Chris Marker |
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(1921-2012) | ||
58 films et autres | ||
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histoire du cinéma : Cinéma mental |
Chris Marker, pseudonyme de Christian-François Bouche-Villeneuve, est né le 29 juillet 1921 à Neuilly-sur-Seine. Après avoir suivi les cours de Philosophie de Jean-Paul Sartre, il rejoint la Résistance comme parachutiste pendant la Seconde guerre mondiale. Employé ensuite par l'Unesco, il parcourt le monde et rend compte de ses observations dans ses films et les revues auxquelles il collabore. Après un documentaire "subjectif" en 1952 sur les Olympiades, Olympia 52, il co-réalise un court métrage en forme d'essai avec Alain Resnais, Les statues meurent aussi, dénonciation acerbe du colonialisme.
Marker impose rapidement sa marque et devient l'un des grands rénovateurs en France du court métrage et du documentaire. En parcourant les pays socialistes, il filme de nombreuses images qui deviennent documentaires sur Pékin, la Sibérie ou Cuba, et se fait ainsi le témoin des changements majeurs du globe, tout en insérant sa propre vision dans ces boulversements.
Jeune romancier de talent, il fut également essayiste (on lui doit une étude sur Giraudoux) et créa la collection "Petite Planète" qui bouleversa le rapport texte-image tel qu'on le concevait dans l'édition : la mise en page s'inspirait du montage cinématographique.
Chris Marker est venu au cinéma par la littérature. Son livre "Coréennes", recueil de photos, annonçait déjà sa future conception du court métrage. Il fut l'un des artisans de la renaissance du court métrage qui devint, dès 1950, son mode d'expression privilégié. Resnais, avec lequel il réalisa son premier film, dit de lui :
"Il me paraît un personnage fascinant, à ma connaissance unique au monde. Je ne connais personne qui puisse avoir à la fois ce sens des problèmes politiques contemporains, ce goût du beau, cette espèce de joie devant la culture et devant l'art, cet humour, et qui arrive, lorsqu'il fait un film, à ne se séparer d'aucune de ces tendances." (Image et Son, avril-mai 63)
Solitaire, grand voyageur, attentif à l'évolution des idées,
des hommes et du monde, Chris Marker obtient une renommée internationale
La Jetée (1962), court métrage de science-fiction réalisé
à partir d'images fixes et d'un commentaire en voix off.
Engagé dans l'aventure de Loin du Vietnam (1967), Chris Marker multiplie les activités cinématographiques collectives. Le groupe Medvekine naît d'une projection d'A bientôt j'espère (1967) . Une partie des ouvriers ne se reconnaît pas dans certains aspects du film. Marker décide donc que les professionnels du cinéma vont les former à se filmer eux-mêmes.
Ensuite, dès l'automne 1968, il fonde avec André Delvaux SLON (Service de Lancement des Oeuvres Nouvelles), "coopérative à la disposition de tous ceux qui veulent fabriquer des documentaires et qui partagent certaines préoccupations communes". Cette société de droit belge, pour la liberté, regroupe cinéastes, ouvriers et militants. En 1974, sur le même principe, Marker crée ISKRA de droit français pour les subventions. ISKRA a au moins deux significations : Images, Sons, Kinescope, Réalisations Audiovisuelles, et renvoie au premier journal fondé par Lénine, L'étincelle en russe (SLON signifiait éléphant )
Ce groupe se fit le témoin des événements de Mai 68 filmant grèves et luttes ouvrières : Classe de lutte (1969), Rhodiaceta, Sochaux, l'ordre règne à Simca ville, La grève des travailleurs de Lip..., courts métrages que supervisa Marker.
Il s'intéressa aussi à la vidéo : 2084 (1984), réalisé pour le syndicat C.F.D.T., à la Télévision : L'héritage de la chouette (1989) et à l'animation : Les astronautes, co-réalalisé avec Walerian Borowczyk.
Marker écrivit le commentaire de nombreux courts et longs métrages tels... A Valparaiso (Joris Ivens, 1963) et Kashima paradise (Yann Le Masson, Benie Deswarte, 1973) et collabora au scénario, au tournage, au montage, à la production de nombreux autres : Loin du Viet-Nam (1967), La bataille du Chili (1975-1976), La spirale (1975).
Dans ses longs métrages, il s'est fait historien, sociologue, ethnologue et poète, manipulant les mots, les idées, les sons et les images, livrant au spectateur une réflexion personnelle, originale, et inspirée sur le monde contemporain, ses problèmes et son avenir.
En 1997, il publie Immemory, un CD-Rom utilisant toutes les ressources du multimédia. Recueil numérique de ses différents travaux, c'est un objet de réflexion sur la mémoire.
Dans une interview donnée à Libération en 1999, Chris Marker confie : "Non
seulement le multimédia est un langage entièrement nouveau, mais c'est LE
langage que j'attendais depuis que je suis né. J'ai fait du cinéma et de la
vidéo faute de mieux." Il met alors au point un univers virtuel, L'ouvroir
(2007), destiné à fonctionner sur Second life. L'ouvroir
à depuis été rapatrié sur Youtube. C'est
sur cette plateforme que Chris Marker diffuse, à partir de 2007, ses
derniers courts-métrages sans les signer...Ce qui excite la curiosité
de ses fans dont nous sommes, prompts à voir sa patte dans les courtes
vidéos mises en ligne sous le pseudonyme de Kosinki
: Leila attacks (2007), l'extrait
de la video utilisée pour L'ouvroir
puis Guillaume movie (2008), Pictures at an exhibition (2009),
The morning after (2009), Metrotopia.divx (2009), Tempo risoluto
(2011), Royal polka.mov (2011), Overnight (2011), Imagine
(2011), Kino (2011), iDead (2011).
En 2011, Chris Marker, avait été la tête daffiche
des 42e Rencontres dArles où il avait présenté
plus de 300 travaux, ainsi que sa dernière série réalisée
dans le métro parisien, Passagers (2008-2010). Il réalise
aussi une installation vidéo The Hollow Men, qui a été présentée dans
nombre des plus grands musées du monde à l'exception notable du Centre
Pompidou à Paris.
Chris Marker est mort le dimanche 29 juillet 2012, le jour de ses 91 ans.
Bibliographie :
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Filmographie :
1952 | Olympia 52 |
1h22. Documentaire sur les Jeux olympiques d’Helsinki. |
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1953 | Les statues meurent aussi |
(coréal: Alain Resnais, 0h30) | |
1956 | Dimanche à Pekin |
0h22. C’est une photo prise alors que le réalisateur était enfant qui introduit cette ballade dans les rues de Pékin depuis l’allée des tombeaux Ming. "C’est plutôt rare de se promener dans une image d’enfance..." Puis Marker prend des vignettes de la Chine dite "moderne" au cours d'une journée banale dans plusieurs quartiers de la ville : classe en plein air, bateleurs, opéra, marionnettes, scènes de gymnastique. |
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1958 | Lettre de Sibérie |
1h02. Sur les mêmes images, trois commentaires différents sur le régime communiste : l'un élogieux, l'autre critique, le dernier n'ayant rien à voir avec la politique. | |
1959 | Les astronautes |
Court métrage d'animation (0h15) coréalisé avec Walerian Borowczyk | |
1960 | Description d'un combat |
1h00. Vision optimiste de la politique israélienne | |
1961 | Cuba si |
(moyen métrage). Le 1er janvier 1960, La Havane fête à la fois l'anniversaire de la Révolution et le jour des Rois, qui est Noël. Dans la vitrine d'un magasin, des Rois mages prennent, par téléphone, les commandes de cadeaux des enfants. Une peinture murale célèbre d'autres Rois mages : Fidel Castro, Ernesto "Che" Guevara et Juan Almeida, apportant au peuple cubain l'industrialisation, la réforme agraire et l'alphabétisation.... | |
1962 | La jetée |
Avec : Jean Négroni (Le narrateur), Hélène Chatelain (La femme), Davos
Hanich (L'homme), Jacques Ledoux (Le scientifique). 0h28. Ceci est l'histoire d'un homme marqué par une image d'enfance. La scène qui le troubla par sa violence, et dont il ne devait comprendre que beaucoup plus tard la signification, eut lieu sur la grande jetée d'Orly, quelques années avant la début de la Troisième Guerre Mondiale... |
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1963 | Le joli mai |
Coréalisé avec Pierre Lhomme. Avec : Yves Montand (Le
narrateur). 2h16.
Paris, mai 1962. La guerre d'Algérie vient de s'achever avec les accords d'Evian. En ce premier mois de paix depuis sept ans, que font, à quoi pensent les Parisiens ? Chacun témoigne à sa manière de ses angoisses, ses bonheurs, ses espoirs. Peu à peu, se dessine un portrait pris sur le vif de la France à l'aube des années 60. |
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1964 | Si j'avais quatre dromadaires |
0h49 | |
1965 | Le mystère Koumino |
0h54 | |
1967 | Les mots ont un sens |
(court métrage). | |
1967 | Loin du Vietnam |
Montage du film de onze segments de Joris Ivens, William Klein, Claude Lelouch, Chris Marker, Alain Resnais, Agnès Varda, Jean-Luc Godard montrant leur sympathie pour l'armée nord-vietnamienne lors de la guerre du Viet-Nâm. |
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1967 | A bientôt j'espère |
En mars 1967 à Besançon, une grève éclate aux établissements Rhodiaceta qui font partie d'une chaîne d'usines de textiles dépendant du trust Rhône-Poulenc. Cette grève a pris un aspect inhabituel par son refus de dissocier le plan culturel du plan social | |
1968 | La sixième face du pentagone |
(co-réal: François Reichenbach, court métrage). | |
1969 | Jour de tournage |
(court métrage) | |
1969 | Le deuxième procès d'Arthur London |
(court métrage) | |
1970 | Carlos Marighela |
(court métrage) | |
1970 | La bataille des dix millions |
1970 | On vous parle du Brésil |
(court métrage) | |
1970 | Les mots ont un sens |
(court métrage) | |
1971 | Le train en marche |
(court métrage) | |
1972 | Vive la baleine |
(co-réal: Maria Marret, court métrage). 0h30. La baleine a d’abord représenté pour une partie de l’humanité un moyen essentiel de survie. Puis l’industrialisation est apparue, et avec elle le grand Capital. La chasse à la baleine est alors devenue un moyen de faire du profit. Le massacre pouvait commencer. Telle est l’histoire racontée dans ce documentaire sans effets ni fioritures. Chaque baleine qui meurt nous lègue, comme une prophétie, l’image de notre propre mort. |
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1974 | La solitude du chanteur de fond |
1h00. Consacré à Yves Montand | |
1975 | L'ambassade |
(court métrage) | |
1977 | Le fond de l'air est rouge |
Avec les voix de : François
Maspero, Yves Montand François Périer Sandra Scarnati Jorge
Semprún Simone Signoret. 4h00 puis 3h00. Beauté de l'insoumission. Et cela, même si, jusqu'à présent, les révoltes ont été réprimées : noyée dans le sang (Mexico 1968) ou le désespoir suicidaire (Che Guevara 1967), détournée pour être institutionnalisée au profit d'un seul (Fidel à Cuba), d'une faction (Mao) ou d'une nomenklatura (le Kremlin), lucido bavarde (mai 68 à Paris) ou tragico silencieuse (août 68 à Prague), bourrée de bromure idéologique (l'union de la gauche). Le film se compose d'un montage de documents bruts qui couvrent la période de 1967 à 1977. Il est divisé en deux parties : les mains fragiles et les mains coupées. |
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1981 | Junkopia |
0h06. Une journée de l’aube au soir, sur la plage d’Emeryville à San Francisco où des artistes non identifiés laissent, à l’insu de tout le monde, quelques signes fabriqués avec ce que la mer abandonne |
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1982 | Sans soleil |
Avec : Florence Delay , Alexandra Stewart , A. Bonfanti. 1h40. Les lettres de Sandor Krasna, un cameraman free-lance, sont lues et commentées par une femme inconnue. Parcourant le monde, il demeure cependant attiré par ces deux "pôles" extrêmes de la survie, le Japon et l'Afrique, plus particulièrement, la Guinée Bissau et les îles du Cap Vert. |
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1984 | 2084 |
0h10. Video clip pour une réflexion syndicale et pour le plaisir. Chris marker lance un appel prohétique pour l'union des mouvements sociaux. |
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1985 | From Chris to Christo |
0h25. | |
1985 | AK |
(réalisé sur le tournage de Ran de Akira Kurosawa) | |
1986 | Mémoires pour Simone |
Récitant : François Perier. 1h01. Hommage à Simone Signoret. |
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1989 | L' héritage de la chouette |
Téléfilm en 13 x 26' pour comprendre le monde contemporain à partir de ses sources dans la pensée grecque. |
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1990 | Berliner ballade |
Film TV. Avec : Catherine Belkhodja. 0h25. | |
1992 | Le tombeau d'Alexandre |
Avec : Léonor Graser (la fille dinosaure), Nikolai Izvolov, Kira Paramonova, Viktor Dyomin, Yuli Raizman, Marina Kalasieva. 2h00. Marker avait déjà consacré un court métrage à Alexandre Medvedkine, Le Train en marche, en 1971. Le cinéaste français retrace l’itinéraire de l’auteur du Bonheur (1934) dans sa relation à ses contemporains, et plus particulièrement à Dziga Vertov : « Vous vous battiez sur les mêmes fronts de propagande, vous aviez les mêmes ennemis, ce qui rapproche, à un moment vous habitiez le même immeuble, et pourtant tous les témoignages concordent, de toute votre vie vous avez à peine échangé quelques mots. » Marker interroge des témoins de la vie de Medvedkine mais aussi de Vertov, comme le cameraman Yakov Tolchan ou la documentariste Marina Goldovskaïa. Film sur l’amitié, Le Tombeau d’Alexandre est dédié à Jacques Ledoux, le fondateur de la Cinémathèque royale de Bruxelles. Son visage apparaît à travers une photographie de La Jetée où il interprétait le rôle du savant du camp souterrain. |
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1992 | Le facteur sonne toujours Cheval |
Film TV. 0h52. |
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1993 | Le 20 heures dans les camps |
0h28. Au camp de Roska en Slovénie, des réfugiés bosniaques, dépouillés de tout ce qui leur appartenait, entreprennent avec l'aide technique d'une ONG de se réapproprier au moins l'information, en créant une télévision sur cassettes dotée de tous les éléments de la "vraie" télévision : présentateurs, jingles et piratage des émissions qui parlent d'eux. |
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1995 | Casque Bleu |
0h26. Entretien avec François Crémieux, casque bleu dans la poche de Bihac en pleine guerre de Yougoslavie... Il tire de son expérience un bilan lucide, et d'une clarté exceptionnelle. |
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1997 | Immemory |
Découpé en sept zones (Voyage, Musée, Mémoire, Poésie, Guerre, Photo, Cinéma), le CD-Rom rassemble des images et des textes provenant de films, de photographies, dextraits de programmes télévisés, de peintures, de gravures, dillustrations, de poèmes pour une nouvelle représentation de la mémoire. |
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1997 | Level five |
Avec : Catherine Belkhodja (Laura), Nagisa Oshima, Kenji Tokitsu, Junishi
Ushiyama, Shigeaki Kinjo (eux-mêmes). 1h46.
Dans la pièce d'un appartement, transformée en studio, une femme, Laura, et un ordinateur. Laura s'adresse à un interlocuteur invisible qui est peut-être l'homme qu'elle aime et qui est disparu. De lui, elle a hérité cette tâche : terminer l'écriture d'un jeu vidéo consacré à la bataille d'Okinawa, à la fin de la seconde guerre mondiale... |
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2000 | Une journée d'Andrei Arsenevitch |
0h55. Hommage à Tarkovski dans le cadre de la série Cinéastes de notre temps. |
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2001 | Le souvenir d'un avenir |
0h42. Vidéo à partir des clichés de la photographe Denise Bellon. |
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2004 | Chats perchés |
0h58. Désopilante et roborrative rétrospective de toutes les manifestations de rue entre avril 2002 (front anti-Le Pen) et l'été 2004 (guerre en Irak, foulard islamique..). |
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2007 | L'ouvroir |
0h30. | |
2007 | Leila attacks |
0h01. Leila, la souris, attaque le chat. |
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2009 | Guillaume movie |
2009 | Pictures at an exhibition |
2009 | The morning after |
2009 | Metrotopia.divx |
2010 | Chat écoutant la musique |
2010 | An owl is an owl is an owl |
2011 | Tempo risoluto |
2011 | Royal polka.mov |
2011 | Overnight |
2011 | Imagine |
2011 | Kino |
2011 | iDead |
2012 | Damon & Naomi |