Une courte présentation du contexte historique, la fin des années 60 : les manifestations étudiantes contre la guerre à Washington, le 14 novembre 1969 et le procès pour conspiration, ou procès de Huit de Chicago, de novembre-décembre 1969. Le split-screen fragmente ces deux évènements sur un texte assez obscur prononcé par Nicholas Ray :
"J'avais lu qu'un festival de la vie devait avoir lieu à Chicago, Illinois. Je me suis souvenu qu'à la fin du XIXe siècle, un gouverneur de l'Illinois avait refusé qu'un grand parti politique y tienne sa convention sous le prétexte qu'une telle manifestation pouvait inciter à des émeutes et des violences. Trois heures après mon arrivée en ville, j'avais été gazé et ma caméra avait été brisée....Voici le tribunal fédéral. Les accusés, des hommes comme Jerry Rubin, Rennie Davis, John Froines, Dave Dellinger, un quaker, Abbie Hoffman, Bill Kunstler. Fred Hampton fut assassiné dans une des embuscades les plus honteuses jamais perpétrées aux Etats-Unis. L'affrontement avait été trop dur. Les gens ont disparu peu à peu. Je me suis demandé : où sont-ils passés ? Par bonheur on m'a offert un poste dans une université de l'Etat de New York... Bon Dieu, j'ai décidé d'acheter une cane, de porter une barbiche, d'arborer un sourire en coin et de les impressionner par ma rhétorique, ma révolte et ma solennité."
Ray, dans les couloirs de l'université, demande à deux étudiantes successives de lui raconter leur premier souvenir traumatisant : "Je me rappelle la baie des cochons. Les yeux de Kennedy devaient pendre jusqu'au menton. J'ai couru au téléphone juste après son discours pour dire au revoir à mes amis. On croyait tous que l'holocauste allait arriver. Qu'est-ce que tu racontes ? Tu avais huit ans. Mes amis ont appelés leurs amis on croyait qu'on allait mourir. J'ai supplié mon père de nous emmener dans l'abri anti atomique". Les étudiants s'inscrivent et emmènent leur chèque à l'administration. Ray commente, ironique: "l'éducation : la grosse galette".
Titre du film fractionné en autant de mots que de plans puis ensemble de plans de séquences qui seront présentées ultérieurement sur le blues de Suzy Williams, intitulé Bless the family : "Bénie soit la famille qui chante ensemble qui vit et meurt ensemble Un chant jailli de ces gorges allant chercher quelque douleur enracinée. Ils s'efforcent à chaque note. Et ces tristes notes font vivre l'espoir et aident ce fragile amour à survivre. Bénie soit la famille qui vit et meurt ensemble, ensemble, ensemble.
Quelques images des cours de Binghamton. Jill cherche Richie. Un étudiant en mathématique explique pourquoi il a repris ses études à cause du bruit des machines. Nicholas Ray accueille trois étudiants Leslie, Richie et Phil. Les étudiants sont surpris. Les commentaires sarcastiques et ironiques fusent à propos du vieux cinéaste hollywoodien : " Elle était comment Marilyn ? T’as fait le film sur les Inuits ?" avant de reconnaitre qu'ils sont impressionnés par l'auteur des Amants de la nuit, de Johnny Guitare ou de La fureur de vivre, 1955. Ils le soupçonnent d'avoir plein d'argent alors qu'eux n'ont rien à foutre d'Hollywood et veulent faire des trucs.
Ray envoie aussi ses étudiants filmer une manifestation pour les détenus d'Attica, Son caractère bon enfant, loin des troubles de Chicago lui fait penser à un pique-nique de contestataires. Il leur demande de trouver une histoire de garçon et de fille. C'est Leslie qui va devenir le personnage central. Elle sera danseuse.
Nouvelle histoire de garçon et de fille avec Richie et Jill. On en sait qui joue quel rôle. Il y a aussi un psychodrame entre les étudiants : une fille qui ne met pas son pantalon où la bande qui n'accourt que lorsque le diner est prêt : choux fleur cru et crème glacée. Richie et Jill se disputent au lit : elle veut sortir avec plein de mecs cet été.
Dans la salle de montage, Ray joue aux fléchettes imprudemment puisqu'il manque d'éborgner Leslie qui entrouvre la porte sur laquelle est fixée la cible. Ray vise alors le poster d'un policer en uniforme. Tom Farrell s'insurge. Il n'aime pas que Ray dise du mal des policiers. Son père est policier à New York et fait honnêtement son travail, empêchant que des gens se suicident. Ray est ironique, ceux qui veulent se suicider n'en ont-ils pas le droit ? Tom n'est pas content, sil ne partage pas les idées de son père, il ne veut pas qu'on en dise du mal. Cet été il ira à la convention républicaine de Dallas, de Miami corrige-t-il confus. Elle raconte comment elle a racolé à Binghamton. Tous les capitalistes sont des porcs : Butch un taxi veut la maquer pour 2000 dollars qu'elle pense utile pour finir le film. Joe Lederer, journaliste écrivain pour Harper's magazine, est venu travailler au son. Il la félicite pour la scène qu'elle vient de jouer.
Jill et Richie s'étreignent avec des masques. Elle se met en colère. Ils décident d'aller à la piscine. Luke avec trois mecs vient dans cette piscine pour piéger un gardien; une certaine Marsha a tout arrangé.
C'est Dave qui vient raconter comment il a perdu 36 kilos dans une institution spécialisée fréquentée par les stars. Ray ne semble guère intéressé. L'histoire d'un garçon et d'une fille ce pourrait être celle de Jill et d'un vieil hippie lubrique
Nicholas Ray, plein écran, raconte une histoire drôle à un étudiant. Un sage déçu par l'enseignement d'autres sage s'en va trouve le Sphinx en Egypte : "Et sphinx peux-tu ouvrir ta grande gueule et dire une seule chose que je puisse ramener à l'homme pour le guider dans sa vie ? Pour la première fois en 5000 ans le Sphinx ouvrit sa gueule et dit : "N'en attends pas trop, N'en attends pas trop d'un maitre"
A cette époque, Leslie et Richie se retrouvaientt au coin de la 2e avenue et de la 3e rue... Leslie avec sa copine Jane, dans un couloir. Elle n'est pas bien, elle ne veut rien voir, elle a des crampes et pris des amphétamines. Elle veut que Ray l'aide, "qu'il essaie avec elle". Il lui propose un coin bien chaud et l'écoute avec une bière et une tomate. Leslie chante puis raconte : l'an dernier, elle était dégénérée : elle a rencontré un mec pour qu'il lui file sa blenno. Elle s'est sentie moche, comme maintenant. Ray se met un second bandeau sur son deuxième œil et ordonne le lancer de tomates sur Leslie. Leslie crie ; écran multiples, scènes de théâtre et images du Guernica de Picasso. Un étudiant proteste, un autre veut abandonner. Leslie rejoue la scène avec un étudiant brun barbu
Ray s'est habillé en Père Noël et erre le long d'une route enneigée. Il est renversé par un bus. Reprise de la chanson. Bénie soit la famille... pendant que son corps est mis dans un cercueil. C'est la remise des diplômes à Binghamton. Tom est à la convention républicaine de l'été 72 où Nixon est encore désigné pour la présidence. En entrant, de désespoir, il se rase la barbe. Sur un autre écran, il est serein, fumant la pipe, un canard blanc nage sur l'eau. Tom rapelelsa date de naissance, 1950, ses cinq ans et demi d'etudes pour etre pretre. Ray lui demande de rejouer la scène où il ne veut pas qu'il traite son père de porc, qu'il la dise calmement, en s'adressant à lui. Jane les écoute, proposent qu'ils dinent ensemble.
Ray est debout au petit matin ce qui intrigue Richie et Tom qui veulent le filmer. Ils se demandent s'il ne va pas se pendre dans la grange : ils pourraient filmer son suicide, ce que personne n'a jamais fait. Mais ray est venu dans la grange faire un nœud de pendu et s'irrite de ne pas savoir le faire alors qu'il a tourné tant de westerns. Richie l'invite à passer l'été avec eux. Il accepte : il sait que pour Jane l'été aussi sera dur; elle vient d'ailleurs dire à son ami asiatique Stanley, qu'elle ne peut rentrer chez elle, ses parents la croient toujours vierge. Stanley et Michalyn jouent au piano et finissent par se battre
D'autres étudiants s'en vont; Nick prend sa Bollex pour filmer encore mais cette fois, s'en est trop pour Tom qui craque. Leslie Richie et Nick partent à sa recherche et, fausse manœuvre ou vrai suicide, Nick se pend dans la grange. Il délivre un message final : Laissez le dormir mais pas trop longtemps pour qu'il retrouve son rêve. Les vannes s'ouvrent et l'eau se rue comme les gens contre les barrages et la rage. Mais réveillez-le à temps. Prenez soin l'un de l'autre. C'est votre seule chance de survie. Tout le reste est vanité. Nous, laissez-nous nous faire pendre.
Off: Bénie sois la famille qui aime ensemble et se donne un peu de réconfort. Si les enfants n'amassent ni gloire ni fortune, ils traverseront els années. Et ces six murs nous tiendrons au sec quand l'enfer se déchaînera des cieux. Bénie soit la famille qui rit et meurt ensemble. Générique.
We can't go home again est un film expérimental où l'un des plus grands cinéastes de genre a enfin l'occasion d'exprimer la quintessence de son art : aller toujours violemment de l'avant pour créer du neuf, expérimenter, changer, quitte à ne plus pouvoir revenir en arrière. Il saisit pour cela les expériences intimes les plus crus de ses étudiants tout en leur donnant une forme, un décalage avec la réalité, magnifiée par le split-screen et les innovations de la vidéo de l'époque.
Nicholas Ray, libéré de la contrainte hollywoodienne
Dans le préambule, Nicholas Ray commente des images qui devaient figurer dans le film The Defendant qu'il n’a pu mener à bien. Il prononce ainsi un texte allusif et poétique en contrepoint des images filmées le lendemain de son retour d'exil parisien. Une équipe qu'il dirige plus ou moins filme alors l'une des plus grandes manifestations étudiantes contre la guerre à Washington, le 14 novembre 1969. Suivra le procès pour conspiration, ou procès de Huit de Chicago. Ray a en effet filmé aussi pour The Defendant le procès des huit organisateurs des manifestations de juillet 1968, pendant la convention démocrate, qui ont été inculpés de conspiration. Il s'agit, dans leur procès de novembre-décembre 1969, de prouver leur intention de susciter la violence selon une loi qui, généralisée, aurait permis de neutraliser tous les leaders contestataires à l'échelle nationale. Le filmage de ce procès, mais surtout de la chambre couverte de sang juste après l'assassinat de Fred Hampton (on en voit une photo), mettra fin au projet.
Ray indique allusivement que cet échec du projet The defendant a entrainé pour lui une année de galère. Au printemps 1971, il quitte de nouveau les Etats-Unis. Il accepte l'invitation de Dennis Hopper qui, après le triomphe d'Easy rider, a tourné au Pérou The last movie. C'est là que Ray vient passer quelques mois durant le montage du film de son ami. Et c'est grâce à ses lettres de recommandation que Ray trouve un poste de professeur au Harpur College, dans l'État de New York.
Tous les étudiants sont fascinés par son aura, son prestige et certains espèrent qu'il les amènera avec lui à Hollywood si jamais il y revient. Et quand Nicholas Ray leur dit : "Mesdames et messieurs, le cinéma est un mode de vie. Je ne peux pas vous apprendre le cinéma, il faut en faire l'expérience. Je vais essayer de vous apporter cette expérience", il embarque avec lui la classe de cinéma pour une expérience de travail de deux ans.
Scénario, tournage, montage et projection : tout est expérimental
44 étudiants constituent, selon le générique, l'équipe de tournage, comédiens compris et 15 autres étudiants sont qualifiés d'équipe auxiliaire. Plusieurs histoires s'organisent à partir de l'expérience personnelle des étudiants mais quatre sont particulièrement mises en scène : les histoires du racolage de Leslie et de son naufrage moral l'an passé où elle a sollicité une blennorragie; le parcourt de Tom, fils de policier qui aime son père mais se rase la barbe de désespoir lorsque Nixon est élu à la convention républicaine de 1972; l'histoire du couple d'étudiants Richie et Jill. Richie finissant par lâcher Jill après l'épisode de la piscine pour lui préférer Leslie. A la fin, Ray demande à Leslie et Richie de veiller sur Tom, de le laisser dormir pour se reposer mais de le réveiller avant qu'il ne revienne à son rêve d'une réconciliation avec son père. Jane, l'amie de Leslie, pleure car elle sait qu'elle ne peut revenir chez elle après cette expérience de deux ans, jouer à la jeune fille vierge pour se conformer à l'image familiale.
Nick comme professeur de cinéma organise sa disparition, d'abord sous forme d'un accident alors qu'il est habillé en père Noël puis sous forme de suicide. Mais cette disparition a servi l'évolution de ses acteurs, à l'infini tendresse qu'il a pour eux afin qu'ils trouvent une réconciliation, un accord avec le monde au-delà des drames très crus qu'ils vivent. Ces drames, il convient de les mettre à distance. Ray joue ainsi systématiquement la carte du réalisme: on croit que chacune des grandes scènes précédentes relève du cinéma vérité avant de comprendre qu'elles sont soigneusement mises en scènes. Leslie rejoue les scènes et Tom est sommé de jouer mieux la scène au moment que l'on croit le plus terrible pour lui.
C'est en les jouant, en dramatisant leur violence, que l'on peut exorciser un drame désormais sorti de soi. La violence n'est plus dirigée contre soi ou le père ou le partenaire amoureux : "La violence surmontée, la sérénité acquise vient constituer la force ultime d'un choix qui se choisit lui-même et ne cesse de recommencer (...) Ce que les personnages ont conquis, c'est le niveau d'abstraction et de sérénité, la détermination spirituelle qui leur permet de choisir nécessairement le côté qui leur permet de renouveler, de recréer sans cesse le même choix, tout en acceptant le monde (Gilles Deleuze à propos de Nicholas Ray)".
C'est ainsi que ces jeunes gens s'armeront mieux vis à vis du reflux du mouvement de contestation politique des années 69-71 sans revenir au vieilles lunes de leurs parents. Car si le titre s'explique par la phrase de Jane, il fait aussi référence au titre du roman de Thomas Wolfe, You can't go home again, publié posthumément en 1940 qui se conclut par la réflexion du personnage principal, Webber :
"Vous ne pouvez plus rentrer à la maison, dans votre famille, dans la maison de votre enfance ... dans la maison où jeune homme vous rêviez de gloire et de célébrité ... retourner vers les endroits familier de votre pays, aux formes et systèmes anciens, aux choses qui vous semblaient autrefois éternelle, mais qui ne cessent de changer -. retourner à la maison pour s'évader du temps et de la mémoire "(You can't go back home to your family, back home to your childhood ... back home to a young man's dreams of glory and of fame ... back home to places in the country, back home to the old forms and systems of things which once seemed everlasting but which are changing all the time – back home to the escapes of Time and Memory."
L'expression "Vous ne pouvez plus rentrer à la maison" est ainsi entrée dans la langue américaine pour signifier qu'une fois que vous avez quitté votre ville de province pour une métropole sophistiquée vous ne pouvez pas revenir aux limites étroites de votre mode de vie antérieur et, plus généralement de tenter de revivre les souvenirs de la jeunesse.
La caméra est au service des acteurs : "Je ne m'intéresse pas aux effets de caméra, aux angles virtuoses. Ils m'ennuient autant que les films de vacances. La caméra doit servir l'intention de la scène, les besoins des acteurs et du réalisateur". Il aime le mot de Charles Laughton : "La mélodie est dans les yeux, les mots ne sont que la main gauche des acteurs."
L'université ayant peu de moyens, le film est tourné en 16mm, 35 mm, super8. Nicholas Ray lui-même tourne avec sa Bolex à manivelle. Il place le processus avant le produit, le contenu dicte la forme. Le choix de l'écran multiple s'impose dès le départ car il est impossible de traduire l'époque par une simple histoire mais nécessité de choisir une forme adaptée à l'enseignement et au travail collectifs. Ray avait déjà experimenté une forme de split-screen avec le générique du Violent, comme pour faire déjà éclater le format carré du 1.33.
Générique du Violent (1950) |
Frank Lloyd Wright, dont il fut brièvement l'élève détestait l'idée de la maison en tant que boite dont il trouvait le concept fasciste. Ray salue le Cinémascope qu'il utilise dès La fureur de vivre. Le Cinémascope devient un obstacle lorsque les producteurs, obnubilés par la diffusion à la télévision imposent de ne pas utiliser en entier l'écran et de resserrer l'action au centre.
Il apprend que Nam June Paik colorie les images par traitement électronique et pense qu'il s'agit là d'une ressource aussi utile que le gros plan de cinéma. Il visite L'experimental television center et se fait prêter le synthétiseur d'images du vidéaste.
Toujours à court d'argent, Nicholas Ray obtient du laboratoire CFI de Hollywood la possibilité de monter son film sur écrans multiples par une rétroprojection de toutes les bandes filmées sur un écran qui est filmé à son tour.
Montré à la cinémathèque française puis au festival de Cannes en 1973, où il suscite des réactions perplexes. Sterling Hayden demande ainsi à Susan si Nick a tourné sous acide.
Vivre et mourir pour le cinéma
Cannes 1973 se termine en débâcle pour Ray, il perd son argent ou le joue, sept bobines de la copie de We can't go home again disparaissent de la cabine de projection, volés suppose-t-il, égarées plus probablement. Elles réapparaissent cinq à sept semaines plus tard. A Paris, sans argent, sans endroit où habiter, Nick et Susan errent de brasseries en brasseries, voient les amis : le docteur Genon-Catelot, le photographe Tony Kent, Barbet Shroeder. Mary Meerson et François Truffaut leur passent de l'argent, Françoise Sagan paie la note d'hôtel Montalembert. Apres le départ de Susan pour New York pour son travail, Nick dort dans la péniche de Sterling Hayden, amarrée quai de Conti.
Max Fischer a un studio, Film Group One à Amsterdam, où il tourne des films publicitaires. Avec ses revenus, il produit et réalise en partie un film à sketches moquant la vague du porno et en profitant à la fois, dont le principe est de porter à l'écran les rêves érotiques de personnalités. Langlois met en contact Fischer et Ray qui tournera The Janitor l'un des sketches de Rêves humides (1974). Ray reste un peu Europe avant de s'associer à Francis Ford Coppola et à son studio Zoetrope. Il obtient une salle de montage mais ne parvient pas à finir son film. En 1976, il se fait hospitaliser pour désintoxication puis, remis d'aplomb, trouve des postes d'enseignement. Wenders le fait jouer dans L'ami américain (1978). Bientôt cependant le cancer est diagnostiqué. Expérimental jusqu'au bout, Ray met alors en scène son agonie et sa mort, le 17 juin 1979, en coréalisant avec Wim Wenders, Nicks's movie (1980).
En avril 1980 , Serge Daney ecrit dans les Cahiers du cinéma : "Film expérimental tourné en collaboration avec les étudiants en cinéma de Nicholas Ray à New York. We can't go home again est simplement un autre film de Ray. Sur la jeunesse généreuse et bavarde, droguée et pragmatique, violente et sentimentale. Encore un film sur l'éducation, le grand thème rayien. Encore un film sur les pères qui n'en sont pas, qui traquent l'Oedipe et miment la mort. Encore un film sur l'impossibilité du retour, sur la fuite en avant, sur le manque de foyer. Car le film est unique. L'écran est peuplé d'images plus petites qui vibrent, coexistent, se brouillent. Des cris et des confessions flottent sur un fond noir."
Jean-Luc Lacuve le 02/10/2014.