voir George Sheraing, le grand pianiste de jazz en tout point semblable à Rollo Greb au "Birdland". Ils retrouvent Carlo. Dean propose à Sal de coucher avec Marylou devant lui. Il n'y arrive pas.

Puis c'est le départ pour le second grand voyage: Caroline du sud, Caroline du nord et arrivée à la Nouvelle Orléans chez les Lee. Jane et Bull ont deux enfants de huit et un ans. Ed reste avec Galatae. Sal, Dean et Marylou font route vers San Francisco. Ils traversent le Texas. Marylou fait des propositions à Sal avant de se mettre nue entre eux, nus aussi, à la stupéfaction des chauffeurs de camion. Ils Prennent des gens en stop contre un peu d'argent. A San Francisco, Dean abandonne Sal et Marylou dans un hôtel pour retrouver la maison de Camille. Sal leur dit adieu en pensant en plus jamais les revoir.

III - Au printemps 49, Sal est néanmoins de retour à Denver où il ne retrouve personne. Il se rend en stop jusqu'à San Francisco. Dean n'a plus sa voiture et attend un second bébé. Il fuit Camille alors que Marylou se prostitue à Denver où elle s'est mariée.

Retour vers New York en voiture vers Sacramento où le chauffeur homosexuel vient les retrouver dans la chambre. Avec un couple, ils traversent le Nevada, Salt Lake city, L'Utah, Denver. Puis Nebraska et Iowa. Des Moines et Chicago. Puis New York.

IV - Mai 1950. Sal dit adieu à Dean dans le parking qu'il garde à New York et s'en va, via Denver, pour le Mexique. Dean le rejoint à Denver et ils partent tous les deux vers le Nouveau Mexique, le Texas, Fredericksburg puis San Antonio. Frontière mexicaine. Monterrey, Gregoria. Victor leur procure un gros cigare de marijuana. Puis c'est Limon où Sal est victime d'une attaque de dysenterie

V - En automne 1950, Sal a quitté le Mexique et est rentré à New York. Il rédige Sur la route sur un grand rouleau de feuilles collées les uns après les autres. Décembre 1951. Alors qu'il s'en va à un concert de Duke Ellington, Dean s'avance vers lui pour lui dire adieu. Il s'en retourne à San Francisco où Camille l'appelle. Sal refuse d'emmener Dean vers la gare et il le laisse seul sur le bord du trottoir. Il termine son roman :

"Ainsi donc, en Amérique, quand le soleil descend et que je suis assis près du fleuve sur le vieux quai démoli, contemplant au loin, très loin, le ciel au dessus du New-Jersey, et que je sens tout ce pays brut rouler en bloc son étonnante panse géante jusqu'à la Côte Ouest et toute cette route qui y va, tous ces gens qui rêvent dans son immensité - et, dans l'Iowa, je le sais, les enfants à présent doivent être en train de pleurer dans ce pays où on laisse les enfants pleurer, et cette nuit les étoiles seront en route et ne savez-vous pas que Dieu c'est le Grand Ours et l'homme-orchestre? et l'étoile du berger doit être en train de décliner et de répandre ses pâles rayons sur la prairie, elle qui vient juste avant la nuit complète qui bénit la terre, obscurcit tous les fleuves, décapite les pics et drape l'ultime rivage et personne, personne ne sait ce qui va arriver à qui que ce soit, n'étaient les mornes misères de l'âge qu'on prend - alors je pense à Dean Moriarty, je pense même au Vieux Dean Moriarty, le père que nous n'avons jamais trouvé, je pense à Dean Moriarty".

L'adaptation de Sur la route, le roman de Jack Kerouac publié en 1957, a connu l'une des périodes de gestation les plus longues de l'histoire du cinéma. Walter Salles tire profit de ce décalage temporel de plus de cinquante ans et, au mythe de la route toujours présent, adjoint le mythe de l'écriture de ce roman culte.

Son adaptation plutôt fidèle, rend aussi hommage à tout le travail récent de philologie qui permet de voir dans le film les premières notes et croquis de 1948 et de mettre en scène certains passages absents de l'édition de 1957 mais présents sur le rouleau original de 1951 (publié en 2007 aux Etats-Unis et traduit en France en 2010). Enfin, le nécessaire travail de réduction des péripéties de ce roman de plus de 400 pages conduit Salles à des simplifications qui sont autant de lectures personnelles du roman. Il privilégie ainsi le rôle de l'absence du père dans la quête des beatniks mais adopte aussi parfois une attitude inutilement moralisante sur le comportement des personnages.

Sur la route, un roman culte ou un bon roman ?

En 2001, la rédaction du American Modern Library inclut Sur la route dans sa liste des cent meilleurs romans du XXe siècle en langue anglaise. Dans ce qu'est devenu le mythe Kerouac, ce livre aurait été écrit d'un seul jet, en trois semaines entre le 2 et le 22 avril 1951, dans de longues sessions de prose spontanée, sur un rouleau de papier de téléscripteur de 36 mètres de long ; des feuilles de papier collées bout à bout avec du scotch. Le rouleau comporte des abréviations, des mots soudés, une absence de point d'interrogation qui sont gardé tels quel dans la toute nouvelle édition (2007 aux Etats-Unis, traduction française 2010)... et une absence de conclusion (mangée par un chien, dit la légende), qui sera récrite sous forme d'une cinquième partie de six pages. Ce manuscrit original a été vendu aux enchères 2,2 millions de dollars en 2001.

En 1951, Les éditeurs, toutefois, refusèrent massivement cette première ébauche, se demandant ce qu'il y avait à faire avec ce texte très difficile à suivre, écrit de façon non conventionnelle. Deux versions complètes de 297 puis 347 pages seront ensuite soumises par Kerouac. Celle de 347 pages, datée du 1er novembre 1955, est validée par le juriste de la maison d'édition Viking : des passages on été supprimés pour éviter un procès pour obscénité (Le singe sodomite dans un bordel de Los Angeles ; La relation homosexuelle entre Carlo Marx et Dean, entre Dean et le chauffeur homosexuel). Pour éviter les attaques en diffamation, un accord avec signature est obtenu des principaux personnages dont les noms sont déjà modifiés : Jack Kerouac est devenu Sal Paradise, sa mère est devenue sa tante, Neal Cassady devient Dean Moriarty, Luanne devient Marylou, Allen Ginsberg devient Carlo Marx et William S. Burroughs devient Old Bull Lee. Kerouac a aussi élagué le retour du deuxième voyage à San Francisco.

En 2007 ont été découverts plusieurs manuscrits originaux inédits de Kerouac, dont une ébauche datée du 19 janvier 1951 (soit plusieurs mois avant la version en anglais), rédigée en français, sa langue maternelle - également utilisée pour deux de ses romans et quelques nouvelles également inédits. La composition de Sur la route ainsi duré de 1948, année de la première mention du titre, à 1957.

L'éditeur manifeste de grandes réserves sur le style mais croit dans le succès du livre : Go de John Clellon Holmes et Howl de Ginsberg sont devenus des succès qui ont promu la Beat generation. John Clellon Holmes dans un article du New York Times en 1951 oppose la Beat generation à la Génération perdue des années 20 : le "comment vivre" a succédé au "pourquoi vivre". Gilbert Millstein dans son article de 1957 en reprend des passages pour définir Sur la route comme un livre majeur. Il contribue largement au succès immédiat du livre en mettant en avant un style d'écriture qui serait totalement personnel à Kerouac, en partie inspiré par l'amour du mouvement jazz Be Bop et de ses improvisations. Pour lui la Beat generation ne peut se résumer à une poursuite effrénée d'impressions sensorielles, à l'extrême exacerbation de nerfs et à la mise à l'épreuve constante du corps (drogues, sexe et vitesse). Ces excès sont faits pour servir un but spirituel, le but d'une affirmation qui se cherche encore. "La beat generation est née sans illusion, elle a accepté l'imminence de la guerre, l'infertilité de la politique et l'hostilité du reste de la société. Elle ne sait pas quel refuge elle recherche, mais elle cherche". Cette profession de foi, le sérieux d'une dimension spirituelle, d'autres critiques la refusent y voyant, seulement un roman distrayant comme la visite d'une baraque de monstres et trouvant au livre un manque d'unité de propos et de style.

Le succès de ce livre, près d'une décennie après le début de sa rédaction, signa finalement la fin de Jack Kerouac, initiant une dépression à laquelle il ne survécut pas. Il reproche à Ginsberg de trop rechercher l'attention du public et de trahir l'esprit beat. Même ayant besoin d'argent, il ne se tourne plus vers eux et ne répond plus aux invitations des médias.

Un film qui vient très tard.

Sur la route a connu l'une des périodes de gestation les plus longues de l'histoire du cinéma. Dès les années 50, l'écrivain lui-même a voulu porter son livre à l'écran avec Marlon Brando et James Dean en tête d'affiche. Le projet a ensuite intéressé Francis Ford Coppola qui a acheté les droits du roman en 1968. Ce dernier a longtemps parlé de Sur la route comme d'une grande aventure cinématographique, mais sans réussir à la vivre jusqu'au bout. Il a d'abord pensé réaliser le film avec son fils Roman, puis a fait appel à des réalisateurs comme Joel Schumacher, Jean-Luc Godard ou Gus Van Sant. C'est en découvrant Carnets de voyage (2004) que Coppola a pris la décision de contacter Walter Salles.

Salles respecte la continuité du récit de Kerouac, découpé en cinq parties inégales. La première (140 pages) décrit le premier voyage à Denver puis en Californie avec Terry. La seconde (100 pages) décrit l'arrivée de Dean et Marylou en Virginie avec le retour à New York en hiver puis le second voyage vers la Nouvelle Orléans et San Francisco en 1949. La troisième partie (90 pages) raconte le retour à Denver (en bus) puis à San Francisco (en stop) avec le retour pitoyable de Sal et Dean comme passagers payants. La quatrième partie (80 pages) raconte le troisième passage à Denver et le troisième voyage vers le Mexique. La cinquième partie (6 pages) sert d'épilogue.

1947 : Chicago (Illinois), Davenport, Gothenburg, Des Moines (Iowa), Cheyennes (Wyoming), Denver (Colorado), Oregon, Los Angeles(Californie).

1949. Testament (Virginie). Washington, New York, Dakota du nord et du sud. La Nouvelle-Orleans. San Francisco.

1950; New York, Denver, San Antonio, Gregoria (Victoria), Limon

Le film, classiquement, simplifie les situations. On y voit ainsi le départ de Carlo et Dean ensemble pour Denver en 1947 alors que, dans le roman, Dean part d'abord seul à Denver après avoir pris une photo avec ses deux amis. Le film escamote aussi certains personnages secondaires, Montana Slim avec qui Sal fait une partie de la route en 1947, Stan qui part avec Sal et Dean au Mexique, Inez la troisième épouse de Dean où Laura, l'amie de Sal à New York en 1951.

Salles décide de garder les noms transposés de la version de 1957, sans doute parce que la majorité des spectateurs de son film ont lu le roman dans sa version publiée avant 2007. Sal habite néanmoins chez sa mère, comme dans le rouleau original et non chez sa tante comme dans l'édition de 1957. Salles incorpore aussi l'histoire du singe sodomite, racontée dans le camion-benne, et la relation sexuelle avec le conducteur homosexuel qui figure sur le rouleau original : "Après l'avoir prévenu qu'il avait fait du tapin dans sa jeunesse, Neal s'est mis en devoir de le traiter comme une femme, il te l'a allongé cul par-dessus tête, et il te l'a enfilé monstre. Moi j'étais scié, assis dans mon coin à mater. Or après tout le mal que Neal s'était donné, le pédé ne nous a pas filé un rond, même s'il a vaguement promis de faire un geste à Denver (p. 458)" On se demande ainsi bien pourquoi, cette relation décrite brièvement et sans moralisme par Kerouac se retrouve, chez Salles, faire l'objet d'une transaction financière de vingt dollars et susciter un conflit entre Sal et Dean qui reproche, certes muettement, à son ami de s'être prostitué.

De même, la rupture entre Sal et Dean est bien plus brutale dans le film où ce n'est pas l'ami, Remi, qui refuse d'amener Dean jusqu'à la gare mais Sal lui-même. Il semble ainsi ne pas avoir pardonné à son ami sa fuite au Mexique alors qu'il était malade. Cette option vise sans doute à marquer plus nettement que dans le roman la quête distincte des deux personnages. Il y a la quête de Dean qui brûle sa vie et la quête de Sal, Kerouac écrivain

Le mythe de la route et le mythe de Sur la route

Sal est sur la route. Ses pas arpentent la route de nuit et de jour, de jour et de nuit. Cette brève séquence d'ouverture située, si l'on en croit la chanson sifflotée, en 1949 place d'emblée le film sous le signe du mythe de la route. La séquence est en effet comme hors du temps. Elle se situe en effet avant l'épisode très connu du premier voyage de 1947 avec le camion-benne chargé de routards qui fait route à travers tout l'Iowa de Gothenburg à Des Moines et jusqu'à Cheyennes dans le Wyoming. Cet épisode de 1947 enserre ici le flash-back de la préparation du voyage cinq mois plus tôt. Ainsi, tout le début chaotique du roman, la préparation du voyage à New York mais aussi le laborieux départ un jour de pluie qui entraine le piteux retour à la maison et un début de voyage peu glorieux en car jusqu'à Chicago est absent ici au profit de ces pas mythiques sur la route accompagnés de la chanson qui disent la confiance en la route pour trouver sa vérité intérieure. L'épanouissement, la liberté qui vous transforme se trouve là-bas, loin d'une société américaine timorée, frappée de stérilité spirituelle.

Modifications bien plus importantes encore, les très nombreuses fois où Sal écrit fébrilement ses aventures sur un calepin. Cette écriture de carnets de note est totalement absente du roman comme est bien sûr absent l'écriture, devenue mythique, du roman avec la confection du rouleau de 36 mètres de long. Le mythe de l'écriture est ici totalement intégré et constitue la véritable conclusion du film. Ce qui oblige même Salles à situer la rencontre finale entre Dean et Sal en décembre 1951 c'est à dire après la date d'écriture du roman. Signe manifeste du mythe littéraire : c'est après avoir déposé son exemplaire de Proust que Sal commence à écrire sur le rouleau. Sur la route est comme un nouvel A la recherche du temps perdu.

Salles rend de manière bien plus explicite que dans la roman les raisons de la quête de Dean et Sal. C'est l'absence du père qui les pousse à se chercher eux-mêmes au travers du voyage sur la route. Le roman commence avec la mort du père de Sal qui intervient bien ici aussi au début du flash-back. Mais les deux reprises de l'image de Sal devant la tombe de son père disent plus clairement que dans le livre qu'il y a bien un rapport entre la mort du père et le besoin de se trouver soi-même. La première discussion entre Dean et Sal, qui fonde leur amitié, porte sur leur père respectif et une longue séquence à Denver est consacrée à la veine recherche du père de Dean. La fin du film qui constitue aussi la fin du roman ("Alors je pense à Dean Moriarty, je pense même au Vieux Dean Moriarty, le père que nous n'avons jamais trouvé, je pense à Dean Moriarty") devient aussi symbolique que la mystérieuse séquence initiale hors du temps.

Howl (Rob Epstein, 2012) adaptait sans distance le récit d'Allen Ginsberg, autre grande figure de la Beat Generation. Salles réussit à préserver l'essentiel du mythe de la route notamment grâce à un casting convaincant. Il a encore la positivité de la fin des Temps modernes ou du Magicien d'Oz. Mais Salles parvient à intégrer les cinquante ans qui le sépare du roman, et semble déjà, avec la rupture d'un Dean basculant dans la perte de croyance, évoquer la jeunesse désabusée de L'équipée sauvage (Benedek, 1953) et presque à faire pressentir l'impasse du mythe de la route dont rendra compte d'Easy rider (Hopper, 1969), réalisé la même année que celle de la mort de Kerouac.

Jean-Luc Lacuve le 09/06/2012 (après le ciné-club du jeudi).

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Sur la route

Festival de Cannes 2012 (On the road). Avec : Sam Riley (Sal Paradise), Garrett Hedlund (Dean Moriarty), Kristen Stewart (Marylou), Kirsten Dunst (Camille), Tom Sturridge (Carlo Marx), Viggo Mortensen (Old Bull Lee). 2h17.

2012
Genre : Road-movie
Thème : contre-culture