Les éditions Montparnasse
présentent

Editeur : Montparnasse, février 2010. Coffret 4DVD. DVD 1 : Morceaux de conversations avec Jean-Luc Godard. DVD 2 à 4 : Ensemble et séparés- Sept rendez-vous avec Jean-Luc Godard. Durée du film 1h58, durée totale : 9h30. 40 €

Dans Morceaux de conversations avec Jean-Luc Godard, Alain Fleischer filme le réalisateur dialoguant avec les étudiants du Fresnoy et certains de leurs professeurs, André S. Labarthe et Jean-Marie Straub. Alain Fleischer filme aussi à Rolle, en Suisse, dans son atelier de travail, des échanges entre Jean-Luc Godard et Dominique Païni et Jean Narboni. Il filme enfin la visite de Godard avec Christophe Kantcheff de son exposition au Centre Pompidou intitulée, Voyage(s) en utopie.

Ensemble et séparés- Sept rendez-vous avec Jean-Luc Godard est un ensemble de sept visioconférences avec Jean-Luc Godard. Pendant plus de 7h30, grâce à un système de relation Internet haut débit, entre son atelier de Rolle, en Suisse, et le Studio national des Arts contemporains - Le Fresnoy, Jean-Luc Godard s'entretient et échange des images avec les critiques et théoriciens du cinéma André S. Labarthe, Dominique Païni, Jean Douchet, Jean-Michel Frodon, Nicole Brenez et Jean Narboni, et l'historien de l'art Jean-Claude Conesa.

Une édition nécessaire pour s'approcher et appréhender les différentes chausse-trappes dressées par le cinéaste pour décourager la critique d'analyser son œuvre : celle d'un des plus grands génies du cinéma.

Ensemble et séparés - Sept rendez-vous avec Jean-Luc Godard (Alain Fleischer, 2007, 7h32). En octobre, novembre et décembre 2004, Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains a entrepris avec Jean-Luc Godard une collaboration dans la perspective de l'événement exceptionnel auquel il travaillait pour sa présentation au Centre Pompidou en avril 2006.

Autour de l'œuvre du cinéaste et de thèmes qui l'occupent (esthétiques, théoriques, moraux et politiques...), sept rendez-vous ont été organisés avec André S. Labarthe, Dominique Païni, Jean-Claude Conesa, Jean Douchet, Nicole Brenez, Jean Narboni et Jean-Michel Frodon, créant la proximité en respectant la distance, grâce à des visioconférences via le haut débit.

On y voit, on y entend Jean-Luc Godard dans son studio de travail à Rolle en Suisse, et ses interlocuteurs au Fresnoy.

 

Entretien avec Dominique Païni sur l'exposition (0h20).

Dominique Païni affirme ici pleinement son rôle à la fois modeste et héroïque de commissaire de l'exposition que Godard répudia pour affirmer pleinement son geste artistique. Comme pour une adaptation de roman, il a fallu que Godard reconstruise le scénario initial et le réinvente


Ensemble et séparés 1 : André S. Labarthe, le 28 septembre 2004 (0h07)

Dès La sortie des usines Lumière, le cinéma se répète et se cite avec une deuxième version. Après soixante ans d'existence, le cinéma découvre son vrai personnage, le temps. Dans le cinéma des studios, on expulse le temps parce qu'il gêne. Antonioni, le premier, isole la particule temps. C'est comme une bombe à retardement qui détruit tout ; ainsi dans L'avventura, la disparition du personnage principal. Truffaut décriait chez Antonioni le fait que lorsqu'un personnage passe une porte, la camera reste sur celle-ci quelques secondes. C'est dans ces morceaux de champ vides que le temps s'engouffre. Le temps est désorienté. On ne sait plus où aller. Cela a été pressenti par le néoréalisme ou Beckett. Les films de Godard s'inscrivent sans ce basculement qui a suivi la grande narration hollywoodienne.

Ce monologue de Godard reste sans réponse car le cinéaste ne l'a probablement pas entendu à Rolle

 

Ensemble et séparés 2 : avec Dominique Païni, le 6 octobre 2004

Godard tente de déstabiliser Dominique Païni en ne s'éclairant qu'avec une bougie et de protester alors que la conversation sera nulle puisqu'on ne verra rien." Ce qui est bien c'est ce que vous direz (...) Si vous voulez être dans le noir c'est très bien" finit par lui dire mi-amusé, mi-excédé Dominique Païni.

Avec la figure de l'idiot, Dominique Païni trouve une ligne cohérente dans l'œuvre de Godard contre la prétention, l'esprit de sérieux et le pouvoir

Seront abordés : Michel Piccoli dans Le Mépris, Pierrot le Fou, Le langage de Godard, Le tennisman, Soigne ta droite, King Lear, Filmer et projeter.

 

Ensemble et séparés 3 : Jean Douchet, le vendredi 8 octobre 2004


Dans Vent d'Est ce sont des enfants en vacances après 1968. Un film joyeux avec de l'humour ; des enfants qui jouent à la politique. Mais il reste des choses qui peuvent être discutées aujourd'hui, telle la préparation des attentats qui fait penser à Al-Qaida. Les costumes sont une influence du Berliner ensemble de Brecht, sérieux et drôle

Dans le langage cinématographique, le contrechamp porte le conflit, l'accentue. Il semble que Godard ait effacé le champ contrechamp de sa pensée. Godard affirme que c'est un point important. Il y a peu de champ contrechamp chez Rossellini sauf dans Le général della Rovere fait pour des raisons financières et qui a eu plus de succès que ses autres films. Le vrai contrechamp, ce serait celui, après la géométrie de Pascal de l'algèbre de Descartes. Trop souvent, on a du champ à tout bout de champ ; il n'y a plus de contradiction.

Dans le filmage de cette conférence, dit Godard, il n'y a pas de vérité de l'espace et du temps propre de chacun. Il faudrait introduire dans notre conversation des plans qui montreraient comment nous sommes en train de gagner notre vie.

A Douchet qui craint que ses trous de mémoire ne relèvent de la maladie d'Elsheimer, Godard répond que ce serait plutôt le syndrome Renée saint Cyr, un contretemps.

Si on te donne un crayon ou un pinceau, tu ne seras pas un grand peintre. Or tout le monde croit qu'il peut faire du cinéma avec une caméra. Aux étudiants qui lui demandent conseil pour faire un film, Godard répond d'imaginer comment parler de soi pour une journée mais pas de façon factuelle. Ensuite l'étudiant devra projeter ce film et savoir s'il est possible d'avoir de l'argent avec ça. Les critiques, ce sont les délégués syndicaux du cinéma, il faudrait les fusiller, avec des mots bien sûr.

Douchet interroge Jean-Luc Godard sur Voyage(s) en utopie. Le projet de Païni est d'exposer dans une salle des films de Moulet, Gallo, ou Godard afin qu'ils soient vus durant plus longtemps. Pour Godard, le musée, ce sont des œuvres mortes qui ressuscitent ou, moins religieusement, qui suscitent une révélation. Ce n'est pas pour des œuvres vivantes... mais l'idée d'exposer l'intéresse.

 

Ensemble et séparés 4 : Jean-Michel Frodon, le 8 decembre 2004

Frodon indique qu'il parlera comme critique, c'est à dire dans un rapport à l'œuvre d'art et comme journaliste, dans un rapport aux informations. Il interroge Godard sur son affirmation faite à Serge Daney à propos de la disparition du personnage au cinéma.
Godard atténue son propos de jadis. Il s'agissait surtout d'aller contre la critique qui se contentait souvent de dire ce qui arrivait au personnage, contre l'acteur qui déclare vouloir se mettre dans la peau d'un personnage. Se mettre dans la peau d'un personnage, c'est ce que fait Kurt Jurgens qui se dans la peau de Michel Strogoff. On est sur alors d'avoir un mauvais film. Le personnage existe souvent en dehors du cinéma, ainsi Staline était-il un personnage.

Je vous salue marie est parti d'un texte de Françoise Dolto : L'évangile au risque de la psychanalyse. C'est l'histoire de la confiance. Le problème de l'homme est qu'il ne peut jamais être certain que l'enfant est de lui. Godard a pour principale activité de douter. L'image est la personne, le texte est le personnage. Croyance en l'histoire pour le cinéaste. Frodon indique que c'est aussi le problème du spectateur qui paie pour croire à une histoire

Il voit une rupture dans l'œuvre de Godard dès son troisième film. Le premier plan du Petit soldat. "Pour moi le temps de l'action est passé, le temps de la réflexion commence". Godard prend le contrepied : "Non le temps de la réflexion est passé, le temps de l'action commence" réplique Godard en parlant de Notre musique. Les gens ont le courage de vivre leur vie mais pas de l'imaginer. C'est le privilège des artistes.

Conférence Q'est-ce que l'acte de création ? donnée par Gilles Deleuze. Après les sociétés de souveraineté, Foucault voyait des sociétés disciplinaires, caractérisées par la constitution de lieux d'enfermement : prisons, écoles, casernes, hôpitaux, usines. Aujourd'hui, se dessinent de sociétés de contrôles : plus besoin de milieu d'enfermement avec le travail à domicile, le mélange école et profession, ou les autoroutes. L'information devient le système contrôlé des mots d'ordre. La contre information est inefficace ainsi celle des juifs sur les camps. Ou alors la contre information devient acte de résistance.

L'oeuvre d'art n'a rien à faire avec la communication. L'œuvre d'art ne contient aucune information. Selon la théorie de Shanon, toute information génère du bruit. Le bruit gêne l'information que l'on croyait entendre, sous les motifs de l'histoire, une autre histoire qui rejoint l'autre à la fin.

Suivent des réflexions sur l'image et le texte, le droit d'auteur, la preuve par l'image.

Ensemble et séparés 5 : Jean-Claude Conesa, mercredi 20 octobre 2004

Jean-Claude Conesa a choisi comme corpus d'analyse, Une femme est une femme, Made in USA et Alphaville. Godard s'étrangle : "les deux premiers films, c'est ce que j'ai fait de plus mauvais ! Made in USA est un film tiré à la ligne. Il a pâti de Deux ou trois choses que je sais d'elle, fait en même temps."

Pour Conesa, Une femme est une femme est caractéristique du rapport entre le voir et l'énoncé : est-ce qu'une langue qui est prise au mot cesse de vivre ou prend d'autres sens ? Made in USA est caractéristique de la déconstruction du langage. "On peut voir cela" dit Godard mais ce n'est pas réalisé dans ces films ; les plus mauvais avec Bande à part".

Suivront les thèmes de L'homme et la machine, L'écriture, Le Moïse de Michel-Ange, La déconstruction, Le langage dans Alphaville, Cinéma et scopes, La réconciliation des contraires, L'image et le texte.

 

Ensemble et séparés 6 : Nicole Brenez mercredi 17 novembre 2004

Ciné-Tract 1968. C'est un witz, un mot d'esprit dit Nicole Brenez. Plutôt une idée de scénario évoquant Malevitch, le sang, coréalisé avec Fromanger.
Le Mozambique. Reportage italien sur son travail au Mozambique. Godard voulait faire Naissance de l'image d'une nation. Il n'a pas réussi.
Visual Essays : Origins of the Film. Un cinéaste canadien inconnu qui voulu aussi faire une Histoire du cinéma dans les mêmes années que Godard.
Allemagne neuf zéro. L'histoire d'un espion pris dans la solitude d'une nation qui disparait. Il cherche l'Ouest et après un grand parcours, il revient à Berlin car l'Ouest est partout. Don Quichotte, figure de la solitude dans l'Allemagne où il n'y a que de la culture allemande sauf ce don Quichotte. Mais Charles Quint est, à l'époque, empereur d'Espagne. Godard reconnait sa dette envers L'âme romantique et le rêve d'Albert Beguin.
Nicole Brenez se reconnait dans l'analyse de Louis Seguin reconnaissant au film une volumétrie de sens large qui se résume au geste de poser une fleur sur un tombeau. L'image n'est pas un simulacre mais un acte éthique. Hans et Sophie Scholl jouent du violon, résistent au nazisme en posant des affiches et se font arrêter." Le rêve de l'individu, c'est d'être deux. Le rêve de l'état, c'est d'être seul." Ils ont sauvé l'image d'une nation.
Dans le noir du temps.

 

Ensemble et séparés 7 : Jean Narboni Vendredi 26 novembre 2004

C'est sans aucun doute, Jean Narboni qui pousse Jean-Luc Godard le plus loin dans la discussion critique des aspects les plus controversés de son œuvre.

Pour Narboni, des éléments de Allemagne neuf zéro se retrouve dans Notre musique et Eloge de l'amour. Dans Notre musique, on trouve aussi un état entre la construction et la déconstruction, Les tramways, La phrase de Sophie Scholl est dite par l'ambassadeur à Sarah Adler dans le hall de voitures. La rose blanche évoque la résistance.

Dans Eloge de l'amour, on retrouve les thèmes de la guerre mondiale, de l'extermination, l'essor de la langue. On semble sortir d'un long sommeil vers des lieux qu'on ne reconnaît plus, méconnaissables comme dans un mauvais rêve de Lemmy Caution

Godard fait état d'une différence fondamentale. Dans Allemagne neuf zéro c'est un état qui disparaît, qui se suicide alors que dans Notre musique, il cherche à renaître. Il y a un "retour en avant" dans Notre musique, quelque chose de neuf comme il y a un "retour en arrière" dans Eloge de l'amour comme dans Allemagne neuf zéro.

Il affirme l'importance pour lui du romantisme allemand plus que de la culture italienne. Son classement de bibliothèque est alphabétique mais, à la lettre A, par laquelle il commence, on trouve toute la littérature allemande.

La genèse de Notre Musique. Notre musique devait être, au départ, l'histoire du soldat américain qui tue Webern. Un critique musical allemand découvre, dans un concert, que celui qui va épouser sa fille est cet assassin. Narboni lui dit que cet américain était un noir. Il était noir (ivre) s'amuse Godard. Le projet a évolué quand Godard a été invité au salon du livre de Sarajevo. Forte impression de la ville après la catastrophe, quand il n'y a plus personne. Il faut alors, soit continuer à vivre, soit renaître. Le film est parti du décors. Le film aurait pu être un documentaire sur les intervenants du salon du livre fait avec une caméra vidéo.

Narboni lui fait remarquer que les critiques n'ont pas compris qu'il y avait deux filles. Sarah, d'abord, qui disparaît de l'histoire puis Olga, qui devient le personnage principal. Sarah Adler, israélienne ne voulait pas jouer Iphigénie, la martyre, la kamikaze. Godard dédouble le personnage. Ce sont deux sœurs spirituelles. Les Indiens ne sont pas comme don Quichotte dans Allemagne neuf zéro. Godard a repris une idée d'Elia Zambar où les Indiens sont comme les Palestiniens massacrés. Ici, les gens de Sarajevo n'ont pas tous été tués, n'ont pas perdus leur territoire mais ont comme des frères imaginaires des palestiniens, et donc, des Indiens.

Champ/Contrechamp. Narboni interroge Godard à propos du champ contrechamp du film. Dans Les enfants jouent à la Russie, Godard dit avoir déjà dit que la grandeur du cinéma soviétique est d'avoir ignoré le champ contrechamp. Celui-ci n'est pas né en France mais aux Etats-Unis, probablement comme induit par le jeu de ping pong entre le producteur et le réalisateur. En Russie, il y a des commissaires politiques mais pas de producteurs.
Narboni rappelle qu'au-delà du champ contrechamp il y a le tiers qui manque. Dans, Eloge du découpage classique, article du numéro 300 des Cahiers, Godard parlait de l'adaptation d'Une ténébreuse affaire de Balzac. Perade et Corentin observant mademoiselle de Cinq-Cygne, juste une seule fois, auraient pu faire un beau champ contrechamp.
"Quand on voit le visage en face, on voit qu'on ne peut pas tuer" dit Levinas. Ce à quoi ne croit pas Godard, pas plus que Narboni qui convoque Jean Genet. Le contrechamp n'a jamais existé, c'est du champ champ, on double le champ. Beethoven dans Allemagne neuf zéro dit "L'union parfaite de plusieurs voix empêche, somme toute, le progrès de l'une vers l'autre". L'union empêche le véritable dialogue.
Dans la succession de plans entre Carry Grant et Rosalyn Russel, Hawks ne cherche pas la suite ; l'un est équivalent de l'autre; il ne cherche pas à savoir en quoi l'homme diffère de la femme. Le contrechamp existait davantage dans le cinéma muet où les intertitres jouaient un rôle de respiration pour introduire une autre idée.
Palestinien et israélien, il faudrait un contrechamp. La musique israélienne devient palestinienne. Mêmes injures, mêmes choses. Il faudrait autre chose, qui rende l'image d'après nécessaire. Le Palestinien n'est pas le contrechamp d'Israël. Elias Zembar dit "L'Israélien, quand il dort, rêve de la Palestine alors qu'il devrait rêver d'Israël. Le Palestinien rêve de la Palestine".

Le texte et l'image. Descartes abandonne la géométrie pour l'algèbre. Il recourt à l'équation, à du texte pour expliquer les coniques. Pascal continue de voir la coupe d'un cône géométriquement. Oui à l'image, non au texte, pratique plus complexe. Lanzmann, Kazanski, les historiens font toujours du texte. Godard professe son admiration pour Michelet qui écrivait avant l'invention de la photographie. Il a fait de l'imagerie et a donc été déconsidéré pour cela. Godard avait écrit à François Furet à propos d'un texte sur la révolution française bien écrit car les documents y jouaient un rôle d'image. Mais il n'a pas aimé La fin du communisme où ce n'est que du texte. Ces historiens n'ont jamais regardé une image dit-il. Ils ne se servent pas ni d'Eisenstein ni de Vertov.

Godard avait proposé deux séries de photos à des étudiants. L'une de propagande nazie sur des jeunes files en uniforme, blouse blanche et foulard, qui souriaient. L'autre de propagande soviétique avec les mêmes uniformes, les mêmes costumes. Est-ce que vous voyez une différence entre les sourires ? Il y a une différence entre ces deux photos en gros plan qui sourient. Quels que soient les crimes des staliniens, le sourire de la jeune fille avait de la foi, de l'espérance. Dans celui de la fille nazie, on ne trouvait que de la force. Godard affirme qu'il y a une différence. Narboni n'est pas convaincu : "Ce n'est pas le contexte que tu connais ?" A François Furet, il reprocha de n'avoir pas vu ça ; à Narboni, il se contente de dire que c'est vrai pour ces deux jeunes filles là. Pour tout le peuple, il ne sait pas.


Nécessité d'avoir un ennemi. Avec Kazanski, je joue en contre. Il faudrait faire la suite avec une discussion sérieuse. Ici et ailleurs : les juifs, au dernier degré de la décomposition dans les camps étaient nommés musulmans. Narboni fait remarquer que, chez Primo Levi, c'est un fait avéré. Et Godard de dire qu'il a pris l'information chez lui. Godard lisait le livre de Germaine Thillon sur Ravensbruck alors qu'il revenait du Liban aussi dans le numéro 300 des cahiers lettre à Elias Sanbar.

On lui a fait un mauvais procès. Quatre photos dans le livre de Didi Huberman prises depuis un four crématoire disent que des Juifs ont pu les expédier pour les envoyer en occident. Le texte est plus puissant que l'image (même dans les commentaires sportifs) mais surtout les textes sur l'image.
Pas montage vidéo plan Hitler et plan Golda Maer anciennement parce que les deux prononcent le mot Palestine critiquable parce que mauvaise interprétation.
C'était le mot Palestine qui était la qualité commune et pas une ressemblance. Artistiquement pas bien fait contenter de mélanger mais le fond n'est pas maîtrisé
Deleuze dit que le montage chez Godard agit par analogie c'est un processus de dissociation et non de rapprochement.

Documentaire Victor Klemperer sur LTI qui remarquait les mêmes termes entre nazis et américains. Ainsi de l'affiche "un peuple, une terre". Klemperer explique que les les sionistes ont repris ces termes. "Tout ça c'est des étincelles" comme disait Benjamin. Victor Klemperer était un des nombreux juif allemand. Il y avait une proportion plus forte de Sigmund et Siefreid dans l'armée en 1914 que dans le reste de la population. C'était un pur allemand, athée, juif, violemment antisioniste comme Hannah Arendt.

Le texte biblique est totalitaire parce que sans image mais le marxisme n'est pas totalitaire non plus. C'est ceux qui s'en emparent qui le sont. L'hébreu n'a que des consonnes et Rimbaud n'aurait pas pu écrire le sonnet des voyelles. Arafat et Sharon, le texte est plus guttural, moins d'arabesques et de façon de le prononcer ou non suisse allemand ou suisse français. Juif musulman aujourd'hui les Palestiniens sont les juifs des juifs. Si la deuxième est bien produite, il y en aura une troisième. Si une image de Cary Grant ou de Depardieu, puis, ensuite une deuxième image avec leur partenaire féminin, on en reste à la première image. Ce n'est pas la peine, tu te répètes et ca s'annule. Que ce soit ce système là qui soit privilégié, c'est un fait.


Documentaire et fiction.Texte image, réel imaginaire, documentaire fiction Niels Borg et Eisenberg à Elseneur. Borg dit c'est le château d'Hamlet, revendique une supériorité de la fiction sur le documentaire. Droit poétique du coté, le texte fait image, l'image ne fait pas image. Aux cahiers défendu
Russes fictions film avec acteur
Etre et avoir la justice, le maître d'école n'était ni acteur ni auteur. Pourtant c'était son texte de tous les jours. Si Nicolas Philibert a raison nous ne sommes pas on ne va pas donner au singe une banane
Six fois deux : guerre contre les reporters photographe qui ne payent pas. On doit rétribuer d'une façon ou d'une autre. L'agence doit verser pour Sebreniska ou verser à Amnesty international. Filme un personne qui agonise un soldat qui fusille un autre or les documentaires sont mis en scène comme les usines Lumière ou Nanouk. Etre et avoir très bien puis très mauvais une bonne pour le féliciter.

Israël et Palestine. Mahmoud Darwich poéte dialogue avec Sarah Adler et lui dit à propos d'Israël "Notre grande force c'est de les avoir comme ennemi". Du style du champ, du contrechamp avec des troisièmes images. Dire "c'est degeulasse", on ne fait que la première image. Hitler a prononcé une fois le mot Palestine. Les israélites auraient bien voulu éliminer le mot Palestine.

Le dandysme, c'est la grandeur sans la conviction; Suicides dans Pierrot le fou. Suicide acte pur de la décision, ni pour se faire regretter, ni par souffrance. Mais c'est aussi le sacrifice (carton procès de Jeanne d'arc). Le visage de l'autre vous met en infériorité, dit Levinas. On devient le gardien de ce visage. Genet dans Le captif amoureux dit le contraire : on a envie de lui marcher dessus. Juive française d'origine russe kamikaze, Godard affirme que c'est ce qu'il aurait pu faire. Risquer sa vie pour la paix. Elle demande qui veut bien risquer sa vie aussi pour cette paix.

Narboni lui demande si c'est la même chose que le bonze vietnamien qui se fait brûler dans Personna ou Ian Palache en 1968. Godard fait une différence, là elle est seulement prête à mourir. Elle prend le risque, met sa mort en question. Qu'il y ait 1 000 suicides de Palestiniens et aucun martyre israélien interroge Godard. Narbonni lui rappelle qu'il y a des morts civils. C'est vrai répond Godard mais aucun israéliens ne s'est suicidé. Ils sont partis avec des chars.

Religion et sociabilité. Godard n'emploie pas de déclaration détournées, qui ne seraient pas exactes. influence de Simone Weil. Olga comme Nana qui pleure devant Dreyer. Le second prénom de la mère de Godard, Odile était Marie. Influencé par Bernanos mais n'a pas cru à une adaptation de Chantal dans la joie.
Je suis le seul vrai juif du cinéma (en restant uniquement dans le domaine du cinéma) j'aime bien être avec les autres mais j'aime bien ne pas faire comme les autres en même temps que je suis avec les autres. M'aide à comprendre le destin glorieux de ce peuple. Narboni lui rappelle une citation proche de Kafka.


Grandeur et décadence, filmé en vidéo et qui l'est resté, se prête bien à un vision sur un écran de télévision. Godard aimait bien l'aspect "Petit commerce du cinéma" et garde un bon souvenir de Mocky. L'immense ronde des figurants déclamant la phrase sur le temps est en rapport sur la longue phrase de Faulkner. Celle-ci vient d'un article sur Faulkner de Sollers qui cite la phrase. Godard croit qu'il la reprend dans Hélas pour moi

A la fin du film, lorsque les gens jouent sans balles, Godard finit par reconnaître qu'il a pensé à Blow up. Importance de la croyance. L'avion à la fin de Notre Musique, c'est, explique Narboni, celui de l'ami du grand-père, le dialogue se fait et va être proposé à Arretz. L'ambassadeur a donc démissionné. Godard, admiratif, félicite une nouvelle fois Narboni qui se dit très content d'avoir discuté avec lui. "Merci Jean, salut Jean-Luc".