Accueil Fonctionnement Mise en scène Réalisateurs Histoires du cinéma Ethétique Les genres Les thèmes Palmarès Beaux-arts

Mes séances de lutte

2013

Avec : Sara Forestier (Elle), James Thiérrée (Lui), Louise Szpindel (La soeur), Mahault Mollaret (La copine). 1h37.

Une jeune femme prétexte l’enterrement de son père pour retrouver un voisin plutôt charmant, et tenter de comprendre pourquoi elle a interrompu le rapport amoureux amorcé avec lui quelques mois plus tôt. Ils se retrouvent et rejouent la scène où sa dérobade a empêché leur histoire de commencer.

Ils s’y essaient, se débattent, s’empoignent, tout en se rapprochant. Ils se frottent, se cognent l’un contre l’autre et s’amusent à dialoguer avec autant de fantaisie que de gravité, et à entrer dans une lutte de plus en plus physique.
Ils vont finir par se lier l’un à l’autre au cours de séances quotidiennes qui ressemblent à un jeu. Par-delà leur joute verbale, cette confrontation devient une nécessité pour essayer de se trouver, un curieux rituel auquel ils ne peuvent échapper.

Peu à peu, l’évidence qu’il faudra que quelque chose se libère entre eux pour que ces luttes soient enfin devenues une vraie lutte d’amour.

Le metteur en scène s'est inspiré de Lutte d’amour de Cézanne, quatre couples qui bataillent, nus, en plein air. Il repose par ailleurs sur un dispositif minimaliste : deux personnages dans un lieu unique. Comme toujours, Doillon travaille avec peu d'acteurs et économise le nombre de scènes pour se concentrer sur la relation presque expériementale entre les personnages d'"elle" et "lui".

Lutte d'amour , Paul Cézanne 1875-76
Lutte d'amour, version Doillon

"Il" reproche à "elle" d'être toujours en guerre avec les autres parce qu'elle n'est pas en paix avec elle-même. Petite fille désolée de ne pas avoir été aimée par le père, "elle" rejoue avec "il" une lutte où "elle" pourrait apprendre à se battre plutôt qu'à se morfondre dans le regret.

"Elle" gagne ainsi la force de se battre auprès de sa sœur pour obtenir sa part d'héritage auquel, dans une première phase d'autodestruction, elle avait renoncé par bravade. "Elle" remporte l'appareil photo et peut-être le piano sur sa sœur qu'un pacte cruel pour "elle" lie à son frère.

Parallèlement la relation avec "il" devient quotidiennement plus violente et sauvage. Lorsque le jeu évoque l'inceste, il cesse immédiatement mais le danger du masochisme semble prendre le dessus, lassant la relation du couple incertaine.

Jean-Luc Lacuve le 11/11/2013.

Retour