thème
1992-1995
 
For ever Mozart (Jean-Luc Godard, 1996)
Cirkus Columbia (Danis Tanovic, 2010)

Les guerres de Yougoslavie furent une série de conflits violents dans les territoires de l'ancienne République fédérale socialiste de Yougoslavie entre 1991 et 1999. Ces guerres furent les plus meurtrières en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. On estime que le bilan se porte à 300 000 morts et environ 1 000 000 de personnes déplacées. Ce fut aussi le premier conflit à caractère génocidaire en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Beaucoup des principaux personnages clés impliqués furent ou sont poursuivis pour crimes de guerre. Des événements dont les Serbes de Bosnie sont responsables, comme le siège de Sarajevo et le génocide de Srebrenica où plus de 8 000 hommes et adolescents bosniaques sont massacrés en juillet 1995, sont devenus emblématiques du conflit

La Guerre en Bosnie-Herzgovine (1992-1995) succède aux guerres de Slovénie (1991) et de Croatie (1991-1995). Elle sera suivie de la Guerre du Kosovo (1996-1999) qui fera perdre les élections présidentielles à Milosevic en septembre 2000. Il est arrêté le 31 mars 2001 pour être jugé devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie mais il décédera avant la fin du procès en 2006.

I - La guerre de Bosnie-Herzgovine au cinéma

Jean-Michel Frodon distingue les films faits en temps de guerre, les films faits depuis l'étranger, les films faits par les serbes, les films faits par Hollywood et les films de l'après guerre.

Films en temps de guerre sur le terrain : Les amants de Sarajevo, Je vous salue Sarajevo, Le 20 heures dans les camps, Jours tranquilles à Sarajevo, La hauteur du silence.

Films en temps de guerre depuis l'étranger : For Ever Mozart, Lettre pour L.., N'oublie pas que tu vas mourir, Les étrangers, Teatro di guerra, Veillées d'armes.

Les films de l'après guerre : Notre musique, Sarajevo mon amour , La révélation , Cirkus Columbia , La voix d'Aïda

Bibliographie :

 

La voix d'Aïda Jasmila Zbanic Bosnie 2020
Cirkus Columbia Danis Tanovic Bosnie 2010
La révélation Hans Christian Schmid Allemagne 2009
Premières neiges Aida Begic Bosnie 2008
Buick riviera Horan Rusinovic Croatie 2008
Sarajevo mon amour Jasmila Zbanic Bosnie 2005
Notre musique Jean-Luc Godard France 2003
De guerre lasses Laurent Becue-Renard France 2003
10 minutes Ahmed Amamovic Bosnie 2002
No Man's Land Danis Tanovic Bosnie 2001
En territoire ennemi John Moore U.S.A. 2001
Harrison's flowers Elie Chouraqui France 2000
Baril de poudre Goran Paskaljevic Serbie 1999
Savior Predag Antonijevic U.S.A. 1998
Une balle en plein coeur David Attwood G.-B. 1998
Teatro di guerra Mario Martone Italie 1998
Welcome to Sarajevo Michael Winterbottom G.-B. 1997
Le cercle parfait Ademir Kenovic Bosnie 1997
Les étrangers Philippe Faucon France 1997
Joli village, jolie flamme Srdjan Dragojevic Serbie 1996
Tragédie burlesque Goran Markovic Serbie 1996
Comment la guerre a commencé sur mon île Vinko Bresan Croatie 1996
For ever Mozart Jean-Luc Godard France 1996
Underground Emir Kusturica Serbie 1995
La hauteur du silence Hervé Nisic France 1995
N'oublie pas que tu vas mourir Xavier Beauvois France 1995
MGM Sarajevo : Man, God and the Monster Ismet Arnautalic Bosnie 1994
Veillées d'armes Marcel Ophuls France 1994
Jours tranquilles à Sarajevo François Lunel France 1994
Bosnia ! Bernard Henri Lévy France 1994
Les amants de Sarajevo Marcel Hanoun France 1994
Lettre pour L... Romain Goupil France 1993
Le 20 heures dans les camps Chris Marker France 1993
Je vous salue Sarajevo Jean-Luc Godard France 1993

 

II- Le conflit armé (source : Wikipedia)

La guerre de Bosnie-Herzégovine est une guerre entre les peuples Serbes, Croates et Bosniaques ayant eu lieu sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine et ayant impliqué principalement la Yougoslavie, la Serbie, la Croatie et les différentes entité de l'actuelle Bosnie-Herzégovine. Elle débuta le 6 avril 1992 lorsque l'armée populaire yougoslave, attaqua la Bosnie-Herzégovine qui venait de déclarer son indépendance le 1er mars. La guerre s'est achevée par les Accords de Dayton le 14 décembre 1995.

La guerre en Bosnie est une conséquence de la dislocation de la Yougoslavie, elle-même liée à la chute des régimes communistes en Europe de l'Est en 1989. La renaissance des idées nationalistes en Yougoslavie a fragilisé le rôle central du Parti communiste. Les arrivées au pouvoir de Slobodan Milosevic en Serbie en 1987, et de Franjo Tudjman en Croatie en 1990, accentuent la crise. En juin 1991, la Slovénie déclare son indépendance, et la Croatie en fait de même. Après un rapide conflit en Slovénie, la JNA sous le commandement serbe, appuyée par les para-milices serbes, et les serbes de Krajina en Croatie, attaquent la Croatie. Le symbole du début de cette guerre est certainement la tragedie de Vukovar.

La Bosnie ne voulant pas participer à cette guerre contre la Croatie, décide de déclarer sa souveraineté en octobre 1991. Mais la commission de Badinter précisa qu'elle ne reconnaitrait l'indépendance de la Bosnie, que si un referendum était organisé à cet effet en Bosnie. Un referendum d'autodetermination est alors organisé le 29 février 1992. Il est boycotté par la plupart des Serbes qui constituent 32 % de la population. Les Croates et les Musulmans votent, à savoir 68 % de la population. Le résultat du référendum est de 99% des voix en faveur de la Bosnie indépendante. Celle-ci est en conséquence proclamée par le parlement bosnien le 5 avril 1992.

Comme il a été prévu par la commission de Badinter, suite à ce referendum, la Communauté européenne reconnait la Bosnie en tant qu'État independant, le 6 avril 1992. Cette reconnaissance est suivie de celle des Etats-Unis. La Bosnie adhère ainsi le 22 mai 1992 à l'Organisation des Nations unies, avec la Croatie et la Slovénie.

La République serbe de Bosnie, l'entité des Serbes dirigée par Radovan Karadzic, déclare à son tour, mais sans aucune procédure constitutionnelle, son indépendance. Cette république ne sera jamais reconnue en tant que telle par la communauté internationale. Si, suite aux accords de Dayton, il existe dans les faits une république serbe de Bosnie, aucune personnalité morale n'a été reconnue à cette dernière.


Tentatives de paix
Le 18 mars 1992, le diplomate portugais José Cutilheiro propose un projet de cantonisation de la Bosnie-Herzégovine (sur le modèle helvète des cantons). Les dirigeants croates et serbes de Bosnie-Herzégovine acceptent, contrairement à Alija Izetbegovic qui refuse et préfère un pouvoir central, qu'il pourrait éventuellement occuper. C'est aussi la position de l'Union européenne.

Le 27 avril 1992, la Serbie et le Monténégro, c'est-à-dire les deux seules républiques non-sécessionistes, forment la République Fédérale de Yougoslavie, mais celle-ci n'est pas reconnue comme successeur et noyau restant de l'ancienne Yougoslavie (comme ce fut le cas pour la Russie lors de l'implosion de l'URSS), en vertu des conclusions de la commission Badinter.

L'ONU tente de pacifier en vain la situation en dépêchant des Casques bleus. La Bosnie-Herzégovine connaît trois ans et demi d'une terrible guerre d'agression et d'extermination des populations bosniaques, croates et serbes. Le rejet de Radovan Karadžic du plan de paix proposé par David Owen et Cyrus Vance, accepté par les autres parties, marque la désolidarisation de Slobodan Miloševic vis à vis du nationalisme serbe en Bosnie-Herzégovine.


Opérations militaires
L'ex-Yougoslavie, et surtout la Bosnie-Herzégovine, ont alors connu plusieurs années de guerre, marquées par des épisodes particulièrement violents : crimes de guerres, massacres, viols, création de camps de concentration, déplacements forcés de populations, que cela soit du coté croate, serbe ou bosniaque. Ces crimes de guerre ont pris une tournure raciste, selon le principe de purification ethnique. Toutefois, les déplacements de populations ont souvent été davantage un enjeu stratégique. En effet ceux-là désorganisaient notamment le camp adverse en lui imposant de prendre en charge des populations civiles supplémentaires et instauraient un climat de terreur. Dans bien des cas, cela a été suffisant pour faire fuir les populations locales avant l'arrivée des troupes ennemies.

Les dirigeants ont aussi fait appel à des groupes paramilitaires et des groupes du crime organisé, comme les Tigres' du Serbe Arkan ou les Scorpions. De nombreux combattants étrangers ont aussi participé à cette guerre, notamment des Moudjahiddin venus surtout de pays islamiques. Les actes de violences ne sont pas le seul fait des armées, mais souvent d'actes individuels puisque que beaucoup de Yougoslaves possédaient une arme et un vieil uniforme chez eux. Beaucoup de paysans ont cherché à se protéger ou à se faire justice eux-mêmes. À noter aussi, un phénomène non-négligeable de désertion de la part des jeunes. Ainsi par exemple, 200 000 jeunes Serbes ont évité le service militaire et la guerre.

En 1992, Alija Izetbegovic refuse de faire de Sarajevo une "ville ouverte" et démilitarisée. Les Serbes de Bosnie, qui ont pris pour capitale Pale, à proximité de Sarajevo, entreprennent donc un long et violent siège de la ville, le plus long que l'Europe ait connu. Les premiers bombardements des forces serbes frappent la ville le 6 avril 1992, le lendemain de la déclaration d'indépendance. Sarajevo est soumise à un blocus complet. Les convois de nourriture et de médicaments sont bloqués sur les routes, l'eau et l'électricité coupés. Le siège de Sarajevo devient une guerre d'usure.

L'armée des Serbes de Bosnie est commandée par Ratko Mladic et principalement formée par les unités bosno-serbes de l'Armée fédérale yougoslave (JNA). Elle s'empare progressivement des principales villes (en dehors de Sarajevo) et des zones peuplées par des Serbes au début de la guerre et pratique une méthode dite d'épuration ethnique contre la population Bosniaque.

Les efforts de la communauté internationale pour mettre fin au conflit et protéger les populations civiles furent sans résultats, parfois même laxistes envers les Serbes jusqu'en 1995, malgré l'envoi de plus de 38 000 militaires aux couleurs de l'ONU. 167 hommes de la Forpronu furent tués et plus de 700 d'entre eux furent blessés, dont environ la moitié appartenaient à l'armée française.

En mars 1994, un accord est signé entre les dirigeants croates et musulmans de Bosnie, sous la pression de la communauté internationale, surtout celle des Etats-Unis envers le président Croate Tudjman. Opposées depuis près d'un an d'avril 1992 (notamment lors des combats durant lesquels fut détruit le pont ottoman du XVe siècle de Mostar) à mai 1993, les deux communautés forment dès lors un front commun contre les Serbes de Bosnie.


Les prises de position internationales
La Bosnie-Herzégovine attire l'attention des pays occidentaux. Certains intellectuels (comme Bernard-Henri Lévy) et hommes politiques présentent la Bosnie-Hérzegovine comme un succès du multiculturalisme, et un exemple réussi d'intégration d'une population musulmane en Europe. À leurs yeux, soutenir la Bosnie-Herzégovine, c'est avant tout soutenir les Musulmans - Non pas les "musulmans", fidèles de l'Islam, mais les "Musulmans" (ou Bosniaques), nationalité créée par Tito en 1971 pour équilibrer les populations en Bosnie-Herzégovine. Les Musulmans deviennent en ces temps de guerre une nationalité à protéger.

Il y a toutefois des nuances à apporter à cette description. La Bosnie-Herzégovine est partagée en communautés distinctes, malgré le nombre important de mariages mixtes (5,5% de la population se déclarant "Yougoslave" selon un recensement de 1991, le taux le plus élevé en Yougoslavie). Alija Izetbegovic, leader des Bosniaques et auteur de la déclaration islamiste, ne correspond pas à l'image de tolérance qu'incarnerait la Bosnie-Herzégovine. Au cours de la guerre, il a fait appel à des fondamentalistes musulmans, en particulier des Moudjahiddin, combattants étrangers dont le but est de créer un État islamiste et de contrer les formes de nationalisme Serbes et Croates. Ce qui n'empêche pas Bernard-Henri Lévy de le recevoir à Paris et d'être nommé avec Bernard Kouchner docteur Honoris causa de l'université de Sarajevo.


Le dénouement
Du 11 au 16 juillet 1995, l'armée des Serbes de Bosnie, commandée par Ratko Mladic, s'empare de Srebrenica, une enclave bosniaque encerclée depuis le début du conflit où se sont réfugiés des milliers de réfugiés. Jusqu'à cette offensive serbe, Srebrenica était sous la protection des Casques bleus. Les forces serbes commettent un massacreplus de 8 000 hommes et adolescents  au mois de juillet 1995

Devant l'inefficacité des Casques Bleus, les forces de l'Alliance Atlantique (OTAN) sont alors intervenues en 1995 directement contre les milices serbes de Bosnie. En août de cette même année, la Croatie reconquiert la Krajina lors d'une opération-éclair de 3 jours, l'opération Tempête, appuyée par des bombardements de l'OTAN (200 000 réfugiés Serbes). Dans le même temps, les forces bosniaques et croates acculent les Serbes à la défensive et reprennent le contrôle d'importants territoires. Les Accords de Dayton signés le 21 décembre 1995 par Izetbegovic (bosniaque), Tudjman (croate) et Milosevic (serbe), mettent fin à l'agression serbe. La Bosnie-Herzégovine devient une confédération de deux États, la Fédération croato-bosniaque (51 % du territoire, 65 % de la population) et la République serbe de Bosnie (49 % du territoire, 35 % de la population).

En mai 2007, l'ex-général Zdravko Tolimir, proche du général Ratko Mladić, est arrêté près de la frontière entre la Serbie et la Republika Srpska. Le TPIY avait inculpé Zdravko Tolimir, en février 2005, de génocide, de crimes contre l'humanité et de crime de guerre pour «le meurtre, l'expulsion et les traitements cruels» commis contre les populations musulmanes de Bosnie des enclaves de Srebrenica et de Žepa. Il est condamné pour génocide en décembre 2012.

En juin 2007, une plainte est déposée par le cabinet d'avocats Van Diepen & Van Der Kroef, au nom des survivants et parents des victimes de Srebrenica, contre les Pays-Bas et les Nations unies pour non-respect d'obligations contractuelles, « échec à prévenir un génocide » et « non-déclaration de crimes de guerre ». Il est reproché aux 450 Casques bleus néerlandais, positionnés à proximité de l'enclave et censés la protéger, de n'être pas intervenus face aux attaquants serbes (environ un millier), cela bien que la population ait cherché refuge auprès de leur base.

Le 21 juillet 2008, Radovan Karadžić est arrêté par les services secrets serbes à Belgrade. Le 15 février 2009, il est doublement mis en accusation par le Tribunal pénal international pour génocide, une première fois pour les crimes commis en Bosnie-Herzégovine en 1992, une seconde fois pour le massacre de Srebrenica en juillet 1995. En 2016, le TPIY reconnaît sa culpabilité pour dix des onze chefs d'accusation portés contre lui, notamment la responsabilité pénale du génocide de Srebrenica. En 2019, le Mécanisme pour les Tribunaux pénaux internationaux le condamne définitivement à l’emprisonnement à perpétuité pour génocide (en particulier à Srebrenica), crimes contre humanité et violations des lois ou coutumes de la guerre.

Après avoir échappé pendant seize ans à la justice internationale, Ratko Mladić est arrêté le 26 mai 2011. Reconnu coupable de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre, il est condamné à l'emprisonnement à perpétuité par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie le 22 novembre 201737. Le verdict et la peine sont confirmés en appel en 2021.

Le 16 juillet 2014, le tribunal de La Haye estime que l'État néerlandais est civilement responsable de 300 morts à Srebrenica parce que les soldats néerlandais n'auraient pas dû évacuer ces hommes de la base où ils s'étaient réfugiés. En juin 2017, la Cour d'appel de La Haye a jugé les Pays-Bas partiellement responsables de la mort de 350 musulmans lors du massacre de Srebrenica.


Bilan
À la fin de la guerre, la plupart des estimations quant au nombre de victimes oscillaient entre 200 000 et 260 000 morts. Ces chiffres ont depuis été revus à la baisse. Selon le Centre de documentation et de recherche de Sarajevo, en mars 2006, le conflit en Bosnie-Herzégovine a coûté la vie à 96 175 personnes (dont 38 645 civils), se répartissant ainsi : Bosniaques : 63 994 (dont 32 723 civils), Serbes de Bosnie : 24 206 (dont 3 555 civils), Croates : 7 338 (dont 1 899 civils)
En janvier 2007, le Centre a revu ses chiffres légèrement à la hausse, et annonce le chiffre de 97 901 tués. Selon le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, la guerre a causé la mort de 102 622 personnes, dont 55 261 civils, se répartissant ainsi : Bosniaques et Croates : 72 000 (dont 38 000 civils et 6 000 soldats croates) , Serbes de Bosnie : 30 700 (dont 16 700 civils).

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