Une scène de théâtre davant-garde sur laquelle un couple sinsulte et se déchire.
Rentrés chez eux après a voir vu la pièce, Viva, Jim et Jerry commencent une discussion à bâtons rompus sur les stars (Jane Harlow, Clark Gable), lamour, le sexe (L'orgasme cosmique). Les trois, dans leur piscine, font linventaire des valeurs en hausse(General Motors, Paramount...), puis se livrent à un inventaire amoureux. Ils vont chercher à laéroport leur amie réalisatrice Shirley et lui offrent un tour de ville.
Nous assistons à diverses saynètes privées : les trois en Sainte Trinité, puis couchés dans le même lit, enfin prenant leur petit déjeuner dans la cuisine. Pendant ce temps, Shirley, dans un taxi, discute des conditions dans lesquelles elle va tourner son prochain film. Dans un bureau, le distributeur, le producteur du film et le directeur du studio discutent quant à eux son contrat. Viva, Jim et Jerry regardent Horizons perdus (Frank Capra) à la télévision 's'extasiant sur les décors naturels du Tibet et craignant la dégradation de la planète. Puis ils commentent un discours politique de Robert Kennedy, qui annonce sa candidature aux élections sénatoriales.
Aujourdhui, le trio garde des « enfants empruntés » qui leur donnent bien du mal, puis se métamorphose en trinité mystique priant dans une grotte. Les hommes daffaires continuent à discuter le contrat de Shirley. Dans une chambre, Shirley avoue son impuissance à avaler des pilules pour simuler son suicide à limage. Agnès entre dans le champ pour la convaincre.
Mardi 5 juin 1968. Tandis que la télévision annonce lattentat perpétré contre Robert Kennedy, puis son décès, deux appels téléphoniques apprennent à Viva les tentatives de suicide de Shirley Clarke et dAndy Warhol.
Les trois dînent nus devant la fenêtre, puis reçoivent la visite de leur ami Eddie. La télévision diffuse les images des funérailles de Kennedy. Viva, rejointe par Carlos, va rendre visite à Shirley, en convalescence, avec laquelle ils parlent dHollywood. Viva, Jim et Jerry rejouent, dans une piscine vide, une version aquatique de la pièce qui ouvrait le film. Lun après lautre, ils lèvent leur verre face à la caméra et monologuent en lançant une série de toasts.
En mai 1968, Agnès Varda est à Los Angeles avec Jacques Demy, venu tourner Model shop. Elle filme en Californie la naissance de la contre-culture : le rejet de la guerre du Viêt-nam, la culture flower power, le mouvement hippie.
Le casting de Lions love réunit des figures emblématiques de l'époque. À la réalisatrice américaine Shirley Clarke se joint un trio d'acteurs aux cheveux longs : l'égérie warholienne Viva, ainsi que Jim Rado et Jerry Ragni, auteurs de la fameuse comédie musicale Hair.
Dans le film de Varda, le trio déambule crinière au vent et fesses à l'air dans une maison louée sur une colline de Hollywood. Il discute, se dispute, est en recherche d'identité, de spiritualité, tente diverses expériences, dans les vapeurs odorantes de la marijuana. À ses côtés, un autre personnage majeur : la télévision qui diffuse en permanence les informations, parmi lesquelles l'assassinat de Robert Kennedy.
Tourné sans scénario ou presque, dans une improvisation enfumée ("Avec Viva, ils fumaient de l'herbe et aussitôt après se déshabillaient complètement, circulant à poil et sans raison parmi les fils électriques. L'équipe aussi fumait pas mal. Tous travaillaient à côté de leurs pompes, dans les vaps", se souviendra la réalisatrice), Lion Love est un témoignage parfait de la contre-culture hippie à son épicentre californien. En entretien, Agnès Varda développait sur le choix du titre complet, Lion Love (… And Lies) : "'Lions' ? Les trois acteurs en ont la crinière et un peu la sauvagerie. Ils se veulent les nouveaux rois de la jungle hollywoodienne. 'Love' ? Pour eux, c'est l'amour à trois. Mais tout est 'love' et 'in' en Californie. Les 'love-in', les 'be-in', même les 'drive-in'. Dans les parcs, les salles de concert, les maisons, il y a des fleurs, des sourires, de la marijuana. 'Lies' ? Le mensonge est partout."