Renoir / Renoir
e xposition du 28 septembre 2005 au 9 janvier 2006
à la Cinémathèque française (51, rue de Bercy, paris 12ème),
en association avec le Musée d'Orsay

Après l'exposition du Musée des Beaux-Arts de Lyon sur Louis Lumière et L'impressionnisme, c'est à un nouveau rapprochement entre cinéma et peinture que nous convie la cinémathèque française pour inaugurer sa galerie de 600 m2 destinée aux expositions temporaires.

Les nombreuses manifestations prévues autour de cette exposition permettront d'aller plus loin que le rapprochement anecdotique de films et de tableaux... auquel nous succombons nous-même bien volontiers. A rechercher les comparaisons terme à terme de tableau et de photogramme, le risque est de faire l'impasse sur l'originalité profonde des artistes.

Les trois axes choisis sont l'autoportrait, la nature et la fête.

L'autoportrait n'a jamais beaucoup intéressé Pierre Auguste Renoir qui préférait peindre sa famille dans des occupations domestiques. Quant à Jean, il n'a joué - certes de façon magistrale- que dans La Règle du jeu.

Pierre-Auguste et Jean n'ont probablement pas la même approche de la nature. Le premier la traite de façon très formaliste. Pour le peintre, elle est surtout couleurs dont il travaille les effets de reflet sur les corps. Pour Jean, elle est une immensité (le cadre-cache de Bazin) qui entoure l'homme et qui est en harmonie avec ses désirs ou ses angoisses. La profondeur de champ, qui est l'un des apports les plus significatifs de Renoir au cinéma, marque très souvent ce rapport entre l'homme et la nature. Celle-ci ménage toujours une porte de sortie pour celui-là. Si Jean Renoir tourne Le déjeuner sur l'herbe aux Collettes (paradis terrestre du Sud de la France qui envahit les dernières œuvres du père) le titre du tableau renvoie aussi à Manet et à sa modernité.

Le thème de la fête permet de rapprocher les plus célèbres toiles de Pierre-Auguste (Bal du moulin de la galette, Danse à la campagne, Danse à la ville), et les films Belle Epoque de Jean (French Cancan, Élena et les hommes), dominés par des jeux de masques et de dévoilement, règne de l'exhibition des corps, de la beauté convulsive de la danse.

Il est à craindre que l'on puisse reprendre la conclusion de Philippe Dagen (Le Monde du 25.09.05) :

"Le film apparaît trop souvent comme le développement de la peinture (...). En 1959, Jean tourne Le Déjeuner sur l'herbe. Dès le titre, l'hommage à l'impressionnisme est annoncé. Le Torse, effet de soleil de 1876, d'autres baigneuses, des modèles à demi déshabillés entourent les plans de Catherine Rouvel nue dans la rivière. Ceux-ci renvoient aux apparitions de Catherine Hessling, la première épouse de Jean, dans La Fille de l'eau en 1924 ­ et, plus généralement, au goût du cinéaste pour les eaux mortes ou vives.

Très en détail, avec de nombreux documents et un choix d'oeuvres remarquablement précis, l'exposition fait l'inventaire de ces connivences impressionnistes. On en trouve dans La Partie de campagne ­ les robes, les balançoires, les haies fleuries, les guinguettes, les maillots rayés des canotiers ­ comme dans French Cancan ­ encore les robes, la danse, les drapeaux ­ et, à moindre mesure, dans Le Fleuve ­ la lumière, les ombres, le vent, les feuillages.

On en trouve tant que cette abondance produit dans l'exposition deux effets contradictoires. Elle justifie que soit accrochée une belle anthologie d'une quarantaine de toiles, les unes fort connues, d'autres bien moins, La Balançoire , les deux Danse , La Grenouillère , Les Canotiers ...

Mais l'hommage rendu au père et à ses compagnons de 1874 par le fils est ici si appuyé qu'il finit par être redondant. Le cinéaste célèbre le peintre en citant ses paysages, ses héroïnes, ses motifs dans une relation où le familial et l'artistique sont évidemment indémêlables, sous le signe de la clarté tremblante et des couleurs flottantes."

 

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