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Elia Kazan

(1909-2003)
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histoire du cinéma : L'image-action

Florence Colombani (Le monde du 01/10/2003) :

"Elia Kazanjoglou, Grec d'Anatolie, nait le 7 septembre 1909 à Constantinople, dans ce qui était encore l'Empire ottoman et qui deviendra Istanbul (Turquie). En 1913, son père, importateur de tapis, part seul aux États-Unis. Il fait ensuite venir toute sa famille. Elia arrive à New York à l'âge de quatre ans, dans les bagages de ses parents qui fuient la persécution turque. Elia Kazanjoglou devient Kazan, et se fond dans le paysage avec l'étonnante capacité d'adaptation qui, combinée à sa petite taille, le feront surnommer Gadge (pour Gadget) toute sa vie.

"Je suis un dur, plus que la plupart des gens il me semble. Enfant, j'étais un outsider, et il fallait être un dur pour survivre. James Baldwin a dit de moi que j'étais un nègre, j'accepte le compliment", confie-t-il à Brian Case en 1988.

Contre les voeux d'un père à jamais insatisfait, qui aurait voulu que son héritier soit comme lui marchand de tapis, Kazan se tourne dès l'université vers le théâtre. Pour pouvoir terminer ses études, il est serveur dans une "fraternity house". Il entre ensuite au Group Theatre de New York et y exerce diverses fonctions. Surnommé "Gadget " ou " Gadge " il co-écrit et met en scène sa première pièce en 1934.

Ses jeunes années le voient prendre sa carte du Parti communiste (en 1934, il en est exclu en 1936) et sympathiser avec les débutants Harold Clurman et Lee Strasberg. Il lit comme eux Stanislavski et le théâtre engagé, mais se passionne déjà pour le cinéma à travers Eisenstein et Dovjenko. Des soirées de discussion enfiévrées le poussent à rejoindre un groupe de travail nommé, tout simplement, The Group Theater. Tirant les leçons des théories russes, la jeune garde lie le travail de l'acteur à différentes traditions théâtrales et à la psychanalyse. Exercices d'intériorisation, travail sur des textes contemporains, recherche de naturel... le Groupe est à l'évidence l'ancêtre de l'Actor's Studio, que Kazan fondera avec Cheryl Crawford en 1948 avant de prendre ses distances face aux ambitions de Lee Strasberg.

"Gadge" passe vite à la mise en scène de théâtre, avec une facilité confondante. La marque du créateur est déjà là, dans des choix audacieux, tous validés par la postérité. Ainsi, en l'espace d'une année (1947-48), Kazan crée deux pièces majeures du répertoire américain du XXe siècle : Un tramway nommé désir de Tennessee Williams et Mort d'un commis voyageur d'Arthur Miller. Les mises en scène de ces deux chefs-d'oeuvre font l'effet d'une révolution. Le naturalisme du jeu et des décors est extrême. Un univers thématique se dessine, entre violence (la sauvagerie légendaire de Brando en Stanley Kowalski, qui arrachait cris et applaudissements aux spectateurs chaque soir) et amour filial meurtri (la quête de Willie Loman, miroir de celle de Kazan). Cette sensibilité littéraire d'une exceptionnelle acuité se manifestera tout au long de sa double carrière cinématographique et théâtrale. Il travaillera pêle-mêle avec John Steinbeck, William Inge, Budd Schulberg, Tennessee Williams, Clifford Odets, Robert Anderson, Harold Pinter. Dans La Mort d'un Commis voyageur, "Gadge" voit la sublimation de ses blessures les plus profondes.

Faute d'être assez aimé, ou mieux compris, par son père, le jeune roi de Broadway cherche à se faire accepter par la société entière sans cesser pourtant de mettre un orgueil démesuré à être celui qui agite et qui gêne. Il devient la coqueluche de l'avant-garde artistique américaine, mais accepte un contrat à la Twentieth Century Fox. De 1934 à 1940, il avait réalisé plusieurs courts métrages. En 1940-41, il joue dans deux films d'Anatole Litvak.

En 1942, son nom est devenu célèbre à Broadway et Hollywood fait appel à lui. Mais ce n'est qu'en 1945 qu'il réalise pour la Fox son premier film Le Lys de Brooklyn. Il alternera le cinéma et le théâtre jusqu'en 1964.

Il exécute alors des commandes sans rapport avec son univers : l'anodin maître de la prairie (1947) avec le couple Hepburn-Tracy, les pesants films à thèse : Pinky sur le racisme et Le mur invisible (1947) sur l'antisémitisme. Boomerang (1947) sur une  affaire judiciaire et Panique dans la rue (1950) sur une épidémie de peste à la Nouvelle-Orléans sont déjà plus réussis.

Il revendique ses origines populaires, son nom étranger, mais il épouse la plus respectables des jeunes filles WASP de la Nouvelle-Angleterre. Il collectionne les maîtresses (dont une très jeune Marilyn Monroe) tout en construisant un foyer bourgeois avec Molly. Ces contradictions intimes ne cesseront de s'aggraver avec le temps, prenant parfois des proportions dramatiques.

Ainsi cet homme profondément progressiste, incontestablement de gauche, auteur du très engagé Viva Zapata ! (1952) co-écrit avec Steinbeck, est le plus fameux des donneurs de noms qui témoignèrent à charge devant la Commission d'activités anti-américaines (HUAC) de Joseph Mc Carthy. Des pages et des pages de son autobiographie, au moins deux films traitant du sujet par le biais de la métaphore (Sur les quais où, après avoir parlé aux autorités, Brando hurle "Je suis content de l'avoir fait !", et Les Visiteurs) ne suffisent pas à expliquer cet acte inexcusable qui lui coûte de grandes amitiés (Arthur Miller), et plonge sa famille dans le désarroi (il se reprochera longtemps la crise cardiaque fatale de sa femme Molly en 1963).

Kazan a donné un nom à ce dont il s'accuse lui-même : c'est L'arrangement (1969). Son compromis avec la norme sociale l'a mené à l'inacceptable, il en a hautement conscience et son oeuvre prend dès lors une profondeur nouvelle. Non que ses films précédents ne réservent de grandes beautés. Après l'efficace Panique dans la rue (1950), son adaptation pour le cinéma d'Un tramway nommé désir (1951) juxtapose la fulgurance déchaînée de Brando et la fragilité de papillon brisé d'une Vivien Leigh en osmose effrayante avec la folie de Blanche DuBois. Les personnages de Williams articulent les deux pôles du cinéma de Kazan : la puissance et le lyrisme.

On retrouve, à partir de là, cette combinaison dans tous ses films, de façon de plus en plus poignante à mesure que la maîtrise technique s'approfondit. Viva Zapata !, voulu en hommage à l'inachevé d'Eisenstein Que viva Mexico !, est le premier de ses films à porter l'empreinte de son style. Vient ensuite Sur les quais (1954), l'histoire, co-écrite avec un autre donneur de noms, Budd Schulberg, d'un docker en révolte contre la loi du silence. Le film tire sa force explosive du don de Kazan pour filmer le conflit. Il joue avec génie sur l'antagonisme entre l'extrême stylisation de sa mise en scène et le naturalisme de l'interprétation.

Le film réserve aussi quelques-unes des plus belles scènes d'amour de l'histoire du cinéma entre une Eva-Marie Saint débutante et un Brando tendre et animal, véritable incarnation d'un idéal esthétique sans cesse poursuivi. L'acteur obtient un Oscar pour le rôle, mais ne tournera plus jamais avec son mentor, le voyant de loin en loin sans cesser ses reproches sur le fameux témoignage. Ses refus successifs obligent un Kazan à jamais nostalgique de son génial interprète à chercher de nouveaux acteurs. Aussi A l'Est d'Eden (1955), film qui revient sur l'amour absent, celui du père, place le corps fragile, comme tordu de douleur de James Dean au coeur des paysages plus grands que nature du Cinémascope. On retrouve la poésie de l'homme brisé confronté à une nature plus forte que lui dans Fleuve sauvage (1960), oeuvre mal reçue aux Etats-Unis qui vaut à son auteur une reconnaissance critique en France. Une poésie douloureuse émane de Montgomery Clift, corps meurtri que Kazan filme avec une empathie déchirante : "Je sais pour quoi", dit Clift chargé par le gouvernement de déloger une vieille dame de son île qui va disparaître sous l'eau, "c'est pour votre dignité." Un Homme dans la foule (1957) décrit de façon visionnaire la politique américaine comme un spectacle. La fièvre dans le sang (1961), chef-d'oeuvre trop peu connu, est une somme : un morceau d'Histoire américaine (la crise de 1929), une réflexion sur le pouvoir destructeur des parents, le magnifique récit de la passion solitaire d'une Natalie Wood déchirée pour un Warren Beatty prisonnier des conventions.

America, America (1963) marque un tournant dans la vie et l'oeuvre de Kazan. Sous l'influence de l'une de ses grandes passions, l'actrice et réalisatrice Barbara Loden (disparue prématurément en 1980, et auteur de Wanda), il accepte d'abandonner tout intermédiaire pour livrer dans son cinéma une part plus grande d'intimité. Sa voix off ouvre et clôt le récit, en noir et blanc et sans stars, du voyage de son oncle de l'Anatolie à l'Amérique. Il ne se défait pas, pour autant, de ses vieux démons. Une vie privée de plus en plus chaotique et la mort de son père le mènent tout droit à une dépression dont il sort en écrivant puis en filmant L'arrangement. Avec l'appui d'un de ses fils, Chris, il réalise Les visiteurs (1972), oeuvre fascinante qui revient sur la culpabilité de la dénonciation par le biais de la guerre du Viet-Nâm. La brutalité stylistique du film contraste fortement avec le travail suivant, inspiré du roman inachevé de F. Scott Fitzgerald,  Le dernier Nabab (1976). L'ultime film de Kazan est une élégie mélancolique et raffinée, résolument du côté du lyrisme. Les vingt dernières années de sa vie sont très actives, absorbées par l'écriture, le désir fugitif de revenir au cinéma, un troisième mariage et une vie de famille soudée autour du patriarche.

Cet homme qui n'a jamais pu être un fils devient le père inavoué - car coupable de haute trahison - d'une génération de grands cinéastes américains. Coppola et Scorsese poursuivent sa réflexion sur l'utilisation de l'acteur, de ses émotions et de son corps. Son talent de directeur d'acteurs lui a permis de révéler Marlon Brando, James Dean et Warren Beatty et il a travailler avec des stars naissantes :Vivien Leigh, Natalie Wood, Robert de Niro, ou de remarquables comédiens : Karl Malden, Ben Gazzara, Julie Harris. Coppola et Scorsese jouent également sur le même équilibre subtil entre violence et sentiments entre dimension épique et analyse. Kazan ne traite pas des genres mais des thèmes dont l'Amérique est le centre. Depuis ses premiers films sont d'inspiration réaliste ou sociale : sur le racisme et l'antisémitisme. Puis c'est l'Amérique schizophrénique vue par Tennessee Williams, dont il a monté les pièces au théâtre, l'Amérique des années 30, l'adolescence et la sexualité avec La fièvre dans le sang; celle du "New Deal " de Roosevelt avec Le fleuve sauvage puis le rapport de l'individu à la société amaricaine : America, America, L'arrangement ou les compromissions en Amérique. Puis Le dernier Nabab avec De Niro, d'après Scott Fitzgerald.

Malgré cette filiation flagrante (voir notamment ce que Raging Bull doit à Sur les quais), le monde du cinéma sera resté méfiant jusqu'au bout vis-à-vis du cinéaste, récompensé tardivement, en 1999, par un Oscar d'honneur qui ravive la polémique. De ses années de travail inlassable, Elia Kazan avait retenu une réplique finale, sa préférée : "Nous allons attendre demain matin et voir si quelqu'un se souvient encore de nous". Elia Kazan est décédé à 94 ans, le 28 septembre 2003, à son domicile de Manhattan.

Florence Colombani (Le monde du 01/10/2003).

Bibliographie :

Kazan est devenu écrivain en 1962, avec America America, puis L'Arrangement (1967, dont il a tiré son film), Les Assassins (1972) et Le Monstre Sacré (1974). Il publie ses mémoires en 1988, sous le titre Une vie (Éditions Grasset).

Filmographie :

Courts-métrages
1934 : Pie in the sky
1937 : The people of the Cumberland
1941 : It's up to you

1945 Le lys de Brooklyn 
(A Tree Grows in Brooklyn). Avec : Dorothy McGuire (Katie Nolan), Joan Blondell (Tante Sissy), James Dunn (Johnny Nolan), Lloyd Nolan (McShane), James Gleason (McGarrity). 2h09

Un quartier d’immigrés à Brooklyn, au début du siècle. Les Nolan y vivent pauvrement. Johnny, le père, travaille de temps en temps comme serveur-chanteur, se perd dans ses rêves et rentre souvent ivre, " malade ", comme on dit pudiquement. Katie, la mère, fait des ménages et même les enfants, Francie, la fille, et Neeley, le garçonnet, gagnent quelques cents pour améliorer l’ordinaire. Autre repère : les visites de tante Sissy, au comportement très libre, toujours amoureuse – pas longtemps du même homme.

La famille change de logement pour un plus petit, dans le même immeuble. Espérant une autre vie, Francie se sent une âme d’écrivain ; elle sait que sa seule chance est de s’instruire. La mère, obnubilée par les soucis quotidiens, admet mal les aspirations de sa fille. Le père, en revanche, y est tout acquis et l’aide à entrer illégalement dans une meilleure école.

La mort de ce père anticonformiste est douloureuse pour les siens, surtout pour Francie, qui admirait son esprit fantasque. Tous se rendent compte combien il était apprécié.

Après un moment de vive tension, la mère et la fille se réconcilient lors de la naissance d’un troisième enfant. McShane, le policier du quartier, qui aimait en silence Mrs. Nolan, fait sa demande en mariage et la famille l’accepte. La vie continue et chacun résistera, comme cet arbre qui arrive malgré tout à s’épanouir dans la cour de l’immeuble.

   
1947 Le maître de la prairie
(The sea of grass). Avec : Katharine Hepburn (Lutie Brewton), Spencer Tracy (Jim Brewton), Robert Walker (Brock Brewton). 2h03.

En épousant Jim Brewton, l’éleveur du Far West dont elle s’est éprise, Lutie, une jeune fille de la bonne société de Saint-Louis, a accepté de s’établir avec lui au Nouveau-Mexique. Elle y découvre que son mari s’oppose brutalement aux petits fermiers pour les empêcher de créer des lopins sur la prairie, qu’il entend préserver pour ses troupeaux. Ce combat qui n’est pas le sien éloigne peu à peu la jeune femme de celui qui est considéré, localement, comme un tyran...

   
1947 Boomerang
(Boomerang !). Avec : Dana Andrews (Henry L. Harvey), Jane Wyatt (Madge Harvey), Lee J. Cobb (Harold F. 'Robbie' Robinson), Cara Williams (Irene Nelson), Arthur Kennedy (John Waldron), Sam Levene (Dave Woods). 1h28.

Une petite ville du Connecticut vient d'être le théâtre d'un drame consternant : le pasteur Lambert, aimé et respecté de tous, a été assassiné en pleine rue, d'un coup de revolver... Rapidement, l'émotion fait place à la colère. La presse de l'opposition menée par le journaliste Woods, fustige l'incapacité temporaire de la police dirigée par le lieutenant Robinson. Après diverses investigations, on arrête un chômeur, Waldron, récemment démobilisé.

Interrogé sans ménagement durant 40 heures, incapable de fournir un alibi, désigné par un faisceau d'indices troublants, Waldron, épuisé, avoue le crime. Le procureur Harvey est chargé d'établir l'acte d'accusation. Mais Waldron se rétracte peu après, et Harvey, après un entretien avec lui à la prison, doute maintenant de sa culpabilité. Certains politiciens et hauts fonctionnaires corrompus font pression sur lui pour maintenir l'accusation : il faut apaiser l'opinion publique afin de permettre la réélection prochaine de l'actuel conseil municipal. Mais Harvey ne cède pas. Au cours du procès, il se fera l'avocat de l'assuré et démontrera, par un brillant exposé, qu'il a été incapable de commettre le crime. Waldron est relâché. Le meurtrier véritable ne sera jamais identifié...

   
1947 Le mur invisible
(Gentleman's Agreement). Avec : Gregory Peck, Dorothy McGuire, John Garfield, Celeste Holm, Anne Revere, Dean Stockwell. 1h58.

Phil Green, journaliste, est chargé d'une enquête sur l'antisémitisme aux États-Unis. Veuf depuis sept ans, il a un fils et vit avec sa mère. Il fait la connaissance de Kathy, nièce du directeur de son journal, divorcée. Ils se plaisent et décident de se marier. Pour son enquête, Phil décide de se faire passer pour juif durant six mois. Personne ne le connaît à New York, son nom est presque juif, il pourrait être juif. Cette expérience lui fait faire des découvertes inattendues : sa secrétaire, juive, a dû changer son nom pour être acceptée dans son travail. Son concierge s'oppose à ce qu'il écrive le nom de Greenberg sur sa boîte à lettres; son fils est en proie aux vexations et injures de ses camarades. Cela soulève des difficultés avec Kathy, de très bonne famille, mais vivant dans un milieu antisémite. A une réception en province, dans un milieu de haute bourgeoisie, Phil se rend compte de la réalité. Dave Goldman, son meilleur ami, démobilisé, est insulté dans un restaurant parce qu'il est juif. Phil et Cathy se marient, mais durant leur voyage de noces, Phil découvre l'existence des hôtels interdits aux juifs. Dave est victime du " gentleman's agreement " (interdiction de louer une maison à un juif). Phil reprend son identité : son reportage est un triomphe. Dave trouve un emploi et un appartement; la mère de Phil guérit et Kathy tombe dans ses bras.

   
1949 L'héritage de la chair 
(Pinky). Avec : Jeanne Crain (Patricia 'Pinky' Johnson), Ethel Barrymore (Miss Em), Ethel Waters (Granny), William Lundigan (Thomas Adams), Basil Ruysdael (Le juge Walker). 1h42.

Pinky, infirmière diplômée, est Noire, mais dans le Nord, tout le monde la croit Blanche. Tombée amoureuse d'un Blanc, le Dr Thomas Adams, elle fuit cet amour et revient vivre dans le Sud, près de sa grand-mère noire, Granny. Refusant de se faire passer pour une Blanche, elle est vite victime du racisme du sud (changement d'attitude de la police à son égard; agression nocturne). Pinky soigne Miss Em, l'ancienne institutrice, gravement malade. Tom vient la rejoindre. Elle lui avoue la vérité; il veut toujours l'épouser. Peu après avoir fait son testament (en faveur de Pinky) Miss Em meurt. Les Wooley, parents de Miss Em, attaquent en justice, contestant la valeur de ce testament, en faveur d'une Noire! Le juge Walker, après certaines résistances, accepte de défendre Pinky. La ville est en émoi: une métisse conteste la justice des Blancs. Pour obtenir l'argent nécessaire pour le procès, Pinky fait de pénibles travaux. Tom lui demande de venir vivre à Denver; elle refuse. Son devoir est de rester dans le Sud. Les journaux du Nord font de Pinky une héroïne. Finalement, le tribunal décrète que le testament est légal. Grâce à cet héritage, Pinky fonde la "Clinique et École d'Infirmières Miss Em" pour Noirs. Elle assume pleinement sa condition.

   
1950  Panique dans la rue
(Panic in the Streets). Avec : Richard Widmark (Clinton Reed), Paul Douglas (Tom Warren), Barbara Bel Geddes (Nancy Reed), Jack Palance (Blackie), Zero Mostel (Raymond Fitch). 1h33.

Le cadavre d'un inconnu tué de deux balles au cœur a été retrouvé dans le port de La Nouvelle-Orléans. Le docteur Clinton Reed, du Service de Santé du port, confie son inquiétude aux notables de la ville : le mort avait la peste pneumonique. Si l'on ne retrouve pas son assassin dans les 48 heures, toute la ville risque la contamination...

Le capitaine Warren fait opérer une rafle dans les bas-fonds du port. Blackie, l'assassin, s'étonne que la police emploie de si grands moyens pour retrouver le responsable d'un crime crapuleux : pour lui, Kochak, la victime, devait se livrer à un trafic particulièrement lucratif, ce qui expliquerait tout ce remue-ménage. Il s'en ouvre à son complice, Fitch, et décide de retrouver Poldi, le cousin du mort, pour en savoir davantage.

Entre-temps, Reed parvient à découvrir le bateau sur lequel Kochak avait pénétré clandestinement aux États-Unis.

Petit à petit, le filet se resserre autour de Poldi, dont Reed et Warren ont fini par retrouver la piste. Dans l'immeuble de la mère de Poldi, les deux hommes se retrouvent face à Blackie et à Fitch. La poursuite s'engage : Fitch sera capturé tandis que Blackie se noie dans le port.

   
1951

Un tramway nommé désir

(A Street-car named Desire). Avec Vivien Leigh (Blanche DuBois), Marlon Brando (Stanley Kowalski), Kim Hunter (Stella). 2h02.

Blanche Dubois arrive à la Nouvelle Orléans. Elle prend un tramway nommé "Désir" et finit par atteindre l'appartement minable que sa sœur Stella habite dans le vieux quartier français de la ville. Stella vit avec son mari, un ouvrier américain d'ascendance polonaise, Stanley Kowalski, et ce dernier n'apprécie guère l'arrivée de sa belle-sœur qui affecte des manières distinguées et des scrupules moraux surannés.

Mitch, l'un des camarades de poker de Stanley, s'éprend de Blanche alors que Stanley cherche à savoir quel a été le véritable passé de sa belle-sœur. Il découvre que Blanche a été mariée et que son mari étant mort jeune, elle a alors mené une vie de débauche. Blanche est en fait une nymphomane fascinée par les très jeunes gens.

Stanley révèle cette vérité à Mitch qui rompt avec Blanche. Celle-ci se tourne alors vers Stanley qui l'attire malgré son caractère fruste. Stanley en profite et Blanche sombre dans la folie. Stella quitte alors son mari...

   
1952 Viva Zapata !

(Viva Zapata). Marlon Brando (Emiliano Zapata), Jean Peters (Josefa), Anthony Quinn (Eufemio), Joseph Wiseman (Fernando Aguire). 1h53.

1909. Le Mexique est sous la domination du dictateur Porfirio Diaz. Un groupe de péons se rend auprès de Diaz pour se plaindre des riches fermiers qui ont volé leurs terres. Diaz se refuse à agir en leur faveur mais remarque parmi eux un homme fier qui lui parait être un agitateur possible : Emiliano Zapata. Ayant attaqué des représentants de l'ordre qui massacraient des fermiers innocents, Zapata prend le maquis avec son frère Eufemio. Emiliano souhaite pouvoir mener une vie calme mais le jour où, pour délivrer un péon, il tue des soldats, il provoque un processus irréversible. Il effectue avec ses hommes une succession de raids couronnés de succès contre les soldats du gouvernement...

   
1953 Cirque en révolte

(Man on a tightrope). Avec : Fredric March (Karel Cernik), Terry Moore (Tereza Cernik), Gloria Grahame (Zama Cernik), Cameron Mitchell (Joe Vosdek), Adolphe Menjou (Fesker). 1h41.

La Tchécoslovaquie devient un état communiste. Une troupe de cirque se voit contrainte de coopérer avec le nouveau régime et de faire de la propagande. Lors d'une tournée en Bavière, les membres du cirque décident de tenter de passer le rideau de fer.

   
1954  Sur les quais
(On the Waterfront). Avec : Marlon Brando (Terry malloy) Eva Marie saint (Edie Doyle), Karl Malden (Le père Narry). 1h46.

Terry Malloy, boxeur raté, est docker. Son frère, Charley est l'avocat du chef du syndicat local des dockers, Johnny Friendly. Terry est mêlé involontairement au meurtre d'un homme qui refuse de se plier aux exigences du syndicat. Edie, la sœur de la victime, demande à Terry de l'aider à faire juger les coupables. Le père Barry, l'aumônier des dockers, l'encourage à lutter contre le syndicat....

   
1955  A l'Est d'Eden
(East of Eden). Avec : James Dean (Cal Trask), Julie Harris (Abra), Raymond Massey (Adam Trask), Jo van Fleet (Kate). 1h55.

En Californie du nord, Monterey en 1917. Cal Trask rôde autour de Kate qui dirige un bouge mal famé. Cal pense que c'est sa mère, bien que son père Adam prétende qu'elle soit morte. Il repart vers Salinas. Son frère aîné, Aron, est tout le contraire de Cal : fils modèle, il fréquente une jeune fille, Abra. Adam Trask, leur père, est un homme dur aux principes puritains. Il a pour projet d'envoyer des laitues par wagons réfrigérés vers l'Est. Au cours d'une lecture de la Bible, Cal se querelle avec son père. Pendant un temps, il aide son père et son frère dans l'entreprise familiale. Puis c'est la catastrophe : le train est immobilisé, les laitues pourrissent comme la glace fond. Adam Trask est ruiné. La guerre éclate. Au cours d'une fête foraine, Cal et Abra ressentent une attirance réciproque. Cal emprunte de l'argent et spécule sur les haricots. Il réussit son opération. Pour l'anniversaire de son père, il lui offre l'argent gagné. Mais celui-ci le repousse. Cal emmène alors Aron à Monterey. Là, il lui montre sa mère : une tenancière de maison close. Aron s'ennivre et s'engage, partant pour la guerre. Adam Trask s'écroule, victime d'une congestion cérébrale. Cal, assisté d'Abra, reste à son chevet.

   
1956  Baby doll
(La poupée de chair en VF). Avec : Karl Malden (Archie Lee Meighan), Carroll Baker (Baby Doll Meighan), Eli Wallach (Silva Vacarro), Mildred Dunnock (tante Rose Comfort), Lonny Chapman (Rock). 1h54.

Le sud des États-Unis. Une somptueuse demeure tombant en ruines, aux pièces immenses vidées de leurs meubles par les créanciers et où vivent tante Rose, Archie Lee Meigham et sa très jeune femme, Baby Doll. Archie Lee épie par un trou dans le mur Baby Doll dormant dans un berceau d'enfant, le pouce dans sa bouche. Très nerveux, il rappelle sa promesse à Baby Doll : le jour de ses vingt ans...

Le soir même, durant une réunion des planteurs de coton, présidée par Silva Vacarro, le nouvel homme fort de la région, Archie Lee met le feu à l'atelier de cardage du syndicat. Le lendemain, Vacarro lui amène son coton à carder. Il est tout de suite attiré par la femmeenfant d'Archie Lee et apprend que le mariage n'a pas été " consommé " et qu'il ne le sera que le jour de ses vingt ans, dans deux jours ! Baby Doll n'est pas insensible à cette nouvelle présence " masculine". Vacarro éloigne Archie Lee : un long après-midi d'automne commence, durant lequel il s'amuse avec Baby Doll et lui fait signer des aveux sur la culpabilité d'Archie Lee.

Le soir, à son retour, Archie Lee trouve Baby Doll transformée, devenue femme ! Une scène éclate : il poursuit, armé d'un fusil, Vacarro dans le jardin. Le sherif arrive et emmène Archie Lee. Vacarro s'en va, sur une vague promesse. Baby Doll reste seule avec tante Rose.

   
1957  Un homme dans la foule
(A Face in the Crowd). Avec : Andy Griffith (Lonesome Rhodes), Patricia Neal (Marcia Jeffries), Anthony Franciosa (Joey Kiely), Walter Matthau (Mel Miller), Lee Remick (Betty Lou Fleckum). 2h05.

Marcia Jeffries anime pour la radio locale de Piggot (Arkansas) l'émission "Un homme dans la foule" qui sollicite en direct l'avis de "Monsieur tout le monde" sur tout et n'importe quoi. Ce jour-là, Marcia est venue chercher dans les cellules de la prison le protagoniste de son émission. Elle y découvre un sympathique colosse aux allures paysannes qui lui dit s'appeler Rhodes et qu'elle prénomme aussitôt Lonesome (en français : "le Solitaire"). Or Rhodes a une personnalité, un bagout et une spontanéité qui, alliés à un solide talent de chanteur, lui font très vite gagner les faveurs de l'auditoire de Piggot, puis de Memphis où la télévision lui offre un contrat publicitaire important. Et c'est l'irrésistible ascension de Lonesome Rhodes : de l'audience locale à la popularité nationale, des cachets, des indices d'écoute, de la volonté de puissance. Vendu aux plus offrants des affairistes de la publicité et de la politique par Joey De Palma, son imprésario, Lonesome prend en mains la campagne électorale d'un gouverneur falot et réactionnaire qui vise la présidence des États-Unis. Marcia sait que Rhodes méprise son public comme il l'a méprisée (elle qui l'avait créé de rien et l'aimait) en épousant une majorette de dix-sept ans, Betty Lou. Et lorsque la jeune femme laisse volontairement branché le micro pendant le générique final de l'émission télévisée de Rhodes, des dizaines de millions d'admirateurs connaissent enfin leur idole, enregistrée à son insu, sous son vrai jour : cynique, vulgaire, arriviste et méprisant. Lonesome Rhodes, abandonné de tous, restera seul dans son luxueux appartement, au sommet d'un gratte-ciel de New York, face au pays qu'il avait cru conquérir. Marcia, aidée et aimée de Mel Miller, un jeune écrivain qui l'avait avertie depuis longtemps de la personnalité réelle de son protégé, saura mieux, maintenant, où trouver la vérité.

   
1960  Le fleuve sauvage
(Wild River). Avec : Montgomery Clift (l'ingénieur Chuck Glover), Lee Remick (Carol Garth Baldwin), Jo van Fleet (Ella Garth). 1h49.

1933 : bandes d'actualités sur les crues du Tennessee. Arrivée de Chuck Glover, ingénieur, délégué par le gouvernement fédéral pour faire appliquer le plan gouvernemental : la construction de 26 barrages qui éviteront les crues du fleuve et mettront cette région en valeur. Tous les propriétaires ont vendu et évacué leurs terres, sauf une vieille femme, Ella Garth, qui s'obstine à demeurer sur l'île de sa famille..

   
1961 La fièvre dans le sang

(Splendor in the Grass). Avec : Natalie Wood, Warren Beatty, Pat Hingle, Audrey Christie, Barbara Loden, Zohra Lampert. 2h04.

Dans une petite ville du Kansas en 1929, Deanie et Bud, tous deux élèves du collège, s'aiment, mais le mariage leur est interdit par leurs familles. Le père de Bud est un riche propriétaire de puits de pétrole dont celui de Deanie n'est qu'un petit actionnaire. Et ils sont jugés trop jeunes....

 
1963 America, America

(America America).  Avec :  Avec Stathis Giallelis (Stavros Topouzoglou), Frank Wolff (Vartan Damadian).3h08.

La Turquie au début du siècle. En Anatolie, les communautés grecque et arménienne sont en proie aux persécutions turques. M. Topouzoglou décide d'envoyer son fils Stavros à Constantinople, chez son cousin Odysseus. Stavros, lui, demande de l'argent à sa grand-mère pour partir en Amérique.

   
1969 L'arrangement
(The Arrangement). Avec : Avec Kirk Douglas (Eddie Anderson), Faye Dunaway (Gwen), Deborah Kerr (Florence Anderson). 2h06.

Eddie Anderson publiciste est marié avec Florence : ils habitent une luxueuse villa et mènent une vie sans problèmes. A la suite d'un accident de la route (il se jette contre un camion) Eddie fait un retour sur lui-même et se remet en question : lui, sa réussite sociale, ses rapports avec autrui. Il se souvient de Gwen et de leur liaison passagère mais heureuse...

   
1972 Les visiteurs
(The Visitors). Avec : Patrick McVey (Harry Wayne), Patricia Joyce (Martha Wayne), James Woods (Bill Schmidt). 1h30.

Par une froide matinée d'hiver, Mike Nickerson et Tony Rodriguez se présentent devant la modeste maison de Newton où vivent Bill Schmidt, sa compagne Martha et leur jeune enfant. Ces "visiteurs", plutôt mystérieux, sont d'anciens compagnons de Bill; comme eux, il a "fait" le Viêt-Nam, dans la même unité...

   
1976  Le dernier Nabab
(The Last Tycoon). Avec : Robert De Niro (Monroe Stahr), Tony Curtis (Rodriguez), Robert Mitchum (Pat Brady). 2h03.

Malgré son jeune âge, Monroe Stahr est directeur de production d'un des plus importants studios de Hollywood. Depuis la mort de sa femme, l'actrice Minna Davis, il se jette à corps perdu dans le travail. La fille de son patron, Cecilia Brady tente en vain d'éveiller son intérêt. Un jour, sur un plateau, il voit le sosie de Minna, Kathleen Moore...

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