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Peter Parker est finalement parvenu à concilier son amour pour Marie Jane et ses obligations de super-héros. Mais un nouvel orage gronde à l'horizon. Alors que l'adulation du public pour Spider-Man grandit au fil de ses exploits et que Gwen Stacy s'intéresse de plus en plus à lui, Peter devient trop confiant et commence à négliger les gens qui comptaient le plus sur lui. Et lorsqu'il se retrouve face aux deux plus impitoyables adversaires qu'il ait jamais eu à affronter, ce surplus d'assurance va rapidement devenir une menace, non seulement pour lui-même mais aussi pour ses proches
Pour clore la trilogie Spider-man, Sam Raimi nous propose un film très théorique sur la place de ce super héros au sein des colonies Marvel ou DC Comics. Spider-man n'est ni un super héros de naissance comme Superman ni un héros névrosé comme Batman, il doit se contenter d'un statut de, si l'on peut dire... classe moyenne.
Tout le début du film est consacré à ce qui pourrait lui arriver de mieux. Comment Spider man pourrait-il dépasser son actuel statut ? Que peut-il désirer encore ? Il est acclamé par New York, aimé de M.-J. et a vengé son oncle. Que peut-il espérer de mieux ?
Cette arrière-pensée de quelque chose de mieux est figurée par la sale petite chose noire venue des étoiles qui s'accroche à lui alors qu'il vient, point d'aboutissement, d'embrasser M.-J. sur la toile d'araignée géante qu'il s'est construit pour admirer le ciel avec elle.
Est-il sûr d'avoir vengé son oncle ? Est-il bien sûr de n'avoir pas envie de séduire d'autres femmes ? Est-il bien sûr de vouloir se contenter de la clandestinité ? Autant de questions qui vont générer les monstres qu'il va devoir affronter.
Des montres sortis de soi.
Rarement les adversaires de Spider-man auront été plus étroitement liés à la nature même du héros. L'homme de sable devient l'incarnation de la monstruosité d'une vengeance excessive. Tante May rappelle à Parker que nul n'a le droit de mort sur quiconque fut-il un assassin. L'homme de sable, qui plus est, n'est pas mauvais : non seulement il a tué l'oncle par accident mais la motivation de son vol s'explique par le souhait louable d'aider sa petite fille gravement malade.
Venom est ce que Parker pourrait vouloir devenir, un jeune journaliste arriviste. Parker, body buildé par un désir malsain de dépassement, attire d'abord le regard de toutes les femmes avant qu'il ne finisse par percevoir leur regard vaguement dégoûté.
Eloge du retour à l'innocence de l'Amérique
La plus belle scène du film est probablement celle où Parker retrouve l'essence du héros qu'il est censé incarner : modeste. Il renonce au costume noir, remisé dans sa sinistre valise, pour enfiler à nouveau le simple costume de Spider-man.
Cette modestie fragile qui colle à la peau de Parker, c'est celle dont est tombée amoureuse M.-J. . Elle digère finalement assez vite sa disgrâce sur scène mais a besoin du réconfort et de la compréhension qu'elle trouve plus volontiers chez Harry que chez Parker, devenu l'apôtre de la réussite.
De ce retour à l'enfance, à la modestie et à l'innocence on en trouvera ici trace dans un nouveau plan symbolique, celui du cadeau du ballon de basket à Harry qui le rend à nouveau heureux, ce que n'avaient jamais su faire les rêves de gloire de son père et sa riche maison.
Et lorsque Spider-man prend son départ pour sa dernière mission contre L'homme sable et Venom qu'il a lui-même créés, sa route peut bien de nouveau croiser le drapeau américain. C'est bien cette innocence et cette modestie fragile mais sure de pouvoir corriger ses fautes en gardant sa liberté de choix que l'on aimerait retrouver dans l'Amérique d'aujourd'hui.
Jean-Luc Lacuve le 11/06/2007 (Merci à Meredith)