Georges de La Tour a traité, à trois reprises au moins, le thème de la Madeleine pénitente comme le prouvent les tableaux conservés au County Museum of Art de Los Angeles, à la National Gallery de Washington et au Metropolitan Museum de New York. Dernier en date, le tableau du Louvre est le plus strictement composé.
Le tableau, qui appartenait à Camille Terff à Paris en 1914, est entré au Louvre après de multiples péripéties. Son propriétaire avait chargé un intermédiaire véreux de le vendre. Refusant une offre du Louvre, pourtant supérieure à la somme demandée par Terff, l’intermédiaire entame finalement des négociations qu’il conclut avec le musée de Cologne ; mais l’escroc garde pour lui une partie de la recette. Suite à de multiples recours en justice engagés par Terff et ses héritiers, l’œuvre regagne la France et le Louvre en 1949, après un séjour dans les mines de sel, en Allemagne, où il avait été mis à l’abri des bombardements de la seconde guerre mondiale.
La jeune femme est assise devant une table sur laquelle sont diposés quelques livres et un verre d’huile où brûle une mèche. Madeleine est en pleine méditation, le regard fixé sur la grande flamme qui éclaire son visage. Elle est pieds nus et tient de la main gauche son menton et de la droite, un crâne tourné vers le spectateur et luisant sous l’effet de la lumière. Guérie par le Christ des démons qui l’habitaient, Marie Madeleine médite sur la vie et sa fragilité, évoquée par le crâne et par la petite flamme éphémère et tremblante. La pécheresse repentie et sanctifiée apparaît fréquemment à partir du XVIIe siècle avec saint Jérôme comme une image type de l’abandon du monde et de la pénitence. Cet aspect de la sainte sera fortement soutenu et encouragé par le concile de Trente qui en fait la personnification du sacrement de Pénitence.
La Madeleine est l’un des thèmes de prédilection de Georges de La Tour. On connaît actuellement quatre tableaux originaux présentant un schéma de composition similaire mais comportant de nombreuses variantes : National Gallery de Washington, Louvre, Metropolitan Museum de New York, County Museum de Los Angeles. C’est de cette dernière version que le tableau du Louvre est le plus proche. En dehors de l’intensité conférée à cette image de méditation, le peintre fait preuve, une fois de plus, d’une très grande virtuosité dans la représentation de la lumière et des objets comme, par exemple, l’effet de loupe produit par l’huile dans le verre. D’autres versions de ce thème par La Tour sont également connues à travers des gravures et des copies.