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Lili Marleen

1981

Genre : Mélodrame

(Lili Marleen). Avec : Hanna Schygulla (Willie), Giancarlo Giannini (Robert), Mel Ferrer (David Mendelsson), Karl-Heinz von Hassel (Henkel), Erik Schumann (von Strehlow), Hark Bohm (Taschner), Gottfried John (Aaron), Karin Baal (Anna Lederer). 2h00.

dvd chez Carlotta Films

En 1938, la menace de tragiques événements plane sur Zurich. Robert, musicien de talent, et Willie, chanteuse allemande, s'aiment passionnément. Pourtant Robert s'absente mystérieusement pour de fréquents séjours en Allemagne. Un beau jour, il décide d'emmener Willie à Munich et de la mettre au courant de ses activités. Mais son père, David Mendelsson, riche avocat chef d'une organisation juive clandestine, hostile à cette idylle, intervient afin que Willie ne puisse revenir en Suisse.

Avec les débuts du conflit, les deux amants semblent définitivement séparés. Willie tombe sous la protection d'un haut dignitaire nazi qui lui fait enregistrer une chanson, "Lili Marleen"... sans succès. Mais un soir, l'émetteur militaire de Radio Belgrade la diffuse aux quatre coins du " Grand Reich". C'est le triomphe ; les soldats de la Wehrmacht, mais aussi les Alliés, engagés dans une guerre sans fin, font de cette chanson mélancolique leur rengaine. Willie devient alors l'une des plus grandes stars du régime. Au péril de sa vie, Robert retrouve Willie un court instant. Espionné par la Gestapo, il est arrêté. Certains de ses amis prient celle qui est désormais "Lili Marleen" de profiter d'une tournée en Pologne pour passer secrètement un film sur les camps de concentration lequel servira de monnaie d'échange contré la liberté de Robert et d'autres détenus.

À son tour Willie est suspectée. Elle tente de se suicider, mais la propagande nazie la " récupère " une nouvelle fois.

Après l'armistice, Willie repart pour Zurich avec l'intention de retrouver Robert. Dans les coulisses, alors que dans la salle de concert Robert reçoit un accueil triomphal, elle rencontre Myriam, sa femme. Comprenant que son amant semble désormais heureux, Willie quitte le théâtre et son passé.

Pour Thomas Elsaesser( R. W. Fassbinder : Un cinéaste d'Allemagne ): "Lili Marleen est avant tout un film sur le fascisme qui construit son récit autour d'un effet de montage paradoxal, mais historiquement avéré : la rencontre de hasard entre une chanson d'amour et une guerre mondiale. Le scénario de Purzer était basé sur l'événement central de la vie de Lale Andersen, une série de hasards qu'une chanson - Der Wacheposten (Le poste de garde), paroles de Hans Leip, musique de Norbert Schultze- aura fait surgir. Cette chanson a été le grand succès de l'année 1943, au cours de laquelle elle fut diffusée chaque nuit par radio Belgrade, l'émetteur de l'armée allemande dans la Serbie occupée. D'autres stations et même certaines stations du côté Alliés la reprirent, de sorte qu'elle devint une sorte de signe de reconnaissance commun à tous les soldats confinés dans les tranchées de l'Europe entière. Pendant quelque temps, la chanson fut même interdite par Goebbels, le ministre de la propagande, à cause de ses tendances défaitistes, mais l'ampleur des protestations obligea vite le régime à lever l'interdiction (…)

L'histoire de Lale Andersen est intéressante aussi. Chanteuse de cabaret d'avant-garde de la fin des années 1920, Lale Andersen rencontra le jeune compositeur juif Rolf Liebermann au début des années 1930 lors d'une tournée. Libermann qui vivait à Zurich, tomba amoureux d'elle. Les deux amants se retrouvaient souvent à Munich et à Zurich, ce qui ne manquait pas d'attirer les soupçons de la gestapo qui se mit à les surveiller. La question reste ouverte de savoir si le couple s'est effectivement engagé dans des activités politiques. (...)

Le fil narratif de Lilli Marleen suit les circonstances qui forcent les amants à s'identifier aux groupes qui font justement obstacle à leur amour, la résistance juive pour Robert, le show business pour Willie. Les deux personnages se modifient conformément à l'image que se font d'eux les univers auxquels ils ne participent qu'à leur corps défendant, mais, en même temps, ils tentent d'utiliser ces images pour intensifier leur amour. Robert opte pour le monde des devoirs politiques et moraux, dominé à tous égards par la figure de son père, de sorte qu'il finit par se définir entièrement à l'intérieur des limites œdipiennes du patriarcat. L'univers du spectacle, de la scène de l'autoreprésentation que choisit Willie est un synonyme du nazisme. La différence entre les "inscriptions" de Robert et Willie dans l'ordre social symbolique reproduit les rôles traditionnels dévolus à chaque sexe par la société. A l'homme, la loi du père prescrit le devoir, le travail et le déni de soi, à la femme la condition d'image fétiche et le rang d'objet (...)"

Source : Thomas Elsaesser, R. W. Fassbinder : Un cinéaste d'Allemagne. (Centre Pompidou, 2005). P. 251 et 266.

Test du DVD

Carlotta-Films. Avril 2012. Nouveau master restauré haute définition. Durée du film : 2h00. 15 €.

 

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