Alger 1957. Les paras du colonel Mathieu ont torturé un militant du FLN pour qu'il révèle le refuge d'Ali-La-Pointe, responsable de la guérilla urbaine dans Alger. Ils cernent son domicile et pointent leurs armes vers sa cachette derrière le mur. Pendant ses heures de réclusion forcée, Ali revit l'itinéraire qui l'a conduit de l'état de délinquant et proxénète à celui de chef guérillero du F.L.N.
La casbah d'Alger en 1954. Le FLN édite son primer bulletin revendiquant son indépendance et propose alors la discussion aux européens. Ali est arrêté par la police pour jeu clandestin. En prison, il se montre sensible aux thèses du FLN dont un militant est alors guillotiné. Cinq mois plus tard, à sa sortie de prison, Ali doit accomplir sa première mission. Il tire sur un policier mais l'arme n'était pas chargée. Hadi Djaafar lui explique que ce simulacre était destiné à savoir s'il n'était pas un espion infiltré. Les attentats ne pourront se commettre qu'une fois la casbah nettoyé des proxénètes, dogués, alcooliques et autres traitres potentiels qui ne la rendent pas sure. Apres seulement, ils s'occuperont des français.
Avril 1956, le FLN édite son communiqué n°24. Il veut éradiquer le manque de dignité et la corruption et revendique la santé physique et morale du peuple algérien. Sont interdits la drogue, l'alcool et la prostitution. Un clochard est ainsi presque lynché par des enfants et Ali tue Hacène, un proxénète récidiviste.
10 juin 1956, un mariage civil se fait sous l'autorité du FLN. 20 juin 1956, 10h32 : un policier est poignardé en pleine rue et son arme lui est volée. 11h40 : un commissariat est attaqué et les armes volées. 15h30 : un commissariat est attaqué à la mitraillette. Le militant du FLN est tué. 16h15 : bataille de rue à la mitraillette entre des policiers et des militants. La ville est quadrillée, les blessés doivent être dénoncés par les autorités hospitalières. Des dizaines d'attentats ont été commis et la casbah est bouclée de barrages militaires. Les habitants y sont fouillés.
20 juillet 1956, 11h20 : un policier est abattu à la terrasse d'un café. 11h50 : un autre policier est abattu dans la rue. 13h30 : un autre policier se méfie d'un jeune homme qui le suit mais est tué à son tour. Un cantonnier innocent est pris à parti par la foule. Le commissaire et Corbière, son adjoint, sont conviés à une fête. Le commissaire et Henri vont rue de Thèbes dans la casbah poser une bombe. Les enfants en sont les premières victimes. La révolte gronde mais Djaafar les arrête promettant une vengeance.
Ce sont trois femmes qu'il désigne pour être les porteuses de bombe des représailles. Dans un bar, une discothèque et une agence de voyage, les bombes explosent successivement ; hommes, femmes et enfants sont tués.
Le 10 janvier 1957 les parachutistes arrivent à Alger salués par la population européenne. Le colonel Philippe Mathieu, décide d'employer des actions de police, de recourir au renseignement plus qu'aux dérisoires fouille aux barrages. Il a besoin d'une occasion pour avoir carte blanche pour "interroger" les algériens. Il met à profit une grève, pénètre dans le quartier arabe et procède aux premières arrestations. Peu à peu, les attentats se raréfient et les cadres de l'organisation disparaissent.
Le 4 mars 1957, Ben M'Hidi est ainsi arrêté. Au cours de la conférence de presse, il affirme que les bombes au napalm sont bien plus lâches que les attentats. Il est assassiné en prison. La thèse du suicide apparait ridicule à tous. Mathieu justifie la torture sous 24 heures afin d'éviter de rendre inutilisable les aveux des militants qui ont ordre de tenir une journée afin que leurs compagnons d'armes se réfugient autre part. La procédure civile serait inefficace. Les succès sont le résultat de ces méthodes.
Le 26 aout 1957, deux militants sont cernés dans une maison. Ils refusent de se rendre et la font exploser. Le 24 septembre, Hadi Djaafar, chef politique du F.L.N. pour la zone d'Alger, refuse de faire sauter la maison où se trouvent des civils. Il est arrêté. Seul reste Ali pour continuer la lutte.
Ali réunit Mahmoud, une jeune femme et le jeune Omar pour un nouvel attentat. C'est là qu'il est dénoncé. Enfermé avec ses trois amis derrière le mur de leur cachette que Mathieu a fait miner, aucun ne dit mot. Et ils se laissent tuer par l'explosion. Mathieu a gagné la bataille d'Alger. Le FLN est décapité, du moins pour quelque temps....
Car le 11 décembre 1960, trois ans après ces événements et alors que plus aucun signe de rébellion ne se manifestait dans Alger, soudain, toute la population arabe sort de la Casbah, déborde les forces de l'ordre et envahit les rues en réclamant l'indépendance.
Lion d'or et grand prix de la critique internationale à Venise en 1966, le film est boycotté en France où aucun visa de censure n'est accordé tout simplement parce qu'aucun distributeur n'a le courage de prendre le film. Cette autocensure cesse en 1971 où le film est distribué 15 semaines à Paris et 22 en province.
La bataille livrée entre la 10e division de parachutistes et le FLN est racontée de manière objective et équilibrée. Les noms sont modifiés mais on reconnait aisémment dans le lieutenant-colonel Philippe Mathieu (ici, né le 5 août 1907 à Bordeaux) le général Jacques Massu (né en 1908 à Châlons-sur-Marne). Il est interprété par Jean Martin, acteur de théâtre qui signa le manifeste des 121. Hadi Djaafar est interprété par Yacef Saadi qui joue en fait son propre rôle de chef politique du F.L.N. pour la zone d'Alger d'alors et qui est le coproducteur et l'initiateur du film.
Les scènes de foules sont jouées par des figurants ce qui leur donnent une intensité dramatique bien supérieure aux images d'archive presque toujours utilisées dans d'autres films historiques. La même musique vient déplorer le sang qui coule, que ce soit celui des Algériens ou des Européens. Aux enfants ensanglantés algériens répond l'enfant qui mange une glace dans le bar.
En 2003, le New York Time révèle que le Pentagone a visionné le film pour s'inspirer des méthodes de Mathieu Massu pour la guérilla urbaine en Iran. En 2017, La bataille d'Alger, un film dans l'histoire de Malek Bensmaïl révélera d'autres aspects politiques d'hier et d'aujourdhui.
Jean-Luc Lacuve le 9/04/2012