Vie privée

2025

Avec : Jodie Foster (Lilian Steiner), Daniel Auteuil (Gabriel Haddad), Virginie Efira (Paula Cohen-Solal), Mathieu Amalric (Simon Cohen-Solal), Vincent Lacoste (Julien Haddad), Luàna Bajrami (Valérie Cohen-Solal), Sophie Guillemin (Jessica Grangé), Noam Morgensztern (Pierre Hallant), Frederick Wiseman (Dr. Goldstein), Aurore Clément (Perle Friedman). 1h45.

Lilian Steiner est une psychiatre reconnue. Dans son luxueux cabinet qui donne sur le parc Monceau, elle attend sa prochaine patiente. Dérangée par la musique trop forte du voisin du dessus, elle va le réprimander puis téléphone à sa patiente. Elle en est à sa troisième séance manquée et lui rappelle qu'elles sont néanmoins dues. Alors qu'elle va remonter se plaindre du bruit qui a repris, elle voit sur le pas de sa porte Pierre Hallant, un patient dont ce n'est pourtant pas le jour de consultation. Pierre vient lui signifier qu'il met fin à sa psychanalyse. Lilian l'enregistre comme à son habitude, tente de le calmer, mais rien n'y fait. Voilà huit ans qu'il a entrepris une psychanalyse avec pour point de départ son désir d'arrêter de fumer sans qu'il y soit parvenu. Or, voici cinq jours, il est allé consulter une hypnotiseuse sur le conseil d'un ami. Avec celle-ci, Jessica Grangié, il a échangé quelques mots dont il se souvient à peine mais dès sa sortie du cabinet il a jeté son paquet de cigarettes puis son briquet et, depuis, il ne fume plus. Lilian voudrait négocier la fin des séances mais Pierre s'y refuse; il se dit libéré d'elle. Avec sa femme il a fait ses comptes, à raison d'une séance par semaine, cette psychanalyse inutile lui a coûté 32 000 euros plus 8 000 euros de cigarettes qu'il n'aurait pas dû fumer.

Pierre une fois parti, Lilian écoute le message que son téléphone a enregistré durant cette séance. C'est Valérie, la fille de sa patiente, Paula Cohen-Solal, qui ayant entendu son appel précédent lui annonce que Paula vient de mourir et la convie à venir se recueillir chez elle le lendemain.

Lilian vient ainsi chez la famille Cohen-Solal qui entame une lecture de textes sacrés près du corps de la défunte. Simon, le mari, s'évanouit d'émotion. Lilian s'empresse de lui appliquer une serviette humide sur le front mais quand il apprend qui elle est, lui reproche les neuf ans de psychanalyse de sa femme et la chasse. Lilian, professionnelle, fait le constat de cette réaction émotionnelle sur son enregistreur. En prenant le métro, elle est surprise qu'un homme lui laisse sa place. Il a vu les larmes de Lilian couler sur sa main.

Lilian se rend chez son fils, Julien pour qu'il lui commande les mini-disc alimentent son enregistreur. Il constate qu'elle a sonné risquant de réveiller Joseph, son bébé et se désole qu'elle ne veuille pas rester pour le voir, prétextant être malade et pressée.

Elle va voir Gabriel, son ancien mari, ophtalmologue à l'hôpital qui constate qu'elle pleure beaucoup et l'appelle chérie. Lilian refuse cette marque de tendresse "Je ne pense jamais à toi" tout autant que ce constat "c'est pas moi qui pleure c'est mes yeux" et ne se laisse pas toucher quand il lui essuie une larme.

Quand Lilian rentre chez elle, elle  voit Valérie sur le pas de sa porte qui demande à ce qu'elle la reçoive. Elle lui apprend le suicide de sa mère et s’étonne de ne pas susciter question ou émotion. Elle remet une ordonnance sur lequel est griffonné un message qu’elle aimerait qu'elle déchiffre. Mais un patient arrive et Lilian range l'ordonnance. Valérie ne s'explique pas le geste de sa mère alors qu'elle est enceinte et signale qu'il faut attendre l'autopsie avant l'inhumation.

Succession des jours et des patients ; enregistrements et pleurs. Excédée, Lilian va à Aubervilliers consulter Jessica Grangié, l'hypnotiseuse adepte de régression quantique. Elle diagnostique un deuil profond que quelqu’un est avec elles dans la pièce... une femme blonde. Elle affirme qu'elle souffrance et qu'il est alors normal de pleurer ; que sa thérapie basée sur le souvenir et qu'elle remettra l'enregistrement de la séance à Lilian si elle veut bien lui laisser un mail. Lilian est de plus en plus irritée par la prétention de Jessica mais accepte une séance d'hypnose." Regarder sans voir. Tout est noir. Dans le ventre de votre maman. Vous êtes un fœtus. La main plonge dans un liquide rouge. Avancer porte escalier le descendre de la neige tombe, ouvrir cette porte. Non pas celle-là dans une pièce, elle est une femme au violoncelle. Elle doit partir avant quelque chose qu'elle doit entendre. Elle referme la porte. "Vous n'avez plus besoin de pleurer" affirme Jessica. Pour cette unique séance, elle refuse d'être payer : "ça va marcher Freud a arrêté l'hypnose car c'était trop efficace et de ce fait pas assez lucratif". "C'est limite antisémite" réplique méchament Lilian.

En rentrant, elle passe par le cimetière où on enterre Paula. Le rabin explique que c'est quelques mois après sa tante qu'elle aimait lui avait appris la langue allemande et était ainsi devenue professeure de cette langue. En passant son paquet de mouchoirs qui va jusqu'à Simon et Valérie, Lilian est aperçue par eux et s'enfuit.

Lilian écoute de nouveau des patients mais pleure toujours. Elle se saisit de l'ordonnance et déchiffre "Malheur kinder tot". Elle écoute Paula sur le minidisquede leur dernière séance du 22 septembre. Paula affirme que sa relation avec sa fille est basé sur un énorme mensonge qui pourrait la détruire. Avec Simon, elle n'a toujours eu que des fœtus qui ne voulaient pas s'accrocher, des enfants morts. Valérie n'est pas la fille de Simon ; elle ne lui a jamais dit craignant des crises monstrueuses. "Si elle l'apprenait, elle me tuerait". Lilian partage ses expereinces d'épisodes délirants de femme enceinte avec une autre psychothérapeute.

Harcelée au téléphone en voiture par des coup de fils anonymes, c'est néanmoins sur une chanson italienne que Lilian retrouve Gabriel au restaurant sachant l'y trouver un lundi cet homme d'habitude. Elle veut boire et parler de sa patiente suicidée pensant que le message "Mort des enfants" de l'ordonnace lui est adressé. "Je n'ai pas pu me tromper, elle a été assassiné, c'est sa fille, elle est border-line". Gabriel la laisse parler et repond au harceleur téléphonique qu'il va coucher avec mon ancienne femme. Il a quitté Vera depuis deux ans et l'embarsse dans l'ascenceur, lui révélant n'avoir que des relations épisodiques avec une femme mariée. Quand elelreprend sa voiture, Lilian constate que sa voiture est rayée et alors que son téléphone sonne de nouveau croit voir Valérie s'éloigner avant de constater qu'un liquide rougeâtre imprégne son pare-brise. La nuit, elle fait le cauchemar de Paula sous la neige quand elle entend des bruits dans son appartement. Elle a été cambriolée, son bureau fouillé et des minidisques ont disparue A la police, elle déclare que son pare-brise a été imprégné de liquide rouge et que c'est sans doute une vengeance de la fille de sa patiente qui a sans doute tué sa mère et l'a cambriolée. Septique le plicier souffrant d'hypersomnie soupconne quelle a bu et est d'autant plus perpelxe quand elle revele etre psychiatre. Dans le métro, Lilian croit voir Simon, en fait un apssager ordinaire.

Gabiel vient à son secour et constate le cambriolageet surtout la disparition du minidique du 22 septembre. Lilan découragée déclare qu'au lieu d'être psychiatre elle aurait due être gynécologue. Elle écoute uen autre séance de sa patiente dans laquelle elle parle de son couple désuni. Elle en veut que préserver son sommeil. Il est dur : un couteau dans la voix et un revolver dans les yeux. Elle le laissait partir à Chérence et le lui fiasit payer quand il revenait de cette escapade. Valérie sonne et se plaint que Lilian ne lui réponde jamais. Lilian appelle Gabriel pour ce rendez-vous au café. Valérie se livre sans agressivité : elle se considère comme un monstre ; elle a hérité de Perle Friedman, mécène de la bibliothèque Mazarine, dont l'argent destiné à Paula, elle se le partage avec son père. Elle lui declare que Paula l'appelait "Mon rendez-vous nocturne" et qu'elle se sentait bien avec elle. C'est comme si je la connaissais depuis toujours". Lilian ne veut néanmoins pas prendre Valérie en analyse.

Quand Lilian raccompagne Gabriel, il constate que l'ordonnance indique 15 gouttes au coucher soit trois fois plus que ce qu'elle se souvenait avoir prescrit. Ils en déduisent que l'ordonnance a été trafiquée. La pharmacienne, Nadia, confirme à Lilian que Simon venait chercher les médicaments insistait pour des gouttes et non des comprimés avec un équivalent de quinze gouttes. Pendant ce temps Gabriel vole un colis sur le pas de la porte de Simon dont la concierge lui avait dit être parti à la campagne . Dans ce colis se trouve un  fer à lisser. la commande datant de trois jours après la mort de sa femme. Lilian et Gabriel échaffaudenechaffaude l'hypothèse que Simon a du supprimer la tante et sa femme.

Lilian entre à la bibliothèque Mazarine. Perle en était bien mais la bibliothécaire réfute qu'elle soit gentille. Elle est appelée autre part et Lilian vole la fiche.

Lilian se précipite chez Jessica Grangié mais celle-ci lui refuse une séance d'hypnose agacé du commentaire "limite antisémite" et privilégiant ses vacances ce qui agace l'Américaine. Elle va alors voir le Dr. Goldstein, psychiatre de passage à Paris pour dédicacer un livre et qui fut son professeur et guide. Il pense qu'elle délire avec l'hypnose et la renvoie à sa faute professionnelle de délivrer un médicament lors d'une psychanalyse. Elle a tué sa patiente avec l'ordonnance des somnifères. Il évoque la mort de sa mère, ce qui met Lilian en colère. Il déplore qu'elle soit toujours trop sûre d'elle.

Chez elle, Lilian se replonge dans la suite de sa séance d'hypnose en se la remémorant avec l'enregistrement. Elle comprend que Paula est enceinte de celui qu'elle fut dans cette vie antérieure. La milice surgit avec son fils Julien à sa tête. Simon tue Paula. Elle a réussi à prendre une carte postale, c'est celle du village de Chérence. Elle part pour cette destination, écoutant Psycho killer sous la pluie et arrive au village au petit matin. Elle voit Simon sortir d'une maison en 4x4 et le suit. Il amène des affaires chez une femme. Pendant ce temps, elle fouille sa poubelle. Simon l’entraperçoit. Elle passe le bac et reçoit un appel de Gabriel lui rappelant leur dîner le soir chez leur fils. Elle reçoit aussi un appel furieux de Pierre et sa femme qui ont décidé de porter plainte et de lui réclamer 40 000 euros.

Au dîner chez Julien et et sa femme, Vanessa, Lilian engloutit des huîtres qu'elle n'aimait pas, embrasse Gabriel. Julien regrette qu'ils furent fâchés pour ses 20 ans. Il était fasciné autrefois par ses consultations mais les coulisses de sa vie privée l'ont désabusé. Lilian s'emporte : c'est toujours "la faute des mères". Pas étonnant qu'elle ne s'entende pas avec son fils milicien dans sa vie antérieure, d'où son goût adolescent pour l'allemand et non l'anglais alors que c'est la langue de sa mère. Julien réfute, répond avoiur voulu être avec son ami d'enfance et lui reprochant davoir toujours le beau rôle, celui du jeune violoncelliste. On a nommé les choses, on a dit les mots" conclut-elle avant que Vanessa ne mette fin à la conversation.

En rentrant en voiture, Gabriel l'accuse de délirer sur sa vie antérieure; saoule, elle lui passe le volant. Elle s'enferre : elle a Libéré le dibbouk de Paula.. la police ne fait jamais rien. Comme elle affirme "J'ai besoin que tu me crois, que tu sois à mes côtés" ; il change de direction pour Chérence.

Ils surprennent Simon et sa compagne faisant l'amour et même frénétiquement sur la terrasse sous la pluie. Gabriel prétexte avoir besoin d'un bidon d'essence et accompagne Simon dans son cabanon observant les armes, non chargées, au mur. Lilian inspecte la maison quand un enfant surgit derrière elle. Elle prétend qu'elle est dans son rêve, pour assurer les enfants les nuits d'orage. Reprenant le rituel d'hypnose (appui sur le pouce, regarder sans voir), elle te renvoie au lit. D'un coup de klaxon, elle prévient Gabriel qu'elle a fini.

Ils repartent mais il faut attendre que " l'eau s'écoule". Lilian demande alors pourquoi il l'a quitté. Tu n'étais plus amoureuse de moi. Je t'ai attendu. J'ai un problème avec mes yeux, est-ce que vous pouvez m'aider à y voir plus clair. Aime pas envie de revivre ensemble. Un truc à mi -chemin, être amis. Ils reçoivent un appel du commissariat Au matin, c'est Pierre et sa femme qui reconnaît avoir rayé la voiture, rependu du liquide rouge et avoir cambriolé l’appartement. Il a même dessiné une croix gammée. Il voulait reprendre ses disquettes. Elle ne porte pas plainte et lui donne du feu puisqu'il a recommencé à fumer.

Dans les escaliers qui mènent chez elle, Lilian entend la voix de Paula. C'est Simon qui est entré chez elle et a écouté la disquette, la serrure n'étant pas réparée. Il lui en veut de la mort de Paula. Elle a trafiquée ses ordonnances pour fournir les somnifères à sa tante Perle qui avait décidé de mourir et voulait qu’elle l'accompagne pour son dernier voyage. Mais la tuer l'a brisée. Si elle n'est pas coupable du moins est elle responsable. Il lui remet la cassette du 22 septembre que Paula, Valérie ou lui aurait pu subtiliser.

Lilian écoute cette disquette où Paula se plaint d'avoir perdu Perle sans qu'elle réagisse. Rétrospectivement, elle lui demande pardon. C'est cette même demande de pardon qu'elle formule pour la soirée de la veille auprès de son fils qu'elle va voir cette fois sans sonner mais en frappant à la porte. Elle accepte de prendre Joseph dans les bras et lui donne le biberon. Elle explique qu'elle a donné Julien bébé à tous les amis qui venaient en visite: "Je voulais que tu puisses me survivre". Lilian revoit alors en flash, la séquence qu'elle n'avait pas voulu voir sous hypnose, une femme et ses deux filles, marchant à reculons dans la neige.

Lilian dîne ensuite avec Gabriel qui lui fait le coup du vin bouchonné auprès du serveur afin de la faire rire. Il a tenté "c'est moi qui est orchestré tout ça" Non tu n'es pas assez intelligent pour cela.

Lilian est de nouveau dans son cabinet. il neige. Pierre vient en consultation remarquant la nouvelle disposition du cabinet. Un éclairage par la cheminée alors que la pièce est laissée partiellement dans l'ombre. La nuit fait peur d'avancer dans le noir. Elle n'enregistre plus. Je vous écoute, je suis là. Elle regarde le balcon, il n'y a pas de main dans la neige.

Cinéma et psychanalyse sont nés en même temps et partagent le même vocabulaire tel "séance"ou "projection". C'est sans doute pourquoi la psychanalyse est un thème abondamment traité au cinéma, souvent sous l'angle du film noir avec, dans la plupart des cas une guérison du patient après avoir dispersé sous forme indices les pièces d'un puzzle à reconstituer. Rebecca Zlotowski dresse le portrait d'une psychiatre qui échoue professionnellement l'obligeant à opérer sur elle-même la psychanalyse sauvage qu'elle s'était toujours refusée à faire. Elle changera ainsi de comportement avec ses proches et fera évoluer sa pratique professionnelle.

Le refoulé de la mort de la mère.

Tout film traitant de la psychanalyse disperse des indices expliquant la cause du traumatisme du patient. Ici c'est par une séquence générée par IA que la réalisatrice fournit l'indice principal ainsi qu'elle le déclare au Cahiers du Cinéma : "L’IA c’est du script. J’ai prompté : « Un enfant à Noël avec sa mère dans les années 1960, sous la neige » et l’IA m’a proposé deux enfants! Surprenant ! en plus leurs pieds sont à angle droit et ils marchent à l’envers. Ça m'a donné l'idée à la Nicolas Roeg ou Lynch que Lilian avait un jumeau mort. J’ai aussi utilisé l’IA pour le moment où Lilian plonge dans le milieu utérin. Elle ouvre des portes rouges quand l’hypnotiseuse lui dit "vous êtes un fœtus".

Lilian ne parvient ainsi pas à faire face à la mort de sa mère et probablement celle de sa sœur jumelle intervenues dans la période de noël, un jour de neige. Elle refuse d'ouvrir cette porte chez l'hypnotiseuse. Le fait que la mère et les enfants marchent à reculons accroît l'idée du refus d'avancer vers cette mort qui s'annonce. Le premier plan, la main posée dans la neige, est ainsi probablement un flash mental de Lilian, après s'être endormie la fenêtre ouverte en attendant sa patiente et se remémorant avoir ainsi vu sa mère morte. Que ce corps mort soit réduit à la main renvoie aussi à l'impossibilité d'affronter le souvenir en entier comme le lui fait remarquer le docteur Goldstein. Le dernier plan, presque identique au premier bien que contextualisé par le balcon et donc dans le monde réel, marque la fin de l'auto-psychanalyse à laquelle s'est contrainte malgré elle Lilian.

Le refoulé de la peur de l'enfant

Ce refoulé de la mort de sa mère a en effet de graves conséquences tant familiales que professionnelles. Lilian refuse en effet de s'attacher à son fils, comme à son petit-fils, afin que dit-elle: "qu'il puisse lui survivre".

Cette inquiétude sur le sort des enfants est aussi partagée par Paula qui a perdu tous ceux conçus avec Simon avant que naisse Valérie, conçue avec un autre homme. Lilian et Paula sont toutes deux sont ainsi hantées par la mort des enfants, elles se retrouvent pour jouer le Kindertotenlieder n° 2 — “Nun seh’ ich wohl, warum so dunkle Flammen…” (Maintenant je comprends pourquoi de telles flammes sombres…). Dans ce lied, Gustav Mahler met en musique un poème de Friedrich Rückert, écrit après la mort de deux de ses enfants où il comprend après leur perte, que leurs expressions intenses— ce qu’il appelait les “flammes sombres” dans le regard — étaient en réalité des signes mystérieux annonçant leur destin tragique. Lilian hantée par la mort et la fragilité de l'existence cherche à se protéger autant qu'elle croit protéger Julien.

En remontant les génération, c'est toute l'histoire juive que Lilian a refoulé Elle qui semble perdue dans les rites de la shemira, veillée funèbre juive, n'a pas fait circoncire Julien. Ce remord du manquement à son histoire juive s'incarne dans la période la plus sombre de celle-ci, l'holocauste, jusqu'à ses relents contemporains, la petite croix gammée sur le mur de son escalier.  Elle préfère comme le remarque son fils s'attribuer le beau rôle, celui de l'amant violoncelliste mais dont l'enfant ne naîtra pas puisque Simon-chef d'orchestre tue Paula.

Elle transfère sa culpabilité sur Julien, en milicien. De fait si elle a eu une sœur jumelle c'est toute la partie affective que celle-ci a prise, ne laissant à Lilian que le côté intellectuel, celui qui consiste à croire pouvoir percer le mystère en réécoutant les phrases clés sur les minidiscs. Elle perd ainsi le contact avec ses patients faisant, sauf à la fin, de "Je vous écoute, je suis là", une phrase creuse.

Faute professionnelle

"Ce n'est pas moi qui pleure, ce sont mes yeux" affirme Lilian après avoir été chassée de chez Simon et après avoir été désavouée par Pierre son patient. Si elle affecte le plus grand calme avec son enregistreur, il va de soi qu' elle est professionnellement ébranlée. Mais ce n'est pas son être qui pleure, seulement son double professionnel sur lequel elle s'est totalement investie. l'hypnose ne marche qu'une foi et Jessica Grangié se garde bien d'une deuxième séance avec Lilian sachant qu'elle a fort peu de chance d'être de nouveau efficace. C'est donc Lilian qui doit faire le travail qu'elle s'était jusqu'ici refusé à faire. Elle découvre qu'elle s'est trompée et n'a plus qu'à demander pardon, post mortem à Paula, et de façon plus réjouissante à son fils.

Une bibliothèque coulissante entre cabinet et le salon de son appartement n'était finalement qu'un rempart artificiel entre Lilian et ses patients tout comme la réécoute sur minidisque permettait d'éloigner le pathos, de délaisser la tristesse banale des patients. Plastiquement opposotion entre les clochetets accompagnant ses souvenirs et les castagnetets trépidantes qui accompagne son pardcours conscient.

Woody Allen, d'abord ardant promoteur de la psychanalyse, ne se fera pas non plus faute de la moquer. Dans Annie Hall (1977), Alvy initie Annie à la culture et à la psychanalyse. L'une comme l'autre, dans la logique masochiste qui est celle du cinéaste, détourneront Annie d'Alvy. Jusqu'à Une autre femme (1988), la psychanalyse reste le de catalyseur à l'introspection nécessaire à chacun pour changer de vie et se libérer des contraintes du passé. A partir du Complot d'Oedipe (épisode de New York stories, 1989), ce rôle est attribué à la magie. Vie privée se situe dans la même veine : le miracle de la guérison promise par l'hyptnotiseuse n'est que temporaire. La psychanalyse en guérie pas toujours mais rest un lieu où ilest possible de partager sa souffrance.

Comédie du remariage

C'est aussi à un autre film de Woody Allen Meurtre mystérieux à Manhatan que peut être associé Vie privée par son aspect enquête policière et comédie

Purgée de son rempart professionnel posé comme un oubli de soi, Lilian retrouve le bonheur d'être aimée de Julien et Gabriel. Version plus moderne de la comédie du remariage un couple dans sa transfoemtion en complicité amicale. Daniel Auteuil contrrpoint plein de chaleur à la froideur de Judie Foster : "Gaby toi t'étais rien, tu n'étais pas là", c'était dans les rêves d'antant.

Jean-Luc Lacuve, le 10 décembre 2025

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