Séminaire de printemps de La fémis : "Ce que le cinéma fait avec internet".
Quatre jours de débat, du lundi 28 mars au jeudi 31 mars 2011
sous la direction de Jean-Michel Frodon.

La Femis, école nationale supérieure des métiers de l'image et du son,
le 31 mars 2011, dans ses magnifiques locaux des anciens studios Pathé

Lundi 28 mars :
10h-13h : Introduction et cadrage
(voir : vidéo sur dailymotion , 8'22)
Jean-Michel Frodon

Histoire d'amour, combat mortel ou mariage de raison, les relations du cinéma avec internet sont massives et contradictoires, inquiétantes et exaltantes, inévitables. Pour faire des films et pour les montrer, pour les financer, pour les promouvoir et pour en débattre, comme enjeu de scénario et comme forme de récit, le web travaille l'existence du cinéma d'aujourd'hui, travaillera plus encore celui de demain.

Durant quatre jours, créateurs, producteurs, diffuseurs, critiques et spécialistes vont présenter à l'ensemble des élèves de l'école un état des lieux et réfléchi avec eux aux développements possibles, aux choix, aux dangers et aux espoirs qui se dessinent, en France et dans le monde.

Apprendre, comprendre, discuter, mais aussi voir et écouter les œuvres nées du Net ou conçues pour lui : ces quatre jours sont également une occasion d'explorer un univers visuel et narratif, d'essayer de discerner ensemble ce qui s'y joue, ce qui s'y annonce.

Il ne sera toutefois pas question de parler de tout le numérique, de toutes les "images nouvelles" mais des trois termes du séminaire "Cinéma" "fait "et "Internet". Il est difficile de répondre à la question " Qu'est-ce que le cinéma ? ". Si Bazin en donna une réponse en 1959, il est sans doute possible de dire que, dans le contexte actuel, le cinéma est ce qui est conçu et pensé à destination de la salle et du grand écran. Même si on sait que cela sera ensuite consommé majoritairement autrement.

La production spécifique dominante sur Internet est le Web-documentaire, fortement inspiré du reportage télévisé avec de petits moments directement liés aux avantages d'internet. En moindre importance, on trouve des fictions internet, elles aussi inspiré d'un modèle télévisuel, celui de la série. Ces productions entérinent la disparition du réalisateur et la monté en puissance de nouveaux acteurs : le scénariste et le web designer, l'architecte de projet internet. Il n'y a pas disparition de l'auteur mais du réalisateur. A noter aussi, à l'autre bout de la chaîne, les "UGC", Users Generated Contains, les contenus produits par les usagers, ceux créés en dehors des circuits professionnels, parfois en interférence avec eux.

(voir : vidéo sur dailymotion, 14'53)
Marc Nicolas,
Directeur général
Raoul Peck,
Président de La fémis
Jean-Michel Frodon
Alain Le Diberder
(société BzzzBzz)

Tentatives de cadrage par Jean-Michel Frodon et Alain Le Diberder (créateur et dirigeant de la société BzzzBzz, actuellement en charge du développement d’une WebTV sur Allo-ciné, président de 2008-2010 de la commission d'aide aux nouveaux médias du CNC) à partir d'un usage facétieux mais éclairant d'une photo prise sur le tournage de Bullitt, Alain Le Diberder met en évidence les points saillants de l’histoire des relations du cinéma avec Internet, souligne le rôle prémonitoire du porno, explicite dangers et avantages de la piraterie en ligne, et montre combien Internet pourrait modifier radicalement les relations des spectateurs aux films.

Sur le tournage de Bullit, Steve McQueen fait le singe en imitant un combat de taureaux. A l'arrière plan, on distingue ce qui pourrait être la voiture de Douglas Engelbart, l'inventeur de la souris et l'un des inventeurs d'internet (il était à l'une des extrémités des la première liaison Internet).

Cette photo, où l'on voit ainsi, à l'arrière plan, un type anonyme embêté par le cinéma qui fait la fête au premier plan, est une perspective ancienne, inversée : aujourd'hui, c'est Internet qui fait la fête et le cinéma est gêné par cette fête.

La police de San Francisco a beaucoup contribué au film Bullit, assurant une certaine fluidité du trafic alors que le tournage créait d'énormes embouteillages. Mais les policiers agissants sur Bullit ont aussi, indirectement, contribué à la création d'Internet. Les indications pour contourner les bouchons que donnaient les policiers seraient à la base de la réflexion conduisant au principe d'internet.

Douglas Engelbart remarque en effet que les policiers donnent des indications assez inutiles car ils supposent que leurs interlocuteurs connaissent le plan compliqué de San Francisco. Engelbart réfléchit alors à un système où les paquets de données n'auraient plus besoin d'apprendre à contourner chaque difficulté mais seraient seulement guidés par la nécessité d'arriver à une adresse connue sans se préoccuper de la longueur du trajet pour y parvenir.

1969, date du tournage de Bullit, est une date bien ancienne. Mais Internet est bien né il y a déjà quarante ans, lorsque Le cerveau de Gérard Oury (5 millions de spectateurs) et surtout Il était une fois dans l'ouest (15 millions) triomphaient au box office français. 1969 c'est aussi la, guerre du Vietnam et le départ du général de Gaulle.

Cette photo où l'on voit ainsi, à l'arrière plan, un type anonyme embêté par le cinéma qui fait la fête au premier plan serait ainsi une perspective ancienne, inversée : aujourd'hui, c'est Internet qui fait la fête et le cinéma est gêné par cette fête.

En 40 ans toutefois, le cinéma n'a pas été modifié dans deux de ses grands principes. Le premier est l'importance de la salle de cinéma. Le spectateur continue toujours de se déplacer pour voir un film. En Chine, il s'ouvre une salle par jour. Le prix du billet est élevé, le même qu'en France alors que le pouvoir d'achat y est dix fois inferieur. Pourtant les salles chinoises ne désemplissent pas.

Le second principe immuable du cinéma est la lenteur de son processus de fabrication. Alors que, partout, la pression à la baisse des coûts conduit au raccourcissement du processus de production, le cinéma continue de prendre encore du temps. Il prend du temps pour les repérages, le choix des comédiens, le maquillage, le montage. Il résiste à l'appropriation des gains de productivité.

Pourtant, un avenir bien plus sombre est envisageable pour le cinéma si l'on observe l'évolution du genre économiquement le plus innovant : le porno. Depuis des décennies, le porno a toujours décidé, choisi, fait le tri au sein des moyens technologiques. On a souvent dit que la victoire du blu-ray sur le HD-DVD s'est décidée le jour où la Warner a changé de camp. Mais le studio n'a fait qu'entériner une décision que les producteurs du porno avaient prise juste avant. A la fin des années 80, c'était aussi le porno qui avait décidé de la norme de compression pour vendre ses films sur disquette de 1,4 méga.

Or, aujourd'hui, qu'observe-t-on dans le genre du porno ? Ce n'est plus, comme en 1969, Elga, avec sa fiction scénarisée de 90 minutes, qui triomphe au box office. Les programmes pour adultes proposent désormais, non plus des films, mais des scènes qu'ils facturent à la seconde. La fin de la salle va avec la fin du long-métrage et avec la "désintermédiatisation" : les comédiennes pornos vendent directement leurs prestations sur leur site propre.

Ainsi, soit le cinéma est capable de maintenir sa capacité à occuper la fin de soirée en conviant le public en salle pour une fiction de deux heures. Soit ces verrous sautent et c'est le genre du format court sur Internet qui régnera. Ainsi, par exemple, la série Kamelotte, fiction intelligente et courte.

 

 

14h30-17h30 : État des lieux de la production.
(voir : vidéo sur dailymotion , 17'30 sur 27'33)
Joël Ronez
(Arte Web
- responsable pôle web)
Claire Leproust
(directrice des développements numériques chez CapaTV)
Guillaume Blanchot
(CNC - directeur du multimédia et des industries techniques)

Joël Ronez, responsable du pôle web d’Arte explicite les deux usages d’Internet par le cinéma, versant promotion et versant production.

Joël Ronez est assez sceptique sur un modèle de promotion qui serait intrinsèquement lié à Internet. On parle beaucoup du "marketing viral" intégré dès le scenario si possible. Mais, ce qui a marché une fois, avec Le projet Blair witch, marche beaucoup moins bien depuis. Relèvent également des idées reçues, le fait d'utiliser le web comme "élément de viralité", de "viraliser les communautés", de "recruter des bloggeurs influents", de former des "micros communautés". Les résultats existent parfois mais ils sont limités et surtout évitent la vraie question : le programme est-il bon ? Il y a donc nécessité d'intégrer la critique web à l'inferieur d'une offre de programmes. Le pole web d'Arte France dont il est responsable a conçu un site de présentation de ces programmes dont le design est loué par tous. Son défaut majeur est néanmoins d'apparaitre comme un magazine de promotion de programmes.

Dans le domaine de la production, les réflexions portent principalement sur le Trans media ou cross media, ou comment concevoir un projet audiovisuel qui utilise les ressources du web à l'intérieur de son contenu. Le web pour créer de l'interactif est plus facile à mettre en œuvre la télévision qu'au cinéma. Il y est plus facile d'avoir recours à l'élément participatif, social. Plus difficile de concevoir une audience de cinéma qui ne soit participative et pas seulement consommatrice.

Le media du web mérite pourtant bien un contenu qui lui soit propre. Au début, la télévision a filmé la radio et le théâtre puis a trouvé son mode d'expression. Il en sera sans doute de même pour le web. Il faut néanmoins se rappeler qu'il n'est pas un media de masse. On ne peut mobiliser cent mille personnes au même moment. C'est un média de longue traine. Le web est aussi un media du temps réel, de l'actualité immédiate. Il a d'abord rapproché les gens éloignés géographiquement. Avec Twitter, il fait partager le même temps. Reste enfin à tirer partie de l'hypertexte dans la façon de raconter une histoire, de construire un discours. Il est possible que l'industrie du jeu vidéo soit là en avance.

 

Claire Leproust, directrice des développements numériques chez CapaTV, présente le web-documentaire produit pour Médecins du monde. L'organisme voulait présenter son action en France, bien moins connue que celles effectuées dans les pays pauvres ou en guerre.

Le projet associe très vite une cinéaste, Solveig Anspag, et une photographe, Diane Grimonet. Les photographies des sacs des SDF et de leur contenu divers deviennent le principe de délinéarisation à partir duquel se construit le documentaire.

 

Guillaume Blanchot explicite l'action des pouvoirs publics pour accompagner la création à destination d'Internet, décrit l'état du paysage industriel et caractérise les nouveaux auteurs.

Depuis trois ans, le CNC a mis en place une aide sélective pour des projets multimédias ; pour l'écriture et le développement d'une part, pour la production d'autre part. En trois ans, 700 projets ont été présentés. Les différentes commissions qui se sont succédé sur ces trois ans ont sélectionné 200 projets pour un montant d'aide de 6 millions d'euros. Aujourd'hui, 40 projets ont abouti.

Parmi les projets présentés, une majorité sont des documentaires, sans doute parce qu'Arte, le seul diffuseur public majeur, est surtout demandeur de ce format. Les deux tiers des projets sont destinés uniquement au web, un tiers concerne le cross media.

Une petite moitié des projets sont présentés par des sociétés ad-hoc, constituées spécialement pour eux. Une petite moitié émane d'entreprises de production spécialisées en audiovisuel. Très peu de projets sont ainsi présentés par des producteurs de cinéma.

Les auteurs sont très majoritairement des jeunes gens habitués à la culture internet. Les projets les plus aboutis sont portés par des équipes d'auteurs intégrant scénaristes, graphiques et journalistes.

 


Mardi 29 mars :

10h-11h30 : État des lieux de la diffusion.
(voir : vidéo sur dailymotion)
Jean Ollé-Laprune
(Filmoline - directeur financier)
Jean-Luc Ormières
(Universciné)
Rodolphe Buet (StudioCanal - directeur Général Adjoint Distribution internationale Business Development)

Présentation de la plateforme VOD FilmoTV par Jean Ollé-Laprune qui souligne l'importance d'éditorialiser les multiples films proposés. Alors que l'offre en cesse de se multiplier, à la télévion avec les journeaux en station sercvice il est nécessaire de parler autour des films pour donner l'envie de jeter un œil sur d'autres films que les blockbusters ou le dernier film dont on parle. Existe aussi la fonction de programmation pour les abonnés qui ont un accès illimité à la plateforme pour 10 euros par mois. Sont classiquement proposés des festivals pour enfants, les essentiels, les 1001 et films à voir avant de mourir. Il existe aussi des festivals plus originaux qui donnent du lien entre les films.

Jean-Luc Ormières, producteur et responsable du site VOD Universciné partage l'avis de Jean Ollé-Laprune. Le mandat de communication en ligne appartient au propriétaire du site de VOD. Etre distributeur c'est aussi éditer un webmagazine notamment avec des interviews de réalisateurs ou d'acteurs. La plateforme VOD est à al fois une salle de cinéma virtuel et un journal. Jean-Luc Ormières plaide aussi pour un bouleversement de l'organisation générale du cinéma en France. Celle-ci est basée sur une chronologie des médias qui attire d'abord le spectateur le plus cinéphile jusqu'à la patate de divan. La production est actuellement basée sur cette chronologie des médias quasi organique, là-dessus. Canal n'accepte de financer la production que si on lui maintient sa fenêtre d'exploitation. Le système de soutien automatique est ébranlé par la frontière parfois floue entre film de télévisons et film de cinéma. L'arrivée de la VOD dérange. Mais il est possible d'Imaginer un financement différent. Il "suffit" d'un milliard par an pour financer la production des 250 films de cinéma français tous les ans. Or un milliard c'est 15% des investissements qu'orange fait chaque année. Le cinéma ne pèse pas lourd face à l'arrivée de ces mastodontes.

Rodolphe Buet, directeur général adjoint de Studio Canal, montre combien le phénomène de la VOD affecte en profondeur le cinéma américain, et, en France, transforme la place d'un intervenant majeur comme Canal+.

Netflix a bouleversé l'écosystème américain en passant d'un abonnement par envoi de DVD par la poste à une offre illimitée online pour 10 euros par mois. La concurrence avec les opérateurs du câble est devenue flagrante. Les studios vont-ils revoir les droits avec Netflix ? C'est peu probable car Netflix commence à gagner de l'argent et à investir dans la production, notamment dans son partenariat avec Epix, chaine de télévision qui exploite les catalogues MGM et Paramount. Et laisse Netflix exploiter une deuxième fenêtre d'exclusivité après 18 mois. HBO et tous les financeurs historiques du cinéma et de la télévision font des cauchemars en voyant que les nouvelles télévisons sont pré équipées pour accéder par un simple bouton de télécommande à la plateforme Netflix

En tant que producteur de films et de séries télés, Studio canal maitrisait la chronologie des medias et distribuait ses masters à ses différents distributeurs en fonction de ses intérêts. Aujourd'hui, le contrôle n'est plus assuré, phénomène renforcé par la montée de la piraterie.

11h30-13h : VOD, piraterie :
(voir : vidéo sur dailymotion après 10'20)
Juan Paulo Branco
Philippe Chantepie, chef du Département des études de la prospective et des statistiques du Ministère de la Culture

Juan Paulo Branco décrit les contradictions et la faiblesse de résultat de la loi Hadopi. La VOD génère 170 millions ce chiffre d'affaires sur 1,4 milliard pour l'édition vidéo. La croissance est de 40 % par an mais bien loin des prévisions du syndicat de l'édition vidéo qui la voyait il y a encore deux ans à 500 ou 600 millions d'euros. Elle n'a ainsi pas atteint l'objectif malgré la réduction de la chronologie des medias qui il ya encore deux ans la tenait exclue du marché pour 34 mois. La diversité du catalogue est faible 10 000 films à peu près. Mais ce sont surtout les revenus autres que sur les vingt ou cinquante produits d'appel qui posent problème. Les films indépendants ne gagneraient qu'environ 20 euros par an en moyenne. Les défenseurs de la VOD appellent à la dérégulation progressive des médias.


Dix ans que l'on tente d'empêcher le piratage. Les moyens techniques se sont révélés inefficaces, ainsi du DRM. La loi Hadopi est aussi un échec ; beaucoup de communication peu de résultats. Son objectif était de faire diminuer de 70% les auteurs du téléchargement.

Philippe Chantepie, chef du Département des études de la prospective et des statistiques du Ministère de la Culture, explicite l'approche de la théorie économique face aux effets du numériques sur les industries culturelles. Avant le film était un bien privé dont l'économie était basée sur la rareté. Le numérique fait basculer le film du côté des biens collectifs (la lumière, l'air). On ne peut pas plus réduire ou exclure les spectateurs d'une fenêtre d'un marché, extraire de la valeur en diversifiant les publics. Le film se rapproche de la radio et de la télévision. On ne peut pas empêcher des passagers clandestins. On augmente le niveau de dissuasion pour que celui qui investit continue de retrouver une rémunération. La réponse est donc de protéger davantage la propriété intellectuelle, d'augmenter le niveau de sanction pour conserver de la valeur.

 

14h30 - 17h30 ; Expériences du Net par des producteurs d'images.
(voir : vidéo sur dailymotion , de 17'35 à 20'10 sur 27'33)
Mathieu Delozier et Emmanuel Dumont
(auteur de "Surveillance")
Sylvain Bourmeau

Mathieu Delozier et Emmanuel Dumont présente leur projet de webfiction «Surveillance» pour Canal+. Le spectateur est derrière un écran de vidéosurveillance et plusieurs prises de vue sur des pièces différentes avec zapping du regard.

Sylvain Bourmeau, responsable de la rubrique culture sur Mediapart (interview de Jean-Luc Godard, projet Outrage et rébellion) souligne la différence d’approche entre projets TV et artistes multimédia.

Simon Bouisson et Marc-Benoît Créancier ("Les Communes de Paris" - Web doc - diplômés de La fémis en juin 2010), Bertrand Dezoteux (Web artiste).

 

19h30 : Projection publique : Lech Kowalski (en anglais). Présentation d'un extrait de "Camera War" et du travail en cours avec les étudiants de 2e année dans le cadre de l'atelier documentaire.

Mercredi 30 mars :

10h - 13h : Expériences du net par des artistes
(voir : vidéo sur dailymotion , à partir de 20'10 sur 27'33)
Robin Rimbaud
François Bon
Kaori Kawakita

Scanner (Robin Rimbaud), plasticien sonore, évoque certains de ses usages du Net, et notamment de son site.

L’écrivain François Bon, à l’origine des sites Le Tiers Livre et Publie.Net souligne les effets de la disparition de la maitrise de la typographie par auteurs et éditeurs.

Kaori Kawakita, coréalistrice avec Alain Della Negra notamment de The Cat, the Reverend and the Slave, décrit comment Internet lui a permis de faire le lien entre sa démarche de plasticienne et son désir de documentaire.

 

14h30 - 17h30: Cinéma et Internet vu d'ailleurs.
(voir : vidéo sur dailymotion après 18'50)
Communications par Skype avec :

Ophélie Wiel (Journaliste - Bombay)

Denis Lim (Museum of Moving Image - New-York)
Ted Hope (Producteur, "This is that" - New-York)
présents à la Fémis :
Mathilde Henrot et Lucie Kalmar (Festival Scope)
Régine Hatchondo (Unifrance - directrice générale)

Ophélie Wiel, journaliste et enseignante basée à Bombay, décrit les effets d’Internet dans le cinéma indien,comme possible alternative à la domination sans partage de Bollywood. (communication par Skype).

Dennis Lim, responsable du site Moving Image Source du Museum of Moving Image de New York, décrit les effets d’Internet sur la critique aux Etats Unis. (communication par Skype).

Ted Hope, figure de proue de la production indépendante aux Etats Unis depuis 20 ans, explicite le nouveau rapport entre créateurs et spectateurs permis par Internet (communication par Skype).

Lucie Kalmar et Mathilde Henrot décrivent les avantages pour la diffusion et la promotion du cinéma d’auteur de leur site Festival Scope.

Régine Hatchondo, directrice générale d’Unifrance, explique les enjeux et les premiers effets du festival en ligne Myfrenchfilmfestival.

19h30 : Projection publique : "Chatroom", de Hideo Nakata (2010 - 88')

 

Jeudi 31 mars :

10h - 13h : Relais critiques, festivals
(voir : vidéo sur dailymotion de 0' à 10' sur 16'34)
Jean-Luc Lacuve (Ciné-club de Caen)
Joachim Lepastier
(365 jours ouvrables)
Isabelle Regnier
(Film Bazar)
Vinca van Eecke
(Site du festival de Cannes)

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Présentation du ciné-club de Caen par Jean-Michel Frodon (Merci à Sylvain Lambinet pour ses photos)

1/ Caen 120 000 habitants, 31e unité urbaine, université avec doctorat de cinéma. Deux cinémas d'art et d'essais de trois salles chacun, Le Lux et le Café des Images dirigé par Geneviève Troussier qui invite notre association une fois par mois pour une séance projection-débat autour d'un film de l'actualité ou de patrimoine. Le débat est l'occasion de développer des idées que je remets ensuite seul en forme.

2/ Le site du Ciné-club est rédigé à 99 % par moi-même. Je compte néanmoins sur quelques collaborations suivies avec des spécialistes de tel ou tel thème (contre-culture, photographie, économie du cinéma, musique...) sur les acteurs ou un réalisateur ou bien encore pour la couverture des festivals.

Présentation du site par son auteur

3/ Le site comporte classiquement une partie Actualités-Evènements, la critique des films nouvellement sortis sur les écrans (la partie si l'on peut dire "blog" du site), des parties consacrées aux nouveautés livres et DVD, un moteur de recherche, un classement des grands maitres et, en fin de page, un peu de publicité. Le site comporte enfin, en accès sur sa partie gauche, une encyclopédie du cinéma.

La page d'accueil fait explicitement référence à Jacques Lourcelles, Jean Douchet, Alain Bergala, et Gilles Deleuze. Les deux premiers sont mes "modèles" pour la partie critique, les deux suivants pour la partie encyclopédie.


4/ Critique du film (exemples de Poursuite, True grit, La nuit du chasseur)
J'essaie de présenter mes critiques de façon identique, le titre avec une note (j'y reviendrai dans la partie palmarès) le genre et les thèmes associés, deux photogrammes respectant le format du film. L'histoire complète du film avec comme chez Jacques Lourcelles un signe "sens interdit" mais le souhait de décrire au moins le début, les grands enchainements et la fin. Deux autres photogrammes puis la partie analyse : idée de mise en scènes dans chapeau, deux ou trois angles principaux, conclusion.


5/ Encyclopédie

6/ réception
Environ deux mails par semaine, très positifs de lecteurs qui s'y sont référés après avoir vu un film.
Pas de forum mais page Facebook.
Google analytics : 6 000 visites par jours, 150 000 visiteurs uniques par mois dans 196 pays. Le dimanche jour de plus haute fréquentation car consulté principalement par des lycéens et étudiants qui viennent trouver des informations pour un devoir.

 

Dialogue avec les étudiants

Sentiment de faire partie d'une communauté, celle des blogueurs et critiques du net qui frappons à la porte de la presse professionnelle dans l'espoir d'y être admis un jour. Jean-Michel Frodon précise en effet que l'activité est entièrement bénévole.

 

Joachim Lepastier : 365 jours ouvrables

Présentation par Joachim Lepastier de videos et notamment le travail d’une jeune agence Freaks architectes, qui intègre aussi (et avec pas mal d’humour) la vidéo dans son activité de recherche et de conception. Leur petit opus Faster than China se révèle d’une efficacité redoutable pour proposer une politique de reconstruction rapide et de résurrection de l’architecture bétonnée. Ce principe de "lecture inversée" se trouvait dans une vidéo de Bill Viola (où des plongeurs paraissent décoller comme des fusées), mais au-delà de la potacherie du procédé (remettre d’aplomb les bâtiments qui s’effondrent), Joachim Lepastier voit poindre derrière cette vidéo une critique de ces dynamitages systématiques, qui s’ils offrent des moments cinégéniques, perpétuent l’idéologie de la tabula rasa et empêchent, en imposant un nouveau départ à zéro, toute sédimentation (historique comme mémorielle) de faire son œuvre.

 
   

 

 

Isabelle Regnier : Internet au cinéma

I-Internet au cinéma

C'est par la représentation du mail de Vous avez un mess@ge (You've got mail Nora Ephron 1998, remake de The shop around the corner) qu'internet entre dans le cinéma.
Le SMS permet une grâcieuse apparition du texte écrit dans la fiction asiatique, dans Millenim mambo, Be with me (Eric Khoo, 2005), Three times, the world .

Les personnages en action : Cloverfields (Matt Reeves, 2008), Diary of the dead (Romero, 2007).
Monde irréel et seconde life : Inception (Christopher Nolan, 2010), Chatroom (Hideo Nakata, 2010), Le Nouveau Monde (Gilles Marchand, 2010), Kaboom (Greg Araki, 2010), Sucker punch (Zack Snyder, 2011)
Hollow man

Amnésie infantile (Indira Solovieva) en hommage à La Jetée de Chris Marker. Après la propagation d'un virus, les habitants ont la vie éternelle mais doivent accepter l'infertilité en contrepartie. Ils ne pensent plus alors qu'à revisiter leurs souvenirs.

The cat, the reverend and the slave (Alain Della Nagra et Kaori Kinoshita, 2010)

 

II- Internet sur Internet

Les websites de réalisateurs connus sont en déshérence : ainsi ceux de Apichatpong Weerasethakul ou David Lynch. Gorgomancy, le site de Chris Marker, où l'on pouvait voir Immemory, L'ouvroir, l'héritage de la chouette, ou les ballades de Guillaume en Egypte sur second life semble désormais inaccessible.

Mais internet inspire Redacted ou De Palma reprend Outrages en partant du principe que tout est déjà là sur internet. Voir aussi Soyez sympas, rembobinez (Michel Gondry, 2008) ou Tim Burton qui commande un scénario collectif ou encore Ridley Scott qui commande des videos amateurs... Les films de Lynch en général et Inland Empire en particulier.


The Interview project de Austin Lynch
Camera War (Lech Kowalski)
prison valley ( David Dufresne)


Welcome to Pine point (les Googles, Paul Shoebridge et Mike Simons). Ce projet raconte, à travers des archives familiales et municipales et des documents produits au présent, le destin d’une ville minière canadienne, rayée de la carte par le vent de l’histoire industrielle à la fin des années 1980. L’intelligence du projet tient au fait qu’il travaille à partir d’un site Internet, et réfléchit en même temps qu’il l’expose à la notion de communauté virtuelle, interrogeant la forme sucrée que celle-ci propose de sa ville d’origine qui a cessé d’exister, et par là, la notion de nostalgie.


Frères Safdie : the red bucket films ; site d’Avishai Sivan, réalisateur du Vagabond


Renoncer au prestige de la sale Low Cost (Claude Jutra), de Lionel Baier faux journal intime d'un personnage qui se sait condamné à mort Avec Natacha Koutchoumov, Emmanuel Salinger, Thibault de Chateauvieux (2010, 54 min).


Renouveau du film militant : Outrage et Rébellion : 40 films enragés contre la violence policière. Le 8 juillet 2010, Joachim Gatti, réalisateur de 34 ans, petit-fils du poète et cinéaste Armand Gatti, a été la cible d’un tir de flashball lors d’une manifestation à laquelle il participait à Montreuil-sous-bois. Blessé à l’oeil, il en a définitivement perdu l’usage.


Jean Baptiste de Laubier : It was on earth that I knew joy Fortement inspiré de la célèbre Jetée de Chris Marker, IWOETIKJ pour les intimes est un véritable petit bijou empli de poésie et de mystère qui, au travers d'images somptueuses, raconte une histoire chaotique et sombre où le rapport de la machine à l'homme est primordial

 

Vinca van Eecke : Site du festival de Cannes

1998-2000 première version du site sous la responsabilité d'un journaliste. En 2000, le site est géré par Allo ciné. Il y aura ensuite quatre refontes intégrales dont celle de 2007. Le site est alors géré Publicis modem. En 2010, 671 vidéos sont mises en ligne soit 2 600 fichiers car compressés de différentes façons pour s'adapter à la bande passante du spectateur. Le site est rédigé en six langues, celles, officielles de l'ONU, plus le portugais et le japonais.

   

Entre les 11 et 22 mai, treize personnes y travaillent dont quatre journalistes. En période de faible activité, seulement deux personnes.

 

Départ pour la pause déjeuner
   

 

 

14h30 - 16h00 : Promotion.
(voir : vidéo sur dailymotion de 10' à 11'50 sur 16'34)
Jérôme Paillard (Marché du film du Festival de Cannes - délégué général).

Cinando, base de données 35 000 membres 10 000 films actifs qui sont retirés quand ils trouvent un distributeur. Avec le "Be to be", on sait qui regarde le film et combien de temps. Plusieurs coups de communiqcation : les Foroi monsters, cinq coeurs, salles louées tous les jeudis à 20 heures avec les meilleurs taux de remplissage. Europ finest. Tom Dercourt cinéma on demande the age of stupide financé par internet. Il faut constituer une communauté de dix mille à cent mille membres. Les producteurs encore trop peu concernés par ces démarches.

 

16h30 - 17h30 Débat final Clôture du Séminaire par Raoul Peck
(voir : vidéo sur dailymotion de 12' à 16'34)
   

Raoul Peck rend compte des réflexions de l'ARP : privilège de la salle mais existence possible de certains films fragiles en dehors d'elle. Conclusion de Marc Nicolas : ouvrir la FEMIS à internet selon un mode partagé avec les étudiants.