Besançon, on s'y ennuie le dimanche. Pendant la semaine on y travaille. Besançon, ville socialiste dominée par l'horlogerie, 40 entreprises, le tiers des montres françaises, 4 000 personnes, 32 % de femmes. Des salaires d'appoint selon le patronat mais, de plus en plus, les petites mains portent de grandes banderoles.
Georges Maurivard, le délégué syndical CFDT de A
bientôt j'espère (Marker 1967) appartient maintenant à
la CGT : "Non je n'ai pas retourné ma veste. J'ai changé
de pointure pour être plus à l'aise. J'ai pris la taille au-dessus".
L'entreprise Yema. Effectif : 217 personnes, hommes : 97 ; femmes : 120. Age moyen : 30 ans. Aucun syndiqué avant mai 68, 45 syndiqués pendant la grève, puis, après, 30 seulement.
Suzanne Zedet, la femme de Claude, raconte comment elle a montré aux délégués syndicaux CGT ce qu'elle avait l'intention de dire après 10 jours de grève. Refus que le patron, Henry Blum, s'adresse aux ouvriers par-dessus les délégués et "commande" ainsi la grève.
Mars 1969 : au retour des vacances, les syndiqués en retard sont licenciés.
Susanne est maintenue dans l'usine grâce à l'inspection du travail
mais son poste est déclassé. En octobre 68, elle passe de 800
à 549 francs par mois, moins que les 600 francs qu'elle avait perçus
à l'embauche, en 1965.
Le fric c'est pas tout, dit Suzanne. Plus important est de parler avec les ouvrières, être utile, parler d'égal à égal avec le patron. Il n'y a pas de paternalisme supportable, la lutte existe et il faut continuer à se bagarrer.
Les artistes ont quelque chose à exprimer. La culture
nous apporte quelque chose, elle donne une assurance qui fait ne plus avoir
peur des chefs. Suzanne aime Picasso lit Roger Vailland et La mère
de Gorki.
Le premier film réalisé par les ouvriers du Groupe Medvedkine. Le générique fait d'ailleurs emblématiquement défiler tous les membre du groupe.
Il suit la création d'une section syndicale CGT dans une usine d'horlogerie par une ouvrière dont c'est le premier travail militant en 1968. Comment Suzanne réussit à mobiliser les autres femmes de l'entreprise, malgré la méfiance des dirigeants syndicaux et les intimidations du patronat.
Suzanne et son mari, Claude avaient été interviewés par Chris Marker dans A bientôt j'espère et c'est propablement des chutes de ce film avec Suzanne devenue tout récemment déléguée syndicale qui ouvrent le film. Paul Cèbe explique dans La charnière que ce premier film des groupe Medvedkine devait se faire autour de la formidable séquence où Suzanne prend la parole, pour la première fois, devant les ouvrières et ouvriers après 10 jours de grève.
Montparnasse, février 2006. Format : 1.37. 2DVD-13 films. 45 € |
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DVD 1 : BESANÇON (2h32)
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16mm. Coordonné par Pol Cèbe. Caméra : Bruno Muel et Elvire Lerner. Montage : Nedjma Scialom. 0h40.