Pike Bishop et sa bande, déguisés en soldats arrivent à San Rafael, une petite ville à la frontière du Texas. Ils finissent par s'emparer de la paie des travailleurs du chemin de fer. Mais Deke Thornton, un ancien complice de Pike maintenant payé par la compagnie du chemin de fer les attend et une fusillade sanglante s'ensuit. Plusieurs civils sont abattus.
Pike et ses hommes découvrent que les sacs qu'ils ont volés contiennent de la ferraille et non de l'or. Ils décident alors d'attaquer pour le compte du " général " Mapache un train chargé de munitions et d'armes. L'opération réussit malgré Deke Thornton qui continue à poursuivre Pike et ce dernier se méfie de Mapache qui n'a en fait aucune envie de payer la somme promise.
Mapache fait en effet prisonnier Angel, l'un des hommes de Pike et le livre à ses soudards qui le torturent. Pike et ses compagnons, au lieu d'abandonner Angel à son destin, pénètrent dans Aqua Verde, le camp de Mapache. Celui-ci égorge Angel. C'est le début d'un véritable massacre au cours duquel Mapache, ses hommes et Pike et ses camarades s'entre-tuent.
Deke Thornton arrivé à Aqua Verde abandonne la dépouille de ses anciens camarades aux chasseurs de primes qui seront abattus et s'en retourne au village d'Angel où il retrouvera peut-être ce qui reste du bon vieux temps.
Avec La horde sauvage, Sam Peckinpah souhaitait détruire toute trace de romantisme dans le western. Il n'y est heureusement pas parvenu et le film avec sa panoplie d'effets modernes (montage ultra-rapide, ralenti, arrêt sur image) s'inscrit dans la ligné des valeurs des films de Hawks (professionnalisme et solidarité) en soulignant combien elles sont devenues désuètes dans un monde où la puissance des machines (le train ou la mitrailleuse) remplacent la morale.
La horde sauvage, celle qui s'avance au début du film, commandée par Pike Bishop, n'est ni horde, ni sauvage. Constituée d'un bandit en fin de course qui souhaite faire un dernier gros coup pour se retirer, d'un second qui lui est fidèle, de deux frères patibulaires et obtus, d'un jeune mexicain idéaliste et d'un vieillard rigolard, elle n'est pas si loin des équipes de hasard qui se forment dans Rio Bravo ou El Dorado.
La horde sauvage c'est bien plutôt ce qu'est devenu le monde contemporain qui finira par avoir raison de cette petite équipe. Le montage parallèle du générique rapproche symboliquement le groupe d'enfants en train de livrer deux scorpions à des fourmis et l'arrivée de l'équipe de Thornton. Le générique fige alternativement en des vignettes sépia les bandits et les enfants. La dimension symbolique s'éclaire davantage lorsque les enfants mettent le feu à leur piège de bois détruisant dans un rire cruel à la fois scorpions et fourmis. Les combats qui vont avoir lieu entre les bandits, facilement assimilables aux scorpions, et la foule de leurs poursuivants (tueurs à gage commandés par Thornton au nom des puissants intérêts du chemin de fer, armée américaine et armées mexicaines) sont perdus d'avance.
Les dés sont pipés : la violence cruelle du monde (Angel égorgé, l'enfant admirateur de Mapache, celui qui tire sur Pike à la fin) aura le dessus sur le professionnalisme et la solidarité de nos héros. Ainsi, après que Malapache soit tué par Pike après qu'il ait égorgé Angel, un arrêt de la violence semble possible. Tous se figent après la mort du général que personne n'aimait. La retraite est possible mais Pike, préfère abattre le commandant prussien déclenchant une flambée de violence qui, cette fois, les détruira tous.
Seul peut-être se défendant comme il peut à l'écart du monde, le village mexicain de Angel pouvait représenter un idéal possible et la chanson qui accompagne la troupe de Pike révèle cette nostalgie d'un paradis perdu. C'est lui que tente de rejoindre à la fin Deke Thornton et son vieux complice d'autrefois. "C'est plus le bon vieux temps, mais on fera avec" concluent-ils en riant.
Jean-Luc Lacuve le 18/12/2007