Aelita
de Yakov Protazanov
La fin de Saint-Pétersbourg
de Vsevolod Poudovkine
Tempête sur l'Asie
de Vsevolod Poudovkine
Le village du péché
d'Olga Preobrazhenskaya

Les éditions Montparnasse. Février 2010. Quatre DVD, 10 € chacun.

 

La deuxième vague des classiques du cinéma russe qui succède à celle d'avril 2009 est l'occasion unique de voir dans des copies restaurées et magnifiques, des films essentiels pourtant très peu vus, souvent mal résumés et commentés dans les histoires du cinéma.

 

Aelita de Yakov Protazanov
L'ingénieur Loss réceptionne un curieux message qui semble venir de l'espace. Déçu par sa femme Natacha qui semble le délaisser, Loss s'évade en rêvant de la planète Mars. Il imagine une société totalitaire où il pourrait mener la révolution, et tomber amoureux de la reine Aelita.

Tourné dans le but de concurrencer les productions étrangères, ce blockbuster de la NEP bénéficiait d'un budget important que l'on retrouve dans des costumes et des décors futuristes, et marquait le retour sur les plateaux bolcheviks du talentueux cinéaste pré-révolutionnaire, Yakov Protazanov.

Sous couvert d'un film de science fiction, Protazanov décrit avec une étonnante liberté, les conditions de vie difficiles des habitants de la capitale russe, soumis au rationnement et aux logements surpeuplés du fait de l'arrivée des nombreux émigrants de la campagne.

Les décors s'inspirent assez largement de l'esthétique art nouveau des films de Marcel L'Herbier (avec une très belle Aelita, incarnée par Youlia Solntseva pas encore mariée à Dovjenko) alors que l'intrigue de science-fiction rappelle le Metropolis de Fritz Lang. Plus original, le personnage de Erlikh, un rusé et assez sympathique prévaricateur et la belle histoire d'amour entre Loss et sa femme Natacha.

 

La fin de Saint-Pétersbourg de Vsevolod Poudovkine
Un jeune campagnard se rend à Saint-Pétersbourg pour trouver du travail à l'usine. Sans le vouloir, il brise la grève de ses compatriote avant de se retourner contre son patron et d'être envoyé à la guerre, en 1914. Après trois années au front, il rentre, prêt à participer à la Révolution d'Octobre.

Film magistral de Poudovkine qui montre à la fois la situation des campagnes en 1914, l'activité des bolcheviques dans les usines et le carnage de la guerre de 1914.

Le montage alterné entre la situation sur les champs de bataille, où les soldats se font tuer sans savoir pourquoi, et la description de la bourse où montent les actions de Lebedev qui fabrique pour l'armée et l'Etat trouvera son magnifique point d'aboutissement dans le flash-back collectif qu'imposera le jeune soldat par son "Camarades" à ceux là qui viennent l'exécuter. Alors que les soldats sortent du rang pour le fusiller, le jeune paysan, qui est devenu bolchevique à l'armée, s'écrit en effet "Camarades". Et ceux-ci se souviennent alors en des flashes rapides, des humiliations subies à l'usine et des combats meurtriers de 14. Ils détournent leurs armes du soldat et fusillent leur général. Ils se dirigeront ensemble vers le palais d'hiver pour mettre fin à saint Petersbourg qui deviendra Leningrad.

"Un film d'Eisenstein ressemble à un cri, un film de Poudovkine évoque un chant", a écrit Léon Moussinac, c'est bien ce que prouve La fin de saint Petersbourg.

 

Tempête sur l'Asie de Vsevolod Poudovkine
Au début des années 20. Baïr, vendeur de fourrures nomade, se réfugie dans les montagnes de Mongolie, sous occupation anglaise, après avoir été escroqué par un négociant en fourrures américain. Deux ans plus tard, dans un pays en pleine guerre civile, Baïr est capturé par l'armée qui tente de mater la rébellion. Lorsqu'un soldat découvre sur lui une amulette ayant appartenu à Gengis Khan le désignant comme héritier du grand empereur, Baïr devient un instrument inespéré pour détourner le peuple de la révolution.

Tournée en décors naturels, cette grande fresque historique nous dévoile la Mongolie de 1920 qui tente de se libérer de la domination britannique. Avec d'éblouissantes séquences épiques, Vsevolod Poudovkine réalise ici un film à grand spectacle solidement soutenu par un scénario ingénieux où un héros ordinaire lutte seul contre les plus grandes puissances en place. Grâce à sa grande notoriété, Poudovkine obtint avec l'accord du Dalaï-lama l'autorisation de filmer une cérémonie traditionnelle dans un temple.

 

Le village du péché d'Olga Preobrazhenskaya
Dans le petit village russe de Ryazan, en 1914, Anna et Ivan tombent amoureux. Mais Ivan doit partir à la guerre. Profitant de son absence, son père fait des avances à la jeune femme et finit par la violer. Elle tombe enceinte. Quelques années plus tard, Ivan, que l'on croyait mort, revient du front, vivant. Il découvre sa femme avec un bébé, rongée par la honte et la culpabilité.

Olga Preobrazhenskaya, l'une des rares femmes cinéaste de l'époque soviétique, fait preuve d'un féminisme discret. Dénonçant le poid des traditions de l'autoritarisme patriarchale qui pèsent sur les jeunes générations, elle montre que les femmes en sont les premières victimes.

Le village du péché décrit assez précisemment une fête de mariage populaire et le travail des champs avec lyrisme.

La version intégrale a été récemment retrouvée et restaurée par Lobster. Elle est accompagnée d’une musique originale composée par Serguei Dreznin, dont la musique inclut des chants des femmes du village Ryazan, enregistrées il y a plus d’un demi-siècle.

 

 

 

 
présentent
 
Deuxième vague des classiques du cinéma russe