Viva Erotica

Sing, réalisateur qui n’a pas travaillé depuis un an après le flop de ses deux dernières productions, vit avec sa petite amie, May, qui travaille dans la police. Son producteur, Chung, le contacte pour l'informer qu'un financier est intéressé par son dernier scénario. En fait, le financier, Pui, est un chef de gang et ne desire rien d'autre que de produire un film érotique avec Mango, sa protégée, pour vedette. Sing sait qu'il ne sait rien faire d'autre que de réaliser des films et accepte donc, pressé par Chung et May. Dans un bar, le célèbre Anthony Wong vient se moquer de l'équipe que rassemble Sing.

Le tournage débute mal. Mango est réticente à se mettre nue; elle ne s'entend pas avec son partenaire, Wah, et le tournage caméra à l'épaule rend toutes les scènes floues. Chung entraine Sing voir l'avant première de A Chinese Torture Chamber Story (Bosco Lam, 1994) que le public defend ardemment alors qu'il ereinte Un tramay sans roue de Derek Yee. Celui-ci, sollicité par un jeune réalisteur avec une équipe d'amateurs, finit par se suicider.

Sing et Chung décident de tourner une scene érotique en pleine rue afin de marquer les esprits. Le tournage suscite le scandale et la désapprobation de la mère de Sing qui passait par là et la colère de Mango.

Sing rencontre le jeune réalisateur admirateur de Derek Yee qui lui confie le dernier message d'outre-tombe que, dans un rêve, celui-ci lui a donné : le suicide n'est pas une solution. Il suffit de travailler au jour le jour ce que l'on sait faire. Sing reprend courage.

Sing reprend son scénario et decide de faire de Wah un impuisant rendant moins stérétopypées les scènes de sexe. Surtout entraîne l'équipe voir un match de football et transmet le message qu'une équipe de tournage est comme une équipe sportive où chacun se démène sans savoir si le match sera gagné ou perdu. Mango commence à respecter Sing et celui-ci en tombe amoureux, rêvant d'elle. May s'en aperçoit et décide de déménager, encouragée par la propre mère de Sing estimant qu'une vie avec un cinéaste est une impasse tant il pense à son métier.

Le tournage fourmille dorénavant d'idées avec une belle scène erotique au milieu de bouteilles colorées. Mais alors que Sing s'imagine déjà recevoir le prix du meilleur film, le plateau prend feu et malgré le courage d'un assistant, les négatifs ne peuvent être sauvés. Pui refuse de financer la scène dont les négatifs ont été brûlés. Mango reste néanmoins avec l'équipe et, sur le pateau brulé, c'est une nouvelel scène érotique sur fond noir qui est tournée. Le film est un succès.

Sing a retrouvé ses esprits et assure May de son amour qui est prête à de nouveau vivre avec lui. Mango n'est d'ailleurs plus actrice. Elle a réalisé son rêve: épouser un chirurgien mais si les enfants qu'elle rêvait se sont transformés en deux gros chiens. Sing, décidé à innover toujours, décide sur le nouveau film éerotique qu'il tourne, afin d'éviter la gêne des acteurs, que toute l'équipe technique soit également nue.

Sous son aspect de comédie dans le milieu du cinéma érotique, il s'agit aussi avec ce film dans le film d'un art poétique que délivre Derek Yee. Un réalisateur ainsi dénommé, interprté par Lau Ching-wan, se suicide devant l'insuccès de son film, Un tramay sans roue. Mais comme il l'exprime dans le rêve d'un cinéaste amateur, ce n'était pas la solution à ses problèmes. Il aurait dû travailler.

Ce n'est ainsi pas Derek Yee mais bien Sing, le personnage principal du film, qui est l'alter ego du réalisateur. Les qualités demandées pour réaliser un bon film sont de travailler sans cesse son scénario; de s'assurer du soutien de l'équipe technique (ici surtout son producteur et son directeur de la photographie mais aussi son assistant) et des acteurs.

Le réalisateur Anthony Wong fait un caméo. Mais c'est Shu Qi qui crève l'écran, obtenant ici son premier grand rôle avant d'être révélée par Millennium mambo (Hou Hsiao-hsien, 2001). Dans une brève discussion avec Sing, elle décrit son parcours réel de jeune fille pauvre venue de Taïwan pour percer dans le cinéma. Ce parcours de figurant réussissant à obtenir un premier grand rôle sera le sujet de I am somebody (2015), l'autre grand film de Derek Yee sur le cinéma.

Jean-Luc Lacuve, le 26 novembre 2024