Après cinq années passées dans un pénitencier américain pour usage et trafic de stupéfiants Bruno Calgagni rentre en France. Ces cinq années il veut les effacer mais il ne cesse cependant de penser à sa mère morte durant sa détention. Il se rend au nouvel appartement de son père et les retrouvailles ne sont pas très chaleureuses. Chef d'équipe sur un chantier, René Calgagni doit reporter leur entretien au soir après la journée de travail.
Bruno tente de trouver un emploi; bien qu'ébéniste, il se contente de prendre des travaux durs et momentanés. Un jour il est convoqué à l'hygiène mentale qui s'occupe de la réinsertion des drogués dans la vie civile où on lui propose une place dans une librairie. Les rapports avec son père deviennent de plus en plus orageux. Bruno rencontre cependant Catherine, ex-droguée qui travaille dans la librairie avec lui. Adrien Dussart, le patron homosexuel cache sa détresse et sa solitude dans une attitude d'esthète. Bruno essaie de renouer avec son père mais il apprend que celui-ci avait refait sa vie avant la mort de sa mère avec sa belle-soeur Madeleine. Les deux hommes s'insultent mutuellement et en viennent aux mains. Avec Catherine, il fait un voyage en Normandie mais la jeune femme ne peut se passer plsu longtemps de la drogue. Il en prend avec elle et espère que son travail sur Paul Klee la stabilisera. Mais ils replongent tous les deux dans la drogue. Grâce à Adrien et au soutien de Bruno, la jeune femme décide d'une vraie cure de désintoxication où elle finit néanmoins par s'inquiéter du silence de Bruno. Celui-ci a retrouvé son travail d'ébéniste et se remet à l'ouvrage tout en se reconciliant avec son père qui l'avait pourtant renié après être immobilisé chez lui à la suite d'un accident de travail. Bruno, dorénavant apaisé, téléphone à Catherine.
La décennie soixante-dix se clôt, pour Claude Sautet, sur le succès public et critique d'Une histoire simple (César de la meilleure actrice pour Romy Schneider et nomination à l'Oscar du meilleur film étranger). Le début des années quatre-vingt voit le cinéaste s'interroger sur la suite de sa carrière. En effet, il avait jusqu'alors consacré le meilleur de son talent à la peinture d'une génération, la sienne, et d'un milieu, cette classe moyenne d'origine populaire qui doute de la pérennité de son apparente réussite sociale.
Craignant l'auto-attendrissement et les redites, Sautet choisit alors, avec Un mauvais fils, de se pencher sur la génération des vingt/trente ans et d'évoquer les problèmes liés à l'usage de la drogue dans cette tranche d'âge. En même temps, par l'intermédiaire du personnage du père incarné par Yves Robert, il aborde les rapports conflictuels entre la jeunesse et ses aînés et met en cause la crispation rigide de ces derniers sur des valeurs conformistes et désuètes. C'est aussi la classe ouvrière qui est auscultée, à la veille de l'élection de François Mitterrand. Des manifestations de rue apparaissent à l'arrière plan. René est chef d'équipe sur un chantier du bâtiment. Bruno commence par de petits boulots comme manutentionnaire levé aux aurores parmi les émigrés algériens, dont son ami, Tailleb, qui l'héberge et lui trouve son travail d'ébéniste.
Patrick Dewaere, ici dans l'un de ses meilleurs rôles, définira son metteur en scène comme un «filmeur entre les lignes», confirmant par là que le domaine privilégié de Sautet demeure, quel que soit le sujet de ses films, celui des élans du cœur et du non-dit des sentiments. Solidité morale de Bruno dont les nerfs ne lâchent qu'une fois, lorsqu'il apprend la probable infidélité de son père qui avait déchargé toute la culpabilité de la mort de la mère sur lui. Toujours un demi-sourire en réserve face aux contrariétés, face au psychologue de l'hygiène mentale, aux rebuffades de son père, au rejet dont il croit être victime de Catherine.
Belle balade romantique en Normandie avec l'arrivée par Langrune-sur-mer, la halte à côté de la Brasserie de la marine où ils iront manger après la promenade et le bain d'anthologie sur la jetée de Luc-sur-mer.
Le retour à Paris sous la pluie entame le basculement dans la drogue avec une courte rémission due au travail sur Paul Klee. Le texte de son journal : "à 29 ans bien sonnés, je commence même à ne plus croire au malheur" s'accorde avec son pastel, Petite chambre à Venise. Mais tous s'en sortiront ; chez Claude Sautet, c'est sûr, la classe ouvrière ira au paradis.
Jean-Luc Lacuve, le 5 mai 2020.