Pour offrir la possibilité aux spectateurs des salles art et essai de découvrir la sélection dans la foulée du festival de Cannes, la Quinzaine des Cinéastes propose 12 jours d'avant-premières des films de la nouvelle édition dans une trentaine de salles de cinéma partenaires.Une opportunité unique de plonger au coeur du cinéma contemporain mondial, pour un voyage qui nous nous emmène à la rencontre des œuvres de cinéastes d’Argentine, du Brésil, du Canada, du Danemark, d’Égypte, d’Espagne, des États-Unis, de France, d’Inde, du Japon, de Palestine et de Taïwan ! Un événement unique en son genre, qui place la salle au sein des enjeux politiques actuels.

La mise en scène est au cœur du travail de la sélection des films qui, par leur langage unique, incarnent un esprit de résistance à toute forme d’idéologie et de discours dominant. La recherche de singularités en termes d’écriture cinématographique est un long parcours de défrichage dans tous les sens : identifier des films sans distributeur et sans vendeur portés par de jeunes cinéastes et producteurs, éviter les pièges des films trop formatés, la première mission demeure la découverte de nouveaux cinéastes.

La quinzaine des cinéastes 2024 au Café des Images
 
 

Septembre sans attendre (Jonás Trueba, Espagne). Sortie le 28 aout. Avec : Itsaso Arana, Vito Sanz, Fernando Trueba, Jon Viar. 1h54.

Pour célébrer leur rupture, un couple prévoit d’organiser une fête. Lorsqu’ils apprennent la nouvelle à leur entourage, personne n’accepte de les croire.

Le nouveau film de Jonás Trueba (Eva en août, Qui à part nous ? , Venez-voir) est une comédie de remariage moderne. Citant Stanley Cavell et Kierkegaard, Septembre sans attendre réitère sans cesse l’annonce de la séparation pour remettre le couple à l’épreuve de leur amour.

Soirée d'ouverture festive : voir ici le programme et présence exceptionnelle du réalisateur, à mon avis le plus grand du cinéma espagnol contemporain apparu depuis Pedro Almodovar.

 

Mercredi
5 juin
20h30
au Cdi
avec
la présence du réalisateur

Gazer (Ryan J. Sloan, Etats-Unis). Avec : Marcia DeBonis (Brenda), Ariella Mastroianni (Frankie Rhodes), Renee Gagner (Claire Reznik), LeJon Woods(Dr. Marin), Emma Pearson (Cynthia Rhodes). 1h54.

Frankie est atteinte de dyschronométrie, une maladie dégénérative qui l’empêche de percevoir correctement le temps. Encline à la paranoïa et sujette à des pertes de consciences fréquentes, elle enregistre des messages sur des cassettes pour se repérer et assurer sa sécurité. Incapable de trouver un travail stable dans son état, en quête d’argent pour récupérer la garde de sa petite fille, elle accepte une mission proposée par une femme aux intentions troubles…

Premier film d’un cinéphile passionné, tourné avec un budget dérisoire, Gazer renoue avec les codes du thriller paranoïaque des grands maîtres du Nouvel Hollywood avec une touche de cinéma d’horreur façon Cronenberg. Tourné dans un magnifique 16mm, le film fait preuve d’une étonnante maîtrise dans la direction d’acteurs, le découpage et le montage. On y suit un personnage féminin magnétique interprétée par Ariella Mastroianni, également coscénariste du film.

Vendredi
7 juin
20h30 
au CdI
  Something old, Something new, Something Borrowed (Hernán Rosselli | Argentine).

Dans une banlieue populaire de Buenos Aires, les Felpeto ont leur business rodé de loterie illégale. Après la mort du père, la mère et la fille doivent reprendre en main les affaires.

Maribel, voisine d’enfance du cinéaste, lui a confié d’anciennes vidéos familiales et a accepté de devenir « au présent » un personnage de fiction devant sa caméra, comme les autres membres de sa tribu, transformés en bookmakers. La théorie des jeux et la figure du réseau s’imposent à toutes les échelles, des souvenirs individuels à l’histoire d’un pays. Digne représentant d’une cinématographie en danger, l’Argentin Hernán Rosselli présente Algo viejo, algo nuevo, algo prestado sorte de Les Soprano ou Les Affranchis en mode low-fi artisanal, dans une famille de bookmakers où, après la disparition du père, la mère et la fille reprennent les affaires familiales. Plongée dans l’univers des paris sportifs au sein d’une classe ouvrière des banlieues qui veut, elle aussi, trouver une place au soleil.

Dimanche
9 juin
16h00
au Cdi
 

Vers un pays inconnu (Mahdi Fleifel, Palestine-Danemark). Chatila et Reda sont deux cousins palestiniens réfugiés à Athènes. Ensemble, ils multiplient les combines pour rassembler une importante somme qui leur permettra d’acquérir de faux passeports, sésame vers l’Allemagne où ils rêvent de pouvoir enfin construire leur vie. Mais cette quête les pousse à franchir leurs limites, laissant derrière eux une part d’eux-mêmes dans l’espoir d’un avenir meilleur.

Première fiction d’un cinéaste palestinien qui s’est fait remarquer dans le champ du documentaire, le film raconte la tentative désespérée de deux cousins palestiniens clandestins bloqués à Athènes pour trouver une combine qui leur permettra de rejoindre l’Allemagne. Nourri de cinéma américain new-yorkais (comme Macadam Cowboy etc.), To a Land Unknown file à toute allure, tel un thriller nerveux, tragique et aussi très documenté.

Dimanche 9 juin
18
h00

au CdI

La prisonnière de Bordeaux (Patricia Mazuy, France). Avec : Hafsia Herzi (Mina), Isabelle Huppert (Alma), Magne-Håvard Brekke (Christopher Lund). 1h48.

Alma, seule dans sa grande maison en ville, et Mina, jeune mère dans une lointaine banlieue, ont organisé leur vie autour de l’absence de leurs deux maris détenus au même endroit… A l’occasion d’un parloir, les deux femmes se rencontrent et s’engagent dans une amitié aussi improbable que tumultueuse…

Tel un contrepied à Bowling Saturne, Patricia Mazuy signe un film d’émancipation féminine et de sororité sur fond de rapport de classe. Dans les rôles principaux, Isabelle Huppert et Hafsia Herzi forment un tandem noué autour d’un désir commun d’en finir avec le passé et de s’affranchir de la domination masculine. Sans manichéisme et sans tiédeur.

Mardi
11 juin
20h30

au Cdi
avec la
présence
de la réalisatrice

  Anzu, Chat-fantôme (Yôko Kuno et Nobuhiro Yamashita, Japon) Animation
Mercredi
12 juin
16h00
au Cdi

  La chute du ciel (Eryk Rocha & Gabriela Carneiro da Cunha, Brésil)
Mercredi
12 juin 20h30
au Cdi

Christmas Eve In Miller’s Point (Tyler Taormina, États-Unis). Avec : Michael Cera (L'inspecteur Gibson), Elsie Fisher (Lynn), Maria Dizzia (Kathleen), Sawyer Spielberg (Splint), Ben Shenkman (Lenny). 1h46.

Les quatre générations de la famille Balsano se réunissent pour ce qui pourrait être le dernier Noël dans la maison familiale.

Pour son troisième long métrage, Tyler Taormina s’intéresse à nouveau aux joies d’une cérémonie. Ici, un réveillon de Noël où se réunissent les membres d’une famille italo-américaine de classe moyenne. Producteur mais aussi acteur, Michael Cera campe un improbable policier tout droit sorti de Supergrave ou de Twin Peaks. À noter aussi la présence de Francesca Scorsese et Sawyer Spielberg.

Jeudi 13 juin 20h30
au Cdi
présenté
par le
Ciné-club de Caen
 

UNE LANGUE UNIVERSELLE (Matthew Rankin, Canada) Afin de revoir sa mère malade, l’introverti Matthew quitte Montréal où il travaillait pour retourner dans son Winnipeg natal. L’espace-temps paraît bouleversé dans cette comédie absurde et pince-sans-rire : bizarrement, tout le monde parle persan dans l’isolée métropole canadienne. Et voyez : deux enfants se lancent dans une quête à la Kiarostami, en mettant notamment à contribution Matthew.

L’espace-temps est bouleversé dans cette comédie absurde et pince-sans-rire : architecture brutaliste, compositions géométriques des plans, humour mélancolique, Une langue universelle porte haut les couleurs du cinéma surréaliste de Winnipeg métissé à l’univers des films iraniens du Studio Kanoun.

Vendredi
14 juin 18h00

au Cdi

LES PISTOLETS EN PLASTIQUE (Jean-Christophe Meurisse, France). Léa et Christine sont obsédées par l’affaire Paul Bernardin, un homme soupçonné d’avoir tué toute sa famille et disparu mystérieusement. Alors qu’elles partent enquêter dans la maison où a eu lieu la tuerie, les médias annoncent que Paul Bernardin vient d’être arrêté dans le Nord de l’Europe…

Inspiré d’un fait divers français les plus marquants de ces dernières années, Les Pistolets en plastique de Jean-Christophe Meurisse est une comédie hilarante portée par des acteurs excellents et déchaînés.

Vendredi 14 juin 20h30
au Cdi

MONGREL (Chiang Wei Liang & You Qiao Yin, Taïwan). Comme de nombreux Vietnamiens, Philippins, Indonésiens ou Thaïlandais, Oom est un travailleur clandestin dans une rugueuse province de Taïwan. Sous la coupe d’un boss sans scrupule, il ne peut refuser aucun des boulots qu’il lui confie. Des basses œuvres mais aussi un sacerdoce : il aide à domicile une vieillarde malade et un jeune handicapé, avec patience et douceur, comme s’il reconnaissait en eux son propre emprisonnement.

Premier film ultra maîtrisé, Mongrel s’enfonce dans les contrées rugueuses de la campagne taïwanaise où des clandestins venus d’Asie du Sud-Est sont revendus comme aides-soignants à domicile. Oom est l’un d’entre eux : personnage quasi christique, empreint d’une grande compassion, il doit choisir entre fuir pour sa survie et rester par humanité

Samedi
15 juin
18h00

au Cdi

MA VIE MA GUEULE (Sophie Fillières, France). Barberie Bichette, qu’on appelle à son grand dam Barbie, a peut-être été belle, peut-être été aimée, peut-être été une bonne mère pour ses enfants, une collègue fiable, une grande amoureuse, oui peut-être… Aujourd’hui, c’est noir, c’est violent, c’est absurde et ça la terrifie : elle a 55 ans (autant dire 60 et bientôt plus !). C’était fatal mais comment faire avec soi-même, avec la mort, avec la vie en somme…

C’est Barbie qui a ouvert la Quinzaine 2024, une Barbie magistralement interprétée par Agnès Jaoui dans l’ultime et magnifique film de Sophie Fillières, Ma vie ma gueule. Trois moments dans la vie d’une femme : une comédie, une tragédie, une épiphanie, menés tambour battant, avec les ruptures de ton et les dialogues percutants qui ont toujours fait le sel du cinéma de Fillières. C’est aussi une œuvre terriblement émouvante puisque c’est un autoportrait très intime auquel Agnès Jaoui prête corps et âme.

Samedi
15 juin
20h30

au Cdi

East of noon (Hala Elkoussy, Égypte). Avec : Omar Rozek (Abdo Galala), Menha Batraoui (Galala), Ahmed Kamal (Shawky), Fayza Shama (Nunna). 1h49.

Une fable sur le musicien Abdo, qui se rebelle contre ses aînés, cherchant la liberté à travers son art dans un monde confiné hors du temps.

Dystopie carnavalesque, conte populaire entre Ubu et Les 1001 Nuits, East of noon est le second long métrage d’une artiste égyptienne. Film baroque et excessif qui détonne au sein du cinéma africain et arabe, il invente l’allégorie d’un pays autocratique tâchant d’étouffer une jeunesse anticonformiste et rebelle. Soulignons d’autant plus le courage de ce geste que la censure égyptienne n’a jamais été aussi féroce à l’égard des auteurs.

Dimanche
16 juin 15h00

au Cdi

Sister Midnight (Karan Kandhari, Inde). Avec : Radhika Apte (Uma), Dev Raaz (Ramu), Ashok Pathak. 1h50.

À Mumbai, un mariage arrangé sombre dans l'obscurité lorsque le mari veule voit sa femme se transformer en une force impitoyable et féroce à l'intérieur de leur enceinte conjugale.

Comédie fantastique punk, revenge movie féministe, film de vampires revisité, Sister Midnight est un conte original, drôle et macabre centré sur un personnage rebelle et misanthrope. On y suit les déboires d’Uma, jeune femme fraichement mariée qui découvre la réalité de la vie conjugale dans un taudis à Bombay, et dont la soif de vengeance n’est pas près de s’apaiser.

Dimanche 16 juin 18h00
au Cdi

Pour ne pas rater une miette de cette proposition exceptionnelle, le Café des images vous propose des pass quinzaine :
- L'intégrale : 42€ pour 14 films de la Quinzaine!
- Pass Week-end : 24€ pour les 6 films du week-end du 14 au 16 juin.
- Pass évènements quinzaine : 15€ pour 3 événements.

Fondée par Jacques Daniel Valcroze des Cahiers du Cinéma, La quinzaine des réalisateurs, désormais appelée quinzaine des cinéastes, a connu ses heures de gloire sous la direction d'Olivier Père qui y a fait découvrir Guiraudie, Pedro Costa ou Hong Sang-soo. Autre figure marquante, Edouard Waintrop (2012-2018) qui a fait revenir les acheteurs auprès de films fragiles. Paolo Moretti (2019-2022) et Julien Rejl (2023-2024), distributeur et responsable des acquisitions chez Capricci, ont fait jusqu'en 2023 des choix plus pointus, peu épaulés par des titres porteurs à même de dissiper l'image d'une section dont ne ressortirait aucun succès en salles. Autour des premiers films, toujours présent en 2024, il y a cette année plus de films de cinéastes dont le talent n'est plus à prouver : Jonás Trueba , Patricia Mazuy , Tyler Taormina ...

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