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Peter Parker ne vit plus chez sa tante. Mais pour payer son petit appartement, vu quil naime pas vendre ses photographies de Spider-Man, il doit travailler comme livreur de pizzas. Avec ses études de sciences, plus toutes ses interventions en homme-araignée, Peter narrive plus à suivre.
Il na plus le temps de voir ses amis ni sa tante. Mary Jane, qui est comédienne à laffiche dune pièce de théâtre, se sent délaissée. Un jour, Harry, qui a repris la société de son père, lui propose de lui faire rencontrer le Dr. Octavius, qui mène de très importantes recherches sur la fusion. Equipé de quatre bras articulés intelligents, le chercheur espère reproduire lénergie solaire. Mais lexpérience ne se passe pas comme prévue...
Comme dans le premier épisode des aventures de Spider-man, la famille pèse sur Peter Parker. Son oncle autrefois comme sa tante aujourd'hui l'obligent à rester un super héros. Il ne connaît pas plus de chance avec ses pères de substitution ; après le Bouffon vert, c'est son modèle de scientifique, le docteur Otto Octavius qui se transforme en terrifiant docteur Octopus pour l'obliger à reprendre du service. Il perd ainsi son job de livreur de pizza, ne termine pas ses devoirs universitaires, n'arrive pas à l'heure au spectacle de Mary Jane Watson dont il est fou amoureux et la voit repartir avec un autre.
Or, c'est bien connu, lorsque le surmoi brime le moi, ça bloque. D'où les pannes de toile, les pannes de fil dont est victime Spider-man. La question, fort scolastique et donc tout à fait oiseuse, de savoir si l'on doit renoncer à ses rêves personnels pour le bien de l'humanité ne sera pas tranchée, l'une finissant par s'accommoder de l'autre. Bien plus intéressant est l'alternance de plein et de vide, de long moments dialogués où il ne se passe rien parce que toute l'énergie y est rentrée et d'éblouissantes scènes d'action où l'énergie est libérée. Le silence et l'absence deviennent ainsi des moments clés tels que les deux déclarations d'amour empêchées (sur le pas de la porte, au café) ou la place vide sur l'escalier, en face de la sortie des artistes. La violence rentrée stoppe le désir mais génère aussi la violence. Ainsi, au refus d'un prêt bancaire succède l'attaque de cette même banque par Octopus. Ainsi, au second renoncement à Mary Jane, succède le vol plané de la voiture qui percute la vitre du café où ils sont attablés.
Spider man 2 comme une quête initiatique passant par l'apprentissage du refus : refus d'être Spider man, refus de ne plus l'être, refus de faire sortir le tramway de sa rame, refus de dévoiler son identité (scène un peu gandiloquante, heureusement détournée par un pastiche du Train sifflera trois fois). Parker trouve là un second souffle dans l'amour et le respect que lui portent les autres. Il reçoit d'ailleurs périodiquement les encouragements des enfants et des vieillards, des gens ordinaires alors que les puissants, flics et journalistes, le poursuivent.
Spider man, ou comment détourner la volonté de puissance par le refus dans l'attente de la grâce. Sont ainsi fortement stylisés, sur fond or ou blanc, les deux scènes de la découverte par Mary Jane de l'identité de Spider-man, puis son refus du mariage et sa course vers Parker.
A la volonté de puissance dont font preuve les monstres, Raimi préfère l'alternance des pleins et des vides, l'opposition des faibles et des puissantes, l'humour (visite chez le médecin, logeur) et quelques échappées vers la stylisation (générique de Alex Ross avec des aquarelles mêlant premier et second épisode, appartement, New York post 11/09).
Jean-Luc Lacuve (11/08/2004)