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Les nus et les mort

1958

(The Naked and the Dead). Avec : Aldo Ray (Sergent Sam Croft), Cliff Robertson (Lieutenant Robert Hearn), Raymond Massey (Gen. Cummings), Lili St. Cyr (Lily), Barbara Nichols (Mildred), William Campbell (Brown), Richard Jaeckel (Gallagher), James Best (Rhidges), Joey Bishop (Roth), Jerry Paris (Goldstein). 2h11.

La guerre du Pacifique fait rage. Le général de division Cummings, détesté de ses hommes pour son inhumanité et son intransigeance, doit reprendre un certain nombre d'îles aux Japonais. Irrité par le conflit idéologique qui l'oppose sans cesse à son officier d'ordonnance, le lieutenant Hearn, il l'envoie prendre le commandement d'une patrouille de reconnaissance dirigée par l'impitoyable sergent Croft.

La section progresse difficilement dans une île voisine où, selon certains documents pris à l'ennemi, doit se trouver le PC du général Toyakou.

Croft, qui a été prévenu par l'un de ses hommes de la présence de Japonais, n'en dit rien à Hearn de peur que ce dernier ne donne un ordre de repli. Parvenu à proximité du mont Anaka, Croft blesse grièvement Hearn pour prendre le commandement du groupe. Tandis que trois hommes convoient le lieutenant vers la base, Croft, ivre de violence et de pouvoir, continue d'avancer avec le reste du détachement. Il se fera tuer par l'un de ses hommes, mais les survivants pourront envoyer à l'état-major des informations permettant de déclencher une offensive décisive.

Selon Jacques Lourcelles :
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Un des très grands films de guerre du cinéma américain. L'œuvre a ceci d'unique et de grandiose qu'elle est à la fois une étude approfondie de caractères et un récit épique, à la mise en scène ample et dense, montrant l'homme face à l'ennemi militaire, et face aussi à son ennemi le plus intime c'est-à-dire lui-même.

Après la sérénité et le dynamisme d'Aventures en Birmanie, c'est pour Walsh le temps de l'ambiguïté, de la complexité des points de vue et des personnages. Le personnage du sergent Croft a fait couler beaucoup d'encre à cause de son réalisme agressif de sa troublante vérité. Il n'entre dans aucun stéréotype des films de guerre, bien qu'étant une créature entièrement fabriquée par la guerre et, à la fin, détruite par elle. Si Raymond Massey incarne un haut gradé tenté par le fascisme en raison d'une fragilité et d'un déséquilibre intime qui font de lui le plus misérable sans doute des trois personnages principaux de l'histoire, si le lieutenant interprété par Cliff Robertson exprime le désir de trouver une conception humaniste des rapports entre gradés et hommes de troupe, Croft (auquel Aldo Ray a donné un visage inoubliable) est là pour rappeler qu'il n'y a pas de vision humaniste de la guerre.

L'évolution du personnage de Croft est caractéristique de ce qu'il y a de plus walshien dans les films de Walsh d'après guerre. Croft, grand professionnel de la tuerie, as de la survie, sera finalement détruit par ses propres tendances destructrices, par un excès d'audace et de confiance en lui-même. (A noter qu'il ne mourrait pas dans le roman de Mailer). Ce franchissement des limites par un personnage dont l'instinct de vie, débordant, excessif, devient un instinct de mort existe aussi dans L'enfer est à lui.

Deux autres aspects contribuent à la richesse de ce film-somme. Au milieu de ces conflits d'hommes, picaresques et cruels, Walsh installe, en particulier dans les flash-backs, une mémorable collection de femmes. Plus que le repos du guerrier, elles sont sa rêverie, son obsession et parfois sa folie. Enfin un humour constant, typiquement walshien, féroce et parfois énorme, donne à cette fresque une sombre couleur de farce, digne parfois d'un Breughel.
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Jacques Lourcelles : dictionnaire du cinéma

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