Accueil Fonctionnement Mise en scène Réalisateurs Histoires du cinéma Ethétique Les genres Les thèmes Palmarès Beaux-arts

La vérité

1960

Genre : Drame social

Avec : Brigitte Bardot (Dominique Marceau), Charles Vanel (Maître Guérin), Paul Meurisse (Maître Éparvier), Sami Frey (Gilbert Tellier), Marie-José Nat (Annie Marceau), Louis Seigner (le président), André Oumansky (Ludovic). 2h04.

Dominique Marceau est jugée pour le meurtre de son amant Gilbert Tellier. Au cours des audiences se dessine petit à petit le véritable visage de l'accusée...

Dominique a séduit Gilbert, le jeune fiancé de sa soeur Annie. Mais si pour Dominique, fille volage et de moeurs légères, c'est une passade sans importance, c'est pour Gilbert la révélation d'une passion dévorante, et pour Annie un drame déchirant. Gilbert rompt avec Annie pour vivre avec Dominique. Cette dernière, cependant, le trompe sans malice et Gilbert, déçu, retourne auprès d'Annie.Dans un accès de colère et de découragement, Dominique tue Gilbert d'un coup de revolver.

Dans le Palais de Justice, les avocats s'affrontent au cours de leurs plaidoiries. Pour l'avocat général, Dominique est un monstre de perversité sans morale, sans sentiment, qui a tué par égoïsme, refusant qu'un amant de passage la délaisse. Pour l'avocat de la défense, elle est une victime sensible et délicate, plongée dans un monde de cruauté et de corruption, et dont les nerfs ont cédé. Le jury ne tranchera pas : la veille du jugement, Dominique se suicide dans la prison en s'ouvrant les veines.

À la fin de l'audience, les avocats qui se sont violemment pris à parti tout au long des débats, devisent gaiement ensemble.

La vérité est un exemple caractéristique de la fameuse qualité française dénoncée par la Nouvelle vague. Il fait preuve d'une misanthropie de bon aloi. Les instances judiciaires sont des professionnels bornés (le juge) ou des roublards intelligents et cynique, l'avocat et le procureur. Féroces dans le prétoire, ceux-ci s'entendent parfaitement dans la vie ; vie de vieux qui les empêcherait de comprendre les jeunes.

L'assistante de Vanel, plus jeune, s'intéresse à Dominique Marceau ce que lui reproche son patron lorsqu'elle arrive en retard alors qu'il a dû placer lui-même madame Boutreau, une riche bourgeoise attirée par le parfum de scandale du procès. "Les laboratoires Boutreau, ça fait cinq millions par an, alors, à côté de ça, les états d'âmes de Dominique Marceau...". Son assistante lui propose de plaider la vérité. Quelle vérité ? s'insurge Vanel, "Une histoire de gosses. Vous pourriez leur faire comprendre" dit-elle. "On dirait que vous ne les connaissez pas. Mais non, je ne vais pas prendre une gamelle pour faire plaisir à cette petite imbécile. J'ai trouvé un moyen de marquer des points. Gilbert est un salaud, il racontait des salades pour la baiser. C'était une pauvre idiote qui marchait dans un rêve. Quand elle a ouvert les yeux, elle a tiré. Voilà la vérité". "Toujours la même quoi, répond l'assistante désabusée". "Aux assises, il n'y en a qu'une conclut Vanel" sous-entendant par là que les jeunes femmes sont des proies faciles et les hommes de vils séducteurs.

Cette noirceur systématique, triste à se suicider, Clouzot la fait hélas sienne. Jamais il ne fait autre chose de Bardot qu'une ravissante idiote qui, lassée de ses amours sans lendemain de la bohème parisienne, s'éprend d'un musicien plein d'avenir sans comprendre que, sans points communs à partager avec lui, leur amour physique est sans espoir (...ce n'est que plus tard que Bardot chantera Gainsbourg).

Au total donc un film bien anodin mais pas déplaisant avec les qualités de ses dialogues. Bardot mutine déclarant "Et mon cul, c'est du poulet!" Vanel misanthrope : "A dire que ça pourrait être un si beau métier sans les clients" puis "Elle est plutot difficile à enlaidir, ça tombe mal : regarder les jurés !" Et Meurisse de renchérir : "Sales gueules, tout à fait ce qu'il me faut".

Après En cas de malheur (Claude Autant-Lara, 1958) c'était le deuxième grand rôle dramatique de Brigite Bardot. Grand prix du cinéma français, le film décrocha un oscar à Hollywood pour un scénario avec flashes back sans grande originalité.

Jean-Luc Lacuve le 19/03/2010

Retour