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A Paris, Ray rencontre de jeunes américains. Ellen Ray, 29 ans qui a travaillé pour Preminger et Seven Arts, Bill Desloge 29 ans et Bob Levis, 28 ans ont produit  un western hippie politico-érotique, Gold. Ils ont une compagnie de production, Dome Films et cherchent un réalisateur pour un scénario écrit par Ellen Ray, The Defendant :  l'histoire d'un jeune garçon, accusé dans un procès, officiellement pour avoir fumé de la marijuana, en fait pour avoir manifesté sa liberté d'esprit..."

Ray rentre à Washington le 14 novembre 1969, à la veille d'une des plus grandes manifestations contre la guerre.  Ellen Ray organise un tournage; "Nous avions huit équipes, des gens qui étaient venus avec leur propres caméras et leurs equipements, et nous avions payé la pellicule. Nous sommes allés chercher Nick à l'aéroport, et il a débarqué dedans". Sort de ce tournage un théâtre improvisé devant l'obélisque du mall, des visages peints en blanc portant un symbole antinucléaire. Les jeunes parlent à la caméra singeant Rebel without a cause ("nos parents sont assis devant leur télé et ils n'ont rien à foutre de nous"). une personnalité se détache, Abbie Hoffman, un des accusés du procès de Chicago alors en cours qui harangue la foule avec un mélange d'utopisme anarchiste et d'humour juif.


C'est Jim Hormel, doyen de la faculté de droit de l'université de Chicago et l'un des investisseurs de Dome Films, qui suggère à Ray de suivre le procès. Ellen Ray pense que c'est pour The Defendant, scenario de fiction sur un procès. Le procès pour conspiration ou procès de Huit, puis des Sept de Chicago; huit organisateurs des manifestations de juillet 1968, pendant la convention démocrate, ont été inculpés de conspiration. Il s'agit de prouver leur intention de susciter la violence selon une loi qui, généralisée permettrait de neutraliser tous les leaders contestataires à l'échelle nationale. Les inculpés sont Bobby Seale, du Black Panther party, Dave Dallinger, président du Mobe (Comité national pour mettre fin à la guerre du Vietnam) et ses collaborateurs Tom Hayden et Rennie Davis, fondateurs du SDS (Students for a democartic society) Jerry Rubin et Abbie Hoffman, leaders "yippies" (du Youth International Party) que tout sépare des précédents: John Froines et Lee Weiner, accusés d'avoir préparé des incendies et un attentat aux explosifs. Ouvert fin septembre

Pendant le festival de Cannes 1969 un article de Vincent Canby dans Le New York Times avait attiré l'attention des Américains sur Ray : "a fine director, unemployed", Deux cinéphiles que Butler, le producteur de Hair a engagé pour développer ses projets lui proposent de faire un film du procès en decors avec les accusés dans leur propre role; ce sera Conspiracy ! ... qui ne sera jamais monté.

Une année de machinations de possibilités s'en suit. Connie et Kazan écrivent des lettres de recommandations pour un poste au college de Brandeis (Massachusetts) qui n'aboutissent pas. Au printemps 1971, il quitte New York. Dennis Hopper, après le triomphe d'Easy rider, a tourné au Pérou The last Movie. C'est là que Ray vient passer quelques mois.

Cannes 1973 se termine en débâcle pour Ray, il perd son argent ou le joue, sept bobines de la copie de We can't go home again disparaissent de la cabine de projection, volés suppose-t-il, égarées plus probablement. Elles réapparaissent cinq à sept semaines plus tard. A Paris, sans argent, sans endroit où habiter, Nick et Susan errent de brasseries en brasseries, voient les amis : le docteur Genon-Catelot, le photographe Tony Kent, Barbet Shroeder. Mary Meerson et François Truffaut leur passent de l'argent, Françoise Sagan paie la note d'hôtel Montalembert. Apres le départ de Susan pour New York pour son travail, Nick dort dans la péniche de Sterling Hayden, amarrée quai de Conti.

Max Fischer a un studio, Film Group One à Amsterdam, où il tourne des films publicitaires. Avec ses revenus, il produit et réalise en partie un film à sketches moquant la vague du porno et en profitant à la fois, dont le principe est de porter à l'écran les rêves érotiques de personnalités comme l'écrivain Heathcote Williams, le peintre Hans Kanters, le réalisateur d'animation Oscar Cigard ou le cinéaste yougoslave Dusan Makavejev (sous le pseudonyme de Sam Rotterdam). Langlois met en contact Ray et Fischer.

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Roman américain,
les vies de Nicholas Ray
Editeur : Christian Bourgois (1990). Broché: 677 pages.
Bernard Eisenschitz