(1593-1652)
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Baroque |
Le vielleur | 1630 | Nantes, Musée des Beaux-arts |
Le tricheur à l'as de trèfle | 1634 | Forth Worth, Kimbell Art Museum |
La diseuse de bonne aventure | 1639 | New York, Metropolitan |
Le tricheur à l'as de carreau | 1639 | Paris, Louvre |
Saint Joseph charpentier | 1640 | Paris, Louvre |
Apparition de l'ange à Saint Joseph | 1640 | Nantes, Musée des Beaux-arts |
La Madeleine à la veilleuse | 1645 | Paris, Louvre |
Le nouveau né | 1650 | Rennes, Musée des Beaux-arts |
Le reniement de saint Pierre | 1650 | Nantes, Musée des Beaux-arts |
Georges de La Tour naît le 14 mars 1593
à Vic-sur-Seille, siège du bailliage de l'évêché
de Metz. L'acte de baptême de Georges de La Tour, conservé à
la mairie de Vic-sur-Seille, indique qu'il est le fils de Jean de La Tour
dit l'Architecte, boulanger, et de Sibylle de Crospeaux, issue également
d'une famille de boulangers. Il est le deuxième des sept enfants de
la famille.
Son parcours, et particulièrement sa formation initiale, restent mal
connus. Il débute une carrière de peintre et fait peut-être
la rencontre des maîtres hollandais de l'école caravagesque d'Utrecht
Gerrit van Honthorst et Hendrick Terbrugghen lors d'un voyage en 1616. Il
a été avancé qu'il se serait rendu à Rome où
il aurait découvert l'uvre du Caravage, mais rien ne l'atteste
et, s'il est clairement influencé par le caravagisme, cette influence
semble plutôt lui avoir été transmise par le biais de
la connaissance de l'uvre de Terbrugghen, peintre auquel il a souvent
été comparé. Il serait donc l'un des rares peintres français
de l'époque à ne pas avoir entrepris le classique voyage en
Italie.
Il se marie le 2 juillet 1617 à Vic-sur-Seille avec Diane Le Nerf,
membre d'une famille noble de Lunéville. Les deux époux s'installent
dans cette ville où La Tour commence une carrière brillante,
sous le règne d'Henri II de Lorraine, admirateur du Caravage : il multiplie
les tableaux à sujet religieux mais aussi les scènes de genre,
les tableaux réalistes représentant musiciens et mendiants.
Il s'installe en 1619 à la cour du château de Lunéville.
En 1620, il est même reçu bourgeois de la ville, doté
par le duc de lettres d'exemption qui lui octroient les franchises accordées
aux aristocrates. Il devient lui-même l'un des habitants les plus riches
de Lunéville et reçoit de nombreuses commandes de la bourgeoisie
et de la noblesse lorraine, bien qu'il ne parvienne pas à devenir peintre
officiel du duc Henri II, ce titre étant alors l'apanage de Claude
Deruet.
Mais à partir de 1633, la Lorraine, dirigée depuis peu par le
maladroit duc Charles IV, et jusque-là prospère et sûre,
sombre dans les destructions de la guerre de Trente ans. Lunéville,
où réside La Tour, est incendiée en septembre 1638 et
le peintre est obligé de fuir la ville pour se réfugier avec
sa famille à Nancy. Il préfère alors quitter la Lorraine
et se rend à Paris puisque l'on sait qu'en 1639 il y reçoit
le titre de peintre ordinaire du roy ainsi qu'un logement au Louvre, le roi
Louis XIII possédant son Saint Sébastien soigné par
Irène.
Mais ses possessions et privilèges sont
chez lui, en Lorraine, et dès que sa maison est reconstruite, en 1641,
il est de retour à Lunéville. Le succès est toujours
au rendez-vous puisque plusieurs fois le duc de la Ferté, gouverneur
français de Lorraine, lui commande des uvres notamment
des tableaux représentant des scènes nocturnes. Les uvres
de la fin de sa vie représentent exclusivement des scènes religieuses
bien que marquées par la peinture de genre probablement,
selon le critique Anthony Blunt, en raison du regain d'importance de la vie
religieuse dû aux franciscains en Lorraine après la guerre de
Trente Ans. Georges de la Tour meurt subitement le 30 janvier 1652 à
Lunéville lors d'une épidémie qui emporte également
sa femme et son valet. Il sombre alors rapidement dans l'oubli.
Son fils Étienne (né en 1621) qui a été son apprenti,
seul héritier du peintre avec deux surs qui ne se marieront pas,
va alors réaliser le rêve de son père : acheter le domaine
franc de Mesnil près de Lunéville, et gagner ses lettres de
noblesse, non sans chercher à faire oublier son origine roturière.
Il décède en 1692.
Très réputé à son époque, Georges de
la Tour sombre ensuite dans l'oubli. Ses uvres sont dispersées
et attribuées à d'autres peintres : italiens, comme Guido Reni,
Carlo Saraceni ou Orazio Gentileschi, hollandais comme Hendrick Terbrugghen
ou Gerrit van Honthorst et parfois même aux espagnols Francisco de Zurbaran
et Vélasquez. Très peu de ses tableaux sont signés, et
l'on a parfois volontairement effacé sa signature pour constituer une
attribution plus prestigieuse pour l'époque.
On n'a identifié jusqu'ici aucune relique de la vie de La Tour : portrait,
objet personnels, livres, demeures ainsi que sa tombe, tout paraît avoir
disparu. Mérimée dans Notes d'un voyage dans l'Ouest de la
France, puis, Stendhal, dans Les mémoires d'un touriste,
parus en 1838, découvrant Le
vielleur l'attribuent tout deux à l'école de Séville,
parlant de Murillo ou de Vélasquez. Son Nouveau-né
du musée des beaux-arts de Rennes est attribué quant à
lui à Le Nain par Hippolyte Taine en 18634, tandis que Louis Gonse,
en 1900, évoque les noms de Rembrandt, de Vermeer ou encore de caravagiste.
Certaines de ses toiles se retrouvent même sous le nom de Quentin de
La Tour, à cause de la proximité de son patronyme avec celui
du peintre lorrain, et ce bien qu'il soit né plus d'un siècle
après Georges de La Tour et qu'il peigne dans un style complètement
différent.
Georges de La Tour est redécouvert seulement en 1915, lorsque l'historien
d'art allemand Hermann Voss (1884-1969) lui attribue deux toiles du musée
des Beaux-Arts de Nantes grâce à une gravure et
le nouveau-né du musée
de Rennes (le troisième tableau de Nantes est identifié un peu
plus tard). Les travaux de Hermann Voss qui sappuie notamment
sur des travaux dAlexandre Joly de 1863, vont lui réattribuer
ses tableaux à éclairage diurnes ils ont justement replacé
Georges de La Tour parmi les plus grands peintres français du XVIIe
siècle.
Une exposition 'Les Peintres de la Réalité en France au XVIIe
siècle", organisée au musée de l'Orangerie de novembre
1934 à février 1935, permet au public de le découvrir.
C'est la première fois que sont réunis treize des quinze tableaux
alors attribués à l'artiste et c'est une révélation.
En 1948, une thèse de François-Georges Paris et renforce les
travaux de Voss. Depuis, les travaux et les études sur l'uvre
de Georges de La Tour se sont multipliés et ont permis l'identification
d'une production d'une petite centaine de toile dont une petite quarantaine
nous sont parvenues et il est aujourd'hui considéré comme l'un
des plus grands et originaux maîtres français de son temps. Dès
1960, sa Diseuse de bonne
aventure est acquise par le Metropolitan Museum de New York, ce qui provoque
d'ailleurs une polémique sur l'autorisation du départ d'une
uvre de telle importance hors du territoire français, et une
nouvelle exposition est consacrée au peintre à lOrangerie,
en 1972.