Episode 1 - Jochen et Marion : C’est soir de fête chez les Krüger-Epp, famille typique de la classe ouvrière de Cologne. Tous les membres du clan sont réunis pour fêter les soixante ans de la grand-mère, une veuve un peu fantasque qui vit chez sa fille, son gendre et son petit-fils Jochen. Alors que ce dernier est parti ravitailler la troupe en champagne, il croise sur son chemin la jolie Marion et l’invite à se joindre à eux. Plus tard, l'équipe de Jochen, des ouvriers qui fabriquent des outils, est sous pression. Ils ont dix-sept semaines pour fabriquer quatre éléments. Malgré tous leurs efforts, il semble quils n'y parviendront pas. Le délai exigé est volontairement trop court, c'est pour ça que la direction a prévu une prime pour la productivité. Jochen propose alors uen amélioration technique qui permet de simplifier le procédé de fabrication. Ce changement lui vaut une prime célébrée par toute l'équipe. Mais la direction annonce bientôt que ce nouveau procédé a pour conséquence d'anuler la prime de productivité. Pendant ce temps, grand-mère rencontre Gregor dans un parc...
Episode 2 - Grand-mère et Gregor : Grand-mère et Gregor sont à la recherche d'un appartement mais les locations sont chères et ils peinent à trouver un logement qui corresponde à leur budget. Au cours de leur recherche, il s'aperçoivent que de nombreux enfants passent la journée dans la rue faute d eplace dans les jardins d'enfants. Alors quand grand-mère voit que le local d'une bibliothèque de quartier est vidé par manque d electeurs, une idée lui vient. Avec Gregor, le soutien de Marion et l'aide de Jochen et de ses amis, ils ouvrent un jardin d'enfants qui est petit à petit accepté par les enfants et leurs mères. La police ferme l'établissement. Maintenant la vraie batille commence pour obtenir l'autorisation de la municipalité. Les mères font défiler leurs enfants dans la rue et font connaitre leur mécontentement à la presse. la municipalité cède. Monika, la soeur de Jochen, decide de reprendre le travail car sa fille, Sylvia, va au jardin d'enfants de grand-mère.
Le contremaître de l'usine où travaille Jochen est mort. La question de son remplacement se pose. Un co-équipier de Jochen, Franz, aspire à cette promotion mais la direction refuse de nommer un ouvrier.
Episode 3 - Franz et Ernst : Franz, fait office de contremaître. Une erreur de calcul lui retire tout crédit auprès de la direction. Un ouvrier raciste, Rudiger, rend Giuseppe, un travailleur immigré responsable de la faute. Un nouveau contremaître est nommé. Il ne parvient pas à s'entendre avec les ouvriers. Il vise bientôt un autre poste dans l'usine et décide de favoriser l'ambition de Franz...
Episode 4 - Harald et Moniko : La mère de Marion n'apprécie guère la liaison de sa fille avec un ouvrier. Un jour, trouvant Jochen dans le lit de Marion, elle le met à la porte. Monika, la soeur de Jochen, ne supporte plus son mari, le trop autoritaire Harald. Elle envisage de divorcer. Lors du mariage de Jochen et Marion, Harald consent à la séparation. Monika s'éprend aussitôt d'un collègue et ami de Jochen, Manfred...
Episode 5 - Irmgard et Rolf : L'entreprise où travaille Jochen va s'installer dans un autre quartier. Ce déménagement crée toute une série de problèmes humains. Jochen doit échanger son appartement neuf contre celui de ses parents. Cependant, Monika retourne chez ses parents et se fait voler toutes ses économies par un escroc. Grand-mère l'aide à recouvrer son bien. Monika et Manfred s'avouent leur amour...
En 1970, Peter Märthesheimer, Gunther Witte et Günter Rohrbach, tous trois responsables du pôle fiction de la chaîne allemande WDR, lancent deux projets de série, l’une policière et l’autre familiale. Märthesheimer propose de situer cette dernière dans le milieu ouvrier, ce qui constituait une grande nouveauté pour l’époque, les séries ayant habituellement pour héros des gens appartenant à la classe aisée. C’est également Märthesheimer qui suggère le nom de Fassbinder, déroutant les deux autres, en particulier Günter Rohrbach : « Nous voulions rapprocher Fassbinder de la WDR, mais rien de ce qu’il avait pu faire auparavant ne nous permettait d’envisager une fiction réaliste sur des ouvriers. Finalement je me suis laissé convaincre par l’enthousiasme de Märthesheimer et par l’énergie et la volonté de Fassbinder. »
Le tournage de Huit heures ne font pas un jour se déroula entre avril et août 1972. Le premier épisode a été diffusé le dimanche 29 octobre à 20h15, en prime time. La diffusion des quatre autres s’étala sur une période de presque trois mois, du 27 décembre 1972 au 18 mars 1973. Trois épisodes supplémentaires avaient été envisagés mais la série s’arrêta finalement au bout du cinquième, malgré un incroyable taux d’audience – vingt-cinq millions d’Allemands de l’Ouest étaient devant leur poste pour le premier épisode !
Dans cette série en cinq épisodes, Rainer Werner Fassbinder décrit le quotidien d’une famille de la classe ouvrière en soulignant l’importance de la vie en dehors du travail car, comme l’indique son titre, les huit heures de travail réglementaires ne suffisent pas à remplir une journée.
Première tentative sérieuse à la télévision allemande de combiner critique sociale et divertissement populaire, Huit heures ne font pas un jour aborde avec empathie et humour des problématiques clés telles que la question de la solidarité au travail, le problème des loyers élevés ou du divorce
Autour du couple Jochen et Marion, respectivement interprétés par les formidables Gottfried John et Hanna Schygulla, évoluent une quinzaine de personnages auxquels de nombreux acteurs phare de Fassbinder viennent prêter leurs traits (Irm Hermann, Wolfgang Schenck, Hans Hirschmüller), accompagnés par de « nouveaux venus » comme Luise Ullrich, l’inénarrable grand-mère, et Werner Finck dans le rôle de son compagnon.
Huit heures ne font pas un jour est devenu un véritable phénomène de société lors de sa diffusion, passionnant les familles, créant moult débats entre critiques, intellectuels et ouvriers.
D’aucuns ont pu reprocher à Fassbinder ses personnages d’ouvriers très éloignés de la réalité ou, du moins, de la représentation que les gens se faisaient des ouvriers. En effet, le cinéaste souhaitait s’affranchir du réalisme pur et dur pour offrir une fiction plus stylisée. Son objectif n’était pas de montrer le quotidien tel que vécu par les ouvriers, au risque de tomber dans le piège du misérabilisme. Au contraire, Fassbinder voulait que chaque spectateur puisse s’identifier aux protagonistes : des gens sérieux dans leur travail mais dotés d’une vie sociale et familiale.
Ce décalage entre réalité et fiction a provoqué de nombreux débats, certains reprochant au réalisateur de n’avoir volontairement pas montré les dures conditions de vie des ouvriers et la souffrance au travail. À travers les personnages de Jochen, Franz, Giuseppe et consorts, Fassbinder met en avant l’importance de la solidarité chez les travailleurs, et adopte ainsi un point de vue volontairement optimiste. Pour lui, le but de la série est d’encourager les gens à être acteurs de leur vie, prouvant que le monde peut être changé pour peu que l’on s’en donne les moyens.
De fait, Huit heures ne font pas un jour est indissociable de son époque, car porté par un mouvement de remise en question des valeurs conservatrices de l’après-guerre, de rejet de la normalité et d’aspiration à de nouvelles libertés. Car la série ne se cantonne pas au seul milieu ouvrier, il parle aussi de l’émancipation des femmes, des nouvelles méthodes d’éducation, des nouveaux concepts du vivre-ensemble, notamment vis-à-vis des personnes âgées. Toutes les utopies du début des années 1970 deviennent non seulement visibles mais concrètes dans Huit heures ne font pas un jour, y compris ses illusions.
C’est en cela que la série de Fassbinder est un formidable témoignage de ce à quoi aspirait la société allemande à l’époque : le monde dans lequel évoluent Jochen et Marion n’est certes pas le reflet de la vie réelle mais là réside tout l’intérêt et le pouvoir de la fiction… faire l’expérience d’un monde plus ouvert et plus beau qu’il ne l’est en réalité. Fassbinder réalisera deux autres séries télévisées : Le Monde sur le fil et Berlin Alexanderplatz.
Editeur : Carlotta-Films, avril 2018. 3 BD. Format 1.37. Durée totale des 5 épisodes : 7h45. 35,10 € |
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Suppléments :
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