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(1902 1957)
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histoire du cinéma : L'image cristal

1- Biographie

Max Ophuls est né le 6 mai 1902 à Sarrebrück sous le nom de Max Oppenheimer. Issu d’une famille d’industriels, il se refuse à travailler dans l’entreprise familiale. Après des études classiques, il entame en 1920 une carrière prolifique dans le théâtre, avec lequel il entretiendra toute sa vie une relation très forte.

Acteur dans un premier temps, il joue par exemple à Stuttgart sous la direction de Fritz Holl, qui lui trouve son pseudonyme et l’influencera fortement pour la suite de sa carrière. Il devient ensuite l’un des metteurs en scène les plus prisés de son époque, se partageant entre l’Allemagne, la Suisse et l’Autriche. A Dortmund d’abord, puis à Elberfeld-Barmen, où, jusqu’en 1925, il dirige quelques 200 pièces et opérettes.

Il travaille simultanément comme critique dans des revues théâtrales, et pour la radio à travers l’écriture de multiples sketches. En 1926, il rejoint le Burgtheather de Vienne, où il rencontre et épouse l’actrice Hilde Wall, qui met au monde leur fils Marcel l’année d’après. Suivent des collaborations avec le nouveau Théâtre de Francfort, puis Breslau et enfin Berlin. Max Ophuls monte ainsi Shakespeare, Goethe, Ibsen, Zweig, Molière ou encore Gogol.

Ophuls aborde le cinéma à l’aube du parlant, comme dialoguiste-traducteur sur un film d’Anatole Litvak, Calais-Douvres. L'année suivante, en 1931, il répond à une commande de la UFA et réalise un moyen-métrage pour enfants, On préfère l’huile de foie de morue.

Vient ensuite La Fiancée vendue, d’après un opéra de Smetana. Mais c’est surtout Liebelei, tourné en 1933, en deux versions allemande et française, qui le fait connaître en France. Le film marque sa première rencontre à l’écran avec l’univers du dramaturge viennois Arthur Schnitzler. On y décèle déjà son goût pour le romantisme et la nostalgie. Ophuls avouera d’ailleurs par la suite sa tendresse et sa préférence pour ce film parmi ses différentes réalisations, un film "simple, calme et tranquille".

L’avènement du nazisme le force à fuir l’Allemagne en 1933, et il choisit en 1935 de prendre la nationalité française. Ophuls tourne alors à Rome avec Isa Miranda La Signora di tutti, ou le drame d’une vedette surmenée, puis en Hollande La Comédie de l’argent (Komedie vom geld) en 1936. Pendant cette période d’avant-guerre, il signe quelques œuvres empreintes d’humour, La tendre ennemie (1935) ou de mélancolie, Yoshiwara (1937), film aux parfums exotiques qui relate l’histoire d’une jeune geisha, puis Le roman de Werther (1938) d’après l’œuvre de Goethe, et enfin Sans lendemain (1939). Edwige Feuillère y tient le rôle d’une jeune mère parisienne contrainte de jouer les entraîneuses et finalement conduite au suicide. Ophuls dirige à nouveau la comédienne l’année suivante dans De Mayerling à Sarajevo. Elle y incarne la Comtesse Sophie, épouse de l’Archiduc François-Ferdinand, dans une fresque historique qui retrace les vingt dernières années de l’Empire autrichien. Mais le tournage est interrompu par la guerre. Max Ophuls, mobilisé dans l’armée française, rejoint un temps les tirailleurs algériens, avant de revenir achever le film en février 1940. Démobilisé, il commence en 1941 l’adaptation de L’Ecole des femmes avec Louis Jouvet, rencontré pendant l’Exode. Mais il n’en tournera qu’un seul plan, le producteur abandonnant le projet faute de moyens et de confiance.

De nouveau contraint à l’exil après l’armistice, Max Ophuls quitte la France pour les Etats-Unis. Il entame alors une parenthèse hollywoodienne d’abord marquée par une longue période d’inactivité jusqu’en 1946. Il croit enfin pouvoir diriger Vendetta d'après Mérimée mais son "ami", Preston Stuges, lui retire le projet (Il faudra quatre autres réalisateurs pour que le film sorte en 1950). Mais en 1946 toujours, avec l'aide de Robert Siodmak, il dirige Douglas Fairbanks Jr. dans L’éxilé produit par l'acteur pour la compagnie Universal. En 1948, il adapte Stefan Zweig avec Lettre d’une inconnue, sa "Libelei américaine", avec Joan Fontaine, la femme de Bill Dozier le vice-président du studio, et Louis Jourdan : un film aux accents sublimes et tragiques qui reflètent l’essence de la pensée ophulsienne. En 1949, il réalise pour la MGM, Pris au piège (1949), film noir interprété par James Mason, bien plus typiquement hollywoodien de par sa distribution et sa touche mélodramatique, mais qui offre également quelques références à Orson Welles. Ces films n'ont pas de succès public mais un large écho auprès des réalisateurs hollywoodiens. Le producteur Walter Wanger et son épouse, Joan Bennett, appellent ainsi Ophuls pour réaliser rapidement un film à moindre coût. Ce sera Les désemparés (1949), tout autant mélodrame familial que film noir.

De retour en France, Ophuls donne la pleine mesure de son talent avec quatre films majeurs : La ronde (1950), l’un des plus grands succès commerciaux d’après-guerre, Le plaisir (1951), d’après Maupassant, Madame de… (1953) d’après Louise de Vilmorin et enfin Lola Montès, en 1955. Le film ne rencontre pas à sa sortie le succès escompté et précipite d’une certaine façon la fin de la carrière du réalisateur. Affaibli par des problèmes cardiaques, Ophuls ne peut s’opposer aux nombreuses coupes et remaniements opérés par les producteurs. Il désavoue totalement cette nouvelle version. En décembre 2008, une copie restaurée au format Scope et en Eastmancolor rendra enfin justice à l'originalité du film.

De retour en Allemagne, Max Ophuls monte au Schauspiel Theather de Hambourg La folle journée, une version du Mariage de Figaro de Beaumarchais qu’il a lui-même traduite et adaptée. La pièce connaît un réel triomphe. Durant l’été 1956, il s’attelle avec Henri Jeanson à l’écriture d’un scénario retraçant la vie du peintre Modigliani. C’est Les Montparnos, dont le rôle principal est destiné à Gérard Philipe. Max Ophuls ne peut mener à bien le projet, qui sera repris par Jacques Becker sous le titre de Montparnasse 19. Il s’éteint à Hambourg le 26 mars 1957.

Max Ophuls est l'un des rares cinéastes que les jeunes critiques de la nouvelle vague défendent dans les années 50. Dans un entretien donné en 1957 à Jacques Rivette et François Truffaut Ophuls revient sur l'ensemble de sa carrière. Celle-ci avait déjà été évoquée dans un manuscrit de 1945-46 qui donnera lieu à la publications en 2002, lors de la rétrospective à la cinémathèque française, de l'ouvrage Souvenirs. L'entretien aborde plus particulièrement ses films français des années 50. Marcel Ophuls, son fils né à Francfort en 1927, préface Souvenirs et réalise Un voyageur (2013) dont la première demi-heure est consacrée à son père.

 

2 -Mise en scène

Pour Gilles Deleuze, les films d'Ophuls sont des critaux parfaits. Leurs facettes sont des miroirs qui réfléchisent l'image actuelle, le présent du personnage, dans un prisme, où l'image dédoublée de ses différentes époques ne cesse de courir après soi pour se rejoindre : "La vie pour moi, c'est le mouvement" dira Lola comme peut le dit Ophuls avec ses travellings qui emportent ses personnages ceux de La maison Tellier et ceux, incessants, de Madame de... vers leur fin. Le dédoublement, la différenciation des deux images, actuelle et virtuelle, ne va pas jusqu'au bout, puisque le circuit qui en résulte ne cesse de nous ramener des unes aux autres. C'est seulement un vertige une oscillation.

Dans le cristal ou sur la piste, les personnages emprisonnés ne peuvent en effet guère que tourner sans fin. Ainsi la ronde des épisodes mais aussi des couleurs sur la piste de cirque de Lola Montes, les valses mais aussi les boucles d'oreille de Madame de, le manège de La ronde ou Lisa, l'auteure de la Lettre dune inconnue, se destinant à n'être qu'une musique lointaine, à être enfermée dans les brumes du souvenir tournant dans la tête de Stefan.

La perfection cristalline ne laisse subsister aucun dehors : il n'y a pas de dehors du miroir ou du décor, mais seulement un envers où passent les personnages qui disparaissant ou meurent, abandonnés par la vie qui se réinjecte dans le décor. Dans Le plaisir, l'arrachement du masque du vieillard danseur ne montre aucun dehors, mais un envers qui renvoie et reconduit au bal le médecin pressé. Et jusque dans ses apartés tendres et familiers, l'impitoyable M. Loyal de Lola Montes ne cesse de réinjecter sur scène l'héroïne défaillante.

D'où la proximité d'Ophuls avec la nostalgie et le romantisme et les femmes brisées chez Arthur Schnitzler (Libelei et La ronde), Goethe (Le roman de Werther), Stefan Zweig (Lettre d’une inconnue), Maupassant (Le plaisir), Louise de Vilmorin (Madame de...). Il en magnifie les parcours. L'image actuelle et l'image virtuelle coexistent et cristallisent, elles entrent dans un circuit qui nous ramènent constamment de l'une à l'autre, elles forment une seule et même scène où les personnages appartiennent au réel et pourtant jouent un rôle. Bref, c'est tout le réel, la vie tout entière, qui est devenue spectacle, conformément aux exigences d'une perception optique et sonore pure. La scène, alors ne se contente pas de fournir une séquence, elle devient l'unité cinématographique qui remplace le plan ou constitue elle-même le plan-séquence.

3 -Biblio-Vidéographie :

L'image-temps Gilles Deleuze. L'image-temps. Editions de Minuit. Collection : Critique, novembre 1985. Chapitre 4 : les cristaux de temps
   
Souvenirs Max Ophuls. Souvenirs. Mars 2002. Editeur : Cahiers du Cinema. Collection : Petite bibliothèque des Cahiers du cinéma. 268 pages 16,2 x 11,4.
   
Un voyageur Marcel Opuls. Un voyageur. 2013. Film de Marcel Ophuls dont la première demi-heure est conscrée à son père.
   
  Fiche de la cinémathèque française

4 -Filmographie :

1931

On préfère l'huile de foie de morue
 

(Dann schon lieber Lebertran).Avec Käthe Haack (Mrs. Augustin), Max Gülstorff (Mr. Augustin), Alfred Braun (St Pierre). 0h24.

Chaque soir, avant de dire leurs prières, les enfants du couple Augustin avalent leur huile de foie de morue. Un soir, Peter, le plus jeune fait une audacieuse demande dans sa prière. "Pourquoi faut-il toujours que les enfants obéissent à leurs parents ? le contraire ne serait-il pas plus drôle ?" Dieu est en congé et Saint-Pierre est fatigué mais, juste avant qu'il s'endorme, il accorde la prière. Mais après avoir joué aux adultes pendant une journée, les enfants en ont plsu qu'assez, et ils supplient Dieu de restaurer l'ordre ancien. Ils aiment encore mieux prendre leur huile de foie de morue, plutot que d'affronter les problèmes des adultes.

   

1931

L'amour au studio

(Die verliebe firma). Avec : Gustav Fröhlich (Werner Loring jr.), Anny Ahlers (Peggy Barling), Lien Deyers (Gretl Krummbichler), Ernö Verebes (Heinrich Pulver), José Wedorn (Leo Lamberti), Leonard Steckel (Harry Bing). 1h13.

Sur un lieu de tournage dans les montagnes, l'actrice de cinéma Peggy Barling se dispute avec son mari et quitte le film. Heureusement, Gretl, une belle et jeune skieuse avec une voix encore plus belle, surgit de nulle part...

   
1932 La fiancée vendue

(Die verkaufte Braut). Avec : Willy Domgraf-Fassbaender (Hans), Jarmila Novotna (Marie), Otto Wernicke (Keza), Hermann Kner (Micha), Maria Janowska ( sa femme, Agnès), Paul Kemp (Wenzel), Karl Valentin (Rudolph Brummer), Liesl Karlstadt (Katinka Brummer). 1h17.

1860. Un petit village de Bohème va être mis en émoi par une cascade d’événements à l’occasion de la grande fête patronale annuelle. Le marieur du village, l’entreprenant Kezal, s’est mis en tête de faire épouser la fille du bourgmestre, la belle Marie, par un garçon un peu nigaud du nom de Wenzel, fils unique du riche fermier Micha.
Or, Marie vient de tomber amoureuse de Hans, le fringant postillon, qu’elle a rencontré à la foire : elle refuse sèchement le prétendant qu’on lui propose et menace de s’enfuir à Prague. Son père, mis au courant de sa liaison, l’enferme dans sa chambre, alors que le village est en fête. Hans vient lui jouer la sérénade sous ses fenêtres, ce qui lui met un peu de baume au cœur…
Wenzel, de son côté, n’a d’yeux que pour Esmeralda, la mignonne danseuse de corde du cirque Brummer, qui vient d’arriver sur les lieux en grand équipage et s’apprête à installer son chapiteau sur la place publique. Mais le directeur doit acquitter pour cela une taxe de 300 florins. Où trouver cette somme ? Wenzel est tout disposé à jouer les mécènes. Il confie le magot au postillon, lequel a l’idée d’un audacieux subterfuge : il fait courir le bruit que cet argent lui a été versé contre la promesse de renoncer à Marie.
Aussitôt, tout le village se déchaîne : il a vendu sa fiancée ! Il ne s’agit, en fait, que d’éliminer du circuit les orgueilleux Micha et de compromettre leur benêt de fils, tout disposé d’ailleurs à jouer le jeu au point de parader avec sa bien-aimée sous une peau d’ours.
Dans le même temps, Hans sauve Marie des griffes d’un ours, un vrai, qui s’était échappé de sa cage. Et les couples désunis peuvent enfin se raccorder, dans l’euphorie générale.

   
1933 Les joyeux héritiers

(Lachende Erben). Avec : Lien Deyers (Gina), Heinz Rühmann (Peter Frank), Ida Wüst (Britta Bockelmann), Max Adalbert (Justus Bockelmann), Lizzi Waldmüller (Liane Heller). 1h16.

Un jeune homme qui aime à boire doit s'abstenir d'alcool pendant quatre semaines s'il veut hériter de son oncle d'une société de vins et champagnes...

   
1933 Liebelei

Avec : Magda Schneider (Christine), Wolfgang Liebeneiner (Fritz Lobheimer), Olga Tschekowa (Baronne d'Eggersdorff). 1h30.

Christine, fille d'un humble violoniste du théâtre de Vienne, tombe amoureuse de Fritz Lobheimer, un jeune et bel officier de la garde impériale, que lui a fait connaître son amie Mizzie, modiste délurée qui flirte elle-même avec Theo, un autre galant militaire...

   
1934 On a volé un homme
Avec : Henri Garat (Jean de Lafaye), Lily Damita (Annette), Charles Fallot (Victor), Fernand Fabre (Robert), Nina Myral (La vieille dame), Pierre Labry (Le balafré), Robert Goupil (Legros), Pierre Piérade (Rémi), Raoul Marco (L'inspecteur). 1h00.
   
1934 La dame de tout le monde

(La signora di tutti). Avec : Isa Miranda (Gaby Doriot), Memo Benassi (Leonardo Nanni), Tatyana Pavlova (Alma Nanni), Friedrich Benfer (Roberto Nanni), Franco Coop (L'impresario Veraldi). 1h37.

Une célèbre vedette de cinéma, Gaby Doriot, vient d'être retrouvée inconsciente dans sa salle de bains, à la suite d'une tentative de suicide. Transportée d'urgence à l'hôpital, elle revit, sous le casque du chloroforme, son existence tourmentée.
Jolie fille d'origine modeste, élevée par un père irascible, elle est déjà, au lycée, l'objet des avances d'un de ses professeurs, qui mettra fin à ses jours par amour pour elle. Puis elle est courtisée par un riche voisin, Roberto Nanni, dont la mère infirme devient sa confidente. Mais elle séduit aussi le maître de maison, Leonardo, provoquant involontairement la chute mortelle de l'épouse, en chaise roulante, dans l'escalier de leur villa. Le père et le fils vont s'affronter durement, sous le portrait de la défunte. Ne pouvant supporter cette atmosphère de crise, génératrice de scènes d'hystérie, Gaby part en voyage autour du monde avec Leonardo. Mais là encore, cela va mal finir : négligeant ses affaires, celui-ci se trouve inculpé dans une affaire de détournement de fonds. Au sortir de prison, il mourra écrasé par une voiture. Apparemment insouciante des drames qu'elle suscite, Gaby s'est lancée dans le spectacle. On lui invente une légende dorée, sous prétexte que le public est friand de ce genre de biographie artificielle. Elle retrouve Roberto, toujours amoureux d'elle bien qu'il ait épousé une autre femme. Elle se confie à lui : "Dans mes films, je trouve ce que les gens appellent le bonheur. Mais dans la réalité, je me sens si seule ! Je me suis libérée de la passion pour ton père, et quand j'ai désiré retourner vers toi, il était trop tard, et je...".
Cette lettre restera inachevée. Le cœur s'est arrêté. À l'hôpital, le docteur annonce : "Elle nous a quittés ! "

   
1935 Divine
Avec : Simone Berriau (Divine, Ludivine Jarisse), Gina Manès (Dora), Catherine Fonteney (Mme Jarisse).1h22.

Ludivine Jarisse, une gentille paysanne, orpheline de père, vit pauvrement avec sa mère à la campagne. Un jour, elle reçoit la visite d’une «payse», Roberte, partie tenter sa chance à Paris et qui fait carrière comme girl dans un music-hall, l’«Empyrée». Celle-ci décide son amie à l’accompagner dans la capitale, d’autant qu’elle doit bientôt partir en tournée au Caire et a besoin d’une remplaçante....

   
1936 La tendre ennemie
Avec : Simone Berriau (Annette Dupont, l'ennemie), Jacqueline Daix (sa fille), Catherine Fonteney (la mère), Georges Vitray (L'ex-mari), Marc Valbel ( Rodrigo), Lucien Nat (l'ex-amant), Pierre Finaly (Oncle Emile), Maurice Devienne (Le fiancé). 1h09.

Annette est une femme désenchantée, qui a raté aussi bien son mariage que ses aventures amoureuses. Aujourd'hui, elle célèbre les fiançailles de sa fille. Celle-ci doit renoncer au jeune aviateur qu'elle aime pour épouser un homme riche et sans fantaisie. Mais tandis que la fête se déroule, deux fantômes se mêlent aux invités : l'ex-mari et l'ex-amant d'Annette. Invisibles de tous, ils commentent l'événement. Tous deux considèrent Annette comme leur ennemie et la jugent responsable de leur mort. Aussitôt après son mariage, le ménage d'Annette a battu de l'aile. " Au bout de quatre ans, c'était l'enfer ", explique le mari. Trop occupé par ses affaires, il délaissait son épouse, qui s'ennuyait ferme. Sur les conseils de l'oncle Emile, le couple décida de passer une nouvelle lune de miel à Paris. Au début, tout se passa pour le mieux. Mais Annette s'enticha d'un séduisant dompteur qu'elle suivit en tournée. Abandonné, le mari mena une vie de débauche qui ne tarda pas à le faire passer de vie à trépas ! De son côté, l'amant commençait à être excédé par les exigences et la passion envahissante d'Annette. Malgré les conseils de son médecin, il n'eut pas la cruauté de rompre. De plus en plus épuisé, il finit par se faire dévorer par un de ses lions. Pendant que les deux fantômes échangent leurs amers souvenirs, un troisième fantôme survient. Non, leur dit-il, Annette n'est pas une dévoreuse d'hommes, mais une victime. Quand il était jeune marin, ils s'étaient promis l'un à l'autre. Annette fut contrainte de rompre, pour épouser un homme aisé. Alors, de désespoir, le marin s'était suicidé. Et même si lui aussi lui doit la mort, il sait qu'elle n'est pas responsable de ce malheur, ni de ceux qu'elle a pu causer par la suite. Éclairés par cette confidence, le mari et l'amant comprennent que la fille d'Annette est sur le point de gâcher sa vie comme sa mère avant elle. Et les trois fantômes, avec le concours d'Annette, permettront à la jeune fille de rejoindre en Angleterre son bel aviateur.

   
1936 Comédie de l'argent
 

(Komedie om geld). Avec : Herman Bouber (Karel Brand), Matthieu van Eysden (Ferdinand), Rini Otte (Willy, la fille de Brand), Cor Ruys (Moorman). 1h29.

Un brave coursier de banque perd une somme importante d'argent et se trouve accusé de vol. Relâché faute de preuves, il se voit proposer curieusement la direction d'une société immobilière...

   
1937 Yoshiwara
Avec : Pierre Richard-Willm (Serge Polenoff), Michiko Tanaka (Kohana), Sessue Hayakawa (Isamo), Roland Toutain (Pawlik), Lucienne Lemarchand (Namo), Camille Bert (Le commandant), André Gabriello (Pô). 1h42.

Yoshiwara, le célèbre quartier réservé de Tokyo, vers 1890, à la veille de la guerre sino-japonaise. Une jeune fille de noble famille, Kohana, dont le père s’est suicidé à la suite d’une faillite, décide de s’y prostituer, en vue de renflouer le patrimoine familial. Son fidèle coolie, Ysamo, qui l’aime en secret, est désolé de cette résolution, mais la décision de la jeune fille est prise : elle fera partie désormais de l’accueillante maison de thé de M. Pô, et se pliera à la vie galante des geishas, sous l’affectueuse protection de la sous-maîtresse, Mme Namo.
Au même moment, une frégate russe, la «Tchaïka», s’ancre dans le port. Belle occasion pour les sous-officiers et les hommes d’équipage d’aller tirer une bordée dans les quartiers chauds de la ville… Seul, le lieutenant Serge Polenoff ne participe pas à l’allégresse générale, malgré l’insistance de son ami l’aspirant Pawlik. Son attention a été attirée par un magnifique portrait de femme dessiné par Ysamo : c’est celui de Kohana. Il rencontre le modèle et en tombe amoureux, au point de négocier son rachat à prix d’or auprès de M. Pô, alors même qu’Ysamo était parvenu, de son côté, à réunir une somme équivalente, en commettant un vol spectaculaire qui lui vaut d’être incarcéré sur-le-champ.
Une mission secrète et providentielle oblige Serge à rester à terre. Il coule des jours heureux avec Kohana, projetant de l’épouser et de l’emmener avec lui à Saint-Petersbourg. Mais la trahison d’Ysamo, manipulé par le service de contre-espionnage, va le perdre. Il est traqué par la police, et Kohana, arrêtée comme complice, condamnée à être fusillée. Fou de douleur, Serge tente en vain de la sauver. Blessé à mort, il rendra l’âme au pied de l’autel de la chapelle orthodoxe où les deux amants avaient lié solennellement leur destin.

   
1938 Le roman de Werther
Avec : Pierre Richard-Willm (Werther), Annie Vernay (Charlotte), Jean Galland (Albert von Hochtatten), Paulette Pax (Tante Emma), Georges Vitray (Le bailli). 1h15

Wetzlar (Allemagne rhénane), à la fin du XVIIIe siècle. Werther, un jeune homme plein d’ardeurs romantiques, poète et musicien, est nommé conseiller référendaire au Palais de justice de la ville. Il fait la connaissance de la fille du bailli, Charlotte, promise à son collègue et ami Albert Hochstätter. Devant partir en voyage, Albert confie sa fiancée à Werther, qui tombe passionnément amoureux d’elle, au cours de promenades bucoliques dans la campagne en fleurs. Mais les deux jeunes gens savent que cette idylle doit rester sans lendemain.
Après le mariage de Charlotte, Werther se laisse aller au désespoir, court les cabarets, se livre à des extravagances qui suscitent la réprobation de ses supérieurs. Il écrit à Charlotte une lettre pathétique, qui reste sans réponse. La jeune femme ne trouve de refuge que dans la confession. Albert, réalisant le drame que vit son ami, lui demande sa démission, à l’occasion d’un conflit d’ordre professionnel. Werther s’enfuit dans la campagne et se suicide, devant l’arbre même où est né son amour, laissant Charlotte abîmée de tristesse.

   
1939 Sans lendemain
Avec : Edwige Feuillère (Evelyne), Georges Rigaud (Georges), Pauline Carton (La bonne), Daniel Lecourtois (Armand), Paul Azaïs (Henri). 1h19.

Evelyne Morin a connu bien des malheurs : alors qu'elle semblait promise à une vie honorable, un mariage avec un aventurier sans scrupules l'a contrainte, devenue veuve, au métier avilissant d'entraîneuse dans une boîte de nuit de Montmartre, pour subvenir à ses besoins et à l'entretien de son jeune fils. Mais elle a gardé un cœur pur dans cette vie de débauche. Un soir, elle retrouve par hasard Georges, un ami canadien, avec lequel elle avait espéré autrefois refaire sa vie. Il est devenu le riche et estimé docteur Brandon. Pour lui dissimuler sa déchéance, elle joue la comédie de la femme respectable, grâce à l'entremise d'un odieux personnage, Paul Mazuraud, qui lui fournit les fonds nécessaires à ce double jeu. Mais une imprudence de son fils la trahit. Décidée à se racheter coûte que coûte, elle confie la garde de l'enfant au généreux ami qui repart pour le Canada, en leur promettant de les rejoindre bientôt. Puis elle disparaît dans le brouillard...

   
1940 De Mayerling à Sarajevo
Avec : Edwige Feuillère (Sophie Chotek), John Lodge (François-Ferdinand), Gabrielle Dorziat (Marie-Thérèse), Aimé Clariond (Prince de Montenuovo), Jacqueline Marsan (Une archiduchesse), Jean Worms (François-Joseph), Jean Debucourt (Janatschek), Henri Bosc (Ambassadeur de Serbie), Gaston Dubosc (Comte Chotek), Marcel André (Archiduc Frédéric). 1h31.

Le 30 janvier 1889, dans le pavillon de chasse de Mayerling, Marie Vetsera et l'archiduc Rodolphe sont découverts morts. C'est désormais l'archiduc François-Ferdinand, neveu de l'empereur François-Joseph, qui est l'héritier de la couronne d'Autriche. Beau et bouillant jeune homme, l'archiduc dérange, avec ses idées libérales et ses attitudes désinvoltes à l'égard de l'étiquette impériale. Son principal adversaire à ta cour est le prince de Montenuovo qui persuade l'empereur d'éloigner son encombrant neveu en lui confiant une tournée d'inspection.
Dans une petite ville tchèque, on inaugure un buste de l'empereur en présence de FrançoisFerdinand. Une ravissante jeune femme prononce le discours de bienvenue et, lisant l'ennui dans le regard de l'archiduc, s'interrompt et plante là le royal invité ! Celui-ci, séduit par l'audace de l'effrontée, demande à la rencontrer. Il s'agit de la comtesse Sophie Chotek, dont l'archiduc s'éprend.
Contre tous les usages, François-Ferdinand et Sophie vont se revoir et s'aimer, indifférents à l'hostilité générale. L'empereur finit par consentir à leur mariage sous réserve que cette union soit morganatique : Sophie ne sera jamais impératrice et les trois enfants qu'elle a donnés à François-Ferdinand n'hériteront pas de leur père. Le 28 juin 1914, à Sarajevo, l'archiduc et Sophie sont en tournée d'inspection dans une Serbie en proie à l'agitation politique. Le protocole leur interdit la protection de l'armée. Ils sont abattus de plusieurs balles de revolver tirées par un étudiant serbe, Prinzip. Ce double assassinat sera à l'origine de la Première Guerre mondiale.

   
1947 L'éxilé

(The Exile). Avec : Douglas Fairbanks Jr. (Charles II Stuart), Maria Montez (Comtesse de Courteuil), Paule Croset (Katie). 1h37.

1660. Le jeune roi d’Angleterre, Charles II Stuart, a dû quitter son pays, chassé par Cromwell. Il a trouvé refuge en Hollande, dans un manoir abandonné. Quelques partisans restés fidèles protègent sa retraite, alors que ses ennemis le pourchassent. Mais pour l’heure, le roi a d’autres soucis. Il flirte avec une jeune et jolie fermière, Katie, à la grande fureur de son cousin Jan, peu porté sur le badinage...

   
1948 Lettre d'une inconnue
(Letter from an unknown woman). Avec : Joan Fontaine (Liza Berndle), Louis Jourdan (Stefan Brand), Mady Christians (Mme. Berndle). 1h26.

Un pianiste célèbre et vieillissant, Stefan Brand, reçoit un soir une lettre adressée par une inconnue, Lisa Berndle. Celle-ci lui révèle qu'elle lui voua, dès son adolescence, un amour exclusif, sans qu'il s'en aperçût jamais. Elle lui raconte comment, toute jeune encore, elle assista en cachette à son emménagement dans l'appartement voisin de celui de sa mère; comment elle rompit ses fiançailles qui s'annonçaient brillantes, afin de ne pas s'éloigner de lui; comment elle dut travailler pour assurer sa subsistance. Quelques rencontres furtives, à plusieurs années d'intervalle, une brève idylle ébauchée une nuit au Prater, une ultime étreinte un soir de fête, aussitôt oubliées par l'inconstant, furent les seuls moments de bonheur qu'elle goûta auprès de son volage amant. Un enfant lui est né, qui ne connaîtra jamais son père puisqu'il vient d'être emporté par une épidémie de typhus. Lisa entretemps a épousé un riche diplomate, sans lui cacher que son cœur était à un autre. À présent, elle-même contaminée par le typhus, ayant fui son foyer, lui écrit d'un hospice... Les dernières lignes sont de la main d'une sœur infirmière : la jeune femme est morte avant d'avoir pu terminer sa lettre. Stefan est effondré à cette lecture. Il comprend tout à coup le sens de la provocation en duel que lui a adressé la veille un diplomate viennois. Il s'y rendra comme à un dernier rendez-vous, non frivole celui-là.

   
1949 Pris au piège
(Caught). Avec : James Mason (Larry Quinada), Barbara Bel Geddes (Leonora Eames), Robert Ryan (Smith Ohlrig). 1h24.

Leonora, jeune et jolie mannequin de Denver, a des rêves de luxe et de conquête sociale. Ceux-ci vont se concrétiser à l'occasion d'une organisée sur le paquebot du riche importateur Smith Ohlrig. Elle rencontre ce dernier à l'embarcadère et devient sa maîtresse. Sur un coup de tête, il l'épouse....

   
1949 Les désemparés

(The reckless moment). Avec : Joan Bennett (Lucia Harper), James Mason (Martin Donnelly), Geraldine Brooks (Beatrice Harper). 1h20.

Lucia Harper, vigilante mère de famille, vit heureuse avec ses deux enfants et son beau-père dans leur coquette villa de Malibu, en Floride. Son mari, architecte, étant souvent absent, elle doit veiller seule à la bonne marche de la maison. Un jour, elle apprend que sa fille, Beatrice, a une liaison avec un gangster, Ted Darby : elle lui enjoint d’y mettre fin sur-le-champ....

   
1950 La ronde
Avec : Anton Walbrook, Simone Signoret, Serge Reggiani, Danielle Darrieux, Gérard Philipe, Simone Simon. 1h37.

Vienne 1900. Un décor de rêve... Apparaît un meneur de jeu, en frac et haut-de-forme, qui va faire tourner sous nos yeux le carrousel de la ronde des amours. Femmes honnêtes, grisettes tendres, aristocrates ou simples soldats, tous la danseront d'un même pas.

   
1952 Le plaisir

Avec : Claude Dauphin, Madeleine Renaud, Danielle Darrieux, Jean Gabin, Simone Simon, Daniel Gélin. 1h35.

I) Le Masque - Ancien séducteur, un vieillard court les Palais de la Danse, II) La Maison Tellier - Des pensionnaires d'une maison close, sous la conduite de leur patronne, la digne Madame Tellier, sont invitées à une première communion à la campagne. III) Le Modèle - Un couple de jeunes artistes s'aime à la folie... jusqu'au jour où la lassitude s'installe.

   
1953 Madame de...

Avec : Danielle Darrieux (Madame de...), Charles Boyer (Le général), Vittorio De Sica (Le baron Donati), Mireille Pewley, Jean Debucourt. 1h40.

Paris, 1900. Pressée par une dette de jeu, Madame de.... coquette et frivole femme d'un général attaché au ministère de la Guerre, vend en secret des boucles d'oreilles offertes par son mari....

   
1955 Lola Montes

Avec : Martine Carol, Peter Ustinov, Anton Walbrook, Ivan Desny, Lise Delamare, Paulette Dubost. 1h50.

Un cirque gigantesque à la Nouvelle-Orléans, vers 1880. On y représente la vie extraordinaire de Lola Montès, l'une des courtisanes les plus fêtées de son époque et qui fut anoblie par le roi de Bavière avant d'être chassée de ce pays par des émeutiers. Aujourd'hui, elle est réduite à jouer, sous la conduite d'un écuyer complaisant et lui aussi amoureux d'elle, sa "scandaleuse carrière de femme fatale".

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