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Le tableau représente un jeune homme portant une tenue identique à celle du personnage de La Découverte du corps de saint Alexis, un justaucorps mauve aux manches rouges, un col blanc à galons et une toque noire sur la tête. Le thème du souffleur est largement répandu dans la peinture européenne des XVIe et XVIIe siècles et provient de la peinture vénitienne. Le Greco semble être le premier à représenter ce type de caractère en tant qu’entité distincte. On le retrouve particulièrement traité dans la peinture caravagesque chez Gerrit van Honthorst ou Hendrick Terbrugghen.
La scène paisible, illuminée par un morceau de bois en combustion par son réalisme rigoureux et son clair-obscur dramatique, à la manière du Caravage, lui confèrent une profonde spiritualité, à l'instar d'une peinture religieuse.
Dans la Lorraine du XVIIe siècle, ce type de composition est emblématique d’un type de production destiné à orner les intérieurs bourgeois. On en trouve en effet plusieurs mentions dans les inventaires lorrains de l’époque de La Tour : un « souffleur de lumière » apparaît dans l’inventaire de 1636 de l’intendant du duc de Lorraine Nicolas-François Regnault tandis qu’en 1649 un « tableau d’un souffleur, façon de La Tour » est vendu par le marchand Antoine Grand au clerc d’office de la duchesse. Parmi les autres souffleurs peints par l’artiste aujourd’hui localisés, on peut citer Le Souffleur à la lampe du Musée des Beaux-Arts de Dijon ou La Jeune fille soufflant sur un brasero, conservée dans une collection privée allemande, qui a parfois été considérée comme le pendant du Souffleur à la pipe.
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| version Tokyo, 70.8 x 61.5 cm | version Nancy : 77 x 63 cm |
Neuf versions différentes de cette composition sont aujourd’hui connues. Le tableau conservé au Tokyo Fuji Art Museum, signé et daté de 1646, semble en être la version originale.
Le tableau de Nancy, d’après Georges de La Tour, possède une finesse d’exécution légèrement en deçà de l’exemplaire conservé à Tokyo qui amène à rejeter l’attribution à La Tour ou à son atelier. On remarque en effet certaines faiblesses dans le rendu des lèvres, des plis du col ou dans l’oubli des boutons supérieurs du justaucorps. L’œuvre demeure néanmoins une copie de belle qualité respectant la force de l’effet lumineux voulu par l’artiste.
En 1951, le Musée du Louvre dépose au Musée lorrain un tableau d’après Georges de La Tour dénommé Le Souffleur à la pipe. Le statut de cette toile est particulier : il s’agit en effet d’un MNR (pour Musée Nationaux Récupération), initiales désignant habituellement une œuvre spoliée pendant la Seconde Guerre mondiale par les autorités nazies. Provenant vraisemblablement d’une collection privée de Pont-à-Mousson et après être passé entre plusieurs mains privées, le tableau est en effet acheté en 1941 à la galerie Louis Carré par Walter Hofer, agent du haut dignitaire nazi Hermann Göring. Il est placé dans la résidence de ce dernier à Carinhall puis retrouvé en 1945 à Berstesgaden par des unités américaines et françaises qui découvrent cinq wagons du train contenant une partie de ces trésors spoliés. Enregistré au Central Collecting Point de Munich, l’œuvre est attribuée au Musée du Louvre par l’Office des Biens et Intérêts Privés en 1950, un an avant son arrivée à Nancy.
Le tableau actuellement à Tokyo est découvert dans le sud de la France en mai 1973 et présenté au public pour la première fois dans l'ouvrage « Georges de La Tour », où il figure sous le numéro 53, publié conjointement par Pierre Rosenberg et François Macé de l'Epinay la même année. Après avoir examiné la toile, une fois sa surface nettoyée, Rosenberg et Christopher Wright partagèrent l'avis qu'il s'agissait de la plus belle œuvre de l'artiste. Jacques Thuillier et d'autres chercheurs partagent également cet avis. Il s'agit de l'une des quelque quarante œuvres authentiques de La Tour qui nous sont parvenues.