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MaXXXine

2024

Genre : Slasher
Thème : Hollywood

Avec : Mia Goth (Maxine Minx), Elizabeth Debicki (Elizabeth Bender), Moses Sumney (Leon), Giancarlo Esposito (Teddy Night), Lily Collins (Molly Bennett) Halsey (Tabby), Kevin Bacon (Jon Labat), Elizabeth Debicki (Elizabeth Bender), Michelle Monaghan (Detective Williams). 1h44.

En 1985 à Los Angeles, soit six ans après avoir survécu au massacre orchestré par Pearl et Howard au Texas, Maxine Minx est désormais connue dans l'industrie pornographique à Los Angeles, néanmoins, elle souhaite devenir une star dans le cinéma traditionnel. Elle auditionne donc pour un rôle dans la suite du film d'horreur The Puritan. Parallèlement, les événements du massacre de 1979 reviennent la hanter tandis qu'un tueur en série, le "Night Stalker" sème la terreur en ville.

Maxine Minx réussit une audition pour le rôle principal de The Puritan II, bien que tous ses précédents films aient été des films pour adultes. Elle partage la nouvelle avec son ami Leon et sa collègue Amber James. Cette dernière invite Maxine à une fête dans les collines d'Hollywood, qu'elle décline. Maxine se rend à son deuxième travail, un peep-show en direct, où une mystérieuse silhouette vêtue de cuir regarde avec colère. Elle rencontre une autre artiste pour adultes, Tabby Martin, qui l'invite également à la fête dont Amber a parlé, mais Maxine décline à nouveau.

Alors qu'elle rentre chez elle, elle emprunte un chemin à travers une ruelle alors que quelqu'un commence à la suivre. Elle arrive à une porte près de la rue, qui a été enchaînée et verrouillée. Elle se retourne pour revenir en arrière et une silhouette sombre ouvre un couteau à cran d'arrêt. Alors qu'il s'approche, elle sort une arme et la pointe sur l'homme déguisé en Buster Keaton. Elle lui dit de se déshabiller et de s'allonger sur le sol, face contre terre. Elle lui dit que la dernière personne qui a essayé de la tuer, elle lui a écrasé la tête, puis se met à piétiner son scrotum, lui arrachant les testicules.

Le soir alors qu'elle regarde une VHS avec Leon, une silhouette laisse une cassette VHS contenant des éléments à charge de la policie quia a retrouve les séquences du film porno que Maxine et ses amis, aujourd'hui décédés, avaient tenté de faire six ans auparavant. Après l'avoir regardé, elle demande à Leon de découvrir d'où vient la cassette. Pendant ce temps, dans les collines d'Hollywood, Amber et Tabby sont tuées et leurs corps marqués de symboles sataniques. Maxine est invitée à rencontrer John Labat, un détective privé qui l'informe que ses crimes antérieurs seront révélés à moins qu'elle ne rencontre son employeur, lui disant qu'elle doit se présenter à une adresse précise sur Starlight Drive plus tard dans la nuit ou risquer des répercussions sur sa carrière. Les détectives du LAPD Williams et Torres interrogent Maxine sur Tabby et Amber, mais elle refuse d'y répondre. Elle voit plus tard Labat la suivre et le corrige sévèrement à coups de poings, l'avertissant de rester loin d'elle.

Ignorant les demandes de Labat, Maxine commence à apprendre le script de The Puritan II. La même nuit, Leon est assassiné dans son magasin de vidéo. Le lendemain, les détectives tentent d'inciter Maxine à coopérer avec eux, mais elle reste inébranlable. Maxine se confie à son agent, Teddy Knight, qui lui dit qu'il n'a rien trouvé sur Labat mais accepte néanmoins de continuer à l'aider. Sur le tournage de The Puritan II, Maxine rencontre la star du premier film, Molly Bennett, qui évoque une fête similaire dans les collines d'Hollywood. Peu de temps après, Labat, en colère contre Maxine qui l'a attaqué la veille, la poursuit à travers le terrain des studios Universal avec une arme à feu avant d'être attrapé et escorté par la sécurité. Plus tard dans la nuit, Maxine trompe Labat pour qu'il la suive. Knight et son ami Shepard Turei tendent ainsi une embuscade à Labat, puis le piègent dans sa voiture pour qu'il soit écrasé par un compresseur de casse.

Maxine se rend à l'adresse que Labat lui a donnée, ce qui la conduit à une maison dans les collines d'Hollywood. Elle découvre le corps démembré de Molly dans la valise et apprend que les meurtres ont été commis par son père, un télévangéliste nommé Ernest Miller, avec l'aide des membres fondamentalistes de son ministère. Miller révèle que lui et ses disciples ont filmé les meurtres pour créer un film snuff destiné à exposer Hollywood pour ce qu'il considère comme sa nature pécheresse et corruptrice. Pensant qu'il peut encore "sauver" sa fille, Miller demande à ses disciples d'attacher Maxine à un arbre pour un exorcisme impromptu, qu'il filme également. Torres et Williams interrompent la cérémonie et provoquent une fusillade, tuant les acolytes de Miller, blessant Miller et donnant à Maxine le temps de se libérer avant que les détectives ne soient mortellement blessés en poursuivant Miller. Armée d'un fusil de chasse, Maxine finit par affronter son père au panneau Hollywood mais est interrompue par un hélicoptère de la police.

Maxine est considérée comme une célébrité à qui l'on doit le mérite d'avoir aidé à arrêter son père. Elle assiste à la première de The Puritan II et révèle dans une interview que la réalisatrice du film, Elizabeth Bender, va réaliser un film biographique sur elle. De retour à la réalité, elle tire sur son père, lui disant qu'il lui a donné ce dont elle avait besoin : une intervention divine. Un mois plus tard, Maxine continue son travail sur The Puritan II, espérant que son succès ne s'arrêtera jamais.

Le film prend le contrepied de la thématique habituelle sur Hollywood qui serait un miroir aux alouettes, notamment pour les jeunes femmes en quête de gloire. Le prix à payer est cependant révélé par  le carton d’ouverture "In this industry, until you’re known as a monster you’re not a star" attribuée à Bette Davis. C’est ce qu’ont bien compris Maxxine et la réalisatrice Elizabeth Bender pour qui le travail et l'implication totale permettent la réussite quitte à devenir des monstres d’égoïsme, prêtes à tout pour réussir. "Je n'accepterai jamais une vie que je ne mérite pas" selon la formule répétée par Maxine et apprise de son père qui, écrabouillement du patriarcat oblige,  finira la tête pulvérisée par sa fille.

Cette énergie pour sortir des bas-fonds de LA ou du cinéma de genre s'inscrit dans un contexte social et économique défavorable avec, en 1985, la monté du puritanisme de Donald Reagan et la réactivation des ligues de vertu. L’énergie est ainsi décuplée par la mise en scène avec de nombreuses ellipses allant de la réussite au casting ou l'ordre de lâcher son arme provenant de l’hélicoptère avant le retour au réel et que remplit le fantasme de la première de the Puritan II avec une interview promettant un autre film, celui de sa propre histoire. Les codes formels des années 80 sont sublimés par des courtes séquences très repérables : le  format carré des archives télévisées ou vidéo de l’époque, le tremblé de la définition de leur enregistrement sur  cassettes VHS; voir de la neige si présente dans le cinéma de David Lynch.

Car c’est tout un pan de la culture des années 80 qui est revisité avec le retour du Giallo avec le tueur aux mains gantées de cuir noir et le couteau assassin ou  l'usage du split screen. On y entend par ailleurs des titres emblématiques des années 80, mêlant rock, new wave et pop, avec Gimme All Your Lovin (ZZ Top, 1983), Obsession (Holly Knight et Michael Des Barres / Animotion , 1984), Welcome To The Pleasuredome (Frankie Goes To Hollywood, 1984), Bette Davis Eyes ( Donna Weiss et Jackie DeShannon / Kim Carnes, 1981), St. Elmo's Fire (John Parr), I'm Insane" (Ratt, 1983), Self Control (Laura Branigan, 1984), In My House (Mary Jane Girls, 1984), There's No Business Like Show Business ( Carol Burnett / Irving Berlin, 1954), Shellshock (New Order , 1986), Prisoner of Your Eyes (Judas Priest, 1986).

La référence cinématographique majeure est celle de Psychose (Alfred Hitchcock, 1960) avec le motel Bates et la maison dans les studios de la Universal ; l'assassinat de Leon par une silhouette apparaissant derrière un rideau et le rouge du maquillage se mêlant à l'eau pour s’évacuer dans un tourbillon par la bonde de la douche.

Body double (Brian de Palma, 1984) avec la maison sur la colline ou Chinatown (Roman Polanski, 1974) avec le détective portant un sparadrap sur le nez, complètent ces références sans alourdir le propos si parfaitement porté par  l’actrice Mia Goth.

Jean-Luc Lacuve, le 14 août 2024

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