Programmation CINEMALHERBE
Saison 5 : 2016 -2017

Mardi 20 septembre : Thème : Violences sociales, société sous surveillance dans l'espace urbain ghettoïsé du Mexique.

La zona, propriété privée  (Rodrigo Plà, 2007, 1h37) présenté par Laurence Aubert-Masson et Sylvie Schertenlieb.

Mardi 20 septembre avait lieu à l’amphi Ponge la première soirée Cinémalherbe de l’année. La Zona, film mexicain de Rodrigo Plá, nous était proposé. Ce long-métrage montre les conséquences de la privatisation de quartiers pour en faire des résidences ultra-sécurisées pour une population aisée. Le contraste entre un espace bien entretenu mais emmuré, surveillé 24h/24 par des caméras de sécurité et les banlieues délabrées, extrêmement pauvres de Mexico tend à dénoncer ces communautés qui s’enferment et s'isolent pour échapper à la dure réalité mexicaine.

Ce drame a eu pour conséquence de soulever auprès des spectateurs une question : la recherche de sécurité n’engendre-t-elle pas l’insécurité ? A la suite de la projection, une discussion sur le thème du film mais aussi sur les moyens cinématographiques employés par le réalisateur pour transmettre son message a été entamée avec le public composé de lycéens, d'étudiants et d'enseignants.

Ce fut une soirée enrichissante, première d'une saison qui en comportera neuf. Un autre long métrage sera proposé avant les vacances d’Octobre. Une comédie de Jean-Jacques Annaud, Coup de tête !

Clara DANOS, étudiante HK.

 

Mardi 18 octobre : Cinéclassique. Thème : France giscardienne, France moyenne, France actuelle : Coup de tête  (Jean-Jacques Annaud, 1998, 1h30) présenté par Boris Ernult et Vincent Rio.

Mardi 15 novembre : Cinéclassique Thème : Expérience combattante et rapports de classes : Les sentiers de la gloire (Stanley Kubrick, 1957, 1h28) présenté par Emmanuel Ozouf et André Ponroy

Lundi 5 décembre: Thème : autour de la culture tzigane : Gadjo Dilo   (Tony Gatlif, 1998, 1h40) présenté par Frédéric Lebreton et Jacqueline Claudel

Mardi 17 janvier : Thème : Entre feu d'artifice en plein jour et charbon noir glacé, portrait d'une Chine contemporaine : Black coal (Diao Yi'nan, 2014, 1h46) présenté par  Xiang Ren et Dominique Bellanza

Mardi 7 février : Thème : la mémoire. Film à préciser.   

Mardi 7 mars : Thème  à préciser. Le médecin de famille  (Lucia Puenzo, 2013, 1h33) présenté par Sabine Perrine et Claudine Abril

Mardi 4 avril : Thème : Développement durable. Film à préciser, Séance prise en charge par les élèves délégués Agenda 21  encadrés par Pascal Alexandre et Dominique Bellanza

Mardi 16 Mai : dernière séance, à préciser.

Réalisé par Denis Villeneuve en 2008, Polytechnique retrace l'histoire vraie d'une tuerie survenue dans une université Québécoise en 1989. La folie d'un seul tueur, ayant pour mobile un anti-féminisme exacerbé. Comment représenter l'inimaginable ? Tel est l'objet de ce film qui n'a laissé personne indifférent.

Projection dans l'amphithéâtre Ponge du lycée
Débat animé par Amélie Legot-Chauvois et Anaëlle Perrin, lycéennes de Terminale.

Le film était précédé d'un court métrage, Mon rêve d'enfance, réalisé par Océana Lorédon, une élève de terminale L. Apres la projection de Polytechnique, les questions sont nombreuses et les réponses apportées par Amélie Legot-Chauvois et Anaëlle Perrin précises et documentées :

Question. La lettre rédigée par le tueur qui est lue dans le film est-elle réelle ? Le film a-t-il été tourné dans l'école polytechnique où la tuerie eu lieu vingt ans auparavant ?

Réponse : Oui la lettre est bien celle écrite par le tueur. Il nommait ensuite neuf personnalités féministes qu'il avait l'intention de tuer et dont les noms n'ont pas été révélés par la police. L'action du film se situe dans d'autres bâtiments que ceux de l'école polytechnique, sans doute pour ne pas avoir à faire revivre le traumatisme à ceux, admiratifs et professeurs, qui l'ont connu.

Question. Cette tuerie a-t-elle laissé un impact profond au Canada. Les armes y sont-elles en vente libre ?

Réponse : Oui le traumatisme n'est pas prêt de s'effacer. Le 6 décembre est devenu journée nationale contre la violence faite aux femmes et chaque année le souvenir de cette tuerie demeure vif. Les armes ne sont pas en vente libre mais il y a eu un renforcement des contrôles après la tragédie de Polytechnique et de nouveau tour de vis encore récemment

Question. Pourquoi le Noir et blanc à votre avis ?

Réponse : Le réalisateur s'en est expliqué. C'est pour éviter le pathos et la vision du sang. D'autres réponses. La neige concourt également à mettre la tragédie à distance  comme un linceul symbolique Le film dessine des personnages avec une histoire, ce qui le rend moins lourd qu'un documentaire. Oui ce sont les points de vu des survivants qui sont privilégiés et servent de base à l'élaboration d'un scenario où les personnages sont fictifs

Question : Y-a-t-il eu un suicide après la tuerie comme ici le jeune homme, Jean-François, qui se suicide dans sa voiture ?

Réponse : Oui, il y a même eu quatre suicides dans les jours et mois qui ont suivi. Ces suicides s'ajoutent donc aux 14 morts directes, dont 13 femmes.

Question : La réaction du gardien, du concierge, ne parait pas à la hauteur quand on lui  annonce la tuerie ; cela m'a paru faux.

Réponse : Le gardien est désorienté et d'ailleurs il y a eu une polémique car les secours ont mis beaucoup de temps ; deux heures après les premiers coups de feu.  Mais c'est aussi la première tuerie dans une école et personne ne savait comment réagir.

Remarques. Le film dégage une impression lourde et pénible. Quelques plans très symboliques ainsi celui de la réflexion dans le miroir. Il semble indiquer qu'il est impossible d'être une personne complète dans cette société machiste où l'on oblige une jeune fille à choisir entre femme active, épouse, mère. Caméra qui s'élève pour exprimer l'écoulement du temps après la tuerie.

Réponse : oui c'est pour aller contre une récupération possible des thèses du tueur que le réalisateur insiste sur la micro violence du sexisme ordinaire. Mais de toute façon, l'attitude du tueur n'est pas rationnelle : il tire sur les jeunes femmes avant d'entendre le début d'une défense. Il souffre d'un complexe d'infériorité devant ces femmes ingénieurs alors que lui même a raté polytechnique. Mais c'est plus profond que ça: il s'en prend aux femmes en général car il tue aussi une secrétaire.

Question : Qu'est-ce qui a motivé votre choix ? A-t-il  été fait avant les attentats de Charlie-hebdo ?

Réponse : Choix fait parce que le film nous a plu et avant les attentats de Charlie hebdo sans penser forcement au lien que l'on pourrait faire avec le traumatisme auquel on à faire face ceux qui survivent face à un tel attentat.

Question : On voit les difficultés pour les proches de comprendre le traumatisme. La mère comprend que ça ne va pas mais ne sait pas comment réagir.

Réponse : oui tous cherchent à oublier. La jeune fille devient blonde. Guernica est une image emblématique de la terreur dont sont victimes des innocents. Ici  le tableau joue comme une prémonition du massacre sur des étudiants innocents si c'est vu par le personnage, Jean-François, ou comme une métaphore si c'est le seul point de vue du réalisateur.

Film fait pour les vingt ans de la tuerie et sort après Bowling for Columbine (Roger Moore, 2002) et Elephant (Gus van Sant, 2003) inspirés de la tragédie de Columbine dans le Colorado. On peut penser aussi a De sang froid, le récit de Dalton Trumbo sur des tueurs psychotiques auteurs d'une violence froide aucun sens rationnel.


Projection dans l'amphithéâtre Ponge du lycée
Une quatrième saison du ciné-club très suivie

En juin 2012, à l'initiative de quelques enseignants d'histoire-géographie du lycée Malherbe de Caen est née l'idée d'un ciné-club qui a vu le jour à la rentrée de septembre de la même année.

Nommé CINEMALHERBE, il poursuit sa quatrième saison. Chaque année scolaire, une programmation élaborée avant la rentrée de septembre se met en place sous l'égide d'enseignants du secondaire et de classes préparatoires. Si lors des 2 premières saisons, seuls des professeurs d'histoire et de géographie sélectionnaient des longs métrages en fonction des programmes de leurs 2 matières, depuis 2014, ce sont tout autant des enseignants d'allemand ou de sciences physiques, d'anglais ou de musique qui choisissent les films en fonction de nos publics.

Deux des sept ou huit séances de l'année sont prises en charge par des étudiants en décembre et des lycéens en avril. Encadrés par un enseignant, ils animent une séance autour d'un film de leur choix.

Projetés dans l'amphithéâtre Ponge du lycée, ces films sont sur un support DVD dont les droits de diffusion ont été acquis conformément à la législation. La programmation a pour souci majeur d'offrir un large panorama du cinéma actuel dans toute sa diversité, à la fois internationale et artistique. Ont été programmées des œuvres de Christopher Nolan, Edgar Reitz, Alejandro Gonzales Inarritu, Cédric Klapish, Xavier Dolan, Gus van Sant, Eran Riklis, Lucas Belvaux,  Andrei Zviaguintsev, Abderrahmane Sissako... Nous avons aussi programmé un film d'animation (Valse avec Bachir), des classiques (Rêves, La règle du jeu, Easy rider) et des courts métrages de jeunes réalisateurs français dont certains de nos élèves.

Le public est à la fois composé de lycéens, d'étudiants, d'internes, d'enseignants et parfois de membres de la direction et de l'administration. Lors de la première saison, nous comptions en moyenne une trentaine de spectateurs et deux ou trois adultes au plus. Depuis, le plus souvent ce sont environ 80 personnes qui assistent aux séances dont 75 jeunes. Parfois, nous ne sommes qu'une vingtaine lorsqu'un film classique est projeté, et plus d'une centaine lorsqu'un long métrage est présenté à la fois par des enseignants du secondaire et des classes préparatoires et qu'il résonne avec l'actualité; par exemple 120 spectateurs pour Elephant de Gus van Sant. Au regard du nombre d'élèves dans l'établissement, ce nombre est modeste mais le public du lycée Malherbe est principalement composé de jeunes qui viennent des communes périurbaines de l'agglomération. Cela demande donc un certain investissement des parents si leur enfant souhaite assister à une séance.

Début mars 2016 a eu lieu la projection de Timbuktu qui a réuni cent personnes. Comme à notre habitude, le film  a d'abord été présenté par deux enseignants avant d'être projeté et suivi d'un débat avec la salle. Mêlant un public divers, ce moment d'échanges est particulièrement riche. Pour ce film, furent évoqués à la fois les aspects géopolitiques et la dimension cinématographique de cette œuvre.
En effet, il nous a toujours semblé important que la dimension pédagogique soit doublée d'un éclairage artistique et ainsi servir à notre manière, certes modestement, le septième art!

L'équipe de CINEMALHERBE, le 16/03/2016

 

Projection d'un classique
ou projection d'un film d'actualité
Retour à la page d'accueil