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Un pont trop loin

1977

(A bridge too far). Avec : Dirk Bogarde (Général Browning), Sean Connery (Major général Urquhart), Ryan O'Neal (Brigadier général Gavin), Gene Hackman (Major général Sosabowski). 2h56.

Une famille néerlandaise observe le retrait des forces allemandes vers l'Allemagne. Elle espère ainsi que la guerre sera bientôt finie. Le feldmarschall Gerd von Rundstedt arrive au QG des forces allemandes sur le front ouest et découvre que son armée a été diminuée.

Pendant ce temps en Angleterre, le général Frederick Browning expose le plan de l'opération Market Garden : 35 000 hommes seront transportés à 480 km des bases aériennes en Angleterre et largués derrière les lignes ennemies aux Pays-Bas. C'est la plus grande opération aéroportée de l'histoire. Deux divisions de parachutistes américains sont chargées de sécuriser la route et les ponts jusqu'à Nimègue. Une division britannique, commandée par le major-général Roy Urquhart, doit débarquer près d'Arnhem et y tenir les deux côtés du pont, appuyée par une brigade de parachutistes polonais commandée par le général Stanisław Sosabowski. Le XXX Armored Corps doit remonter la route sur les ponts capturés par les parachutistes américains et atteindre Arnhem deux jours après le largage.

Alors que le général Urquhart briefe ses officiers, certains d'entre eux sont surpris qu'ils vont devoir tenter un atterrissage si loin de leur objectif car la distance entre leur zone d'atterrissage et le pont rendra leurs radios portables inutilisables. Bien que le consensus soit que la résistance sera entièrement composée de vieillards inexpérimentés et de la jeunesse hitlérienne, des photos de reconnaissance montrent la présence de chars allemands à Arnhem. Le général Browning rejette néanmoins les photos et ignore également les rapports de la résistance néerlandaise, estimant que l'opération réussira malgré tout.

Le pont d'Arnhem est la cible privilégiée, puisqu'il sert de dernier moyen de fuite aux forces allemandes aux Pays-Bas et de route directe vers l'Allemagne pour les Alliés. Cependant, la route qui y mène n'est qu'une seule voie reliant les différents ponts clés et les véhicules doivent se faufiler sur le bord pour passer. La route est également surélevée, ce qui fait ressortir tout ce qui se déplace le long de celle-ci.

Bien que les largages aériens prennent l'ennemi par surprise et rencontrent peu de résistance, le pont de Son est démoli par les Allemands juste avant qu'il puisse être sécurisé. De plus, des troubles assaillent la division d'Urquhart, car de nombreuses jeeps n'arrivent pas ou sont détruites dans une embuscade, en plus de leurs postes radio non fonctionnels.

Pendant ce temps, la progression du XXX Corps est ralentie par la résistance allemande, l'étroitesse de la route et la nécessité de construire un pont Bailey pour remplacer celui détruit à Son. Ils sont ensuite arrêtés à Nimègue, où les soldats de la 82e division aéroportée effectuent une dangereuse traversée de jour pour capturer le pont de Nimègue et le XXX Corps est encore retardé en attendant que l'infanterie sécurise la ville.

Enfin, les troupes polonaises du général Sosabowski sont parachutées mais elles se font attaquer par les Allemands avant même de toucher le sol. Le XXXe corps a progressé jusqu'à Elst (8 km d'Arnhem) mais ils subissent de violentes attaques ; de plus, les épaves bloquent la route. Les troupes du colonel Sosabowski tentent de rejoindre les troupes du général Urquhart sur l'autre rive du Rhin mais échouent (les soldats polonais ne disposent que de petits canots pneumatiques "dinghies").

À Arnhem, un cessez-le-feu est organisé pour évacuer les blessés ; plusieurs Britanniques rejoignent les hôpitaux allemands, dont Frost, alors que le XXXe corps n'est plus qu'à 2 km. Afin d'éviter l'annihilation de la 1re aéroportée anglaise, le général Urquhart reçoit l'ordre de se retirer. La nuit du lundi 25 septembre, il s'échappe avec le reste de ses troupes lors d'une progression difficile à travers la forêt, puis il traverse le Rhin avec pas plus de 2 000 hommes, et réussit à regagner les lignes alliées. Au matin il se confronte au général Browning sur son opinion de l'opération Market Garden; Browning lui répond : "Moi comme vous le savez, je maintiens que nous avons essayé d'aller un pont trop loin". L'opération Market Garden a échoué, les Alliés ont perdu 17 000 hommes et les Allemands 10 000.

De retour à Oosterbeek, Kate ter Horst, dont la maison a été transformée en hôpital de fortune par les Britanniques, abandonne ses ruines. En passant par la cour avant, maintenant un cimetière pour les soldats tombés au combat, elle et ses enfants partent avec un médecin âgé, tirant quelques biens dans une charrette, tandis que les soldats britanniques blessés chantent "Abide with Me (Demeure avec moi) " en attendant d'être capturés.

Comme Le jour le plus long (1962), Un pont trop loin est adapté d’un livre du journaliste Cornelius Ryan. Il raconte ce qui aurait dû rester dans l’histoire comme le "deuxième débarquement" en septembre 1944 : le parachutage de 35 000 soldats aux Pays-Bas suivi d'une offensive blindée au sol devait permettre de dégager la route vers l'Allemagne et terminer la guerre dans l'année.

La stratégie de l’armée britannique, conçue par Montgomery (absent du film) en opposition avec Patton, est exposée par un général Browning sans état d'âme alors que de nombreux signes en montrent l'échec possible. Malgré des scènes d'actions spectaculaires et héroïques, la dure réalité des combats masque de plus en plus mal la déroute qui s'annonce.

Face à une distribution (trop) éblouissante où chaque rôle, chaque second rôle, est incarné par une star (avec l'effort toutefois de parler dans la langue des protagonistes), le moment le plus fort intervient à la fin quand Richard Attenborough lui-même incarne l'un des fous échappés d’un asile bombardé. La guerre est une folie, semble déjà dire l'auteur de Ghandi (1982).

Jean-Luc Lacuve, le 18 mars 2023.

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