En 1913, au Mexique, un pauvre "péon", Juan Miranda, vient d'attaquer une diligence avec ses enfants lorsque surgit un motocycliste bardé d'explosifs : c'est l'Irlandais Sean Mallory, expert en dynamite, recherché par le gouvernement britannique pour ses activités révolutionnaires. Juan tente de le convaincre de s'associer avec lui pour dévaliser la banque de Mesa Verde ; mais comme Sean préfère attaquer une mine d'or, Juan ira jusqu'à la dynamiter afin de forcer son compagnon à le suivre.
Dans le train qui le conduit à Mesa Verde, Juan, démasqué par la police, est secouru par le docteur Villega, un partisan de Pancho Villa. Tandis que les hommes de Villega détournent l'attention des troupes fédérales, Sean et Juan attaquent la banque qui se révèle plus riche en prisonniers politiques qu'en lingots d'or. Juan devient, bien malgré lui, un héros de la Révolution. Entraîné par l'Irlandais, il continue la lutte. Au cours d'une action de guerilla, les six enfants du péon trouvent la mort.
Villega, arrêté par le colonel Guttierrez, dénonce ses compagnons. Sean, qui a surpris ses aveux, sauve Juan du massacre qui s'ensuit. Sean se souvient de l'Irlande, de la femme qu'il aimait et de l'ami qui l'a dénoncé. En désespoir de cause, les deux acolytes décident de gagner le territoire américain. Le gouverneur Don Jaime voyage dans le même train. Juan l'abat et s'empare de sa fortune. Au cours de la nuit, le convoi est attaqué par les forces de libération. Le train déraille, les wagons bourrés d'explosifs sautent. C'est dans ce décor d'apocalypse que Sean trouve la mort, laissant son ami désespéré.
Leone, à l'origine du western italien avec Pour une poignée de dollars en 1964, réalise aussi le chant du cygne du western Zapata avec ce film réalisé sept ans plus tard
Le western italien mis en place par Leone est une remise en cause du mythe des pionniers et de la frontière pour montrer des protagonistes sales, mal rasés, cyniques, voir sadiques, qui préfèrent tirer avant de parler et que seuls le pouvoir et l'argent semblent motiver. Cependant, dès 1966, Damiano Damiani avait avec El Chuncho lancé le western Zapata, le western politique italien. Basé sur le thème de la révolution mexicaine, de l'exploitation des péons par les grands propriétaires, c'est aussi une réflexion sur l'utilisation de la violence par le peuple.
La comédie italienne décrivait les petites classes bourgeoises. Le péon, très pauvre est au choeur du western politique italien. Il ne sait ni lire ni écrire, et n'est pas politisé. Un peu comme dans les films fantastiques, c'est celui qui est au plus bas de la société qui va prendre les devants.
Dès 1968 cependant le cinéma plus directement politique occupe le devant de la scène. C'en est fini du "il était une fois", l'idéologie règne en maître et le film politique dit clairement "Voilà ce qu'il faut penser camarade !"
Très vite cependant les illusions tombent et déclinent aussi bien du côté du film politique que du western zapata. On l'appelle Trinita de Enzo Barboni en 1970 est le premier "western fayot", western italien qui déraille vers la farce.
Dans Il était une fois la révolution, Leone laisse percer son amertume et sa déception au sujet de la révolution. C'est la scène emblématique de dispute entre Juan et Sean au sujet de la lucidité politique : Sean se trompe, la révolution sera toujours récupérée par les puissants.
Un tel message choque les communistes italiens qui refusent que le film s'appelle Il était une fois la révolution. Leone le renomme ainsi Giù la testa (Baisse la tête) ou si l'on veut "courbe l'échine". Aux USA, le titre devient Duck you sucker (Planque-toi connard) et, en Angleterre, Une poignée de dynamite. Seule la France garde le titre auquel Leone tenait.
Le film est ainsi une critique amère de l'idéal intellectuel de la révolution incarné par Sean. A contrario, jamais Leone ne se sera identifié à un personnage comme il le fait ici avec Juan qui lui ressemble au physique comme au mental.
Dans Il était une fois la révolution, les séquences les plus impressionnantes sont la découverte d'un charnier de résistants dans une grotte et un long plan-séquence décrivant le nettoyage d'une ville par l'armée. Autant de scènes qui arrivent toujours juste après des morceaux de bravoure (évasion de dernière minute, destruction d'un pont stratégique) et qui réduisent à néant l'euphorie provoquée par ces derniers afin de rappeler la cruauté de la situation.
Jean-Luc Lacuve, le 16 février 2009
La citation de Mao qui ouvre le film figurait sur les murs de Paris en Mai 68. La citation du leader politique était juste un peu plus longue : "La révolution est un acte de violence par lequel une classe en renverse une autre...."
Juan urinant au début du film sur une colonie de fourmis est une transposition d'un souvenir d'enfance de Leone dans le Trastevere et indique l'innocence joyeusement destructrice du personnage.
La fin du film justifie néanmoins peut-être d'y voir une référence à la séquence d'ouverture de La horde sauvage (Sam Peckinpah, 1969) où des enfants sont autour de fourmis s'acharnant sur des scorpions qu'ils enflamment.
Rôle écrit pour Elli Wallach mais la production voulait un acteur plus prestigieux et Steiger venait de remporter l'oscar en 1968 pour Dans la chaleur de la nuit de Norman Jewison.