Rodin

2017

Genre : Biopic

Compétition officielle Avec : Vincent Lindon (Auguste Rodin), Izïa Higelin (Camille Claudel), Séverine Caneele (Rose Beuret), Edward Akrout (Edward Steichen). 1h59.

À Paris, en 1880, Auguste Rodin reçoit enfin à 40 ans sa première commande de l’Etat : ce sera La porte de L’Enfer composée de figurines dont certaines feront sa gloire comme Le baiser et Le penseur. Il partage sa vie avec Rose, sa compagne de toujours, lorsqu’il rencontre la jeune Camille Claudel, son élève la plus douée qui devient vite son assistante, puis sa maîtresse. Elle le soutient pour le buste de Victor Hugo. Devant le refus de Rodin de l'épouser, elle tente de se faire plus exigeante envers lui. Rodin ne se sépare pas de Rose mais emmène Camille en Touraine. Leur escapade artistico-amoureuse se termine mal. Camile accepte d'avorter.

En 1894, se rencontrent à Giverny Claude Monet, Octave Mirbeau, Auguste Rodin et Paul Cézanne  qui seront rejoints par Clémenceau.Face à un Cézanne qui doute, Rodin réplique "La beauté, on ne la trouve que dans le travail, sans lui on est foutu" . Puis, il admire l'une des cathédrales de Monet, négligemment posée là.

Rodin retire le visage de La Femme cambrée, laissée à l’état de torse et propose, tout aussi inachevée, La méditation, sans bras et jambes, dont elle n'a que faire.

"Je ne cherche pas à plaire. Je cherche le vrai" réplique Rodin à la commission qui trouve déplaisant, le gros ventre de Balzac et ses testicules gonflés. Camille aide encore Rodin sur cette première version de la statue de Balzac, nu. Camille souffre de n'être pas reconnue (La valse) et rompt avec Rodin, espérant trouver une voie plsu autonome. Faisant plus que jamais l'amour avec ses modèles, Rodin oublie Camille.

Rodin visite l'exposition Camille Pissaro -Camille Claudel,  est ému par le plâtre de Camille humiliée à genoux,  implorant (qui donnera le bronze posthume de L'Âge mûr). Rodin habille Balzac d'une robe de chambre. Cette seconde version de la statue déplait et fait scandale ce qui le blesse profondément Rodin.

Il demande à ses modèles féminins d'expérimenter des poses. Il les dessine sans les quitter des yeux. Avec Rilke et Rose, il visite la cathédrale de Chartres.

1908. À l’automne, Edward Steichen photographie le plâtre du Balzac à la lumière de la lune.

Bénéficiant des sculptures du musée Rodin, Doillon filme la plupart des scènes dans l'atelier de Rodin ou celui qu'il a mis à disposition de Camille ou dans son hôtel particulier à Meudon. Les deux séquences avec  Claude Monet, Paul Cézanne et Octave Mirbeau tentent d'échapper à l'académismes avec le grand vent qui  agite les tentures ou Paul Cézanne s'agenouillant

Le film ne surprend jamais, se contentant d'illustrer sculptures célèbres et phrases remarquables dans une succession assez scolaire. Lindon prend toujours la même pose inspirée quelle que soit sa sculpture, ajoutant à bout de bras, telle boule de terre ou retirant une partie de la glaise. Le processus créateur n'est expliqué que dans les dialogues (inachèvement, travail, chercher le vrai...). Mais Lindon marmonne ses dialogues dans sa barbe. Sans barbe, Izïa Higelin en fait autant, rendant une partie des dialogues bizarrement confus.

Biopic bien inutile après Camille Claudel (Bruno Nuytten, 1988) ou Camille Claudel, 1915 (Bruno Dumont, 2013).

Jean-Luc Lacuve le 27/05/2017.